Chapitre 25 Shelby

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Vendredi 16 août 2019.

Plusieurs jours se sont écoulés. Notre relation avec Léo s'est intensifiée. Nous ne passons pas une nuit loin l'un de l'autre. Nos relations sexuelles ont évolué également, il a intégré un fouet. Au départ, j'ai cru mourir de peur mais il a su me faire découvrir que quelques douleurs pouvaient créer une jouissance encore plus intense, explosive ! Je lui fais cent pour cent confiance.

Grâce nous tire une tronche de trois pieds mais dès qu'elle le peut, elle vient se frotter à Léo lorsqu'il arrive en moto. Bien que ce dernier l'envoie bouler, elle ne peut s'empêcher d'insister.

Quant au cabinet, Charles est revenu hier et a demandé une réunion pour parler des dossiers en cours. Donc, aujourd'hui est une journée un peu stressante pour moi, Léo s'en rend compte alors que je n'ai pas mis un pied hors du lit.

— Qu'est ce qui t'arrive gamine ?

— Rien pourquoi ?

— Arrête de mentir, je sens que quelque chose te tracasse alors, soit tu te mets à table, soit je te mets à table, me fait il en soulevant les sourcils par deux fois et en y ajoutant un clin d'œil.

— Non, le marchandage au sexe est hors limite... tu ne peux pas me laisser sur le fil du rasoir ! Si tu commences, tu finis mais... je n'aurais pas la tête à ça... bien que ce ne soit pas tout à fait la tête qui t'intéresse... quoique si, étant donné que sur ma tête... ben... y'a ma bouche et que ma bouche...

— ... Shelby.

— Ok ok, je dois retourner au cabinet aujourd'hui, alors que je n’y ai pas mis les pieds depuis plus d’une semaine. Charles est rentré de son déplacement, il a demandé une réunion pour débriefer.

— Et ?

— Et je vais revoir Marlo et...

— ...je vais le buter !

— Quoi ? Non ! On ne bute pas quelqu'un parce qu'il gène dans le paysage ! C'est quoi ces manières de faire !

— Si, on a le droit ! C'est un con vicieux qui s'en est pris à ma nana, donc il crève, point !

— Hé ! Techniquement nous n'étions absolument pas ensemble à ce moment-là, je te rappelle.

— J'm'en fous !

— Léo ! Je suis sérieuse ! Tu ne tues personne aujourd'hui ! ou... même demain... ou... bon sang... on ne tue pas comme ça, punaise !

— C'est bon calme toi, si tu ne veux pas, je n’y toucherai pas. Par contre, dis-lui que tu es à moi maintenant et que s'il te touche encore... JE... LE... BUTE !

— Je suis à toi ? Pour de vrai ? Tu... tu... m'appartiens aussi alors ?

— Non !

— Quoi non ! C'est quoi ce bazar ?

— Je n'appartiens à personne. Je suis avec toi parce que c'est ma décision.

— Ok, c'est un peu tiré par les cheveux, car moi aussi je ne t'appartiens pas ! Je suis avec toi parce que je LE...VEUX !

— Bon, stop, on a compris, on ne s'appartient pas mais on est ensemble, ne cherchons pas plus loin. Par contre avec ou sans moi, si l'autre enfoiré te touche encore, il est mort ! Fin de la discussion.

Et sur ce, il saute du lit.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je t'accompagne au taf, je vais prévenir Ghost qu'il mette Steve en surveillance pour Sandie.

— Non ! Tu ne peux pas m'accompagner, c'est une réunion privée... c'est... c'est impossible Léo, tu le sais bien !

— Je t'attendrai sur ma bécane le temps qu'il faudra, mais tu n'iras pas seule.

— Mais je vais peut-être en avoir pour des heures !

— J'm'en fous, ce n’est pas discutable. Je t'emmène !

— Non ! Tu ne m'emmènes pas, je m'emmène toute seule. J'ai ma caisse et en tailleur sur une moto, merci !

— Tu portes des tailleurs pantalon qu'est-ce que ça peut faire ?

