Chapitre 7 Shelby

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C'est le claquement d'une portière qui me sort de mon sommeil. Je sursaute et mets quelques secondes à me rappeler où je suis. Dans un camion... c'est vrai. Le chauffeur a dû s'arrêter, il fait jour dehors. Je ne sais pas quelle heure il est, mais j'ai une grosse envie de faire pipi. Il faut que je bouge sans me faire voir et surtout sans qu'il reparte sans moi. J'attends quelques instants, m'assurant comme cela, que ce n'est pas juste une pause pipi pour lui, puis recommence à ramper sur les cartons, pour rejoindre ma sortie. Ouf... il n'a pas vu la sangle défaite, je peux donc redescendre par là... je passe d'abord ma tête pour voir de quel côté est garé le camion, à priori, il est contre un trottoir, parfait... je glisse une jambe puis une autre, m'accroupis pour passer sous le bahut et pouvoir distinguer un peu mieux le secteur.

Je vois un restaurant le « Mom's Coffee », il a dû s'arrêter pour bouffer. Le problème est, que je n'ai aucune idée de l'heure. Donc, je ne sais pas non plus si c'est le déjeuner ou le petit déjeuner, l'un prenant plus de temps que l'autre. Je longe les véhicules présents sur le parking, en me baissant le plus possible, je sais, pour paraître discrète il y a mieux. Aux abords du resto, je me redresse et décide de rentrer pour voir si j'aperçois mon chauffeur. Je pourrais ainsi m'assurer, qu'il ne parte pas sans moi pour réintégrer sa remorque avant qu'il ne rejoigne son volant. De tout façon, il ne me connaît pas, je peux y aller tranquille. Je rentre dans le resto et c'est une clochette au-dessus de porte qui m'accueille, faisant ainsi tourner le regard des gens, vers ma petite personne... mince... je me dirige vers le bar tout en jetant des coups d'œil à droite et à gauche, je repère enfin le routier. Je m'installe donc au comptoir, commande un chocolat chaud... euh... vous croyez que y'a que les enfants qui en boive ? Parce que ma demande a fait sourire la barmaid... grotte... zut... flûte... de toute façon, on ne demande pas une carte d'identité pour un chocolat non ? Ma boisson posée devant moi, je continue à mâter mon chauffeur. A priori, il a commandé un petit déj, l'heure indiquée au-dessus de la porte d'entrée, marque dix heures. Manger aurait été peut-être un peu tôt pour lui. Nos regards s'accrochent et je détourne tout de suite la tête... mince... je décide d'aller soulager ma vessie ultra pleine, pour ne pas me faire repérer plus. Arrivée dans les toilettes pour femmes, je fais ma petite affaire puis m'asperge le visage pour la toilette matinale. J’utilise mon doigt comme brosse à dents, on fait avec ce qu'on a, la mienne étant dans mon sac. Je passe mes doigts dans mes cheveux et ressors pour rejoindre ma tasse de chocolat... oh... punaise... l’embrouille... le mec a disparu. Je tourne la tête à droite et à gauche, je finis par l'apercevoir se dirigeant vers son camion. Je jette un billet de cinq dollars sur le comptoir, puis me précipite vers la porte, sous la voix de la nana qui veut me rendre la monnaie.

— Gardez tout c'est pour moi ! crié-je royal avec l'argent des autres.

A ce rythme-là, je n'aurais pas de frics longtemps, va falloir être moins généreuse ma grande. J'arrive vers le premier véhicule du parking, recommence à me baisser pour arriver incognito vers l'endroit de ma montée. J'écarte la bâche puis commence mon ascension, lorsque je sens une résistance sur ma cheville encore à l'extérieur. C'est quoi ce binz ? Je n'ai pas le temps de me poser la question plus longtemps, que je suis expulsée à l'extérieur. Je tombe le cul sur le trottoir. Mes yeux se portent d'abord sur des chaussures, des bottines marron... taille quarante trois ?... je remonte doucement vers le haut... continuant mon inventaire, ma pomme d’Adam montant et descendant à une vitesse plus ou moins rapide. Mon regard remonte le long d'un jeans bleu foncé... un ceinturon avec une boucle en forme de tête d'aigle... une chemise à carreaux rouge et noir... une barbe longue et bien fournie... une moustache et enfin deux billes noires qui me fixent. Oups... j'ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais d'un signe de la main, je comprends qu'il ne vaut mieux pas.

— Tu te crois peut-être assez intelligente pour t'inviter dans ma remorque sans que je m'en aperçoive ?

Je veux répondre mais il lève une nouvelle fois la main.

— Tu crois vraiment que je vais accepter de prendre une gamine au milieu de mon chargement ?

