Chapitre 21 Shelby

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Oh l'enfoiré ! Il l'a fait exprès, j'en suis sûre ! Il a dû vouloir se venger de son coup loupé de cet aprèm. Il doit avoir les bourses bien pleines cette fois-ci, paf ! dans sa tronche de phacochère, non mais OH ! Ça va oui ! Tout en remontant les escaliers, je baragouine dans ma moustache, enfin je n’ai pas de moustache, c’est juste une expression vous voyez ? Rho... je me vois avec une moustache maintenant, n’importe quoi !

Je m’amuse donc à imiter cette chère Grace

« Oh, je t'en supplie Léo... prends moi... je n'en peux plus... oui encore... viens... ». Ah ! pour venir il est venu ouais, mais au balcon et pas au sien ! Bien fait ! ça leur apprendra à ne pas fermer leur fenêtre... « oh non Léo ne me laisse pas comme ça... ».

Oui je sais, j'ai aussitôt rouvert ma porte-fenêtre pour aller espionner les retombées de ma petite coupure, je dois dire qu'entendre la « Graisse » se faire envoyer balader m'a bien fait marrer ! La bague au doigt ? Tu parles... dans le derch... la bague elle l'a eu... enfin... ce n’est peut-être pas la bague d'ailleurs qu'elle a eu dans le derrière... euh... non... je ne pense pas que c'est ça qui la faisait haleter la bouffonne... pas une bague, toujours... ou alors... y'avait le doigt avec... rho... Shelby... tu déconnes, là.

— Allez à la douche, je poisse de partout par sa faute... enfin partout... ce n'est pas seulement dû au soda, mais rien que d'imaginer... son doigt dans mon... Stop ! douche froide... immédiatement !

Je rentre dans ma douche après avoir retiré tous mes vêtements et les avoir jetés dans le panier à linge sale. J'allume le jet d'eau et attends qu'il soit bien chaud pour me glisser dessous... Hum... que c'est bon.

— ♫♪ Il m'en faut peu pour être heureuse, vraiment trop peu pour être heureuse ♫♪, chantonné-je en remuant mon popotin. J'attrape mon gel douche que je verse sur mon gant et me savonne tout le corps, des efflux de fruits rouges me montent aux narines... humm... Je me rince et attrape mon shampooing ayant les cheveux collants, suite à la douche au soda. J'en verse une quantité dans ma main et commence à frotter mon cuir chevelu, qui soyons clair, sera vite nettoyé de par la longueur de ma tignasse.

— Mais... qu'est-ce que... qu'est-ce que... pourquoi c'est gras et visqueux ? C'est quoi ce binz ?

Je chope ma bouteille de shampooing, regarde la marque.

— Ben, c'est bien la mienne ?

Je verse une quantité dans ma paume... et sens.

— Oh purée ! oh purée de moine, l’enfoiré ! LÉO ! hurlé-je, ESPÈCE DE CHIEN GALEUX ! TU VAS ME LE PAYER !

Il a mis de la mayonnaise à la place de mon shampooing, cet enfoiré !

— JE TE JURE, TU VAS ME LE PAYER !

— Et gamine ! Inutile de crier !

— AHHH ! mais bon sang ! ce n’est pas les portes ouvertes ma salle d'eau ! ni mon appart d'ailleurs ! DÉGAGE !

— Je te signale que tu m'as appelé, me répond t'il tranquillement, adossé au chambranle de la porte de la salle d'eau.

— JE TE SIGNALE QUE LES MURS SONT INSONORISÉS NORMALEMENT !

— Pas quand les fenêtres sont ouvertes, ma poule !

— Ma poule ?... Ma poule !... Tu sais ce qu'elle te dit la POULE !

Je lui balance ma fleur de douche dans la tête, mais il a le réflexe de l'éviter d'un geste souple puis de se marrer comme une baleine.

— Punaise Léo ! Dégage de ma salle d'eau maintenant que tu t'es bien rincé l'œil !

— Pour me le rincer ça va, par contre, je t'attends dans le salon, il faut qu'on parle des bleus qui ornent ce magnifique corps.

