Chapitre 87

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La pièce était plongée dans une semi-obscurité, les bougies parfumées servant de lumière aux deux êtres qui venaient d'y entrer. La chambre était de petite taille, mais le lit assez grand pour ne pas s'en formaliser. Les jeunes gens enlacés s'y allongèrent. Le garçon amena sa compagne sur ses genoux et releva sa jupe en douceur, pendant que la fille déboutonnait sa chemise. Il enleva son haut, défit les attaches de son soutien-gorge, et embrassa sa poitrine tandis qu'elle basculait la tête en arrière. A son tour, elle lui enleva sa ceinture, baissa son pantalon, son caleçon, et lui la pénétra. Elle gémit, encore et encore. Ses doigts agrippèrent les draps, les barreaux de la tête de lit, puis la nuque et le dos de l'adolescent - qu'elle griffa à plusieurs reprises. Il lui mordilla l'oreille, elle gémit plus fort. Le lit couina sous leur chevauchée tumultueuse. Leurs lèvres ne faisaient plus qu'une et leur cœur battait à l'unisson. 

Quand la jeune fille atteignit un fort orgasme, son cri fut si perçant que le garçon dut plaquer sa main sur sa bouche. Il garda cette main fermée durant de longues minutes, et obtint son propre orgasme au moment où il concentrait toute son attention sur la tête de lit. Le sang lui reflua à la tête mais il garda les lèvres closes en soufflant comme un bœuf. Après quoi, il se laissa retomber sur les draps et entendit un rire s'élever dans la pièce. Il examina sa partenaire - qui ne pouvait plus s'arrêter - sans rien dire. Lorsqu'elle se fut calmée, elle fixa le plafond un instant, une expression de plénitude sur le visage, puis posa les yeux sur son compagnon. Son sourire s'étendit, elle se tourna sur le côté, et l'embrassa encore - lui se laissant bien faire. 

- Il faut que je te dise quelque chose, lança-t-elle timidement. Ça fait quelque temps que j'y pense, et maintenant j'en suis sûre... Je t'aime.

L'adolescent cilla, entrouvrit la bouche, et fixa le plafond - à son tour - pendant qu'un silence de mort s'installait. Les muscles de sa mâchoire se contractèrent, ce qui augmenta le trouble de la jeune femme. Elle s'approcha de lui et contempla son visage grave et réfléchi. Puis elle caressa son torse musclé, ce qui ne le fit pas plus réagir. 

- Est-ce que tu peux dire quelque chose ? se hasarda-t-elle, incapable de supporter son angoisse plus longtemps. 

Gatien soupira, regarda enfin Laetitia dont les joues avaient perdu leurs couleurs, et passa une main dans ses cheveux, l'air compatissant. 

- C'était super. Mais maintenant, tu ferais mieux de te reposer.

- ... Pourquoi ?

- Parce que le sexe, c'est comme l'alcool. Quand on en a trop pris, on se met à dire des choses que l'on regrette après. 

Il se força à sourire, caressa le visage rouge de confusion, et reporta son bras derrière sa nuque, comme si "l'affaire" était réglée. Fermant les yeux pour s'endormir, il trembla de la tête aux pieds lorsque la voix douce et plaisante se mua en une vibration féline.  

- Tu te fous de moi ?! Le sexe, c'est comme l'alcool ? Eh puis quoi encore !

Laetitia était aussi en colère que peinée. Il semblait que l'humiliation était trop cuisante pour que le garçon s'en sorte indemne.

- Si tu ne m'aimes pas, dis-le carrément ! Ne passe pas par des subterfuges à la con comme "le sexe, c'est comme l'alcool" ! Je ne suis pas ivre !

- Si, tu l'es, répliqua calmement mais sèchement Gatien. On peut être ivre après une bonne baise.

- Une baise ?! 

- Comment tu appelles ça, toi ?

Laetitia parut assommée, affligée. 

- Pour moi, on a fait l'amour, Gatien... On n'a pas baisé comme des bêtes.

L'étudiant haussa les sourcils, une expression stupide sur le visage.

- Qu'est-ce que tu attends de moi, au juste ? 

- Que tu reconnaisses qu'entre toi et moi, c'est sérieux !

- Bien sûr que c'est sérieux !

- Pas assez... Sinon, tu m'aurais dit que tu m'aimais aussi...