J'essaie de nouveau d'ouvrir la bouche mais il lève de nouveau sa main... flûte !

— Tu sais ce que je risque si j'ai un contrôle routier ? Si jamais les flics décident de vérifier mon chargement pour voir si je ne transporte pas des clandestins ?

Je tourne simplement ma tête de gauche à droite ayant compris que je n'aurais toujours pas la parole.

— C'est bien ce qui me semblait. Explique-moi ce que tu faisais ?

Euh...vous croyez que je peux parler là ? Vu qu'il a l'air d'attendre, je pense que oui. J'ouvre la bouche mais aucun son ne sort.

— Tu peux parler maintenant, me dit-il

Ok, faut que je sois persuasive car j'ai toute ma vie dans ce camion moi !

— J'ai fugué... dis-je tout bas.

Pour la persuasion, on repassera ! J'aurais pu trouver autre chose, lui dire que je voulais me lancer dans l'électroménager et que je voulais voir si cela prenait beaucoup de place, ou alors que je souhaitais devenir routier mais que je m'assurais que le confort était aussi bien à l'arrière qu'à l'avant... non... j'ai fugué... quelle abrutie.

— Au moins, ça a le mérite d'être clair, me répond t'il, je préfère largement la franchise au mensonge !

Oups... toujours dire la vérité, il faut que je m'en souvienne.

— Et pourquoi as-tu fugué ?

— A cause de ma famille d'accueil... ils... ils...

Qu'est-ce que je peux dire ? Ils me battent, me privent de nourriture à la moindre occasion et me font violer par leur pote le jour de mes seize ans, c'est ça qu'il veut entendre !

— Ok... je ne m'attendais pas à ça ! dit-il

Non ! Ne me dites pas que... j'ai parlé tout haut ? Sur le coup, je ne sais plus quoi dire.

— Comment t’appelles-tu ? Et d'où tu viens ? Enfin je sais que tu viens de Denver, c'est là que tu es montée.

Je le regarde, me demandant comment il l’a su.

— Tu croyais que je ne te verrais pas dans mes rétros ? L'habitude tu sais. Alors tu viens d'où ? Denver était une étape ou ta ville ? Tu as quel âge ?

Ok... ok...

— Je m'appelle Shelby, je viens bien de Denver et j'ai eu seize ans dimanche.

— Ah... le cadeau d'anniversaire, c'était toi et c’était hier quoi.

Je baisse la tête, n'osant pas rencontrer son regard. Je sens des gouttes tomber sur mes mains, que j'ai croisé sur mes genoux, toujours assise sur le trottoir.

— Écoute petite... Shelby... ne pleure pas... je vais t'aider, mais pour cela, il va falloir que tu écoutes ce que je vais te dire si tu ne veux pas revenir dans ta famille d'accueil.

Je relève la tête et suis toute ouïe.

— Tu ne vas pas remonter dans ma remorque...

— ...mais je croyais que vous vouliez m'aider ?

— Oui et c'est pour cela que tu vas venir avec moi dans la cabine. C'est dangereux de voyager au milieu de cartons qui pèsent une tonne. Si la remorque vient à se renverser, tu seras écrasée.

Je n’avais pas pensé à tout on dirait... encore quelque chose à retenir pour la prochaine fois, pensé-je tout bas cette fois ci.

— Où voulais tu aller ? Dans quelle ville ?

— Las Vegas, réponds-je

— Las Vegas ? Tu as quelqu'un là-bas que tu connais ? Des amis ? De la famille peut-être ? Quoique, tu ne serais pas en famille d'accueil, s'il te restait de la famille.

— Non... je ne connais personne... mais au moins, je serais très loin d'eux.

— Je comprends. Mais tu sais que le coût de la vie à Las Vegas, même s'il est neuf pour cent moins cher qu'à Denver reste très élevé pour une enfant ?

— Je ne suis plus une enfant !

— Excuse-moi, une ado

— Non plus !

— Bon, jeune fille te va mieux ?

— Oui.

— Alors jeune fille, va récupérer tes affaires où tu les as laissées, et prenons la route. J'ai déjà perdu beaucoup de temps en évitant de serrer trop les virages, pour que tu ne finisses pas comme une serpillière entre deux cartons.

— Oui Monsieur.

— Joe.

— Pardon ?

— Je m'appelle John mais tout le monde m'appelle Joe.

— Ok Monsieur Joe.

— Joe tout court ira très bien, me sourit-il.

— Bien Monsieur Joe « tout court », souris-je en retour.

