Chapitre 10 Shelby

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Shelby, 26 ans

Waco, 1er avril 2019.

Je viens d'arriver à Waco pour le mariage de ma meilleure amie, j'ai vingt-six ans, je n'ai pas vu passer les années depuis le décès de mes deux mamans. J'ai vécu six mois dans la déprime la plus totale, m'alimentant de whisky et de chips lorsque arrivée, la date du douze octobre... comment oublier que le jour de mon anniversaire... le jour de mes vingt-trois ans, ma vie a basculé... comment oublier toute cette merde... toutes les épreuves que leurs décès m'ont fait traverser.

Ce jour-là, après avoir été emmenée à l'hôpital, pour s'assurer que je n'avais rien, hormis un état de choc sévère, les flics sont venus m'interroger. Ils n'ont pas arrêté de me poser les mêmes questions encore et encore, il a fallu que je revive la scène encore et encore, que je revois défiler les évènements de cette soirée qui avait si bien commencée. Il a fallu que j'explique encore et encore, l'horreur de cette nuit. Mais je ne pouvais pas leur décrire le visage des agresseurs, car je n'arrivais pas à les visualiser. Je ne voyais que les corps ensanglantés de mes deux mères. En plus, ils étaient cagoulés, si je me rappelle bien.

Quelques semaines plus tard, ils avaient fini par mettre la main sur eux. Lors d'une baston contre des homosexuels, ils avaient découvert l'arme du crime chez l'un des mecs, ainsi que les balles correspondant à celles qui avaient tué mes mamans. Ils m'avaient demandé de venir les identifier malgré ce que je leur avais dit. Je m'étais donc postée, derrière cette vitre sans tain, avais regardé défiler les six hommes que l'on me présentait. Je les avais détaillés un par un, pour faire plaisir aux flics, mais lorsque j'étais tombée sur le regard de celui portant un œil de verre, un malaise m'avait pris, si on ne m'avait pas retenue, je me serais écrasée sur le sol. C'était lui, c'était bien lui. L'œil blanc, la cicatrice sur le sourcil et ce tatouage qui m'avait marqué. Tout était revenu comme un boomerang alors que je ne m'y attendais pas. Ce sale pourri, cette ordure ! Lorsque j'étais sortie de la pièce, j'étais allée me passer de l'eau sur le visage me sentant nauséeuse, en revenant, j'avais croisé le tueur. Je n'avais pas réfléchi, je m'étais jetée sur lui, agrippant ses cheveux puis le frappant à coup de pieds et de poings, lorsqu'on avait voulu m'écarter de lui.

Il avait écopé avec son partenaire, qui avait fini par être démasqué, à trente ans de réclusion criminelle avec une peine de sureté de quinze ans, donc peut-être une remise de peine... et la mienne de peine ! Est-ce qu'on peut s'en remettre ?

Après le décès de Charlie et Jamie, tout s'était enchaîné, comme je n'avais aucune affiliation avec ma maman de cœur, j'avais été expulsée de sa maison avec pour simple bagage, mes fringues et mon Ford, souvenir que je vais chérir jusqu'à la fin. Personne ne touche à mon véhicule, personne n'a le droit de le conduire, de le critiquer, sinon je perds les pédales et je deviens une chienne enragée.

J'avais donc zoné pendant deux mois dans le champ en face de la maison, dans ma bagnole. Puis, lorsqu'elle avait été vendue et qu'un couple avec un enfant était venu remplir les lieux, je n'avais pas supporté les rires et les cris de joie, qui s'en étaient échappés, c'était le jour de Noël. J'avais alors démarré mon Ford, et tracé ma route jusqu'à Los Angeles. Loin de mes souvenirs, loin de ma vie d'avant. Joe avait bien essayé de me faire venir près de lui au décès de Charlie et Jamie, mais j'ai toujours refusé, puis je me suis fait piquer mon portable... plus de contact possible... j'ai fini par le ranger dans un coin de ma tête en me disant qu'un jour, j'irai peut-être lui rendre visite, car je connais son adresse par cœur, mais ce n'était pas le moment... pas tant que la douleur était toujours présente dans mon cœur...