Ce magnifique corps ? Vraiment ? Il a dit ce magnifique corps ? J'ai bien entendu ? Il me trouve magnifique ?... euh... il a aussi dit... qu'il fallait parler de « tes bleus », me dit ma petite voix sur mon épaule droite... vous savez, ces deux petits êtres qui squattent vos épaules. L'ange d'un côté, le diable de l'autre... oui... voilà... et bien... moi... c'est l'ange qui vient de me faire redescendre sur terre... et au bout de ... une minute ?... je crie

— Je n'ai pas de compte à te rendre ! je t'ai déjà dit ce qu’il s'était passé, alors file dans ton appart bon sang !

J'entends aucune réponse. Bon, il a dû virer. Je chope mon gel douche et me lave la tête avec, faute de mieux, puis repasse un coup sur mon corps, qui est devenu une véritable patinoire avec l'huile contenue dans cette mayo de chiotte... il va me le payer et je sais déjà ce que je vais lui faire... attends mon coco... demain sera ma vengeance... si les brunes ne comptent pas pour des prunes, les blondes ne comptent pas pour... pour... ben... pour des Raymonde... non sérieux ? Pff... je n’ai pas mieux... n'importe quoi... je n’ai pas d'autres rimes là... elles ne viennent pas. A part cette chanson française, je n’ai pas d’autres références.

Je sors de la douche, m'enroule dans ma serviette, passe dans mon dressing, me saisis d'une nuisette satin pilou pilou... oui je sais... mais c'est Sandie qui me l'a offerte lorsque j'ai vu qu'elle avait un pyjama avec ces petites bêtes, je l'ai trouvé tellement joli, qu'elle m'a offert le même mais en nuisette. Elle est rose avec des pilous noirs.

Je me glisse ensuite sous la couette après avoir ouvert ma fenêtre en grand. La fraîcheur de la nuit va m'aider à dormir, j'espère. Je devais travailler sur mon dossier mais à vingt-trois heures, je n'en ai plus le courage. Après une bonne nuit de sommeil, je serais plus d'attaque. Je tapote mon oreiller, me mets en chien de fusil, puis commence à fermer les yeux, me laissant bercer par le bruit extérieur du vent dans les feuilles, du chant des oiseaux nocturnes...

— Tu ne crois pas t'en tirer comme ça gamine !

— AAHH ! mais ce n’est pas vrai punaise ! Qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu, pour être harcelée par tous les hommes !

— Tous les hommes ?

— Non ! Ce n’est pas ce que j'ai voulu dire ! Par tous les ours !

Ne jamais me surprendre pour éviter de me faire dire des âneries.

— Qu'est-ce que tu fais encore dans ma chambre, dis-je en allumant la lumière. Tu n'as pas un appartement à squatter, autre que le mien ? Celui de « Graisse » par exemple.

— Ne détourne pas la conversation.

— Pff... tu me gonfles royalement ! Tu le sais ça ?

— Tu n'as encore rien vu, je veux savoir qui t'a fait ces marques ?

— Et moi, je n'ai pas envie d'en parler, réponds-je plus calmement.

— Pourquoi ?

— Parce que.

— Ce n’est pas une réponse ça !

— Oui, mais c'est MA réponse et il faudra t'en contenter. Je ne te dois rien ok ? Enfin si... je te dois quelque chose, souris-je.

— Qu'est ce qui te fais sourire ? Et que me dois-tu ?

— Tu ne devines pas ?

— Si je le savais, je ne te le demanderais pas.

— Je te dois ma vengeance... ah, je vois que monsieur a un léger sourire de fouine.

— De fouine ?

— Oui, tu sais celles qui retroussent les lèvres et montrent leurs dents, comme ça, fais je en montrant les miennes, tout en serrant les dents.

Ce qui le fait marrer.

— Ça te va mieux à toi, me dit-il.

— Abruti !

— De phacochère, je passe à Bruton puis à abruti... quel vocabulaire développé pour une avocate.

— Bon c'est bon, t'as fini de me saouler... tu peux me laisser dormir maintenant ? J'ai du boulot qui m'attend demain.

— Un nom.

— Un Quoi ?

— Un nom.

— Non quoi ?

— N...O...M de famille, si tu préfères, je veux son nom. Le nom de celui qui t'a fait ça.

— Non !

