Good For You
J'ai rêvé du grand amour depuis longtemps, aussi longtemps que je m'en souvienne. J'ai un faible pour les amours, j'ai un faible démesurément agaçant pour les garçons. Mais je n'ai jamais fréquenté quelqu'un dans le cadre d'une relation sérieuse. J'ai évité cela un peu, et les garçons de leurs côtés me l'ont bien rendu. Si peu s'intéresse à ma personne, en fait. J'en suis parfois complexée et me demande où est le problème en moi pour causer autant de répulsion.
J'ai dix-huit ans. Dans quelques jours, je vais faire mon entrée à la faculté. Je vais probablement grandir, je vais avoir de nouvelles responsabilités. Je compte sur cela pour m'assagir, pour devenir enfin mature, réfléchie et débrouillarde. Il est temps d'improsiviser, de découvrir d'autres terres, rencontrer de nouvelles personnes, faire la connaissance avec de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons. J'en suis certaine qu'à l'université, je vais avoir confiance en moi, je vais m'aimer. Je vais montrer le meilleur de moi-même. Pour moi. Pour lui.
J'ai l'impression que je dois m'abstenir de sortir avec lui tant et si que d'aillaurs il est intéressé par moi. J'ai raison de croire premièrement qu'une relation à distance n'est pas la meilleure de toutes, et deuxièmement, j'ai envie de grandir pour lui montrer ce qu'il attend de voir. De la maturité et de l'intelligence chez une jolie jeune fille qui l'intéresse et qui est intéressée. Je pense que je ne suis pas encore prête à aimer quelqu'un. J'ai le pressentiment que je dois me tenir à carreaux. Ce garçon-là est magnifique. Il me plaît vraiment sauf qu'il va partir pour un autre pays que je suis susceptible de rejoindre l'année prochaine. J'ai l'ultime conviction que c'est le meilleur que je puisse trouver, qu'il est le bon. Je ne sais pas trop ce qu'il pense de la fille à la robe bleue qui n'a pas cessé de le regarder. Peut-être qu'au fond de compte il aime une autre. Peut-être qu'au final il ne m'a même pas remarquée ni s'est fait une réflexion gentille sur ma personne. Ceci est une éventualité hautement probable.
Pourtant, j'y crois secrètement. J'ai envie d'y croire. Je me plais à y penser. Il me plaît, lui alors que je ne le connais que très peu. Mais c'est cela dont j'ai envie, c'est de le connaître, de le fréquenter, de l'aimer peut-être, d'en tomber amoureuse. Sauf que je redoute le revers de cette féerie, je redoute qu'il se plaigne de mon immaturité, qu'il se désintéresse de la personne que je suis à dix-huit et qui ne sait pas grand chose de la vie ni des relations humaines. C'est pour cela que je me tienne à carreaux. Fréquenter l'université, connaître le pire, palper l'inconnu, improviser, ne plus être la petite fille craintive, l'adolescente mal dans sa peau, peu confiante en sa personne puis finalement, après ce processus de guérison, cette opération d'assagissement, je le fréquenterais lui et lui montrerais ce dont il tomberait amoureux à son tour.
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