— Ça peut faire que je vais arriver peut-être le bas de pantalon sale à cause de la route, ça peut faire que je vais être complètement décoiffée et ça peut faire, ce que ça peut faire car c'est moi qui décide sur ce dernier point !

— Tu l'as dit donc on est ok.

— Qu'est-ce que j'ai dit encore ?

— Que tu décidais sur ce dernier point, donc sur les autres points, c'est moi qui décide. Je ferais le pied de grue, le temps qu'il faudra.

— Mais tu ne seras pas discret avec ton cuir et ta moto !

— T'inquiète personne ne me verra, je t'en fais la promesse.

— GRRR ! T'es infernal Bruton ! Toi mâle dominant... moi femelle pas contente !

— Allez ma femelle prépare toi, je nous fais un café, après on descend grignoter un morceau.

Prépare-toi, prépare-toi... il en a de bonnes lui ! Comment je peux me préparer, quand un ours mal léché vient vous rejoindre sous la douche pour vous faire grimper au rideau... enfin... sur un arbre... c'est une image... sur un tronc ?... non pas mieux... bref, le petit café n'a jamais vu le jour, nous sommes directement descendus manger des pancakes et boire notre jus en bas.

Deux heures plus tard, me voici devant le cabinet, j'ai une boule d'angoisse qui me remonte dans la gorge, et des sueurs froides qui commencent à m'envahir. Vas-y ma belle, montre-lui qu'il ne te fait pas peur, bats-toi !

Lorsque je pénètre dans le hall, Cathy s'empresse de décrocher le combiné pour appeler Marlo, je suppose. Voyant son geste, je me précipite à mon tour pour frapper au bureau de Charles. En passant devant son comptoir, je lui lance un « bonjour Cathy », super rapide.

— Bonjour Shelby... attends... Marlo...

Trop tard, Charles vient de me dire d'entrer.

— Bonjour Charles, comment s'est passé votre séjour à Los Angeles ?

— Bonjour Shelby ! Très bien, je vous remercie. Ma prospection a porté ses fruits et j'ai de nouveaux clients. Le procès que je suivais a été une réussite en plus. Et vous ? votre dossier ? Mais attendons Myriam et Marlo pour en parler. Dites-moi plutôt comment vous allez, est ce que vous vous plaisez parmi nous ?

— Ben... puisque vous en parlez...

Mais la porte s'ouvre, Marlo entre suivi de Myriam.

— Bonjour Shelby, me dit Myriam avec un sourire.

— Bonjour Myriam.

— Voilà la fugueuse de retour dans nos locaux ! me dit un Marlo acerbe.

— Je n'ai pas fugué, j'ai demandé à Charles si je pouvais m'isoler, dans un endroit familier, pour travailler sur ma première affaire dans votre cabinet, ce qu'il a gentiment accepté, fais je en me retournant vers mon patron avec un grand sourire.

— C'est exact fils, on en a déjà discuté. Le délai étant très court pour travailler ce dossier, Shelby avait le droit de se mettre en bonne condition. Nous devons gagner ce procès ! Donc fin de l'histoire ! je ne reviendrais pas sur ce que je t'ai dit ! Maintenant passons à la réunion.

Ouch... je ne sais pas ce qu'il s'est passé pendant mon absence mais d'après moi, Monsieur Marlo a dû pleurer dans les jupes de son père, lorsque j'ai filé à l'anglaise.

La réunion dure près de deux heures. Mes pensées s'évadent souvent vers Léo qui est censé m'attendre à l'extérieur, mais je ne l'ai pas vu. Enfin, j'ai bien vu qu'il me suivait avec sa moto, mais une fois arrivée sur place, je ne l'ai pas revu. Lorsqu'il dit qu'il se planque, il se planque. Impossible de déterminer sa position.

— Je pense que nous avons fait le tour du sujet, le procès commence dans deux jours. Au vu des éléments à charge, il sera classé dans la journée. Est-ce que vous avez des questions ?

— Non, répondons-nous chacun notre tour.

