20 - Mia
Je n’ai pas dormi de la nuit, dans les bras de Gaël. Je suis fatiguée je n’ai cessé de penser à Nilson et à pleurer. J’essayais de deviner ce qu’il faisait et une image d’une femme dans ses bras me faisait de l’œil. Je me fais du mal toute seule. Est-ce qu’il va faire en durer la meme chose à une autre femme ? Est-ce que c’était son plan depuis le début ? Cette idée m’effraie ! Est-il déjà retourné au club ? Savoir qu’il domine une autre femme ; qu’il prenne du plaisir avec une autre femme me donne envie de vomir. Je frissonne.
L’étau autour de moi se referme autour de moi. Gaël est réveillé :
- Bien dormi ? Il me demande ensommeiller.
Je hoche la tête. Je n’ai pas le courage de le regarder dans les yeux et lui mentir. Je reste collée contre son torse. Je me sens en sécurité, loin du danger. Mais jamais je ne serai heureuse à ses côtés. C’est Nilson dont j’ai besoin. Il me faut cet homme pour être enfin épanouie.
Il ne veut pas de toi, lui !
Ma conscience me ramène à la réalité et ça fait tout aussi mal que lorsqu’il m’a dit qu’il s’était lassé de moi.
- Tu n’as pas cessé de bouger, cette nuit, il me fait savoir. Tu t’es reposée ?
Cette fois ci il passe sa main sous mon menton pour que je puisse le regarder dans les yeux. Il m’est complètement impossible de lui mentir ; je secoue la tête.
- J’ai à peine dormi.
Ma bouche n’a pas envoyé l’information à mon cerveau avant qu’elle ne dise cela. Il sourit quand il me voit écarquiller les yeux. Il se rapproche de mes lèvres pour me voler un baiser. Malgré qu’on vienne de se réveiller, malgré mon haleine il m’embrasse. Il y a un truc qui cloche chez ce mec. Je me décolle de ses lèvres la première et me tourne vers le réveil posé sur mon chevet. Sept heures et demie, il faut que je me prépare pour aller au travail. Je suis prête à sauter du lit, quand il me retient :
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je vais me doucher, il faut que j’aille travailler.
- Tu es sure ?
Je hoche la tête, déterminée.
- Très bien, je te dépose.
Au ton de sa voix, je comprends que je n’ai pas le choix et qu’il a pris sa décision. Je le laisse faire ; de tout façon je n’ai pas de voiture pour y aller. Je lui souris avant d’aller dans la salle de bain.
Je me retrouve très vite devant mon reflet. Et je ne m’y attarde pas. Le peu que j’ai vu ne me plait pas. Je suis horrible, mon manque de sommeil se lit carrément sur mon visage. Tant pis… Je me déshabille avant de me glisser sous l’eau chaude. Je tente de me relaxer. Le jet d’eau chaude sur ma nuque, je me masse les épaules. Je ferme les yeux. A peine j’ai les paupières clauses que je croise les pupilles anthracites de celui que j’aime. Ça a été cale toute la nuit. Si je somnolais un peu, je rêvais de lui. Je suis folle de lui.
***
Nous sommes dans sa voiture, à écouter la radio. Une émission du matin y passe. Le concept est basé sur des appels d’inconnus qui raconte toute leur pire premier rendez-vous d’histoire racontées. Bizarrement ça me fait beaucoup rire. Ça passe de la pauvre fille à qui on pose un lapin à l’homme qui se rends compte que la femme qu’il a en face de lui est en fait un homme. Le monde est fou quand meme.
On arrive très vite devant mon lieu de travail. Je n’ai le temps que de me détacher pour me rendre compte que Gaël est sorti pour m’ouvrir la porte. Je le remercie.
- Je viendrais te chercher pour le déjeuner. Andréa sera surement avec nous, ça lui fera très plaisir de te voir.
Encore une fois je n’ai pas le choix. Alors je lui souris et hoche la tête. Il prend mon visage en coupe et dépose un léger baiser sur mes lèvres. Je suis gênée, il m’embrasse ainsi en public. Je sens le rouge me monter aux joues.
- A tout à l’heure, je murmure avant de me cacher derrière les portes d’entrée.