J'étais donc arrivée dans la ville de Los Angeles, en deux mille quinze, après près de six heures de route, je n'avais pas voulu prendre les routes payantes n'en ayant pas le budget. En fait, c'est le voyant d'essence de ma caisse qui avait déterminé cet arrêt. Je n'avais plus aucune tune. Mes mamans n'ayant pas eu le temps de faire les papiers, me désignant bénéficiaire de leurs biens, en cas de décès. C'était dans les tuyaux, mais à chaque fois qu'elles abordaient le sujet, je me défilais ne voulant pas entendre parler de mort. Voilà mon erreur, ne pas vouloir penser au pire lorsqu'on en vient.

Alors, j'avais mendié devant les supermarchés, les cinémas, pour pouvoir manger et mettre un peu d'essence dans ma maison sur roues.

Lorsque j'étais arrivée à Los Angeles, sans un seul dollar en poche, j'étais entrée par hasard dans un Club, le Bar show's Club, pour demander un morceau de pain, mais le patron avait vu cela autrement, il recherchait une danseuse, où plus précisément une strip-teaseuse, il me proposait à la place d'un bout de pain, d'être nourrie, logée et payée pour danser dans son club. Je lui avais dit que je ne savais pas danser, qu'il était hors de question de me foutre à poils devant des abrutis. Mais à priori, mon minois lui plaisait et le nu intégral n'avait pas lieu dans son club, juste le haut. Donc, ayant faim et sans autre alternative dans l'immédiat, j'avais accepté. Il m'avait remis entre les mains de Jenny, une danseuse pro. Cela avait été comme une révélation pour moi, faire baver tous ces guignols, sans qu'ils puissent toucher la marchandise, en contrepartie, je me faisais une tonne de blé.

De toute façon, je ne méritais pas autre chose comme vie, j'avais causé la mort de deux êtres exceptionnels, alors pourquoi continuer dans la voie que je m'étais fixée. Et puis, je n'avais plus ces deux femmes pour me soutenir, pour m'aider. Certes, je n'étais qu'à quelques mois d'obtenir mon examen du barreau mais à quoi bon... elles avaient dû d'ailleurs me maudire de là-haut, en disant certainement que je n'avais pas le droit d'abandonner, que j'étais une battante... mais je n'avais plus la gnaque. En plus, comble du malheur, j'ai appris par un malheureux hasard, que les meurtriers de mes mères avaient réussi à prendre la fuite, lors de leurs transferts. Un camion avait barré le passage au fourgon, qui avait été criblé de balles. Résultat, deux meurtriers dans la nature. J'avais bien fait de m'éloigner de Las Vegas, je crois que si j'étais retombée sur l’un deux, c'est moi qu'on aurait enfermé, car je l'aurais traqué dans chaque coin de la ville pour lui rouler dessus.

Et puis, il y a deux ans, alors que je buvais un café à une terrasse, j'avais fait la rencontre de Jackie. Un petit rayon de soleil qui était venu éclairer ma nuit. Elle galérait pour joindre les deux bouts.

En fait, j'avais fait sa connaissance bizarrement. Un mec relou était venu à ma table pour faire la manche. Je n'avais pas voulu l'envoyer balader, de par mon passé à zoner, donc j'avais sorti un billet de cinq dollars et lui avais donné. Le problème avec ce genre de mec qui en plus de boire, se shoote, c'est que quand tu donnes cinq dollars, ben c'est que tu peux donner plus... Il avait alors commencé à me prendre la tête, à vouloir récupérer mon porte-monnaie, que j'avais glissé dans mon sac. Je m'étais relevée, pensant partir mais il m'avait attrapée par le bras. La nana du bar avait déboulé comme une balle, elle l'avait chopé par le haut de son pull et par la ceinture de son pantalon, puis lui avait fait traverser toute la terrasse sur la pointe des pieds. J'étais restée scotchée, la bouche ouverte. Lorsqu'elle était revenue vers moi pour savoir si tout allait bien, elle s'était présentée comme se nommant Jackie... moi... et bien, je n'avais pas trouvé mieux que de rajouter Chan, pour Jackie Chan, un acteur spécialiste des arts martiaux. Cela l'avait fait rire, de fil en aiguille, nous étions devenues amies et le sommes toujours, d'où ma présence à son mariage.