— Parfait, la réunion est donc levée.

— Charles est ce que je pourrais vous parler ? demandé-je.

— Je dois me rendre au palais, mais nous pouvons nous voir plus tard si vous voulez Shelby.

— Euh... non... je... je vais classer tous mes éléments, et finir de préparer ma plaidoirie pour lundi. Bon week-end à tous.

— Il faut qu'on parle du dossier, me dit Marlo une fois que nous sommes tous dans le couloir en direction de nos bureaux respectifs.

— Pourquoi ? on vient juste de tout aborder ensemble.

— J'ai quelques paragraphes à éclaircir.

— Pourquoi ne pas l'avoir fait pendant la réunion ?

— Je viens seulement de m'en rappeler.

— Ok, tu me laisses deux minutes, je passe par mon bureau récupérer un dossier et je te rejoins ensuite dans le tien.

— Je vais t'attendre là.

— Lorsque je dis que je te rejoins, c'est que je te rejoins. Je n'ai besoin de personne pour me surveiller, sinon je ne viens pas et ce sera vite réglé ! dis-je en colère, enfin je fais celle qui est en colère car je n'en mène pas large.

— T'as pas intérêt à te défiler !

— T'inquiète !

Je rentre dans mon bureau en ferme la porte, me dirige vers mon fauteuil tremblante. Mince... comment je fais s'il me bloque bon sang ! Charles est parti, Cathy n'interviendra pas si je crie, il reste Myriam... Mais oui ! bien sûr Myriam ! Je file à la porte qui sépare nos deux espaces, puis frappe à sa porte.

— Entre ! me dit-elle.

Je passe la tête et regarde si elle est seule. Bingo !

— Purée... Myriam... faut que tu m'aides !

— Qu'est-ce qu’il se passe, tu es bien pâle ?

— C'est Marlo, il veut que je le rejoigne dans son bureau, sous prétexte qu'il veut parler du dossier que je plaide lundi.

— Mais c'est ce qu'on vient de faire pendant deux heures ?

— Soi-disant, il a oublié certains points !

— Que veux-tu que je fasse ?

— Suis moi, je dirais que tu es également concernée par ce dossier, puisqu'on vient tous d'en parler.

— Il ne va pas vouloir que je reste, je le connais.

— Ça je m'en charge ! La seule chose que je te demande, c'est de ne pas quitter son bureau, en me laissant seule avec lui.

— Ok, allons y. On passe par la porte interne. J'ai ma petite idée, me dit-elle soudainement.

Elle frappe à la porte de Marlo

— Oui ! Qu'est-ce que tu me veux Myriam, je n’ai pas le te...

Il me voit arriver derrière Myriam et son regard devient noir.

— Shelby est venue récupérer un dossier que je lui avais emprunté, comme elle m'a informée que tu voulais revoir certains points sur le dossier Dausone, je pense que cela nous concerne tous.

— Non, ce n'est pas ton dossier, donc tu peux sortir.

— Ce n'est pas le tien non plus, reprends-je, ton père est revenu, c'est lui mon référent lorsqu'il est présent.

— Mais il vient de partir !

— Alors je vais le rappeler !

— C'est bon stop, sortez de mon bureau.

Myriam tourne les talons et se dirige vers sa porte et moi vers l'autre.

— Tu vas où Shelby ?

— Récupérer mon véhicule pour rentrer chez moi, comme je l'ai dit à ton père.

Il se lève de sa chaise mais avant qu'il ait pu faire un pas, je sors et me précipite à l'extérieur. Mon véhicule est garé derrière le bâtiment, ayant voulu la jouer discrète à mon arrivée, pour pas qu'il me repère trop vite. Mes pas sont précipités, j'arrive enfin à mon Ford. Au moment de m'engouffrer dedans, je sens qu'une main se pose sur mon épaule et me retourne avec violence sur ma carrosserie. Marlo m'a suivie et vient placer sa main autour de mon cou en serrant.

— Tu crois vraiment pouvoir m'échapper encore longtemps hein ! dit-il furax.