C'est ainsi que de clandestine, je suis devenue passagère. Et passagère privilégiée, il m'a laissé sa cabine pour que je puisse dormir, préférant s'allonger sur sa banquette. Un seigneur quoi ! Pourquoi je ne suis pas tombée sur des personnes comme ça en placement ?

On s'est raconté nos vies, enfin j'ai surtout parlé et lui a écouté. Cela m'a changé. J'ai vidé mon sac. De ma naissance à ce jour, je ne lui ai rien épargné. Il a hoché la tête souvent et l'a bougée de droite à gauche, parfois comme dans une sorte d'incompréhension, face à des personnes qui m'ont fait vivre la misère.

On est arrivé comme prévu le mercredi matin à Las Vegas. Il m'a donné son numéro de téléphone, pour le cas où, je passerais un jour par San Francisco et que je chercherais un endroit pour dormir. Il m'a dit que sa femme et lui seraient contents de me recevoir. Qu'il me présenterait sa petite Julie de quatre ans, qui les remplissait de bonheur. Puis il m'a serrée dans ses bras en me souhaitant tout le bonheur du monde. Comme dernier cadeau, il m'a donné une adresse, d'un ami routier qui pourrait peut-être m'aider à trouver un abri pour la nuit, en lui précisant que c'était Joe qui m'envoyait. Je l'ai mis soigneusement dans mon sac et nous nous sommes quittés sur le parking d'un resto routier, après avoir partagé un dernier repas ensemble.

Je me dirige donc vers la rue de Fremont Street, Joe m'a recommandé d'y aller avant que la nuit ne tombe car il n'est pas conseillé, de se promener dans le quartier tard dans la nuit. Il est préconisé de ne jamais s'y promener seule.

J'arrive au cent un, sur la N dix-neuvième St, parallèle à Fremont Street. C'est une petite maison de plain-pied, en bois blanc et aux volets bleu clair. Je remonte la petite allée gravillonnée et frappe à la porte.

— Oui ! entends-je

— Bonjour ! dis-je en poussant sur ma voix, pour que la personne de l'autre côté de la porte m'entende.

— C'est pour quoi ?

— Je viens voir Charlie, je viens de la part de Joe, il m'a dit que...

Je n'ai pas fini de parler que la porte s'ouvre. C'est une femme qui m'ouvre, elle est de forte corpulence, les cheveux courts et bruns, un mètre soixante-cinq environ ; nez épaté ; mate de peau ; yeux marrons ; lèvres épaisses. Elle a d'ailleurs un mégot coincé entre elles, ce qui lui fait fermer à moitié l'œil droit lorsque la fumée vient l'irriter. Elle me regarde de la tête aux pieds. Je me sens très bête soudainement. Où m'a t'il envoyée ?

— Joe ?

— Euh... oui... c'est un routier qui habite à San Francisco, il m'a déposée à Las Vegas et m'a donné votre adresse, en me disant de venir de sa part ... que... peut-être... vous... pourriez... m'aider... à...

— C'est bon ! Ne te fatigue pas à m'expliquer, il m'a appelée il y a un quart d’heure et m'a expliqué dans les grandes lignes, sans rentrer dans les détails. Je suis Charlie.

— Ah ? C'est vous... qui êtes...

— Routier ? Oui ! Je vois qu'il a oublié de te préciser que Charlie était une femme.

— Ben... oui en fait.

— Rentre, fais comme chez toi.

— Merci Madame.

— Charlie, appelle moi Charlie, ici y'a pas de madame qui compte. Je vais te montrer ta chambre. Il m'a dit que tu avais fui une famille d'accueil relou. Tu verras ici tu seras bien. Par contre, je te demanderai l'entretien de la maison pendant mon absence. Je suis souvent sur la route donc tu seras peinard. Mais attention, je ne veux personne chez moi, si tu veux faire la fête, c'est chez tes potes, pas chez moi ! Qu'on soit clair là-dessus ! Je ne veux pas de drogue ! Pas d'alcool ! Et bien entendu quand je rentre, je ne veux pas découvrir une porcherie. Joe m'a dit que tu voulais faire des études pour devenir avocate, pour défendre les femmes battues ou abusées ?

— Euh oui.

— C'est un super job ça... tu as un ordi ? Un téléphone portable ?

— Ben... non...

— Suis-moi.

Elle m'entraîne le long d'un couloir et se stoppe devant une porte.

— Voilà ici c'est mon bureau, dit-elle en ouvrant la porte. Tu as un autre petit bureau dans le coin près de la fenêtre. Tu dégages tous les papiers et cartons qui sont dessus, et tu peux t'installer là. Il y a un ordinateur portable dans le placard que tu vois là, tendant son doigt vers une armoire derrière la porte. C'est la porte du bas. Je ne l'utilise que très rarement, ça me saoule. Je préfère la télévision. Ta chambre est au bout du couloir, continue t'elle en sortant de la pièce et en se dirigeant vers une autre porte. Ce n'est pas le Ritz ici mais ça devrait pouvoir te dépanner le temps de te faire une santé.

