Chapitre 24

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Le M/V a dépassé le million de vues. On a récolté plein d’argent pour rembourser nos dettes pour notre voyage à New York, à Las Vegas ainsi que les hôtels.

D’ailleurs, depuis que je suis retournée à Manhattan, mon frère m’envoie des messages presque tous les jours, pour me donner des nouvelles et prendre des miennes. Thomas a même décidé qu’il m’enverrait des photos de mes autres amis. Sauf que mon frère ne sait pas qu’à part Roman et Betty, je n’avais pas d’amis. Et Suzanne est en Corée du Sud.

Suzanne. J’ai oublié de regarder son émission. Ça fait maintenant plus d’une semaine que son message avec le lien de la rediffusion est marqué non lu. Il serait temps que je l’ouvre. Je clique dessus et tiens mon téléphone en espérant qu’elle soit sélectionnée.

- Le premier groupe choisi pour débuter sous le label KLG se nommera Pretty Girls. Il sera composé de Ha-Eun Lee, Yu-Ka Kang, Chae-Rin Cho et…

La caméra fait le tour des filles. Suzanne est dans une robe jaune moutarde à la jupe évasée, ses cheveux rose barbe à papa sont enroulés sur ses épaules en forme d’anglaises. Elle craque ses articulations et elle a les yeux fermés. S’il vous plait, faites qu’elle soit choisie.

- Et enfin, la dernière fille du groupe Pretty Girls sera…

Grand moment de suspens. La plupart des filles sont sûrement sur le point de s’évanouir.

- Makumi Yamoto.

La japonaise ouvre la bouche. Je la détaille. Ses cheveux sont coiffés en deux couettes parsemés d’étoiles argentés. Son visage rond semble tout doux. Elle a de grands yeux bruns maquillés de paillettes grises et des joues roses. Vêtue d’une robe à froufrous corail, Makumi a un style très cute. À ses pieds, de grandes chaussettes blanches remontent jusqu’à la moitié de ses mollets, et elle porte des baskets à paillettes multicolores. Ses doigts longs sont recouverts de gants fins accordés à sa robe.

- Moi ? demande-t’elle avec un fort accent.

- Oui, avance toi.

Makumi rejoint Ha-Eun, Chae-Rin et Yu-Ka, les larmes aux yeux. Trois coréennes et une japonaise composent donc ce groupe.

- Merci d’avoir voté pour moi, sanglote Makumi.

Les autres filles sont congédiées. Je vois à la tête de Suzanne qu’elle est déçue. Elle a raté deux sélections de K-pop, alors qu’elle était sur le point de faire parti du groupe. Ah-Joo aussi, et il a réussi à devenir idole.

Je coupe la vidéo et téléphone à Suzanne. Elle répond à la dernière sonnerie.

- Je suis désolée de t’avoir appelé si tard, je viens seulement de voir la rediffusion.

- Ah, dit-elle avec lassitude. Ce n’est pas important, de toute façon, j’ai perdu. Encore.

Je décèle dans sa voix une pointe de tristesse.

- Tu sais, Suzanne, il y a pleins d’idoles qui ont raté plusieurs sélections avant de réussir.

- Comme qui ?

- Ah-Joo.

- Et qui d’autre ?

Je réfléchis. Je n’ai pas d’autre exemple, et Suzanne le remarque.

- Tu vois, même toi tu sais pas. En même temps, avec mon nom et mon physique d’américaine, personne n’a voté pour moi. Comme chez PYZ. Depuis le début, ils te préféraient toi. Tu as pu faire de la chirurgie et changer ton prénom, moi non. Ils ne voulaient pas que je débute. Je n’avais pas le talent. Que veux-tu que je te dise ?

Suzanne ne devrait pas se dénigrer à ce point. Elle a du talent. Et elle est très belle, même si elle ne ressemble pas à une fille asiatique, encore moins à une coréenne.

- Mais non, Suzanne… Je suis sûre que… Enfin bon, laisse tomber. Tu retournes à New York ?

Je l’entends soupirer.

- Pas maintenant. Une fois en Amérique, je ne pourrai rien faire. Il est trop tard pour intégrer l’université. Alors je prends l’année sabbatique avec Betty et Roman. On va se faire un petit tour du monde. Notre prochaine destination, c’est la Nouvelle-Zélande.

- Super ! Tu m’enverras des photos !

- Si tu veux. Bon, je dois raccrocher. Salut, Alice.

- Salut.

Je suis triste pour Suzanne. Elle n’était peut-être pas faite pour ça. Mais quand même. Perdre deux auditions de K-pop, ce doit être horrible.

- Hé, Min-Seo.

Ha-Rin entre en trombe dans ma chambre.

- Manager Park peut t’avoir deux billets d’avion pour Manhattan le 26 mars jusqu’au 28.

- C’est vrai ?

Je réfléchis. Avec qui pourrai-je partir à New York ? Pourquoi pas Su-Ah ? Elle qui n’a plus de famille, rencontrer la mienne lui fera peut-être du bien. Et puis, j’aurai tellement aimé lui faire visiter Manhattan avec moi, la dernière fois. Ou peut-être Ah-Joo ? Mon frère et lui sont devenus amis, et mes parents l’apprécient. On pourrait visiter d’autres endroits de New York.

- Dis-lui que c’est d’accord. Et que je trouverai un moyen de rembourser la dette.

- Je n’en doute pas une seconde, sourit Ha-Rin en tapant sur son téléphone.

Elle sort de ma chambre et je continue de réfléchir. Peut-être que je pourrai emmener Ha-Rin avec moi ? Elle m’avait déjà parlé de son envie de visiter New York. Ou Eun-Kyung. Son père souffre, alors se détendre un peu avec une amie pourrait lui faire du bien.

En fait, je ne sais pas. Personne d’autre ne me vient à l’esprit.

Allez, réfléchis, Min-Seo.

Voyons, qui aurais-je pu oublier ? La voix de Thomas me revient en mémoire. Un jour, tu nous présenteras ton boy friend, pas vrai ? Jun-Woo. Comment ai-je pu ne pas penser à lui ? C’est vrai que je pourrai y aller avec lui. Après tout, ça fait huit mois que nous sommes ensemble et ma famille ne l’a pas encore rencontré.

Je crois que ça y est, j’ai pris ma décision. J’irai à New York avec Jun-Woo.

J’attrape mon portable pour taper des messages. Les réponses ne se font pas attendre.

Moi : Je peux venir avec quelqu’un du 26 au 28 mars ? Ma manager peut m’avoir des billets d’avion pour Manhattan.

Papa : Pas de problème.

Maman : Tu es la bienvenue. Viens quand tu veux !

Et à Jun-Woo.

Moi : Ça te dirait de venir à New York avec moi du 26 au 28 mars ? On pourra rencontrer ma famille et je te ferai visiter ma ville natale:).

Jun-Woo : J’en parle à Manager Sang. Mais normalement je suis disponible.

J’espère vraiment qu’il pourra venir. Je pourrai le présenter à Thomas, qui avait l’air si impatient de rencontrer mon petit ami. D’après lui, c’est son rôle de grand frère, de s’assurer que je ne sors pas avec un détraqué. J’ai dû lui rappeler qu’il était idole, et que, par conséquent, il ne pouvait pas être un détraqué. Mais il veut quand même s’en assurer. Et au fond, je le comprends. Si j’avais une petite sœur qui avait un petit ami, moi aussi je voudrai vérifier que c’est un mec bien.

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