Chapitre 26 Shelby
J'émerge d'un abîme profond avec un mal de casque carabiné. Purée de pois, c'est quoi ce binz !
— Ah enfin ! La pétasse est réveillée.
— Grâce... qu'est-ce que... Pourquoi tu m'as attachée ?
— Tu ne croyais pas t'en tirer comme ça j'espère ! Tu arrives comme un cheveu sur la soupe pour me voler mon mec ! Tu t'es crue où salope !
— Mais t'es complètement barjot ma pauvre ! Qu'est-ce que tu comptes me faire ! Me tuer et faire disparaître mon corps ! C'est ça ton projet ! Parce que là ma vieille, tu viens de faire une terrible erreur ! Léo va te buter pour ce que tu m'as fait !
— Non ! Il m'aime moi ! Il va s'en rendre compte ! Il va voir ce que je suis capable de faire pour le protéger de toi !
— Le protéger de moi ? Mais ma pauvre tu planes à quinze mille ! C'est de toi qu'il va devoir me protéger ! Tu es complètement abrutie ou quoi ? Tu crois vraiment qu'il va me remplacer parce que tu viens de m'exploser la gueule ? Sérieux ? T'as vraiment un p’tit pois à la place du cerveau, bon sang ! Détache moi avant qu'il revienne, je ne lui dirais rien ! même si ça me ferait plaisir qu'il te refasse le portrait !
— Ta gueule connasse !
Elle me balance un coup de pied dans le ventre.
— Argh ! Mais quelle conne bon sang... quelle conne !
Cette pétasse m'a attachée au radiateur avec des menottes... en fourrure ? Rose ? Oh nom de dieu... la honte... on se croirait dans un film porno... sauf que celle qui va se faire défoncer, ce n’est pas moi... mais elle. Pas comme elle veut, par contre. Punaise, elle a dû me péter une côte cette abrutie.
— Tu viens de signer ton arrêt de mort, crié-je.
— Dans tes rêves, salope !
— Mais qu'est-ce qu’il se passe ici, dit une brebis qui entre dans la chambre.
— Dégage Loana ! T'as rien à faire là ! ça ne te regarde pas !
— Oh mon dieu mais Grâce ! T'as perdu la tête ou quoi ? c'est à la régulière de Léo que tu t'attaques !
— Ce n'est pas sa régulière ! C'est moi qui dois l'être !
— Toi ? Mais punaise Léo est venu nous l'annoncer il y a deux jours, on ne devait plus venir lui casser les burnes, maintenant que Shelby était sa régulière ! T'étais là bon sang ! Tu l'as très bien entendu comme moi ! Il va te buter pour ce que tu lui as fait !
— Non ! il me remerciera, c'est une salope, elle couche avec le fils de son patron ! J'ai entendu Ghost en parler à Sandie ! Il lui a dit que ce Marlo l'avait touchée. C'est une salope j'te dis ! Elle ne mérite pas Léo !
Je tousse recrachant un peu de sang au passage. Sang qui vient de ma tempe, vu que je vois un peu flou. Je suppose que du sang a dû me couler sur la paupière et sécher le temps que je sorte du coaltar. Mais d'ailleurs Léo ne devrait pas tarder ? Ça fait combien de temps que je suis là ?
— Ça fait combien de temps qu'elle est là ?
Les grands esprits se rencontrent, cette Loana a l'air d'avoir plus les idées claires que cette abrutie.
— Qu'est-ce que ça peut faire le temps qu'elle est là ! On s'en fout non !
— Non ! on ne s'en fout pas ! Je partage ce bungalow avec toi, je n'ai pas envie d'être associée à ça ! dit-elle en me montrant du doigt. Tu as intérêt à la détacher de suite, avant que Léo ne s'aperçoive de sa disparition, et de prier pour être encore en vie ce soir !
Elle se rapproche de moi pour pouvoir me libérer.
— Ne la touche pas ! dit-elle en lui explosant un vase sur la tête.
Nom d’un chien, elle est vraiment folle, elle a perdu les pédales !
La brebis s'effondre au sol à côté de moi. Cette chère Grâce tourne en rond maintenant en se tenant les cheveux tout en jurant.
