Chapitre 18 Léo

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Quelques heures plus tôt.

Alors là, si je m'attendais à ça en rentrant au QG avec les mecs. Une Shelby complètement ivre au milieu du salon, et une Sandie explosée de rire devant une danse un peu chaloupée de miss teigne. Cette dernière s'est saisie d'un... manche à balai... oui, c'est bien un manche à balai. Elle s'en sert comme... une barre de pôle dance... ok... je vois le genre... décidément cette gamine est pleine de surprise. Par contre, ce qui l'est moins, c'est les mecs présents qui bavent devant elle. Elle ne se rend pas compte qu'elle est en train de les chauffer, même si nous avons à notre disposition des brebis... se faire ce petit lot, ne leur déplairait pas. Joe, Mike, Steve et Allan tournent autour d'elle, tels des vautours. Mike tient dans sa main sa bière et suit en faisant des mouvements de bassin, le déhanché de Shelby.

— Eh bien, dit Ghost, je vois qu'on s'éclate ici !

— Oh mi amor... t'es enfin rentré ? Viens t'asseoir et profite du spectacle, lui dit-elle

— Tu as bu où je rêve ?

— Rhoo... si peu...

— Si peu ? T'es aussi bourrée que ta copine ! Et les jumelles qui s'en occupe ?

— T'inquiète Paulette... lui répond -elle.

— Paulette ? Non mais t'es sérieuse ?

Nous, on est mort de rire.

— Qui s'occupe des jumelles Tigresa, reprend Ghost inquiet.

— C'est Lorenne qui s'en occupe, c'est elle qui me l'a proposée... je... te... ferais... signaler.

Hum... je te ferais signaler... pour le coup, rien qu'avec cette phrase, on peut dire qu'elle a les neurones qui partouze, sans vouloir être vulgaire.

— Ok... ben... moi, je vais m'occuper de toi alors. Allez jeune fille, au lit !

— Rhoo... papa... laisse ma copine tranquille ! intervient la gamine. Tu ne vois pas qu'on s'éclate ! Hein les mecs qu'on s'éclate ? dit-elle en tournant toujours autour de son ballet. Au mince, j'ai envie de vomir...

Rien qu'avec ces mots, elle fait fuir tous les mecs. Bravo ! Des lavettes devant du vomi, mais des monstres devant du sang ! On aura tout vu. En cinq minutes, les rats ont quitté le navire.

— Léo ça ne te gêne pas de t'occuper de Shelby et de la mettre au lit ?

— Et bien en fait, je pensais aller voir Grâce, si tu vois ce que je veux dire, fais je avec un clin d'œil.

— Allez mon pote, sois sympa, ne me laisse pas avec ces deux déchets sur les bras !

— Dis donc mi amor ! qu'est-ce que tu viens de me dire ! tu viens de me traiter de... de... déchet ?

— Mais non, j'ai dit séché ! Deux nanas complètement séchées, reprend t'il.

— Ah bon ! T'as plutôt intérêt sinon je te frictionne tes petites noisettes et...

Il a passé Sandie sur son épaule et remonte les marches vers sa chambre.

— T'iras voir Grâce après, sois sympa ! me crie t'il.

— Ok ! merci pour le cadeau !

— Oh eh ! C'est moi que tu traites de cadeau ? me dit Shelby.

Et voilà les ennuis commencent.

— Oui gamine, c'est toi ! T'es pas un cadeau dans cet état-là, j'aurais préféré aller me vider les bourses avec Grâce, pour finir ma soirée !

— OH EH ! C'est bon, j'suis une grande fille... va vider tes petites noisettes dans la Graisse... me répond -elle, les billes noires.

— Grâce, reprends-je

— Ouais... c'est ce que j'dis Graisse... c'est vrai que son prénom... ben... y colle pas trop... à son physique... graisse... pour un sac d'os.

— Grâce et non Graisse, corrigé-je.

— Ouais... on s'en fout... Grâce... Graisse... qu'est-ce que je m'en branle... elle va te passer la corde au cou... de toute façon alors.

