Chapitre 18

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Il est 23 heures 30, on vient d’arriver à l’hôtel, le Bellagio. C’est un hôtel cinq étoiles. Ça a dû coûter super cher. Manager Park et Manager Sang se partagent une chambre, ce qui a valu un petit «ouuuuh» de Su-Ah, toujours dans son rôle de petite fille.

Maintenant, il faut se répartir les chambres entre nous. Et ça, c’est plus difficile.

- Je veux dormir avec Tae-Hoon, assume Ha-Rin.

- C’est mort, je dors avec San-Woo, répond ce dernier.

- Waouh, t’as cru quoi, toi ? Je dors avec Su-Ah, moi, ajoute le rappeur.

- Je croyais que tu devais dormir avec moi, San-Woo, geint Seo-Jun.

- Je dors avec Ha-Rin, tranche Eun-Kyung avant d’emmener la blonde dans l’une des chambres.

- Et moi avec San-Woo, claque Su-Ah en tirant le rappeur vers une autre pièce.

Su-Ho, Seo-Jun, Tae-Hoon, Jun-Woo et moi sommes tous dans le couloir.

- Je vais avec mon petit hyung Su-Ho, annonce Seo-Jun.

- Ben, je vais aller seule, moi, dis-je en ouvrant une porte.

La chambre est spacieuse et luxueuse. J’en ai la tête qui tourne. Il y a un lit double qui pourrait en réalité accueillir quatre personnes, des draps blancs sans aucun pli, une énorme fenêtre qui donne sur Las Vegas, un table basse en verre avec un service à thé en or… C’est quoi cet endroit ? Il y a aussi une salle de bain avec une douche, une baignoire, des lavabos, des toilettes, des peignoirs et des serviettes.

Tiens, tant que j’y pense, Su-Ah a demandé à dormir avec San-Woo, et il n’y a qu’un lit dans chaque chambre. Et si elle était tombée amoureuse de lui ? Ils sont vraiment proches, maintenant. Ils sont peut-être même en couple en secret.

Je regarde ma valise, posée à côté du lit, et soupire. J’aurai bien aimé être avec Ha-Rin ou Su-Ah. Là, je suis seule.

Je m’approche de la fenêtre et observe la ville. Il est presque minuit, l’air est frais. Dire qu’on est au milieu du désert, dans le Nevada. La porte s’ouvre. Aaaah, je l’avais pas fermée à clé ?

Je me retourne.

- Euh, Jun-Woo ?

- Ouais.

Il soupire et regarde le sol.

- Tae-Hoon m’a viré de la chambre parce que Shelda arrive bientôt. Il est en train de disposer des pétales de roses par terre et d’allumer des bougies. (Je fronce les sourcils.) Ouais, cherche pas, c’est un grand romantique.

- Ben, c’est pas grave. Mais Shelda n’était pas censée venir ! Ha-Rin va bouder.

- Hm. Oui. Euh… Donc, je peux rester ici ?

- Heu… Ben… oui, de toute façon, y a pas d’autre choix.

Le bout de ses oreilles devient rouge et ses joues aussi virent au pourpre. Mal à l’aise, je me mets à bouger la jambe. Il passe sa main dans ses cheveux blond-blanc, je mordille un ongle, il craque ses doigts, je tape mes poings entre eux… Gênée, je finis par dire :

- Bon bah je vais dormir. Bonne nuit.

Tout aussi nerveux, il répond :

- Euh, moi aussi. Bonne nuit.

On se met aux deux extrémités du lit. C’est la première fois de ma vie que je dors avec un garçon, donc je ne trouve pas le sommeil. Je m’assois sur le bord du lit, prête à me lever pour aller faire un bain de minuit (enfin plus de une heure du matin, là) mais deux bras s’accrochent à ma taille et me tire dans le lit.

- Tu vas où ? chuchote Jun-Woo, les yeux fermés.

- Hein ?

- Reste, continue-t’il.

Je répète «hein» mais je reste quand même dans le lit.

- Reste, répète Jun-Woo.

Il frotte ses yeux et les ouvre.

- Je suis fatigué.

- Ben, dors.

Il secoue la tête vivement.

- Non !

