This is the story of an important change. The world such as it did exist has disappeared, giving way to an inaccessible numerical world. Humans, animals, plants, life, as well as water and rocks were completely transformed into strange elements. All organic and mineral matter was evolving into a network of giant links. Each atom, each molecule became pixels. The Pixel Virus did escape from calculator towers, in order to pervade everything it needs to develop itself : real matter.

 Lorsque la technologie numérique a commencé à devenir intéressante, utile, puis finalement indispensable à la vie humaine, la Terre était encore pleine de vie. Mais alors même qu'elle était devenue une nécessité vitale, la Terre polluée de ce virus mortel a commencé à s'éteindre. La pollution, ce simple problème d'environnement et de santé publique, s'est transformée en catastrophe surnaturelle intense, de par la violence et l'absence de pitié de ce virus informatique qui est maintenant partout.

 Il se propageait dans l'air, l'eau, le feu, semait la terreur et la mort sur toute la surface du globe, et s'immisçait ainsi jusque dans les profondeurs de la planète. Rien ni personne ne put se vacciner, se protéger de cette cyber attaque qui prit place dans ce monde, comme si elle avait toujours existé. Personne, sauf ceux qui ont pu quitter cette planète. Le Pixel Virus tuait et remplaçait tout. En physique, on dit que rien ne se perd, tout se transforme. Ce virus virtuel fut bel et bien réel, puisqu'il suivait incontestablement les lois de la physique. Quelle prouesse technologique l'homme avait-il réalisée là ! Il avait créé l'arme qu'il s'est mise sur la tempe avant de tirer trois fois pour être bien sûr de ne pas rater son coup.

 Dehors, les rues si bruyantes et si mouvementées furent, de jour en jour, plus calmes et statiques. Lorsque vous posiez le pied à l'extérieur, vous marchiez tout d'abord normalement, comme si de rien était. Puis la gravité vous paraissait de plus en plus forte, et soudain, une violente décharge électrique parcourait votre corps des pieds à la tête. Dans vos yeux, vos iris se digitalisaient : on pouvait y entrevoir une quantité phénoménale d'informations binaires défilant comme des bandes de négatifs sur un super-huit. Votre corps totalement figé en position de marche se déséquilibrait alors, telle une statue bancale. Vous aviez la sensation de tomber vers l'avant alors que vous tentiez de poser votre deuxième pied à terre, mais en vain. Cette sensation tendait à se confirmer quand vous aperceviez l'horizon monter, et les pavés se rapprocher de votre visage. Une inclinaison de plus en plus forte se faisait sentir alors que votre corps ne reposait plus que sur la pointe d'un de vos pieds. Vous aviez cette frustration, celle de ne pas pouvoir tendre vos bras en avant, comme un simple réflexe, lorsque l'on chute en temps normal. Enfin votre face venait s'écraser contre le bitume, puis tout votre corps se faisait dévorer par ces pixels indénombrables, pour disparaître totalement, sans laisser aucune trace.

 La surface du globe est parfaitement plate aujourd'hui : montagnes, forêts, gratte-ciels et océans ont tous été rasés par les pixels. Seuls quelques petits carrés immatériels rouge vert et bleu continuent de grappiller les derniers micromètres cubes de matière encore existante. Mais il n'y a plus rien. Rien, sauf cette boule géante de numérique, qui autrefois s'appelait Terre.

 De là où je vous parle, on peut voir les deux étoiles de notre système : Soleil et Pixelia. Oui, c'est son nouveau nom. Nous habitons actuellement sur une nouvelle planète. Une planète totalement artificielle, créée grâce à notre technologie NTWDS : new technologies without digital sciences.

 Cette planète où nous vivons, nous, les rescapés de cette fin du monde, s'appelle Terre. Mais je vous rassure, elle restera à tout jamais la seule et unique, Terre.