Quand j’arrive près de Jun-Woo, il me regarde avec dédain.

Mon coeur se brise en mille morceaux. Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Je viens sûrement de foutre en l’air (désolée pour la vulgarité) ma relation avec Jun-Woo.

Les yeux en larmes, il me fixe. Ses sourcils sont froncés, ses yeux rouges. Moi aussi je pleure. Je m’en veux tellement. Et malgré ce que je croyais, ce baiser avec Ah-Joo et le fait de revoir Jun-Woo m’a permis de comprendre mes réels sentiments : je suis amoureuse de Jun-Woo, et que de lui.

Je l’attrape par le bras.

- Écoute moi. Je sais que je t’ai brisé le coeur et…

- Brisé le coeur ? Depuis que tu connais Ah-Joo, tu joues avec mes sentiments, Min-Seo. J’en peux plus. Je t’ai crue la dernière fois quand tu m’avais dit qu’il n’y avait rien entre vous. J’ai eu tort.

- Jun-Woo, je suis désolée. Sincèrement. Je m’en veux tellement, je te jure que je regrette. Je me demande comment ai-je pu songer à un autre garçon alors que tu es là, devant moi, que tu m’aimes et que tu m’as toujours montré que j’étais la seule pour toi ?

Je resserre ma main sur son poignet. Son regard est fuyant et il se durcit. Les larmes ont inondé ses joues rouges, ses tâches de rousseurs brunes ressortent, ses yeux sont gonflés et ses lèvres forment une moue déçue et triste.

- Ce baiser ne signifiait rien, Jun-Woo. Il m’a juste aider à voir plus clair.

Il tourne la tête vers moi et son regard se brise. De nouvelles larmes brillantes remplissent ses yeux bruns. Il me fixe, tremblant, la bouche légèrement entrouverte.

- Vas-y. Dis-le moi. Dis-moi que tu me quittes, qu’on en finisse, s’il te plait ! Je ne supporterai pas ça plus longtemps. Je souffre, Min-Seo. Depuis le début.

- Non, Jun-Woo, je ne te quitte pas. (Il fronce les sourcils.) Ce baiser m’a aidé à réaliser que je n’aimais pas Ah-Joo, mais toi. Il n’y a que toi pour moi, et ça a toujours été comme ça. Jun-Woo, je suis amoureuse de toi depuis notre rencontre avec ton groupe quand j’étais encore apprentie, il y a plus d’un an. Jun-Woo, ce n’est pas avec Ah-Joo que je veux être… C’est avec toi.

Il ouvre la bouche puis la referme. Il essuie ses larmes et me regarde droit dans les yeux, avant d’attraper mes deux mains.

- Alors… Tu restes en couple avec moi ?

- Oui, réponds-je. Et j’arrête avec Ah-Joo. Désolée pour tout le mal que je t’ai fait. Pardonne-moi s’il te plait, je ne voulais vraiment pas jouer avec tes sentiments. Je vais vraiment stopper tout avec Ah-Joo. Plus de sorties, plus de SMS, j’enlève même mon abonnement Instagram à son compte. Je suis prête à presque tout pour que tu me pardonnes. S’il te plait, Jun-Woo.

Je passe ma main sur son visage pour essuyer d’autres larmes et la remonte pour recoiffer ses cheveux blonds-blancs. Ses yeux bruns s’accrochent aux miens avec tristesse. Il me sourit timidement, et rougit en disant :

- Merci. Je te pardonne. Je… je t’aime, Min-Seo.

Je baisse les yeux.

- Je t’aime aussi.

- De quoi ? Je crois que j’ai pas entendu.

Il sourit et je ris.

- Tu te moques de moi, hein ? J’ai dit, JE T’AIME.

- Je t’aime aussi. Je t’aime tellement.

Il me serre dans ses bras et je passe les miens autour de sa nuque, un sourire aux lèvres. On s’éloigne et il m’embrasse. Une goutte salée s’écrase sur mes lèvres.

- Alors je me suis trompée depuis le début ?

Je me tourne et aperçois une jeune fille aux cheveux noirs, à la frange droite, au nez épaté surmonté d’une paire de lunettes rondes et aux sourcils épais. Je la reconnais immédiatement.

- Min-Jee ?

- Je me suis trompée ? Song Min-Seo et Jang Jun-Woo sortent ensemble et Min-Seo ne le trompe pas avec Jun Ah-Joo ? Mais alors toutes ces preuves sur Instagram, Naver…

- Tu es là depuis quand, au juste ? demande-je, paniquée à l’idée que quelqu’un d’autre que Jun-Woo sache que j’ai embrassé Ah-Joo.

- Depuis le début, répond Min-Jee. Mais je ne t’en veux pas, Min-Seo. J’ai bien compris que je ne pouvais pas avoir Jun-Woo. Vivez heureux, vous le méritez. Vous allez bien ensemble.

Les larmes surgissent de mes yeux et de ceux de Jun-Woo.