— Ça ne risque pas d'arriver, non !

— Ben... si... c'est même elle...qui me l'a dit ! rit-elle

Intéressant, faudrait que je remette les pendules à l'heure à cette brebis, pour qu'elle ne se fasse pas des films et finisse comme cette chère Leslie.

— Qu'est ce qui te fais rire, lui dis-je en essayant de me rapprocher d'elle pour la balancer sur mon épaule et la coller au fond de son pieu.

Mais plus j'avance, plus elle recule.

— La boule en caoutchouc.

— Quelle boule en caoutchouc ? dis-je.

— Ben, celle qui va avec le string en cuir noir... et le fouet ? continue t'elle en hoquetant.

— Je ne comprends rien de ce que tu me racontes, gamine !

— Rhhhoooo... fais pas l'igno... hic...rant... la boule en caoutchouc, à quatre pattes ?

— Oula ! Je ne sais pas dans quel fantasme tu es, mais là, je ne te suis vraiment plus.

— Quoi ? Tu me suces plus !

— TE SUIS PLUS ! corrigé-je, je ne te suis plus. Ne prends pas tes rêves pour des réalités !

— OH mais POUR ...QUOI... POUR... QUOI ?

— Pourquoi quoi encore ?

— Pourquoi j'te plais pas ? J'suis trop grosse c'est ça ? Ou j'ai trop d’monde au balcon ? dit-elle en relevant ses seins de ses deux mains.

Cela fait tomber le balai à ses pieds.

— Rhooo... flute... dit-elle en voulant se pencher pour le récupérer.

— Bon sang Shelby ! T'as failli te rétamer la tronche sur le carrelage ! dis-je en la rattrapant de justesse avant qu'elle ne touche le sol.

Ce qui l'a fait rire... Bizarre non ? Qu'est-ce qui lui passe encore par la tête ?

— Eh t'imagine ! Les dents dans le carrelage... j'suis sûre que ce cher Marlo garderait ses mains dans ses poches... si... si j'avais la gueule de... travers... avec les dents... devant... ben... en fait... sans dent de devant, continue t'elle en riant, me désignant sa bouche de son index. Plus de dent... Ohhhh... j'aurais la bouche d'une suceuse... ben ouais... plus de dent, c'est mieux non ? Enfin...j’sais pas... j'ai jamais essayé... enfin... ce que je veux dire... j'ai jamais essayé tout court... pas sans dent... car j'peux pas les enlever mes dents... rit elle dans un bruit de cochon...sans dent... ça doit être TOOPP pour les mecs non ? Hein dis-moi... t'sais j'suis pas vraiment... pro... j'ai eu qu'un mec... et en plus c'était... un viol... donc ça ne compte pas... hein... que ça ne compte pas ?

Et là, les bras m'en tombent, je reste inerte. La tenant toujours dans les bras, après la chute qu'elle a failli faire. Quoi... qu'est-ce qu'elle vient de dire... ce n'est pas possible... je croyais... je croyais... qu'elle accumulait les relations ? Sandie a laissé entendre qu'elle... bon sang !

— Qu'est-ce que tu racontes gamine ? Je croyais que les étalons se succédaient dans ton lit, lui dis-je, la soulevant maintenant dans mes bras pour l'emmener dans son appart.

— Pff... chut... c'est ce que je dis à tout le monde mais... chut... faut pas dire hein... tu... diras... rien... hein... promets !

— Je te le promets.

— Alors crache... ben ouais... quand on promet on crache... et on dit... croix de bois... croix de fer... si je mens, j'vais direct en enfer !

— Ouais ben toi... c'est direct au lit que tu vas !

— J'te dégoute un ? C'est ça hein ? J'te dégoute ! J'suis qu'une poubelle d'toute façon !

Elle continue de papoter dans un mélange de souvenirs emmêlés. Je suis en train de la déshabiller pour la mettre sous la couette, et bon dieu quel corps. Je la retourne sur le côté, dos à moi pour finir de lui retirer la manche de son tailleur, et retombe sur ses cicatrices que j'avais aperçues sous la douche. J'ai cru que c'était dû au ruissellement de l'eau et au gel douche. Un effet quoi... mais non... ce sont vraiment des cicatrices, des fines par très longues, je ne sais pas quel peut être l'objet qui a pu lui infliger ces marques.

