Chapitre 23

5 minutes de lecture

Jun-Woo m’attend devant la maison d’idole. Je cours pour me jeter dans ses bras. Il rit et me serre.

- Ça va ? J’ai regardé la rediffusion de ton concert.

- Oui, ça va.

J’ai envie de lui parler d’hier soir, mais pas devant les filles.

Ha-Rin ouvre la porte de la maison et se rue dans sa chambre pour dormir, elle est encore fatiguée. Tandis que Su-Ah et Eun-Kyung vont danser dans notre salle d’entraînement, je reste sur le pas de la porte avec Jun-Woo.

- Tu… tu veux entrer ? propose-je en rougissant.

Ses joues s’empourprent aussi.

- Ben… si tu veux.

Je l’invite à entrer et vais dans ma chambre pour déposer ma valise.

- Ouah. C’est tout rose ici.

- Eh oui.

Il s’assoit sur mon lit.

- Tu as pu revoir ta famille ? questionne-t’il.

- Oui. Je suis allée chez moi avec Ah-Joo.

Jun-Woo fronce les sourcils.

- C’était le seul à vouloir sortir, et comme on était à Manhattan, j’en ai profité pour aller manger chez moi.

Il hoche la tête. Je viens m’asseoir à côté de lui et passe ma main dans ses cheveux blonds-blancs pour les recoiffer.

- Jun-Woo.

- Quoi ?

Incapable de parler, je lui tends mon téléphone, ouvert sur la page Instagram d’hier. Je me mets à trembler. Il pose mon portable à côté de lui et passe son bras autour de mes épaules. On ne dit rien. Jun-Woo se contente de me serrer contre lui et d’essuyer chaque larme qui roule sur mes joues.

Il embrasse ma tête et attrape ma main. La sienne n’a rien avoir avec celle de Ah-Joo. Elle est plus fine, plus douce. Ce contact me donne des frissons. Je me blottis dans les bras de Jun-Woo et continue de pleurer en silence.

- Tu ne devrais pas accorder autant d’importance à des commentaires, chuchote-t’il.

Je renifle.

- Ils sont juste jaloux de toi.

- Quand on est jaloux de quelqu’un, on ne veut pas qu’il meure.

Je sens son regard sur moi.

- Moi, je ne veux pas que tu meures. Et quel avis est plus important ? Le mien ou celui d’un inconnu ?

Je lève la tête vers Jun-Woo. Il est tout aussi triste que moi, ses yeux sont humides et ses joues rougies.

- Le tien.

Il me sourit et je repose ma tête sur son épaule.

- Il est vingt-trois heures, je vais y aller.

Je m’agrippe à son t-shirt.

- Non. Reste. La dernière fois, quand tu m’as demandé de rester, je l’ai fait. Maintenant, c’est moi qui te le demande. Ne pars pas.

- Min-Seo… Il faut bien que je rentre chez moi pour dormir…

Je me décolle de lui et m’allonge dans mon lit, avant de tapoter l’oreiller à côté de celui où j’ai posé ma tête.

Je sais que c’est égoïste, qu’il doit rentrer à sa maison, mais j’ai besoin de lui.

Jun-Woo soupire et prend place à côté de moi.

- Merci, murmure-je.

Il me sourit. Il se rapproche pour m’embrasser avant de retirer ses lèvres mais de rester près de moi.

- Bonne nuit, Min-Seo.

Je hoche la tête.

- Merci. Bonne nuit.

Je pose ma tête contre son torse et m’endors.

Quand je me réveille, Jun-Woo l’est déjà. Il me serre dans ses bras et susurre à mon oreille :

- Tu vas mieux ?

- Oui. Merci. Pourquoi, tu veux partir ?

- Mais non. Je m’inquiète pour toi.

Il m’embrasse et pose sa tête sur son oreiller. Une lueur espiègle passe dans ses yeux.

- Alors je fais quoi maintenant ? Je m’enfuis par la fenêtre ?

- Non, réponds-je.

Il se lève, récupère son sweat que j’avais emprunté et commence à quitter ma chambre.

- On se revoit bientôt, Min-Seo.

- Oui.

- Oublie les commentaires. Salut.

- Oui, merci, annyeong.

Jun-Woo me sourit et fait un coeur avec ses doigts.

- Attends.

Je me lève précipitamment de mon lit, marche jusqu’à la porte et me hisse sur la pointe des pieds pour embrasser Jun-Woo. Il m’attire contre lui et pose son menton sur mon épaule, le dos courbé à cause de notre différence de taille (17 centimètres pour être exact).

- Je t’aime, chuchote-je.

- Moi aussi.

Ses bras se resserrent autour de ma taille, et il enfouit son visage dans mes cheveux.

- Je dois vraiment y aller. Les autres m’attendent sûrement pour répéter.

J’opine du chef.

- D’accord. Je t’envoie un message ce soir.

- Oui, répond-t’il.

Il me lâche et après m’avoir regardé une dernière fois, il quitte la maison.

Lors de la répétition avant le tournage du M/V de Problem, je repense aux commentaires. J’ai l’impression d’être faible, et je déteste ça. Sauf que je me remémore aussi la peine sur le visage de Jun-Woo, après qu’il ait lu les commentaires. Et je déteste ça aussi. Donc je danse et je chante comme si j’avais quelque chose à prouver. Surtout que les paroles que je prononce correspondent parfaitement à mon ressenti.

Lia nous a dit que c’était une chanson qui ferait office de réponse aux haters. En les menaçant et en les prenant de haut, on ne leur donne pas envie de persévérer. La culture coréenne n’est pas censée être une culture respectueuse envers les autres ?

Je bois autant que possible. Je meurs de soif.

- Au fait, j’ai vu Jun-Woo partir de la maison ce matin, me glisse Su-Ah.

Je sens un afflux sanguin se diriger vers mon visage et chauffer mes joues.

- Ah… oui…

Mon amie me dévisage, amusée par ma réaction.

- Je devrai inviter San-Woo, un de ces quatre. Comme ça moi aussi, je dormirai avec lui.

J’ai compris. Elle se moque de moi. Je dois rester détendue.

- On pourrait même faire une soirée à quatre, continue-t’elle. Enfin, pas dormir à quatre.

Cette fois-ci, je me retiens de rire en mordant mes joues. Le goût métallique du sang se répand dans ma bouche. Beurk, dire que je l’avalais quand j’étais petite. Maintenant, j’ai envie de vomir.

Su-Ah me fixe.

- Et sinon… en quel honneur tu as dormi avec Jun-Woo ?

Je recrache l’eau que je viens de mettre dans ma bouche et mon amie met sa main devant ses lèvres, mais ses yeux trahissent son amusement.

- Ah… haha… je… vais retourner danser, moi…

Un sourire malicieux se dessine sur son visage. Je me lève et avance vers les autres, puis je me tourne vers Su-Ah :

- T’imagine pas des trucs.

Elle a compris à quoi je faisais allusion, car elle pouffe de rire avant de s’incliner.

- Désolée, mais c’est vraiment trop drôle de se moquer de toi.

- Aaaah, tu m’exaspères !

Su-Ah passe un bras autour de mes épaules et me sourit.

- Allons danser. (Nouveau sourire taquin.) Tu avais l’air pressée d’y aller. Ou peut-être que tu voulais juste éviter ma question.

Je rougis. Elle est pas croyable, cette fille.

- Je…

- Promis, j’arrête, dit-elle en souriant.

Annotations

Vous aimez lire Ella Rarchaert ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0