Aaah, la fatigue ça le fait délirer ! Il me tire encore près de lui et cale sa tête dans mon cou avant de jouer avec mes cheveux.

- C’est tes cheveux naturels ?

Comme si c’était le moment de parler de ça.

- Non. Enfin, je les ai noirs de base, mais SoRa m’a fait une permanente. Normalement, ils sont lisses.

- Aaaah. Moi aussi, normalement ils sont noirs.

- Je les préfère comme ça.

- Bah alors je changerai plus jamais jamais.

Je lui souris. Il remonte et pousse ma tête sur son épaule, puis passe un bras autour des miennes.

- Oh, waouh, t’es super mince. Tu pèses combien ?

Je relève la tête. Comment peut-il dire que je suis mince alors que Yeo-Sin passe son temps à dire que je devrais maigrir ?

- Euh… 40 kilos. Yeo-Sin nous a fait perdre du poids pour tourner Jeong.

- T’es en train de me dire qu’à 17 ans, presque 18, tu pèses 40 kilos pour environ 1 mètre 62 ? T’es au courant qu’en moyenne, t’es censée peser 60 kilos ?

- Oui, à peu près. Yeo-Sin a dit que j’étais trop grosse et que je devais maigrir, et franchement, même si je ne le pense pas, je n’ai pas trop le choix. Je dois écouter ce qu’elle me dit. Et puis tu peux pas juger, tu mesures 1 mètre 72 pour 56 kilos, je l’ai lu sur ton fandom officiel.

- Yeo-Sin aussi nous a fait perdre du poids, mais pas 20 kilos en dessous de la moyenne.

Je hausse les épaules. De toute façon, quoi qu’on pense, on n’a pas notre mot à dire.

- Tes fans vont s’inquiéter si tu maigris trop, chuchote-t’il.

- Mes fans ? Quels fans ? Je n’en ai aucun.

- Bien sûr que si. Il y a pleins de coréens qui sont fans de toi malgré la vérité dévoilée sur les réseaux sur ta chirurgie. Et pas que des coréens. Tu verras au concert, demain. Et n’oublie pas que je suis ton fan numéro un… Moi aussi je vais m’inquiéter si tu maigris trop.

- En parlant de concert, j’aimerais bien me reposer pour survivre au cours de danse de Su-Ho demain.

Jun-Woo grimace.

- Ouais, il est dur, Su-Ho. Ça va s’arranger avec le temps, t’inquiète.

- J’espère que tu as raison.

Je ferme les yeux et m’endors tout de suite.

Il est quatre heures quand une Su-Ah trop joyeuse entre pour me réveiller.

- Allez, Min-Seo, hop hop hop, debout ! Ooooh, mais il y a aussi Jun-Woo ! On se réveille !

Je baille et sors du lit pour me coiffer, mettre des crèmes et m’habiller en tenue de danse. Dans le hall de l’hôtel, San-Woo et Su-Ah discutent dans un coin, Eun-Kyung parle avec Su-Ho et Seo-Jun, Shelda et Tae-Hoon se regardent avec amour et Ha-Rin boude.

- Je vais voir Ha-Rin, dis-je en m’éloignant de Jun-Woo.

Mon amie fixe le sol, le nez retroussé.

- Hé, Ha-Rin, ça va…

- Non, ça ne va pas ! Shelda n’était pas censée être là ! Pourquoi faut-il toujours qu’elle suive les Korean Boys ?! J’en ai marre, moi !

- C’est leur meilleure amie. Jun-Woo me l’a expliqué.

- Regardez-vous tous. (Elle essuie une larme). San-Woo et Su-Ah sortent ensemble (ah bon ? Première nouvelle), Eun-Kyung m’a révélé hier soir que Su-Ho lui plaisait et toi tu sors avec Jun-Woo ! Je suis la seule à être désespérée !

- Woh, woh, woh, stop, là ! Depuis quand San-Woo et Su-Ah sortent ensemble ?

- Depuis hier.

- Et pour Eun-Kyung ? C’est pourtant pas son genre de laisser la K-pop de côté pour l’amour.

- Pff, depuis l’avion. Elle arrête pas de dire que Su-Ho est «trop mignon», «trop beau», «trop gentil»… J’ai cru que j’allais la tuer.

