Chapitre 15 Léo

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Mercredi 1er mai 2019.

Ne dit-on pas, jamais deux sans trois ? Le malheur a frappé deux fois chez la famille Nicolson et la troisième fut le retour du tortionnaire de Nikita, ce Russell aidé par Liam une taupe infiltrée dans notre club après avoir orchestré la mort de notre barmaid Émilie et avoir pris sa place au côté d'Anton.

Cela ne lui a pas porté chance, ni à l'un ni à l'autre. Ils sont morts dans d'atroces souffrances comme Caleb, la seule qui a eu de la chance dans tout ça, c'est Leslie, la brebis qui s'était associée à Liam pour se venger de Ghost. Elle envisageait de devenir sa régulière mais il avait déjà fait son choix. Elle ne l'a pas supporté et a voulu se rebiffer. Une balle dans la tête l'a fait disparaître pour toujours. Bon sang, ces bonnes femmes, toutes les mêmes, elles demandent à vous sucer la queue pour mieux vous mettre la bague au doigt ! Elles peuvent toujours courir, moi, elles ne m'attraperont pas.

Bref, toute cette histoire a déclenché l'accouchement de Sandie. Elle a mis au monde deux adorables jumelles Maïa et Hope. Je suis devenu le tonton d'adoption. Chris m'a demandé si j'étais d'accord de remplir ce rôle et mon dieu... oui ! J'adore les gosses.

On arrive donc à l'hôpital et des rires s'échappent de la chambre. Chris, Falco et moi entrons et... non, ce n’est pas dieu possible... la harpie... elle est déjà de retour... C'est plus fort que moi, les mots sortent avant que je ne puisse les retenir.

— Voilà l'emmerdeuse.

Elle est complètement euphorique et sort dix conneries à la minute. Je n'ai jamais vu un spécimen pareil. Intérieurement je suis mort de rire de son humour décalé mais pas question de lui montrer que j'adore sa personnalité. Quoi ? J'adore sa personnalité ? Mais le fait d'être tonton m'a retourné le cerveau où quoi ? C'est vraiment n'importe quoi ? D'où j'aimerais sa personnalité à cette chipie ! Bon, je me reprends pour lancer une dernière réflexion devant le déballage de mots pilonnés... martelés qu'elle débite.

— C'est bon ! Je crois qu'on a compris, dis-je en grognant.

— Oh mais qui voilà ? L'ours mal léché... enfin... non... enfin si bien entendu... tout compte fait... mal léché, car si MOI j'avais eu l'occasion... tu ne serais pas aussi grognon, me sort elle.

— Jeune fille, je crois que tu surestimes tes capacités ! réponds-je.

— OH VIEUX GARS ! Je crois plutôt que TOI... tu les sous-estimes ! Je suis la reine de la lèche, la déesse de l'aspiration...

— Stop ! j'en ai assez entendu... la reine ou la déesse des emmerdeuses serait plus appropriée.

— Je ne te permets pas ! Tu sais qu'au vu de l'article deux cent vingt-deux, tiret trois du code pénal, tu risques vingt ans de réclusion criminelle pour tortures et actes de barbarie sur un avocat ?

— Tu ne sais pas de quoi tu parles ! Je ne t'ai pas touchée pour ce que j'en sais, sinon tu saurais ce qu'est la torture, lui dis-je essayant de faire mon regard le plus meurtrier alors qu'intérieurement, je suis à la limite de la crise de fou rire.

— Oh... c'est une proposition... vous êtes adepte du bondage... MONsieur ! Je ne demande qu'à apprendre !

— Gamine !

— Bruton !

Qu'est-ce que c'est encore ce nom à la con ? De phacochère, je passe à Bruton ?

— Ha ! je vois que tu ne connais pas tes classiques Disney ! Bruton est un ours mal léché d'après l'œuvre de Sinclair Lewis en dix-neuf cent quarante-sept. Et paf ! prends ça dans ta truffe ! me dit-elle.

— Désolé, j'abdique, on se voit plus tard, dis-je à l'assemblée présente dans la chambre puis je sors.

