V

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Elle y était retournée trois mois plus tard. À l’issue de deux journées de bilan et d’évaluation, la psychiatre de l’unité l’avait convoquée.

— Nous avons l'impression que vous n'êtes pas consciente.

Le rêve l’avait rattrapée. Il avait été là, trop proche, à portée.

Le fossé entre ses paroles et ce qu’elle avait anticipé était si grand qu’elle ne l’avait pas vu. Elle ne l’avait pas vu venir. Abasourdie, elle ne peut pas y croire.

Le mur était trop haut.

— Vous devez être hospitalisée.

Elle était tombée.

Elle était revenue dans le petit espace d’attente et elle s’était rassise. Elle avait pris son stylo et elle avait écrit sur son bout de feuille verte, assimilant des mots jamais prévus. Elle avait pensé l’inverse.

Il y avait Valérie. Elle avait cherché ses yeux. Avait cherché à l’aide.

Ses yeux l’avaient perçu.

— Ça va ?

Elle avait haussé les épaules et secoué la tête. Ses larmes avaient parlé pour elle. Vous avez fait semblant toute votre vie et vous ne pouvez plus.

Valérie était venue et avait doucement posé sa main sur son genou.

Son esprit en chute libre, elle s’était laissé consoler par sa présence, elle qui avait l’air tellement plus mal en point. Elle était si touchée. Elle ne comprenait pas.

— Je peux te demander ton âge ?

Ce lieu m’a bouleversée.

— J’ai dix ans de plus que toi. Tu es encore jeune. Je ne sais pas ce qu’il en est et je parle sans connaître la situation. C’est dur et ça fait peur, mais parfois il faut aller vers ce qu’ils proposent si c’est ce qui peut nous permettre d’aller mieux.

Sa sagesse l’avait impressionnée. C’était comme si elle lui donnait une réponse, lui lançait une bouée. Comme si elle lui disait qu’elle pouvait le considérer. Elle avait bu ses paroles, s’était juré de s’en souvenir et de les honorer. Elle l’avait regardée et avait insufflé toute sa gratitude dans ses yeux.

Incapable de parler, elle n’avait pu lui dire que « Merci ».

Merci de tout mon cœur.

Dieu sait quel courage cela demande, de réconforter quelqu’un alors qu’on est en proie aux mêmes problèmes et qu’on n'y arrive pas pour soi-même.

C’était la première fois.

Sa gentillesse spontanée a bousculé son cœur. Elle aurait aimé leur dire vouloir guérir pour eux.

Baudelaire et Verlaine la réaccueilleraient.

Ils l'avaient admise pour une session d'hôpital de jour intensive dès la semaine suivante en alternative à une hospitalisation complète. Trois mois de soins en revenant chez elle le soir, trois mois de sursis.

Elle était repartie avec son capteur de glycémie et son holter comme un fantôme que personne ne voit, invisible aux yeux du monde. Cette institution était son ultime recours. Seule avec sa tentative avortée, personne n’avait rien vu.

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