— Merde merde merde ! Bon sang, c'est ta faute ! Tu vois depuis que tu es arrivée, tu fous la merde ! Tu dois crever bon sang, tu dois crever !
Elle sort de la chambre comme une furie, la suite ne va pas me plaire si je ne trouve pas une solution, pour sortir d'ici avant qu'il ne soit trop tard. Je regarde à droite puis à gauche, cherchant une solution. Cette solution je l'ai devant les yeux. Grâce a dû faire tomber son portable lorsqu'elle m'a attachée, je le vois sous le lit. Maintenant, à moi d'essayer de l'attraper. Je me contorsionne comme je peux pour glisser une jambe sous le lit, fais avancer le téléphone jusqu'à moi. Une fois assez proche, je l'attrape avec ma bouche en tirant sur mes poignets. De ma bouche, je le passe dans ma main droite. Espérons qu'elle n'ait pas mis un code cette folle. Je déverrouille le smartphone et ouf pas de sécurité. Je tape sur contact, bien entendu comme toute cinglée qui se respecte, je vois la photo de Léo torse nu comme photo de contact. Je clique dessus pour l'appeler. La sonnerie commence à raisonner... lorsque j'entends que Grâce revient. Pitié décroche Léo... décroche...
— Grâce... je t'ai dit de...
— Léo c'est moi ! j'suis dans son bungalow, elle a pété les câbles, elle veut me tuer !
La porte s'ouvre, Grâce arrive un couteau en main et ce n’est pas un couteau à beurre.
— Oh non Léo, elle a un couteau, elle va me planter !
Je n'entends plus rien de l'autre côté, ce n’est pas vrai ! Ne me dites pas que la communication a coupé !
— Qu'est-ce que tu fais salope ! crie t'elle en arrivant vers moi.
Lorsqu'elle voit le téléphone au sol, elle comprend.
— Tu l'as appelé espèce de garce ! Je vais te tuer ! Il ne t'aura jamais ! Jamais !
Pendant ce temps, Loana a ouvert les yeux puis s'est relevée en chancelant. Elle se trouve dans le dos de Grâce. Lorsque cette dernière approche vers moi en me criant qu'elle va me planter, Loana la chope par l'épaule, ce qui fait se retourner Grâce rapidement et le couteau vient se planter dans le ventre de Loana. Je crie... elle crie... Grâce retire l'arme du ventre de la brebis, cette dernière met les mains sur la blessure, celles-ci se recouvrent de sang. Elle relève les yeux sur Grâce.
— Qu'est-ce que t'as fait ... qu'est-ce que...
Elle tombe à genoux au moment où la porte de la chambre explose. Léo avec Falco et Ghost débarquent comme des furies. Pas de sommation... rien... pan... pan... aussi rapide que cela... un simple tir... et une vie s'envole. Pas le temps de dire quoi que ce soit. Même Grâce a encore sur le visage, la marque de la stupeur... tête... cœur... aucune chance d'en sortir vivante. Elle tombe sur son lit, moi, j'ai la bouche ouverte... mais pas de son.
— Falco, Loana est blessée mais respire encore, dit Ghost qui s'est précipité sur cette dernière, appelle les pompiers, bipe les mecs pour qu'ils viennent nettoyer la merde de cette garce, qu’ils fassent disparaître son corps.
Léo s'est jeté sur moi pour tourner ma tête à droite et à gauche.
— Comment vas-tu gamine ? T'as mal où ? réponds-moi.
— Si tu me laisses en placer une, je pourrais peut-être te le dire, fais je en essayant un sourire qui ressemble plus à une grimace, vu que j'ai mal aux côtes.
Il fouille le corps de Grâce sans aucune émotion, comme si c'était un morceau de viande sans importance. Il trouve les clefs des menottes et me détache. Il me regarde et je vois tellement de panique dans ses yeux que je ne peux m'empêcher de dire.
— Elles sont chouettes ces menottes, on pourrait peut-être les conserver ?
— Oh bordel Shelby, j'ai jamais été aussi heureux d'entendre tes conneries !
— Merci, ris-je, aïe... je crois que j'ai une côte qui a pris mal.