— Qu'est-ce que je disais un vrai Bruton avec la bave aux lèvres ! crie t-elle avant que la porte ne se referme derrière moi.

J'entends tout le monde exploser de rire et je dois dire que je me marre en remontant le couloir. Quelle gonzesse ! Elle n'a vraiment pas froid aux yeux.

***

Deux mois viennent de s'écouler, on n'a un peu délaissé les affaires du club suite à l'arrivée des jumelles au QG. L'entrepôt a été totalement restructuré, du rez-de-chaussée au deuxième étage.

Ghost vivant dorénavant avec Sandie et les jumelles, a estimé que des chambres n'étaient plus adaptées. Dans l'ancienne propriété, les membres avaient leur petit pavillon. Le fait de l'avoir vendue et d'avoir trouvé cet entrepôt, il a vu là l'opportunité de rassembler tous ses hommes pour resserrer les liens, suite aux décès de ses parents et la disparition de sa sœur. Je pense qu'il ne supportait pas de vivre seul... le silence... c'est la mort.

Étant vingt-cinq membres salariés résidant en permanence au QG, avec pour certains comme Tomy, une femme et un enfant, il a pris la décision de créer au second comme au premier des appartements de quatre-vingt mètres carrés. En même temps, avec trois mille mètres carrés de bâtiments, soit mille mètres carrés par étage, c'était une excellente idée, la moitié des chambres n'étant pas occupées, on se serait cru dans un hôtel.

Pendant deux mois, nous avons vécu parfois au deuxième étage, squattant la chambre d'un autre. Puis, on est redescendu dans les appartements neufs pour que les travaux du deuxième puissent commencer. Cela a été un gros bordel, certains mecs gueulaient, que les ronflements les empêchaient de dormir, ou que d’autres rentraient bourrés alors qu'ils dormaient.

Bref, tous les travaux sont d'ores et déjà terminés, chaque appartement à dorénavant un coin cuisine ouvert sur un salon salle à manger de quarante mètres carrés ; une chambre parentale de quinze mètres carrés avec dressing ; une deuxième de neuf mètres carrés ; une salle d'eau avec douche à l'italienne et lavabo double vasque, d'une surface de treize mètres carrés, et enfin un WC avec petit lave main de trois mètres carrés.

Dans chaque logement, une grande baie vitrée divisée en trois parties coulissantes, donne sur un balcon. Ce dernier est d'un seul bloc reliant tous les appartements de l'étage. Une petite grille de séparation a été mise en place pour diviser l'espace de chacun, mais ces grilles peuvent s'ouvrir en cas de besoin. Ce même procédé se répète sur les deux étages et sur chaque façade.

Le couloir recouvert de parquet chêne menant aux appartements, est central. Les escaliers en acier galvanisé desservant les différents étages, se trouvent en bout de bâtiment. Les marches ont été recouvertes de chêne, cassant ainsi l'effet métallique du bâtiment. La façade les accueillant est vitrée de bas en haut.

Nous avons toujours la possibilité de nous réunir dans la salle à manger pour partager un repas, il suffit juste d'en informer Rosa. Pour elle aussi, cela a été un grand changement, elle possédait déjà son appartement donc aucun changement de ce côté-là, mais la cuisine générale du QG a été repensée, en ajoutant une réserve qui était absolument nécessaire, sinon elle était obligée de tout entasser dans des placards, donc peu pratique. Une cloison a donc été créée avec des portes coulissantes sur un rail, de couloir noir, les portes sont en chêne clair. Dans cette nouvelle pièce, des étagères ont été disposées. Il faut dire que quatre-vingt mètres carrés pour une cuisine était, à ses dires, plus nécessaire, au vu des nouveaux appartements, elle demandait seulement une réserve. Cette dernière fait donc cinquante mètres carrés avec ses armoires congélateurs. Sa cuisine a retrouvé une taille raisonnable de trente mètres carrés.

Rosa a toujours autant de travail car nous aimons la cuisine qu'elle nous mitonne, donc autant dire que pour l'instant, les cuisines aménagées des logements ne sont pas trop utilisées. A part pour le petit déjeuner parfois. Donc, nous voici dans un vieux « nouvel » entrepôt.