- Bon… sinon, j’étais venu te voir pour t’emmener dans un resto. Je l’ai réservé jusqu’à vingt-deux heures, lance-t’il.

- Ok, alors allons-y.

On rejoint le restaurant en silence. J’enfonce mes ongles dans ma peau. C’est de ma faute s’il est en colère. Moi aussi je suis énervée contre moi. Pour avoir été aussi stupide.

Comme prévu, le restaurant est vide. On s’assoit à une table, dans le même silence pesant que lors du trajet. J’ai envie de pleurer. Mais je le comprends, il doit être déçu.

Les plats arrivent. Ce sont deux salades composées de tomates, concombres, parmesan et œuf dur. J’avale avec difficulté une tomate cerise avant de repousser mon assiette. Je n’ai pas faim. Je n’ai jamais faim. Et le malaise avec Jun-Woo m’a encore plus couper l’appétit.

- Désolée, je n’ai pas trop faim.

Il fronce les sourcils.

- Min-Seo, il faut que tu manges ! s’énerve-t’il en claquant ses baguettes sur la table.

Je sursaute et les larmes me montent à nouveau aux yeux. Je les baisse vers mon assiette et joue avec mes doigts.

- Tu vas t’envoler au moindre coup de vent, là, ajoute-t’il plus calmement, mais sa voix est toujours tendue.

Je hoche la tête et picore quelques bouts de salade.

Il est vingt-deux heures quand on quitte le restaurant. Il fait nuit noire et l’air est glacé.

- Je te raccompagne. Il est trop tard pour que tu rentres seule, lance Jun-Woo sèchement.

Sans mot, je le suis dans les rues de Séoul. On arrive enfin à la maison d’idole, après une vingtaine de minutes dans un autre silence. Je sais que je serai seule à la maison. Su-Ah est partie voir San-Woo, Eun-Kyung est allée prendre des nouvelles de son père et Ha-Rin l’a accompagnée.

J’ouvre la porte.

- Merci et encore désolée.

- Hm. Salut.

C’est définitivement le pire anniversaire de ma vie. À cause de moi, comme toujours.

Mes doigts s’accrochent à la manche du pull de Jun-Woo, alors qu’il commençait à repartir. Il se retourne et me fixe, perplexe. Je continue de regarder le sol comme si ma vie en dépendait, mais je ne lâche pas le sweat de Jun-Woo.

- Désolée. Je te l’ai déjà dit plein de fois, et je comprends que tu ne m’aies pas encore pardonnée. Tu es sûrement déçu et très, très en colère. Peut-être même que c’est comme ça que va se terminer notre relation et tu le sais, c’est pour ça que tu es distant. Mais si ce n’est pas le cas, arrête s’il te plait… Je sais que j’ai fait une erreur et que tu ne me pardonneras pas avant longtemps… mais est-ce que ça vaut le coup, de me faire la tête ? Être distant ne règle pas les problèmes… Je t’assure que je n’aime pas Ah-Joo… Juste toi. Je regrette sincèrement ce que j’ai fait. Désolée, je suis sérieuse.

Quand je trouve enfin le courage de lever les yeux vers lui, il me sonde encore.

- C’est bon, t’as fini ?

Mon coeur se brise. Son ton était froid.

- Euh… oui… je…

Jun-Woo se tourne complètement vers moi et pose ses mains sur mes épaules avant de se pencher pour mettre ses yeux à la même hauteur que les miens.

- Oui, je suis déçu. Non, je ne suis pas en colère. Enfin, je ne le suis plus. Je t’ai pardonnée. Je… je ne veux pas que ça se termine entre nous, c’est pour ça que je te laisse une seconde chance. Et… si j’étais distant… ça me demande beaucoup d’effort de l’admettre, mais j’étais juste jaloux de Ah-Joo… j’avais peur que tu me lâches pour lui… et après, la tension n’est pas redescendue, c’est aussi pour ça que je t’ai à moitié engueulée quand tu n’as pas mangé et… là, j’allais partir parce que j’avais l’impression que tu étais énervée contre moi, et je…

- Non, non. Je ne suis pas énervée du tout…

Il soupire de soulagement et me prend dans ses bras. Rassurée, je me détends et laisse couler d’autres larmes.

- Tu pleures encore ?!

- Ce sont des larmes de joie…

Il hoche la tête.

- Viens, je suis fatiguée.

Je referme la porte d’entrée et le tire jusqu’à ma chambre pour m’allonger. Il se met à côté de moi.

- Dis donc, il fait froid, dans votre maison.

C’est vrai que la température est basse. Le compteur indique 15 degrés.

- On s’en fiche… dis-je.

Je pose ma tête sur lui et il caresse mes cheveux. Rien ne sera plus comme avant, je le sais. Mais je vais continuer de l’aimer, et j’espère que lui aussi.

Jun-Woo me souffle à l’oreille :

- Au fait… bon anniversaire… ça y est, tu as 18 ans.

- Oui.