A l'époque, nous nous étions ainsi aperçues que nous venions toutes deux de Las Vegas, même si elle n'avait pas voulu trop s'étendre sur le sujet. Je lui avais proposé de venir postuler dans le club où je travaillais car je savais qu'ils étaient toujours à la recherche de danseuses. Elle avait fini par accepter et nous avions passé deux belles années. Elle disait que j'avais été son rayon de soleil mais je peux vous assurer, qu'elle avait été d'abord le mien. Je ne lui ai jamais parlé de mon passé et au vu du sien, qui semblait avoir été tout aussi douloureux, je n'avais pas eu envie d'en rajouter.

Mais, son passé l'avait rattrapé un beau matin, un certain Caleb avait fini par retrouver sa trace. Elle avait dû fuir en vitesse, m'expliquant que ce mec était un timbré et que je devais l'éviter à tout prix. Si j'avais su.

Je regarde Sandie se diriger vers son futur époux, dans une robe de couleur ivoire, avec son ventre rebondi, étant enceinte de huit moi. Cela me propulse dans le passé.

Jackie qui s'appelle en vérité Sandie, identité qu'elle n'avait pas voulue me dévoiler comme la couleur de ses cheveux et de ses yeux d'ailleurs, avait fui le matin même après ma visite à ses appartements, où je lui avais signifié qu'un certain Caleb allait arriver au Club. Je revois ce jour comme si j'y étais encore...

« Septembre deux mille dix-huit, j'arrive au Club à neuf heures trente, je viens déposer ma tenue pour la représentation du soir. L'appartement de Jackie n'étant pas loin du club, j'en profite pour régler ce détail. Quand j'arrive, c'est l'effervescence.

Qu'est-ce qu’il se passe ? Pourquoi toutes les filles sont là à cette heure-ci ? dis-je à Babeth.

T'as pas reçu le coup de fil du boss ? me dit-elle.

Si, mais je n’ai pas répondu, je devais passer déposer ma tenue, alors je me suis dit que s'il voulait me parler, il le ferait une fois sur place.

Le mec de Las Vegas a débarqué il y a dix minutes, reprend t'elle et le boss vient de lui apprendre que Jackie ne s'est pas pointée. Il a envoyé un gars à son appart mais il s'avère qu'elle n'y est plus. Tu es bien passée la voir pour l'avertir qu'un mec venait la chercher ? me chuchote t'elle.

Oui oui t'inquiète, elle est partie, il y a au moins une heure maintenant, j'ai eu de la chance de ne pas croiser ce mec, car je viens justement de chez elle... et la bonne nouvelle, c'est qu'elle nous laisse son appartement.

Quoi ? Tu es sérieuse ?

Oui ! elle a payé le loyer pour les six prochains mois donc elle compte sur nous pour en profiter, ça te dit de venir faire une coloc avec moi ?

Tu plaisantes ? Bien entendu que ça me dit... t'as vu l'appartement qu'elle a ! c'est...

Un grand bruit nous coupe la conversation. Le mec a l'air de se déchaîner dans le bureau du boss, on entend des cris et de la casse. Les deux gars de la sécurité veulent intervenir mais contre dix mecs appartenant à la sécurité du visiteur, ils ne font pas le poids. Le patron sort de son bureau, la gueule complètement explosée. Le mec le tient par le haut de sa chemise et il se dirige vers nous. Arrivé, à notre hauteur, ils gueulent à ses sbires.

Rassemblez-moi toutes ces putes dans cette salle, il y en a bien une qui va savoir où se trouve notre fameuse Jackie !

Nom d’un chien, là, ça ne sent pas bon.