— Le Ritz ?

— Oui... oh... cherche pas... c'est un hôtel de luxe en France à Paris. Tout ça pour dire que ce n'est pas luxueux.

— Oh mais... c'est parfait... dis-je, la gorge nouée. C'est mieux que tout ce que j'aurais pu espérer en partant de chez ma famille d'accueil. Merci... merci... merci.

— Ne me remercie pas. Tu remercieras Joe plutôt, c'est lui qui a insisté et je sais que je peux lui faire confiance. Il ne m'enverrait pas quelqu'un qui me causerait des ennuis.

— Oh non... non... madame...

— Charlie.

— Oui Charlie, je vous promets de me faire toute petite et de ne pas vous embêter, vous ne pouvez pas savoir comme cela me touche. Je vais défaire mes affaires et vous préparer à manger si vous voulez... je pourrais vous faire une lessive... et je pourrais vous nettoyer...

— Stop... stop... Shelby, je ne cherche pas une bonne Ok ! Tu feras le repas, si tu en as envie, pas par obligation. Le ménage et la lessive tant que je suis là, je m'en charge. Je crois que tu as des études à commencer, donc concentre toi là-dessus. Si tu réussis, ce sera ma plus grande fierté de t'avoir permis de sortir d'une galère, et d'avoir pu t'offrir un peu de bonheur, me dit-elle en me prenant dans ses bras.

Et là je fonds, je m'effondre littéralement dans ses bras. Mon corps est parcouru de secousses, je ne peux plus retenir ce torrent de larmes que je contiens depuis mon agression. Je pleure bruyamment, je suis prise de sanglots que je n'arrive plus à maîtriser. Charlie me frotte le dos de sa petite main potelée et je me dis que j'ai encore eu de la chance de tomber sur cette personne. Mon dieu pourquoi ai-je dû avoir autant d'épreuves, avant de rencontrer des personnes formidables.

Les semaines passent, Charlie m'a inscrite dans un lycée sous le nom de Shelby Adams, me faisant passer ainsi pour sa nièce, venue finir ses études à Las Vegas. C'est passé crème. Le lycée m'a fait passer des épreuves pour connaître mon niveau scolaire. Ayant beaucoup d'avance sur les programmes, le directeur a été décidé que je pouvais passer directement en classe de terminale. En même temps, dans ma famille d'accueil, après mes tâches, je fonçais dans ma chambre pour bûcher un max et pouvoir partir très vite de cet enfer, empruntant des livres de première à la bibliothèque pour m'avancer sur ma prochaine année. J'ai donc sauté une classe. Les profs m'ont fourni tous les cours qu'ils avaient déjà eu lieu depuis la rentrée. J'ai bûché pendant sept mois comme une folle pour rattraper mon retard et avec l'aide de Charlie, lorsqu'elle revenait de ses déplacements, j'ai pu réciter et perfectionner mes cours. Elle a été de très bons conseils. Elle avait une amie avocate qui se nommait Jamie, mais elle était plutôt en droit des affaires, elle venait également pendant les absences de Charlie pour m'aider à bosser. J'ai pu approfondir certains textes avec elle.

J'adore Charlie, j'aurais tellement aimé que ce soit elle ma vraie mère. Son amie est très gentille également et j'ai pu enfin leur dire toute la vérité sur ma venue dans cette ville. Joe n'avait pas voulu dévoiler certains côtés de ma vie privée, préférant me laisser le choix d'en parler ou pas. Je ne l'en remercierais jamais assez. Inutile de vous dire que les garçons sont la dernière de mes préoccupations, je les évite comme la peste et ne me suis liée d'amitié avec personne. Moins de gens me connaissent, plus mon identité reste en sécurité. Les lycéens me trouvent de toute façon bizarre. Je me suis rasée la tête. Il doit me rester deux centimètres sur le caillou. Je ne voulais plus que quelqu’un m'attrape par les cheveux, donc quoi de mieux que la boule à zéro. Charlie a été très surprise et peinée au début. C'est pour ça que j'ai décidé, un soir où Jamie mangeait avec nous, de tout déballer. Je ne voulais pas de leurs pitiés, juste qu'elles comprennent pourquoi j'avais pris la décision, aussi radicale soit elle, de me faire la boule à zéro. Elles m'ont prise tour à tour dans leur bras. On a versé quelques larmes ensemble et continué notre repas.

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