— Eh oh ! Si tu me laisses comme ça, je vais vomir, j'ai la tête qui tourne et je crois que ...

Oh punaise, j'ai juste le temps de traverser le dressing, d'ouvrir la porte de la salle d'eau pour qu'elle se déverse dans le lavabo...

— J'crois j'suis malade... purée de moines... j'vais mourir... mes mamans... je vais vous rejoindre... enfin...

Mais qu'est-ce qu'elle raconte maintenant ? Faut vraiment qu'elle arrête l'alcool ! Voilà qu'elle pleure maintenant, manquait plus que ça !

— J'suis un boulet... depuis toute petite j'suis un boulet... même ma mère... l'a pas voulu d'moi... elle m'a abandonnée... tu sais... ouais... abandonnée... j'sais même pas comment j'm'appelle en vrai... ouais... j'suis une poubelle... c'est comme ça que j'm'appelle... poubelle...

— Mais qu'est-ce que tu racontes ma belle, tu t'appelles Shelby Adams, pas Shelby Poubelle.

— Ben si tu vois... continue t'elle, Shelby ENVASÉ ! Parce qu'on m'a trouvée dans la rue Shelby j'sais plus quoi, à côté d'un container ! T'y crois toi !... il a fallu que 'j'tombe sur... une... espagnol qui m'appelle poubelle... C'est un des seuls mots que j'connais... en espagnol... envasé.... poubelle... container... j'suis une ordure... c'est cool pour une avocate non ? Mademoiselle CONTAINER à la barre... du compacteur... hic.

— Ok ma belle, viens on va te mettre au lit. Je crois que tu n'as plus rien à vomir, lui dis-je.

Je lui passe un gant frais sur le visage, tout en la maintenant debout et en la dirigeant vers son lit, pour pouvoir la glisser sous la couette.

— Ouaip... j'suis rincée... comme une poubelle... tu sais... on les nettoie aussi... on les désinfecte pour pas attirer... la vermine... ben j'crois qu'on m'a pas... assez... désinfectée parce que la vermine... j'l'ai attiré... à mes seize ans... en fait... non... à mes cinq ans... c'était les premiers... ma famille d'accueil... c'était les premières vermines... c'est de leur faute... si Gégé... si gégé... si gé... si... m’a viol...

Elle vient de tomber dans les bras de Morphée et je suis là comme un con à repenser à toute cette bombe qu'elle vient de lâcher. Cet enfoiré de Marlo, qu'a l'air de lui foutre une trouille bleue, son viol... premier et dernier rapport, si j'ai bien compris... son enfance... nom d’un chien... j'crois qu'on se ressemble plus qu'on ne croit... niveau enfance pourrie, on a l'air d'avoir tiré le gros lot tous les deux... nom de dieu... si j'avais pensé qu'elle cachait autant de choses derrière ses plaisanteries... ses jouxtes verbales. En fait, elle est complètement détruite... et c'est qui ses mamans ?

— Beaucoup de zones d'ombre t'entourent gamine... beaucoup, dis-je en murmurant et en essuyant de son visage endormi, les gouttes se formant au creux de ses paupières.

Elle est partie dans ses souvenirs et au vu des larmes qui ruissellent le long de ses joues, ce ne doit pas être les plus beaux. Je me relève doucement, préférant ne pas percer plus son intimité. Je crois que ce soir, j'en ai appris beaucoup, le reste lui appartient. Je suis sûr que si elle me trouvait là, à son réveil, elle ferait une crise. Je me dirige donc vers sa cuisine, allume la machine expresso pour me faire couler un café. Je vais attendre quelques heures, pour être sûr qu'elle ne s'étouffe pas dans son vomi. A priori, elle n'avait plus rien à évacuer mais on ne sait jamais. Ma chambre étant à côté, je pourrais m'éclipser quand tout sera ok.

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