Une fois que tout le monde est rassemblé en rang d'oignons, il nous prend une par une et nous interroge à grands coups de claques dans la gueule et à grands coups de poing. Babeth et moi, ne lâchons rien. Des coups ont en a pris bien avant. On a la carcasse solide. Comme il n'obtient rien, il retourne vers Mickael.

Dis-moi, y'en a bien une ici qui connaissait Jackie, un peu mieux non ? hurle t'il en chopant le boss par le cou et en le secouant comme un prunier. Je veux un nom bordel ! Un nom ! sinon je te crève comme le fils de pute que tu es et je vous fais tous cramer.

Purée ça commence à sentir vraiment mauvais... je commence à faire quelques pas en arrière pour essayer de partir par la sortie de secours se trouvant à gauche, au fond de la pièce, dans mon dos, car il ne faudrait pas qu'il mette sa menace à exécution, même si d'après moi, c'est du bluff, il prêche le faux pour savoir le vra...

Shelby ! C'est Shelby son amie !

Hein ? Quoi ? Il vient de me balancer cet enfoiré !

Qui est Shelby ? crie Caleb. Qui est Shelby ! Si vous ne voulez pas répondre parfait, je vais vous buter une par une, jusqu'à tant que l'une d'entre vous parle ! En espérant que je ne tue pas en premier cette Shelby... à moins que... Mickael ! montre-moi Shelby !

Le fumier, il ne va pas faire ça ? En même temps, je ne peux pas faire buter toutes ses pauvres filles, ce ne serait pas juste, pas encore... je ne veux pas être de nouveau la responsable d'un massacre... alors, je décide que la fuite n'est plus au programme et que pour une fois dans ma vie, je ne vais pas encore disparaître, alors je m'avance.

C'est moi Shelby, connard !

Ça j'aurais peut-être dû l'éviter. Il s'avance vers moi, ses yeux sont sombres, on dirait une tombe... je me prends un violent coup de poing dans la figure, qui me fait tomber sur les fesses. Je sens que ma pommette saigne et gonfle rapidement. Il me chope par les cheveux, cheveux que j'avais laissé légèrement repousser depuis ma rencontre avec Jackie, ils font dix centimètres pas plus, mais c'est dix centimètres de trop. Il me relève en tirant dessus et me propulse sur le podium central.

Sale petite pute, je vais t'apprendre à m'insulter.

Je ne suis pas sûre que cela soit une insulte monsieur, étant donné qu'il est présent dans le dictionnaire ! ne puis-je m'empêcher d'ajouter, même si je n’en mène pas large.

Punaise, je peux pas la fermer, j'ai l'impression d'entendre mes mamans me crier dans les oreilles.

Oh ! mais c'est que nous avons là un clown ! dit-il d'une voix traînante et grave.

Oups...

Danseuse... je suis... une danseuse, vous avez dû vous tromper d'adresse... c'est...

Silence ! Salope !

Faudrait savoir... vous...

Aïe... je viens de me prendre un coup de pied dans le ventre. Faut vraiment que j'apprenne à la fermer. J'ai développé cette manie dans ma première famille d'accueil. Ne parlant pas à grand monde, j'ai commencé à me créer un monde imaginaire, à détourner toutes les situations stressantes en scènes de vie marrantes, tous les incidents en des farces, toutes les violences en scène de cascades. Sauf, la mort de mes deux mamans, je n'ai rien pu imaginer, sinon le déni au départ... Mais aujourd'hui, je suis encore face à un psychopathe et je devrais tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler. Chose qu'il m'est impossible de faire, donc je pense que je vais ramasser.

Et bien soit, je voulais mourir il y a quelques années alors autant mourir sur scène... vous voyez comme la chanson française ? Je voudrais mourir sur scène de Dalida... La scène... le podium où il m'a envoyée valser quoi ! Bon ma fille, personne ne va te répondre, t'es toute seule dans ta tête là... enfin seule... pas sûre...

Aïe !

Tu vas me dire où se trouve ta copine oui ou merde !

Est-ce que je dois vraiment répondre à sa question ? Rhooo, ce serait chercher le bâton pour se faire battre non ? Car soyons clair ce serait « merde » ma réponse.

