Chapitre 1 Shelby
Attention ce livre est destiné à un public averti. Il contient des scènes de violence, de torture, de sexe et des récits de viol, certains paragraphes peuvent être durs à lire pour les âmes sensibles. J'assume tous mes écrits, ceci est une fiction. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite. Vous trouverez en bas de chaque page, le lexique s'il en est besoin.
Lundi, 12 octobre 1992, 23h50.
Au Brooklyn Hospital Center, au centre-ville de Brooklyn.
— Je ne savais pas que j'étais enceinte ! J'te jure, ils appellent ça, le déni de grossesse ! J'ai cru que j'avais l'appendicite tellement j'avais mal ! Crois-moi MERDE ! JAMAIS JE NE T'AURAIS FAIT UN ENFANT DANS LE DOS !
— Tu te démerdes ! Je veux que tu dégages !
— Non... attends, tu ne peux pas me faire ça ! J'ai nulle part où aller, Max !
— Je m'en bats les couilles ! TU... DÉ-GA-GES !
— Non... non... attends Max, par pitié, je vais m'en débarrasser ! J'en veux pas moi de ce mouflet, j'te jure, je vais m'en débarrasser !
— Ah ouais ? Et comment tu vas faire hein ? Tu vas la noyer ? T'es à l'hosto ma vieille, sa naissance est dorénavant enregistrée sur des putains de papiers !
— Je m'en fous, j'voulais pas d'gosse moi ! C'est le stérilet qu'à dû bouger ! Oui, c'est ça... ça peut être que ça ! Le stérilet !
— Tu dégages de ma vie Lili, c'est clair ! Je veux plus que tu te pointes au squat ! Je veux plus voir ta tronche !
Et voilà comment mes premières heures de vie ont été accueillies, dans les larmes et les cris.
Un soir, ma mère s'est effondrée sur un trottoir à Brooklyn, pliée de douleurs. Des gens ont appelé les pompiers et dans l'ambulance, elle a perdu les eaux. C'est comme ça qu'elle a appris qu'elle était enceinte.
Le jour qui aurait dû être le plus beau jour de sa vie est devenu son cauchemar et donc ... le mien.
Elle a fui l'hôpital pendant la nuit et m'a déposé au pied... d'un container ! Pas une église... non ! Trop cliché ! Une vérole de container ! C'est un poivrot qui m'a trouvé, et un alcoolo se promenant avec un bébé qui hurle dans un vieux caddie rouillé, au milieu de sacs en papier gras et de bouteilles de vin vides, forcément ça attire l'attention, et heureusement bon sang de bonsoir ! En plus, on sait que la nuit, la ville est beaucoup moins bruyante donc on fait plus attention à son entourage... faut croire que déjà bébé, l'entourage je m'en fichais comme d’une guigne...
C'est une fliquette qui l'a interpellé. Il s'est défendu en lui racontant qu'il m'avait trouvée dans la rue « Shelby Company Ltd » mais lorsqu'elle a voulu l'embarquer au poste pour prendre sa déposition et ben... il lui a balancé le caddie dans les jambes... badaboum... j'ai volé dans les airs et grâce aux réflexes de la fliquette, je suis retombée dans ses bras... ouf... déjà qu'être abandonnée, c'est pas simple... si en plus je m'en étais tirée avec un œuf de pigeon sur le front !
Elle m'a emmené directement à l'aide sociale à l'enfance. C'est une petite grosse qui m'a accueillie, une espagnole. Comme on ne savait pas grand-chose sur moi, à part le lieu où l'on m'avait découverte et bien devinez ? roulement de tambour, on m'a appelé Shelby et pour mon nom de famille « Envase ». En espagnol, ça se prononce phonétiquement « MBASÉ ». Pourquoi ce nom-là ? parce que ça veut dire... CONTAINER ! Franchement vous le croyez ! Dès la naissance, on m'a cantonnée à une poubelle. On prend, on jette ! Tout ça, parce que l'aide sociale à l'enfance était espagnole, et trouvait très drôle de faire un rappel du lieu où l'on m'avait trouvée. Heureusement que Je n'ai pas été déposée sur une merde de chien, sinon elle m'aurait appelée MIERDA ! LA GARCE !
Bref de famille d'accueil en famille d'accueil... et oui qui voudrait d'une poubelle chez soi ? Quoique mon interrogation est nulle ! tout le monde a besoin d'une poubelle chez soi ? Non ? Enfin à condition que ladite poubelle, ne parle pas et ne mange pas... ou les restes si c'est une vraie poubelle... quoique... moi, j'avais bien droit aussi au reste.
J'ai fini par arriver à l'âge de cinq ans, dans une famille d'accueil située dans l'état du Colorado et plus précisément à Denver. Contrairement aux autres, elle ne m'a pas foutue dehors et pour cause ! un petit boy à la maison pour amener les chaussons à Madame, les bières à Monsieur, et puis qu'à cela ne tienne, servir de punching-ball. Ils se foutaient sur la tronche avant ma venue, alors quand un petit bout de cent dix centimètres de haut, peut faire tampon, pourquoi se gêner. J'suis qu'une poubelle quoi ! Et les poubelles c'est bien connu, on met des coups de pied dedans lorsqu'on a les nerfs.
J'ai donc vécu à coups de pied au derrière, de baffes, de coups-de-poing. Quand je suis devenue ado, je connaissais déjà le terme « mourir de faim ».
Si je répondais à mes bourreaux, je ne mangeais pas. Si je cassais quelque chose, je ne mangeais pas. Si j'étais en retard pour les servir, je ne mangeais pas. Bref, vous avez compris... tout était bon pour qu'ils en aient plus pour eux.
Annotations
Versions