Abandonner ou Choisir
'aurais dû me protéger. J'aurais dû laisser tomber ce qui, de toute manière, n'était et ne serait jamais à moi. J'aurais dû savoir que j'allais encore en souffrir silencieusement. J'aurais dû ne pas espérer de lui alors que j'étais moi. Moi, personne ne s'intéresse à moi, personne ne se soucie de moi. Je suis invisible.
Je sais à présent, j'ai l'ultime conviction qu'il sait qui se cache derrière ce profil Facebook. Il sait que c'est moi, la fille soi-disant qui lui plaisait. Et pourtant, il ne m'a jamais parlé après notre discussion de cette nuit-là. Pas une seule fois. Comme si je n'existais pas. Comme si je ne l'intéressais pas tandis que j'ai cru sincèrement le contraire. Probablement, je me trompais sur les regards qu'il m'avait jetés, une éternité de cela, peut-être les ai-je mal interprétés, ces regards-là que j'ai cru stupidement d'attirance. Je me suis trompée lourdement, encore une fois, sur les attentions réelles d'un garçon qui me plaisait et dont je souhaitais la réciprocité des sentiments.
Cela fait mal au coeur, à l'égo, à la confiance en soi. Je l'attends depuis longtemps. J'ai espéré dans l'ombre, face au vide, la musique dans mes oreilles, l'imaginant m'adresser la parole tout à coup parce qu'il ne pouvait décidément arrêter de penser à moi. Je me suis fourvoyée. J'en souffre. C'est difficile de se faire refuser ainsi pour l'énième fois. Y a-t-il quelque chose qui ne va pas avec moi pour autant repousser les garçons ?
Cela dure, continue à durer. Et je me demande alors si ce n'est pas moi le problème ? Je l'ai voulu, ce gars-là. Il m'a tapé dans l'oeil, avec son faciès mignon, sa démarche lente et naïve, son air d'intello, son petit sourire mutin, ses lèvres rougies pour une boisson. Je l'ai voulu, dès le premier regard, dans son tee-shirt blanc et son air détaché et indifférent. Je l'ai voulu, j'ai aimé l'idée de le connaître, j'ai aimé l'idée de l'aimer avec ses défauts et ses qualités. Je l'ai aimé, certes, toute seule. Cela fait mal. Cela brise la confiance. Cela me brise tout court.
Certainement, y-a-t-il une quelconque fille dans l'équation. Je n'y peux rien s'il est intéressé par une autre. De toute manière, je l'aurai pas intéressé moi, si nous avions échangé ensemble quelques bouts de paroles. Il est loin. Je l'ai voulu près de moi. Il ne me désirait pas, en fin de compte. Je pensais le contraire. Je veux le contraire. Sauf que je ne peux le forcer à m'apprécier. La seule solution qui se présente, c'est de tourner la page et partir de l'avant aussi rapidement que je le peux avant que ça ne dégénère, avant que les sentiments ne fusent, avant que l'eau ne se trouble.
Je n'ai pas le choix. L'amour, ce sont deux personnes qui se choisissent. Malheureusement, on m'a laissée sur la moitié du chemin.
Annotations
Versions