Je tente de respirer profondément pour me calmer. Je dois me reprendre avant d’arriver à l’étage des avocats. Et je n’ai pas le temps de réfléchir à ma réaction que je suis déjà dans mon bureau. Je suis devenue un automate maintenant que je déambule toute seule. Mon corps ne me donne plus d’information de l’extérieur.
- Eh… Mia ? Tu m’écoutes ?
La voix de John me sort de ma grotte mentale. Je suis installée sur mon siège, un tas de papier devant moi et mon patron me regarde caler contre l’encadrement de la porte.
- Non ? Désolée je n’ai pas entendu ; Qu’est-ce que tu disais ?
- Je te disais que tu pourras partir plus tôt aujourd’hui. Et demain ce sera ton jour de repos, tu pourras te consacrer à toi. Je dois aider Marie pour préparer la soirée de demain. D’ailleurs tu viens accompagnée ?
Merde…
Je n’ai pas pensé à qui va m’accompagner. A la base ce devait être Nilson à mon bras. Je vais aller toute seule … Et s’il est là ? Non je n’aurais pas le courage de lui faire face seule… surtout s’il est accompagné.
Je perçois John s’approcher. Il voit mon corps céder à la panique.
- Respire, Mia.
- Que se passe-t-il ? dit une nouvelle voix.
- Va chercher un verre d’eau, dit John à l’inconnu avec une voix autoritaire.
- Respire profondément, Mia. Je suis là.
Je hoche la tête frénétiquement. J’essaie de faire ce qu’il me dit. Et ça fonctionne tout doucement.
- Veux-tu que j’aille chercher Bianca ? il demande doucement.
- Non, je ne veux pas qu’elle s’inquiète, je murmure.
Il n’a pas le temps de réagir qu’un verre d’eau apparait entre nous. Je lève la tête pour voir qui il provient. Marc. Je l’avais complètement oublié, lui. Je lui adresse un sourire gêné après l’avoir remercié et prends le verre. Malgré ma gorge nouée, je tente de déglutir les gorgées d’eau.
***
La matinée passe doucement. Je déambule dans les couloirs sous le regard inquiet de John et quand je le surprends il me fait un grand sourire. Il m’a proposé de rentrer chez moi et me reposer mais j’ai manqué beaucoup trop jours et le travail s’entasse au fil des jours. Marc quant à lui me pose que des questions qui ont avoir avec le travail. Je sens qu’il prend lui aussi des pincettes. Et c’est peut-être bien mieux que l’homme à qui j’ai eu à faire. Celui qui me faisait du rentre dedans à tout bout de champs. J’ai à peine croisé Bianca, elle est partie en voyage avec son patron une demi-heure après que je sois arrivée. Elle est censée revenir dans l’après-midi. On a juste eu le temps de se dire bonjour. Elle me manque. J’ai tant besoin de lui parler de ce qui se passe en ce moment dans ma vie. Mais je n’ai pas le droit de lui imposer mes problèmes alors que pour une fois tout roule pour elle. Je suis très contente pour elle, alors je prendrais mon mal en patience.
Je reçois un message quand je m’assois à mon bureau :
De : Inconnu
A : Mia Roy
J’ai un imprévu, je serai là dans une demi-heure environ. Est-ce que ça te dérange ?
Gael.
Comment ça « dans une demi-heure » ? Je regarde l’heure, il est déjà onze heure cinquante. La matinée est vraiment passée trop vite. Je ne perds pas de temps pour répondre après avoir enregistré son numéro dans mes contacts :
De : Mia Roy
A : Gaël
Pas de soucis, j’ai encore du travail. Je suis au repos cette après-midi. Prends ton temps.
Mia
***
Une demi-heure plus tard je retrouve Gael et Andrea sur le trottoir d’en face. Je prends le temps de venir à eux pour contempler cette déesse. Je n’ai pas vu cette dernière depuis le soir où Nilson a rompu ou plutôt m’a jetée comme une vielle chaussette. Elle est resplendissante comme à son habitude, très naturelle, elle me lance un grand sourire. Je les salue. Cependant ce qui m’étonne, ce n’est pas seulement que Gael m’embrasse devant son amour, mais que Andréa elle-même fasse la meme chose. Les baisers de Gaël sont plus chastes que ceux de la femme qui nous accompagne. Les siens sont plus féroces et plus pressant. Nos langues se saluent somme il se doit, ses doigts se baladent sur ma nuque. Je sens ses cheveux dans mes mains que je tire. A son contact j’ai l’impression que le temps s’est arrêté, comme si ce moment était irréel. On se décolle l’une de l’autre, enivrée par son odeur je ne cesse de sourire bêtement. Elle se retourne vers Gael, tout heureuse. Je fais de meme.
