Pourquoi lui ? Pas moi ?(partie 3)
— ...Le bonheur, mam'zelle Marguarite, n'est pas éternel. Durant ma vie joyeuse auprès de Mama Carole, j'ignorais ce que le destin m'apprêtait. Des années après, lorsque je fis en Terminale, un jeune homme demanda la main de Carole. Elle était folle de joie, et moi bien sûr j'étais heureux de la voir ainsi.
Pendant les préparatifs des fiancailles, je remarquai quelque chose d'anormal. Son visage devenait pâle jour après jour, elle a perdu l'appétit, parfois la fièvre la prenait tout au long de la nuit ; je veillais à ses côtés. Certes j'avais des examens de fins d'année et des dizaines de cours à apprendre, mais c'était la meilleure façon pour rendre à ma mère une chétive partie de sa bienveillance. Un jour je finissais par l'emmener à l'hôpital ; elle vomissait sans arrêt et ça me faisait peur de la voir si fatiguée. Elle me disait que ce n'est rien, que j'exagérais et que son état va s'améliorer avec du repos.
Hélas ! Le médecin nous avait annoncé qu'elle était atteinte de l'hépatite C, que son état était grave puisque la pauvre femme n'a pas découvert tôt sa maladie. Il a dit qu'avec le traitement, elle guérira. Malheureusement, elle mourra une semaine aprés. Je me souvins de cette affreuse journée, je revins du lycée, jetai mon cartable à la maison et courus lui rendre visite. J'arrivai essoufflé, attendant l'ordre de l'infirmière pour entrer dans la salle, néanmoins je fus supris quand son médecin parut devans moi, m'expliqua la situation et me présenta ses sincères condoléances. "Vous pouvez jeter à coup d'oeil sur son cadavre, suivez-moi". Je marchai derrière lui, bêtement, bouche bée, espérant mettre fin à ce cauchemar. "Entrez, monsieur Robinson."
J'entrai, et un spectacle horrifiant m'acceuillit. Mama Carole était là, enveloppée d'un drap blanc, entourée d'infirmiers. Son viage est inexpressif, ses cheveux ébouriffées, ses yeux clos. Je m'approchai d'elle, prenait ses mains dans les miennes et arrosait ses joues par mes larmes chaudes. J'étais incapable de crier ou de supplier, lorsqu'il fallut l'emporter dehors. Mes yeux rouges se fixèrent sur le médecin, celui-ci tapota sur mon épaule et murmura des mots incompréhensibles. Lorsque je revins à la maison et commençai à ranger ses affaires, je découvris un testament oû elle m'accordait toute ses richesses, à moi seul. Même dans son état, elle pensait à moi...
Je remarquai qu'il était sur le point de fendre en larmes. Il résista et continua :
— J'avais perdu le goût de la vie, je passai mes examens, entrai à l'unversité et des années après je devins instituteur. Ceci m'avait aidé un peu à oublier mes chagrins, la monotonie est parfois bonne. Lorsque je t'ai vu aujourd'hui, un flux énorme de souvenirs revint à ma mémoire. Tu sais, ce n'était pas douleureux mais nostalgique.
Il soupira longtemps et fermit les yeux.
— Je suis navrée pour vous. Votre histoire est plus triste que la mienne.
Je commençais à raconter depuis la mort de nos parents-de ma mère plutôt et de son mari. Cela m'avais soulagée et je me sentis plus apaisée.
— Et maintenant que tu as quitté l'orphelinat, que penses-tu faire ?
Je haussai les épaules, je n'avais pas pensé à ceci.
— Puisque je suis passée par ton état, je comprend bien ton désorientement. Cependant tu peux rester ici.
— Ici ? murmurai-je, suprise.
— Oui, je suis vieux, j'ai besoin de quelqu'un pour me tiendre compagnie. Tu sera ma petite fille et je serai ton grand-père, qu'en dis-tu ?
— Je vous suis fort reconnaissante, monsieur, vraiment... balbituai-je entre mes larmes.
— Nous réglerons les affaires avec l'orphelinat après et tu fréquenteras l'école comme tout le monde, la chambre de Mama Carole sera la tienne, tu peux aller te reposer si tu veux.
Je le remerciai infiniment et se dérigeai vers la chambre, il y avait un lit, une jolie table de nuit avec lampe à chevet élégante, un armoire, bref tout ce qu'il me fallait. Je me jettai sur le matelas, et souris. Je n'avais jamais rêvée à tant de bonheur. Enfin je fermai les yeux et fonçai dans un doux sommeil.
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