Le temps de notre discussion, Steve et Mike sont arrivés pour débarrasser le corps de la brebis. Je ne sais pas ce qu'ils vont en faire. A t'elle de la famille ? Vont-ils la prévenir ? Mais oui... suis-je bête... bien entendu... ils vont appeler sa famille pour dire... bonjour, on vient de buter votre fille, vous voulez récupérer son corps ?... Que je suis nulle alors... pas vu pas pris.
Les pompiers arrivent au moment où Léo me porte en dehors du bungalow.
— Je peux marcher, tu sais.
— Est ce qu'il y en a un de vous qui peut ausculter ma femme. Elle se plaint des côtes !
D'accord rien à foutre de ce que je lui raconte. MA FEMME ? Waouh... je suis sa femme, souris-je bêtement.
— Déposez-la sur le brancard, je vais regarder, dit le pompier.
Il me dépose comme convenu à l'intérieur de l'ambulance. Le pompier me fait allonger sur la civière et soulève mon caraco. Il tâte mon ventre, mes côtes...
— Aïe !
— Ok, je vois.
Il allume une machine, passe du gel sur un embout rond et vient me le faire glisser sur mon ventre.
— Ah ! C'est froid !
— Fait pas ta douillette, tu sais comme moi ce que ça fait le gel... c'est toujours froid au début.
— Léo !
Le pompier se marre.
— Bon, vous allez vous en tirer avec un gros hématome. Vous n'avez rien de cassé. Par contre, je vais nettoyer votre arcade pour poser des stéri-strip. Il faudra les conserver huit jours.
Il joint le geste à la parole, me désinfecte l'arcade puis pose les points sur mon sourcil.
— Vous devriez avoir un bel œil au beurre noir.
— Génial, pour ma première plaidoirie, je vais ressembler à un panda !
— Si tu veux, je peux te maquiller l'autre œil pour que ça ne jure pas ?
— Ah ah ah ! très drôle phacochère ! Je me maquillerai toute seule, pas pour me faire la même déco, juste pour camoufler celle existante. C'est bon, monsieur le pompier ? je peux descendre ?
— Oui, allez-y. Je vois que le toubib revient avec votre amie. Nous allons devoir partir.
Je descends avec l'aide de Léo qui a du mal à me lâcher. Je vais récupérer ma sacoche qui n'a pas bougé de place. Elle est toujours au sol, puis rentre avec mon homme... qui a déclaré... il y a deux jours, aux brebis que j'étais sa régulière ! Yes ! Y'a cinq minutes... j’étais sa femme !
Nous rejoignons les membres du club, au salon. Tous ne sont pas là bien entendu. La plupart travaillent encore aux clubs ou dans les garages. Il y a Mike et Steve, qui ont dû déjà se débarrasser du corps, mais aussi Sandie, Nikita, Falco et enfin Ghost. A notre arrivée, Sandie vient à ma rencontre.
— Bordel ! La garce, elle ne t’a pas loupé !
— Merci pour ta constatation Jackie.
— Tu vois quand je te dis que tu devrais apprendre à te battre, je n’ai pas tort. Je vais te donner quelques cours si tu veux.
— Euh... non merci... j'ai assez de bleus... puis moi et la violence, ça fait deux... vu qu'elle est arrivée par derrière, ça n'aurait rien changé, elle m'a mise chaos d'entrée de jeu.
— Si vous voulez manger Señor, Señorita y Señora, j'ai amené les plats sur la table.
— Sí, gracias Rosa, dit Ghost. A table ! Moi, toutes ces émotions m'ont creusé !
— C'est moi qui ai eu les émotions les plus fortes ! J'te rappelle !
— Oui et alors ? Tu veux ma part ?
— Ah... euh... non... je...
— Parfait ! on ne va pas attendre que tu termines ta phrase sinon ça va être froid !
— Eh ! mais quel goujat ! Tu ne dis rien Léo ?
— C'est le Prés, gamine !
— Ça a bon dos, ouais !
Ce qui fait rire tout le monde. On s'attable autour du bon repas que nous a préparé Rosa. Une paella... hum... rien que les odeurs, j'ai la bave aux lèvres !
— Eh ! les femmes d'abord ! la galanterie bon sang de bonsoir !
— Des femmes ? Quelqu'un a vu des femmes ? dit Steve en regardant l'assemblée.
C'est hilare que nous entamons notre repas.
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