Il m’embrasse et je m’excuse à nouveau. Mon téléphone vibre. C’est Su-Ah.

D’ailleurs, j’ai coupé le chauffage. ^^ Bonne soirée ~^_^~

Je lève les yeux au ciel. Elle n’est pas nette, elle.

- Je dois aller rallumer le chauffage, Su-Ah l’a coupé.

- Bah, c’est pas important.

- Mais si, moi j’ai froid.

Jun-Woo remonte la couette au-dessus de mes épaules et m’attire contre lui. Dire qu’il y a cinq minutes il était énervé.

- Et maintenant ?

Il faut avouer que ça fonctionne. Je commence déjà à me réchauffer.

- Oui, là, ça va.

- C’est parfait, alors.

Il embrasse ma joue et pose sa tête sur la mienne.

- Déso…

- Arrête de t’excuser. Je t’ai dit que je t’avais pardonnée.

- Oui, pardon. (Il soupire, comme si j’étais un cas désespéré.) Je t’aime.

Un grand silence s’ensuit. Il s’est endormi ?

- Je t’aime aussi, chuchote-t’il.

Soulagée, je relève la tête pour l’embrasser avant de la reposer, puis de m’endormir. Je m’endors plus rapidement quand je suis avec lui.

Je me réveille. J’ai d’abord cru que la soirée d’hier était un cauchemar, que je n’ai pas vraiment embrassé Ah-Joo, sauf que je vois Jun-Woo dormir paisiblement à mes côtés, ce qui m’aide à savoir que ce n’est pas le cas. Mais ça n’a aucune importance. Parce que le blond et moi sommes toujours en couple.

- Jun-Woo…

Je le secoue.

- Oppa, murmure-je en rougissant.

Il ouvre les yeux.

- Oppa ? demande-t’il, un sourire taquin sur son beau visage.

- Techniquement, tu l’es.

- Hmm, c’est vrai. Je pourrai m’y habituer.

Je lui souris.

- T’es trop mignonne, susurre-t’il en me collant à lui.

Il enfouit son visage dans mes cheveux. Je continue de me dire que je suis la pire petite amie. Jun-Woo mérite tellement mieux que moi. Il est si gentil, il m’a pardonné et il me refait confiance, il accepte de me donner une nouvelle chance. Je ne mérite pas ça. Il aurait dû me quitter, j’aurai été triste, mais ça aurait été bien fait pour moi. Je ne le comprends vraiment pas. Mais bon, je ne vais pas m’en plaindre. On est ensemble.

Je lui tapote l’épaule et lui intime de se lever pour aller manger. Incrédule, il me regarde.

- Tu veux qu’on mange ?

Je lève les yeux au ciel et le tire du lit pour qu’il en sorte. On rejoint la cuisine, où je lui donne une pomme. On a plus que ça. Il faudrait demander à Manager Park de refaire des courses (oui, c’est notre manager qui fait nos courses).

- Et après, tu veux faire quoi ? demande-t’il.

- M’excuser auprès de Ah-Joo. Ne dis rien, s’il te plait. Tu peux m’accompagner, si tu veux. C’est juste, je n’ai pas causé du tort qu’à toi.

- J’ai décidé de te faire confiance. Alors je ne m’inquiète pas.

Les larmes aux yeux, je hoche la tête. Il est beaucoup trop gentil.

- Merci, Jun-Woo. Je ne mérite pas ça…

Il pose sa main sur la mienne.

- Si. Disons qu’on est quittes.

Je lève un sourcil, étonnée.

- Comment ça ?

- Tu ne te rappelles pas la fois où j’ai embrassé Suzanne ?

Si, je m’en souviens très bien. Je ressens un pincement au coeur en y repensant.

- Mais on n’était pas encore en couple, réponds-je.

- Et alors ? Je t’aimais déjà. Moi, je considère qu’on est quittes.

Je rougis. Je croyais qu’à cette période, je lui plaisais juste.

- Si tu le dis.

Il hausse les épaules et croque dans sa pomme.

- J’ai toujours raison.

Jun-Woo me fait un clin d’oeil et je souris. Je suis heureuse avec lui, et je me promets que je ne lui referais plus jamais de mal.

Je me rapproche de lui et pose ma tête sur son épaule.

- Jun-Woo.

- Quoi ?

Une de ses mèches blonde-blanche retombe sur mon front et je passe ma main dedans.

- Je sais que tu en as marre… mais je voulais encore te dire désolée. Parce qu’avec ce que j’ai fait, j’ai l’impression que même mille excuses ne suffiront pas à me faire pardonner. Je sais aussi que tu l’as fait… Tu es beaucoup trop gentil avec moi.

Il soupire.

- Combien de fois je vais devoir te dire que je ne t’en veux plus ? C’est comme ça, je suis amoureux de toi, donc je te pardonne vite. Je n’y peux rien.

- D’accord.

Il remue l’épaule pour que je retire ma tête et se lève de sa chaise.

- Bon, allons nous excuser auprès de Ah-Joo.