Tu vas parler, me crie t'il dans les oreilles, tenant dans ses mains une poignée de mes cheveux.

Fau... drait... sa... voir !

Il me secoue tellement que mon téléphone finit par tomber de la poche arrière de mon jeans. Je me dégage pour pouvoir le ramasser, mais ce dernier m'écrase le poignet d'un grand coup de boots. Je hurle... ça fait un mal de chien... je crois qu'il m'a pété le poignet... Il se baisse, attrape mon téléphone et relâche sa prise sur mon bras. Je le ramène contre ma poitrine immédiatement. Cet abruti m'a fait monter les larmes aux yeux. Ce sale chien m'a pris mon portable mais il ne pourra rien en faire, Jackie n'a pas pris le sien. Elle l'a laissé à son appartement, elle savait qu'on pouvait la suivre avec les nouvelles technologies, alors pourquoi ai-je eu ce mauvais réflexe pour récupérer mon portable !

Je le vois regarder dans mes contacts et ne peux m'empêcher de parler... Grrr...

Vous ne pourrez pas la trouver, elle a abandonné son portable à son appart.

Quand vais-je fermer ma grande boite... qu'on me coupe la langue !... oh non ! ça ne va pas d'avoir des pensées pareilles, je veux garder ma langue !

Il lève les yeux vers moi et purée, ce que j'y vois ne m'augure rien de bon.

Comment sais-tu qu'elle a laissé son portable dans son appart ? L’aurais-tu vue ? Est-ce toi qui l'a avertie de notre venue ?

Nom d’un petit caniche... je fais non de la tête mais il faudrait être bête pour me croire, je crois que celui-ci est loin de l'être.

C'est à toi que je dois donc la fuite de cette petite garce !

Je fais toujours non avec ma tête... pff.... pathétique.

Jeff, attrape !

Caleb lui balance mon portable et lui dit,

Vois ce que tu peux trouver et en attendant je m'occupe de cette pétasse.

Oh oh.

Il m'attrape par le bras, je déguste déjà avec mon poignet, qu'est-ce qu'il va me faire maintenant.

Il demande qu'on lui monte une table sur le podium. Il veut qu'on se fasse une bouffe ou quoi ? L'un de ses gars exécute sa demande. La table est posée en milieu de scène.

Bien... bien... bien... toi et toi ! filez-moi vos ceintures ! dit-il à deux de ses hommes.

C'est quoi ce bordel ? Là, pour le coup je n'ai pas de conneries qui me passent par la tête. Les deux mecs balancent leur ceinturon. Caleb les ramasse et il demande à deux autres de ses gars, de venir le rejoindre. Punaise, j'aime pas ça... je sens que ma fierté c'est fait la malle... une traînée de sueur coule le long de ma colonne vertébrale. J'ai de la peine à déglutir, une boule s'est logée au fond de ma gorge et me fait mal. Il m'attrape par le bras et me renverse sur ladite table. Ma poitrine vient s'écraser contre le bois du plateau.

Attachez -lui les mains aux pieds de table.

Quoi ?! Qu'est-ce que ...

Je vois que tu deviens moins courageuse.

Les mecs me chopent les bras et lorsque l'un deux, touche mon poignet, je crie de douleur.

Oh pauvre petite chose fragile, on a bobo à sa menotte...

Espèce de connard ! ne puis-je m'empêcher de balancer... tu sais ce qu'elle te dit la petite chose fragile ! d'aller te faire foutre !

Et bien ! Figure-toi que ça tombe bien que tu parles de ça, car c'est toi que je vais embroché et devant des spectateurs en plus, comme ça tu seras la vedette ce soir !

Il retire sa ceinture des passants de son fut.

Mais d'abord, je fais te chauffer un peu !