Bref, ce matin avec Ghost nous changeons les couches des filles, place que je ne laisse que très rarement aux autres, après tout je suis le tonton non ?... lorsque l'on entend des cris de joie venant de l'extérieur. Ghost et moi, nous regardons en fronçant les sourcils. Nous prenons chacun une jumelle dans les bras et nous nous dirigeons en bas. Si je n'avais pas eu Hope dans les bras, ils seraient tombés le long de mon corps.

Sandie sautille au milieu de la cour en même temps que... Shelby ?

— Qu'est-ce qu'elle fout là, dis-je en me retournant vers Ghost.

— Ah, je ne te l'ai pas dit ? Shelby vient d'avoir l'examen du barreau. Elle a décidé de venir exercer à Waco et de vivre avec nous pour être plus proche des jumelles !

— Tu me fais marcher, c'est ça ?

— Et non mon pote, désolé... nous avons une nouvelle pensionnaire... et quelle pensionnaire !

— Oh putain !

— Eh ! Les petites !

— Pardon Merde !

— Eh ! reprend t'il.

— Oh et puis flûte, je remonte coucher Hope.

— J'te suis mon pote. On va laisser l'euphorie les quitter un peu, avant d'attaquer la journée.

Après avoir couché Hope, je descends prendre un café en cuisine. Je n'ai pas encore atteint la dernière marche que j'entends Shelby discuter avec Rosa et Sandie.

— Je suis vraiment désolée Rosa mais l'espagnol, je ne le comprends pas du tout. A part bonjour, au revoir et au pire merci, rit-elle, le reste c'est du chinois.

— Ce n'est pas grave, répond Sandie, je t'apprendrai les quelques mots que j'ai appris. J'étais comme toi, j'ai eu du mal au départ mais au fur et à mesure des mois, je m'améliore.

Parfait, elle ne comprend pas l'espagnol, je vais me régaler.

— Hola chicas !

— Hola señor Léo, me répond Rosa

— Salut, me répond Sandie.

— Hola, continue Shelby.

Parfait, elle veut faire la maline.

— Aqui esta el cascanueces (tiens, voilà la casse-noisettes), dis-je

— Qu... Quoi ? me dit-elle.

— Los cojones (les couilles).

— Rosa, pourriez-vous me traduire ce que vient de dire Léo s'il vous plaît ?

— Oh, lo siento no presté atención. (désolée, je n'ai pas fait attention)

— Euh, en fait Rosa, le principe de traduire n'est pas de parler en espagnol, rit-elle.

— Oh, pardonnez-moi señora Shelby, je disais que je n'avais pas fait attention. Je dois vous laisser et partir en course pour le repas de ce midi. Bonne journée señor et señora.

Merci Rosa, laisse là se poser des questions. Je suis sûr que Sandie m'a compris, au vu des gros yeux qu'elle m'a faits, derrière le dos de son amie.

— Ok... merci pour le coup de main... et toi Sandie as-tu compris ? demande t'elle.

— Pff, Non ! je connais quelques mots mais pas encore cela, se justifie t'elle.

— Bon, soit tu dis vrai, soit on me prend pour une cruche, continue t'elle en me fixant.

Je ne baisse pas le regard, je lève seulement les mains en haussant les épaules l'air de dire, je ne te traduirai rien.

— Ok... ok... Ah bah tiens ! Tu tombes bien ! dit-elle à Ghost qui vient de pénétrer dans la cuisine, et déposer un baiser sur le front de sa femme.

— Ah bon ? Et pourquoi je tombe bien ? Un conflit à régler ? Se marre t'il.

Je crois qu'il a compris un peu le contexte, vu que je suis présent dans la cuisine.

— Je ne dirais pas du tout un conflit, j'essaie juste de parler et de comprendre l'espagnol et je voudrais savoir ce que veut dire « Aqui esta el cascanueces», si ma prononciation est exacte.