Je lance un regard à mes deux autres amies. Su-Ah tient la main de San-Woo et Eun-Kyung papillonne des cils devant Su-Ho. Ça ne me choque pas pour Su-Ah, mais pour Eun-Kyung, je viens de découvrir une nouvelle facette de sa personnalité. Elle qui me reprochait d’être avec Jun-Woo.

- Bon, on va y aller, annonce Manager Sang.

Il sort son téléphone et tapote dessus. Seo-Jun s’approche de lui.

- Où est Manager Park ?

- Elle est déjà sur place, en train de régler le déroulement de la journée avec les éclairagistes.

- Ok.

Nous grimpons tous dans dans la camionnette qui va nous amener au lieu de répétition. Je m’assois à côté de Su-Ah.

- Su-Ah, il paraît que tu sors avec San-Woo.

Elle tourne la tête vers moi. Ses yeux pétillent de bonheur.

- Oui ! Il est trop gentil, je l’aime beaucoup. Je savais que je lui plaisais, en plus.

- Tu ne devais pas rester une idole célibataire dévouée à ses fans, toi ?

Son sourire disparaît.

- Euh… Je ne pensais pas que ça te dérangerait, Min-Seo, je…

- Ooh, mais non, ça ne me dérange pas ! Désolée si tu l’as compris comme ça. Non, c’est trop cool que vous soyez ensemble, vous êtres trop mignons. Je plaisantais, comme tu avais dit ça quand on a dîné à Sinsa-dong.

Su-Ah me sourit.

- Ouf, j’ai eu peur ! Merci. Eun-Kyung n’a pas été contente de l’apprendre, mais franchement… Je m’en fiche de son avis, même si c’est une super eonnie… Son avis est trop centré sur le groupe plus que sur ce qui est le mieux pour moi. Elle a toujours été comme ça, mais on ne peut pas lui reprocher. Elle vit pour la K-pop depuis longtemps, et c’est en partie grâce à son salaire d’idole que sa famille peut payer les soins pour son père.

Je hoche la tête.

- Et vous vous êtes mis ensemble comment ? questionne-je malicieusement.

- Aaah. Ben, j’ai remarqué que je lui plaisais dans l’avion. Et ça faisait quelques jours que je l’appréciais aussi. Donc quand on a dû choisir les chambres, j’ai sauté sur l’occasion d’être toute seule avec lui. Au début, c’était un peu gênant, surtout qu’on devait dormir dans le même lit, vu qu’une chambre contient un lit. Et j’ai fini par me dire que si je lui disais qu’il me plaisait, je n’allais sûrement pas me faire rejeter, comme ça me semblait réciproque. Donc je lui ai dit un truc du style «hé, San-Woo, en fait, tu me plais. Tu veux bien sortir avec moi ?». Il a rougi, c’était trop mignon, et après il a accepté en disant que je lui plaisais aussi.

- Tu es amoureuse de lui ?

- Ben, je sais pas trop. Un peu comme toi et Jun-Woo quand on était encore apprenties. Ooh, d’ailleurs, t’as dormi avec lui ! Raconte !

- Bah, il s’est rien passé, tu sais.

- Hm.

La camionnette se gare et on en sort tous. Su-Ho me conduit dans un coin pour reprendre la chorégraphie du début, je gigote dans tous les sens. Il se prend la tête entre les mains.

- Ok. Bon. Je vois. D’accord. Là, San-Woo rappe. Donc nous, on fait une danse rapide, énergique.

- Ah. Ok.

Je m’en fous. Apprends-moi juste ce que j’ai à faire.

- Mais enfin, concentre-toi, Min-Seo, c’est hyper important. Pleins de gens vont venir nous voir ce soir. Il faut que tout soit parfait.

- Je m’en doute.

- Alors fais un effort !

Je recommence à danser jusqu’à l’heure de manger, puis on va travailler le chant. Avec l’aide de Jun-Woo et de sa délicatesse (contrairement à Su-Ho), je parviens enfin à monter dans les aigus.

Puis les heures défilent vite jusqu’au concert. On se fait maquiller, coiffer et habiller, nos managers nous montrent nos positions sur scène et on répète une nouvelle fois.

Ça va le faire. Courage.

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