— Lâ...che...moi !

— Je te lâcherai si je veux !

On entend un bruit de cliquetis, puis je vois le bras de Léo pointer son flingue sur le tempe de Marlo.

— Je crois que tu n'as pas bien entendu ce qu'elle te disait. Tu lâches ma meuf de suite, sinon tu vas avoir un trou à la place du cerveau et je ne voudrais pas que ta cervelle entache son tailleur !

— Qu'est-ce que...

— Léo... non...

— Ne lui as-tu pas dit qu'il ne fallait pas qu'il te touche ? continue t'il, le pétard toujours appuyé sur sa tempe

— Non... non... elle ne m'a rien dit... je savais pas qu'elle avait un mec... sinon... j'aurais jamais... je prends pas la femme des autres... ok... c'est elle, elle m'a fait du rentre dedans et ap... après... elle... me plante... y'a... de quoi... péter une durite non ?... on est des mecs... merde... on ne peut pas s'amuser avec nous, hein ?

— Je suis un mec ! Toi, t'es qu'une pourriture !

Léo le retourne brusquement pour lui abattre la crosse de son arme sur la tempe. Il tombe au sol comme une merde.

— Léo... non... arrête... s'il te plaît ! arrête...

Il ne m'écoute pas. Il met un genou à terre, attrapant Marlo par le col de sa chemise, puis le soulève pour avoir son visage proche du sien.

— Ecoute moi bien petite fiotte, t'as de la chance que ma copine soit là, sinon tu serais un homme mort... tu as compris ?

— Oui... oui...

— Si tu t'avises à poser encore un doigt sur elle, je te les coupe et ce n'est pas une image, crois moi. Tu pisseras en tenant ta queue avec des moignons !

Sur ce, il lui balance une bonne droite qui le replonge dans les vapes.

— Léo !

— Quoi ? Il n’est pas mort non ?

— Comment je vais expliquer ça ?

— Toi tu n'as rien à expliquer, ne te fais pas trop de bile, il ne va pas aller pleurer dans les pantalons de son père, que le copain de son employée, lui a mis une rouste. Il va plutôt inventer une agression sur le parking... crois-moi, je connais ce genre de type. Allez, on rentre ! me dit-il en ouvrant la porte de mon pick-up, me faisant grimper dedans. Je te suis de près, retour QG. Faut qu'on débrief aussi, me dit-il avec un clin d'œil.

— Léo ! Tu es... Tu es...

— ... un dieu je sais.

Il tourne les talons une fois que j'ai démarré et va récupérer sa bécane, qu'il avait planqué je ne sais où. Nous arrivons une demi-heure plus tard à la base. Il s'arrête à la hauteur de ma fenêtre avec sa moto.

— Je file au club, Ghost vient de m'appeler pour le déplacement de lundi. Je te rejoins dès qu'on a fini. Je devrais en avoir pour une heure et demi max. Prépare-toi ! Je te veux nue sur mon lit ! Tu as mérité une petite correction pour m'avoir empêché de buter ce connard !

— Eh ! Je t'ai évité la prison pour meurtre !

— Crois-moi personne n'aurait su ce qui lui était arrivé. Un avocat qui se fait buter, y'en a dans les journaux, en général, il cherche dans les dossiers qu'ils ont traités.

— Comment... comment tu sais ça toi ? Oh et puis non... je ne veux pas le savoir...

— C'est mieux ainsi, sinon je devrais t'éliminer ensuite.

— Pff, tu es hilarant.

Il remet les gaz de sa Harley et je le vois disparaître dans mon rétro. Quelle allure avec son cuir et l'emblème des motards, qu'il a décidé de porter fièrement. Je roule ma caisse jusqu'au garage à l'arrière des bâtiments. Je ne laisse jamais ma bibiche en plein vent et sous la pluie. Je récupère ma sacoche avec mes dossiers, descends de mon bébé, enclenche la clef dans la serrure pour la fermer quand ma tête vient frapper violemment la vitre conducteur, là c’est le trou noir.

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