Mince... j'aurais vraiment dû la fermer... je commence à me débattre, balançant mes jambes en arrière pour le frapper, j'essaie même de basculer la table pour la faire tomber, mais rien n'y fait... Je ne veux pas subir un second viol, pas pour ma seconde relation sexuelle... enfin relation... j'ai fait croire à tout le monde que des apollons se succédaient dans mon lit, que mes nuits n'étaient que débauchent mais en fait, aucun homme ne m'a touchée depuis la nuit de mes seize ans, aucun... jusqu'à ce jour. Il découpe mon jeans et mon string avec sa lame et me met les fesses à l'air... non non non pitié... Mes mamans, si vous êtes près de moi, sauvez-moi par pitié ! Je sens une brûlure me flageller les fesses, puis une deuxième, il me frappe avec sa ceinture mais côté boucle, la douleur est atroce, la boucle atterrissant le plus souvent sur mes reins, je morfle mais serre les dents. Je sens quelque chose de chaud s'écoulait le long de mon dos.

Bon, je crois que tu es à point, maintenant passons aux choses sérieuses !

C'est bon Préz, on a tout ! lui dit un de ses gars qui vient de pénétrer de nouveau dans la salle en courant, les bleus ne sont pas loin, j'ai entendu les sirènes.

Caleb remonte son froc.

Merde, t'as de la chance sale petite pétasse ! Désolé les gars, vous n'aurez pas le temps d'en profiter, votre collègue a été trop rapide et la bleusaille aussi.

Oh bon sang, ce sale clébard avait prévu de me faire passer sur le corps par ses dix sbires... Il me balance mon portable sur la table. Puis ils sortent tous.

A bientôt Shelby... c'était un plaisir... de faire affaire avec toi....

Je m'effondre sur le bois de la table, les larmes sont revenues envahir mes yeux. Elles inondent mes joues... plus jamais je ne pourrais remonter sur une scène pour exposer mon corps aux hommes, plus jamais. Je n'aurais jamais dû le faire d'ailleurs, qu'est ce qui m'a pris, qu'est-ce que j'ai voulu prouver en acceptant ce deal ? Que mon corps m'appartenait ? Que je pouvais les narguer sans en subir les conséquences ? J'aurais mieux fait de continuer à mendier ! Tous des enfants de salaud ! Dès qu'ils voient une fille, il faut qu'ils se vident les bourses... N'apprend t'on jamais de ses erreurs. J'ai échappé au pire, mais ce ne sera pas toujours le cas.

Il est temps que j'arrête ce job à la mords moi l’nœud, et que je revienne à ma vie d'avant, celle que j'ai passé auprès de Charlie et Jamie. Il est temps de prendre un nouveau départ.

Babeth vient me rejoindre sur la scène, détache mes poignets. Elle est obligée de resserrer la ceinture sur mon poignet meurtri afin d'en extraire l'attache du trou, j'en peux plus, la douleur est horrible et je crie lorsqu'elle effectue ce geste. Elle m'aide à me relever, me donne son manteau pour cacher mes parties intimes et quitter cet endroit maudit.

Merci Mickael pour avoir rentré tes couilles... c'est à cause de toi si ce psychopathe est venu ici et crois moi, tu vas me le payer... dis-je en passant devant lui.

Babeth me ramène à ma demande à l'appart de Jackie. Elle va ensuite récupérer toutes nos affaires au club, dans nos chambres de bonne, puis nous emménageons ensemble. Je lui fais promettre de ne jamais parler de ce qu’il s'est passé aujourd'hui... de ne jamais le dire à qui que ce soit... cela doit être notre secret à tout jamais. L'humiliation a été assez grande, inutile que d'autres personnes le sachent.

J'ai passé les semaines suivantes au fond de mon lit, faisant cauchemars sur cauchemars. Mon passé venant se mêler au présent. Mes vieux démons refaisant surface. Mon premier viol, le meurtre de mes mamans et ce Caleb... Je n'ai pas repris le travail ayant le poignet cassé et n'ayant plus envie de cette vie. Mickael a réglé à contrecœur mes salaires, même absente. J'ai décidé de me replonger dans mes cours, pour devenir l'avocate des femmes battues et violées... j'en suis là aujourd'hui. Je passe mon examen en candidat libre fin juin.

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