Je vois que Ghost se retient de rire, que Sandie se retourne et lui fait les gros yeux, puis il se tourne vers moi pour me demander d'un regard ce qu'il a le droit de dire ou pas, moi je hausse les épaules en levant une nouvelle fois les mains, l'air de dire fait ce que tu veux.

— Ok ! Ça veut dire...

— Chris ! dit Sandie

— Sandie ! dit Shelby

Ghost se marre comme une baleine.

— Eh Tigresa, elle ne pourra jamais apprendre l'espagnol si personne ne l'aide ?

Moi, je mets ma main devant la bouche pour éviter de montrer mon sourire. Décidément, je n'ai jamais autant souris, depuis que j'ai fait la rencontre de cette teigne.

— Je me charge de lui apprendre l'espagnol si tu le permets, mi amor.

— Je n'ai pas l'impression, vu que tu ne lui as pas traduit cette phrase.

— Parce que...

— Stop ! vous deux... arrêtez vos échanges de « je te dis que » ... « non, je te dis que » … etc... je sais déjà que ce MON..SIEUR m'a dit quelque chose de fort peu sympathique.. alors si vous pouviez éviter de me prendre pour une dinde !... enfin... pas une dinde au sens propre... parce que... une dinde... ben ce n’est pas tellement jolie en fait ! Plus tôt une sirène... ah oui... mais on ne dit pas me prendre pour une sirène, c'est...

— ...tiens, revoilà la casse-noisettes ! dis-je.

Tout le monde se retourne vers moi.

— Elle voulait savoir ! En même temps, avouez tous les deux qu'elle est...

— Léo ! me crient Ghost et Sandie en même temps.

— Quoi ?

— C'est notre invité, me dit Ghost.

— Ouais mais aussi « à éviter », reprends-je.

— Oh... espèce de ... espèce de... bégaie Shelby.

— Oui, tu l'as déjà dit mais peut-être que ton petit cerveau d'oiseau a grillé ?

Je vois Ghost et Sandie s'éclipser tout doucement dans le dos de Shelby, je me dis que la fête commence !

— Comment oses-tu ? Un cerveau d'oiseau grillé !

— Non... ton petit cerveau d'oiseau... A... grillé.

— Tu sais ce qu'il te dit mon cerveau d'oiseau...

— ...qui a grillé, terminé-je.

— Grrr ! c'est le tien que je vais griller ! me dit-elle en me désignant de son index mon entrejambe.

Ça commence à devenir intéressant...

— Tu te trompes de cerveau, le mien se situe beaucoup plus haut mais je vois que tes yeux ne peuvent s'empêcher d'imaginer ce qui se cache là dessous.

— Alors là mon coco !

Je la regarde, un sourcil levé, à cette expression.

— Oui mon COCO... je n'ai pas besoin d'imaginer quoi que ce soit, car il n'y a rien à imaginer ! Ton cerveau se situe bien au niveau de ton entrejambe, puisque je suis « cascanueces » ... donc ma place est bien là... enfin... pour te la griller... pas pour autre chose... ne va pas croire que... que... et ben que...

— ...il y a beaucoup de queues dans tes phrases, la coupé-je. C'est peut-être parce que tu rêves de la mienne, mais te fais pas de film GAMINE ! tu n'es vraiment pas mon genre, je ne suis pas sûr que tu saurais me faire grimper au « septième ciel » comme tu as su si bien le dire, si ma mémoire est bonne.

— Oh espèce de... espèce de...

— ... tu te répètes et moi j'ai du travail, donc va faire une vérification de tes fonctions cognitives !

Et je la plante au milieu de la cuisine la bouche ouverte et moi... je ne peux m'empêcher de rire mais pour une fois bruyamment.

— Enfoiré ! entends-je, tu n'es vraiment qu'un phacochère ! mais la guerre ne fait que commencer mon coco et on verra bien qui remportera la partie ! me crie t'elle.

Je lève mes mains en l'air en partant vers la porte et lui montre mes doigts formant le chiffre quatre d'un côté et un de l'autre. Elle comprendra j'en suis sûr que nous sommes à trois à un, c'est moi le gagnant pour l'instant. Je pourrais même dire, quatre à un pour l’avoir planté la dernière fois, de la même façon.

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