On pourrait s'amuser longtemps entre non... nom... puis non... et nom, mais je n'en ai plus vraiment envie, donc autant expédier le bonhomme dans sa demeure.

— Je n'ai pas à te dire quoique ce soit, Léo, repris-je cette fois-ci sérieusement, ce sont mes affaires et je les ai réglées. Crois-moi, lorsque je te dis qu'il va avoir mal à ses bijoux de famille, pendant quelques jours.

— Qui ?

— Pourquoi tu insistes ? Je ne te dirais rien ! Je ne te demande pas ce que vous faites dans votre club de bikers.

— Je...

— ... stop ! cela ne me regarde pas. Tu fais ta vie, je fais la mienne. Nous ne sommes pas en couple et d'ailleurs nous ne le serons jamais... puisque à priori... tu préfères le genre Bimbo à la plastique parfaite... ce que je ne suis pas ! Donc arrivederci !

Il me regarde surpris.

— Ça veut dire « au revoir » en Italien.

— Parce que tu parles Italien toi ?

— Non mais c'est comme l'espagnol, je connais quelques mots et maintenant grâce à toi, je connais aussi cascanuesces ! Donc, tu sais ce qu'elle te dit la casse-noisettes... ben, qu'elle lui a bien cassé les siennes, plus besoin d'un chevalier servant. Va sucer ta bimbo !

Oh purée... ne jamais utiliser ce terme fasse à un mâle alfa car là... j'ai mon minou qui ronronne...

— Enfin... je voulais dire... va... va... et flute VA TE FAIRE METTRE !

Même ça, j'ai l'image... au bon sang !

— Je n'en ai pas terminé, gamine, je découvrirais qui est l’enfoiré qui t'a touché, il va regretter d'être né, crois-moi !

— Mais punaise ! Qu'est-ce que ça peut te faire ! Je suis une grande fille, pas une « gamine », comme tu sembles le penser, alors s'il te plaît... et c'est la dernière fois que je te le demanderai... laisse-moi régler mes affaires !

— Il n'en...

— ...Stop ! ne rajoute rien. C'est moi qui vais rajouter quelque chose. Si je te promets qu'au moindre soucis avec ce "bellâtre", je viens te voir, est ce que tu me laisses dormir ?

— Au moindre soucis ?

— Oui au moindre soucis.

— Si jamais...

—... c'est bon ! Au moindre soucis, ok ! Maintenant, laisse-moi dormir que je rumine ma vengeance contre une mayonnaise ! dis-je en le fixant bien dans les yeux... et quels yeux !

— Rumine gamine, rumine... mais dis-toi bien que si tu ne laisses pas tomber cette histoire de vengeance envers... un pot de mayo... tu risquerais de tomber sur plus fort..., dit-il en tournant les talons, après avoir haussé ses sourcils deux fois, d'un air provocateur, en levant ses mains et signant cinq à deux.

« La vengeance est un plat qui se mange froid et tu vas t'en mordre les doigts* » disait la chanson française de Lio. En plus, je ne suis pas brune !

Ben alors là... s'il a compris quelque chose... chapeau bas... car même moi... je ne sais pas où j'ai voulu aller en rajoutant ça.

J'entends le portillon du balcon s'ouvrir, preuve qu'il est enfin parti. Je me plonge dans mes pensées, le sommeil commence à m'emporter. Je revois Marlo me coinçant contre la porte et ses menaces, puis le soir de mes seize ans se matérialise ...

« Il rentre dans ma chambre, sa stature est impressionnante. Je vois son ventre proéminent, entends le tour de clef donné à la serrure de ma porte. Il s'avance vers moi, la main dans son pantalon, il se branle devant moi en se léchant les lèvres. Je saute de mon lit, commence à lui balancer tout ce que j'ai sous la main. Soudain, il est en moi ! ».

Je hurle, me réveille en sursaut et en nage ! Bon sang, ça fait longtemps que je n'avais pas fait ce rêve ! Les évènements de ces derniers jours ont dû semer un peu trop la zizanie dans mon esprit. Je me lève puis sors de ma chambre, sans en allumer la lumière. C'est une ombre sur le balcon qui me fait sursauter, j'allume encore toute tremblante et que vois-je... rien ! Je crois que je deviens barjo. Je vais boire un verre d'eau puis retourne me coucher.

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