- Ecoute Laetitia, s'arma le lycéen, franchement irrité, j'ai bien compris que dans ta tête, c'était "maison, mariage, bébé avant vingt-cinq ans". Seulement, moi, j'en ai que seize. J'aurais mon bac dans deux ans, continua-t-il en comptant volontairement sur ses doigts. Puis je tenterai une école d'ingénieurs où j'en aurai au moins pour cinq ans. Je me spécialiserai dans l'informatique ou la mécanique et je trouverai un boulot - sans doute à Paris - où je pourrai enfin commencer à gagner un salaire. Quand je me serai fait une situation et que je me serai bien installé, j'envisagerai peut-être de faire quelque chose de plus que concevoir des produits qui pourraient révolutionner la technologie, et donc le monde - si tant est que je veuille me marier et avoir des enfants un jour. 

Gatien secoua la tête avec dépit, chercha son caleçon sur le sol, et s'habilla devant l'air hébété de la jeune fille.

- Alors tu crois que je me sers de toi ? dit-elle d'une voix étranglée. Tu crois que je veux te piéger en te faisant un gosse que ni toi ni moi ne voudrions ?

Se retournant, l'adolescent changea d'attitude en découvrant les larmes de sa compagne. Il prit ses mains et plongea son regard tendre et affectueux dans le sien.

- Non. Mais je crois que tu m'en demandes beaucoup pour une relation naissante... Si je te disais que je t'aimais pour te faire plaisir, je finirais par me le reprocher autant qu'à toi. Alors laisse-moi un peu de temps pour le crier sur les toits sans me sentir contraint de le faire.

L'expression satisfaite du garçon ne convainquit pas Laetitia, qui, elle, ne souriait pas. Au contraire, elle était sombre, et se mit à la recherche de ses propres vêtements sans faire attention au regard soucieux du lycéen.

- Tu vois, Gatien, lança-t-elle vertement, le problème n'est pas de savoir à quel moment tu comptes tomber amoureux de moi. Parce que pour ça, je suis prête à attendre. La question, c'est de savoir si tu as l'intention de la dégager, elle, de ton cœur pour me laisser un jour la possibilité d'y entrer. 

L'adolescent tressaillit.

- De quoi tu parles ? bégaya-t-il.

- Tu le sais parfaitement. J'imagine tout à fait l'euphorie que tu as dû ressentir en lui crachant le mot que tu as si peur d'employer avec moi. Et je suis aussi certaine que le proverbe "maison, mariage, bébé avant vingt-cinq-ans" que tu m'incrimines, t'as déjà effleuré l'esprit quand tu pensais à elle. Ne viens donc pas me faire une leçon de morale... Pas à moi.

- Attends ! fit Gatien en prenant la main de la jeune femme qui s'en allait. Tu as raison, je dois t'apparaître comme le pire des salops...

- Ah ça !

- Mais, reprit-il en la tenant par les épaules, tu as tort de dire que j'aime encore Fanny. - Regarde-moi, insista-t-il en prenant doucement son menton. - C'est vrai que je l'ai aimée, mais c'est fini. Tu as rencontré sa sœur l'autre jour, et aujourd'hui, j'en suis heureux, parce qu'elle t'a peint son portrait ; et parce qu'elle t'a expliqué, d'une certaine façon, pourquoi ça n'aurait pas pu marcher entre nous... Dans la vie, il y a l'amour et il y a la réalité. J'ai voulu mélanger les deux, et, comme j'aurais dû le prévoir, ça n'a pas fonctionné. Toi, tu es une réalité. Tu es ma réalité. Et je te promets qu'un jour, tu seras aussi mon amour. Cette fois, tout fonctionnera. 

Quand Gatien eut fini son petit discours, Laetitia resta immobile quelques instants. Il n'avait jamais eu l'air aussi sincère, aussi sérieux depuis qu'elle l'avait rencontré. Elle baissa les yeux au sol, incertaine. Seulement, les sentiments étaient plus forts que la raison ; et bientôt, ils prirent tout leur sens. Au diable les circonstances ! Au diable Fanny Rita-Lans ! Il fallait qu'elle ne soit plus qu'un souvenir, une ombre dans la nuit. Le fardeau qu'elle représentait pour tous devait cesser, et la confiance régner. Aussi Laetitia se jeta-t-elle au cou de son bien-aimé, qui l'enlaça.   

- Tu es aussi ma réalité, Gatien ; et déjà mon amour... Si c'est vraiment ce que tu veux, je t'attendrai.

L'adolescent embrassa la joue de sa compagne et sourit.

- Dans ce cas, ça ne devrait pas être très long...

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