- Vous me faites bander toutes les deux ! murmure Gael. Je sens que ce soir, Mia, tu vas être vénérée comme une reine.
Je rougis à l’idée de ce qui pourrait se passer cette nuit entre nous trois. Je guette quand meme la réaction d’Andréa, j’ai peur que la remarque de son Homme l’ai froissée mais au contraire elle hoche la tête avec un grand sourire et me lance un regard chaud, ce qui rend ma petite culotte d’autant plus humide.
Cependant je trouve vraiment bizarre cette relation qu’ils ont ; je ne pourrais pas partager l’homme que j’aime avec une autre femme. J’admire Andréa, elle a confiance en lui mais surtout en elle. Qu’est-ce qu’elle peut y gagner ? J’essaierai de lui poser des questions mais pas maintenant.
- Mia tu m’écoute ?
La voix de Gael me sort de mes pensées. Je redépose un baiser sur ses lèvres pour me faire pardonner de mon manque d’attention. Il me sourit alors et me demande :
- Tu as passé une bonne matinée ?
A part le fait d’avoir eu une crise d’angoisse ?
Ma conscience ne revient que plus sarcastique. Je ne sais pas si c’est le moment d’en parler à Gaël, j’ai peur de casser l’ambiance. Alors je décide de ne pas mentir complètement et de parler de cet évènement un peu plus tard dans la journée :
- Eh bien comme une matinée de travail, j’imagine. Mais j’aurais un service à vous demander.
- Très bien, allons manger, tu dois avoir faim. Nous parlerons de ça autour de la table.
Andréa entrelace mes doigts aux siens avant de suivre notre amant. Elle me glisse à l’oreille :
- J’aurai aimé être avec toi mais il me l’a interdit.
Pourquoi il aurait fait ça ? Je la regarde sans comprendre ce qu’elle essaie de ma dire. Est-ce que Gael s’attendait à quelque chose hier ? Peut-être avait-il peur que je me referme comme une huitre ?
N’est-ce pas ce que tu as fait malgré tout ?
Oui, je l’avoue. Je ne serais pas donné à lui dans l’état ou j’étais. Et je n’ai toujours pas envie. Je suis reconnaissante pour tout le réconfort et la sécurité qu’il m’offre mais je ne peux pas aller aussi loin avec lui. C’est meme impossible. Nilson a laissé son empreinte profondément ancrée en moi. Je ne me vois pas avoir quelconque rapport avec un autre homme que lui.
Je ne peux m’empêcher de demander à voix basse :
- Pourquoi ?
Andréa me sourit et me dit :
- Il ne voulait pas te perturber avec ma présence en plus de la sienne. Il voulait bien faire.
A ces mots je me sens tout de suite rassurée. Il ne voulait que mon bien. J’ai besoin de faire confiance et cesser de me méfier au moindre doute. Je dois avoir foi en mes semblables, ce qui peut être un défi très difficile à relever.
- C’est quoi ces messes basses derrière ? intervient Gael.
- On se demandait si nous devions s’allier pour tu réalises nos moindres désirs, je dis taquine.
Il nous fusille du regard. Puis très rapidement il nous sourit mais il ne fait aucun commentaire. Il s’arrête devant un restaurant, il nous tient la porte pour qu’on puisse entrer. Une serveuse vient nous accueillir et nous place sur une petite table ronde.
Installés, la serveuse nous tend les cartes mais Gael s’empresse de nous les chiper. Je le regarde sans comprendre. Est-ce qu’il va nous laisser choisir ? Andréa et moi, nous nous regardons dans l’incompréhension totale. Gael nous explique très fermement après le départ de la serveuse :
- Vous n’avez plus de choix, ça vous apprendra de comploter contre moi. Sachez que c’est à vous de réaliser le moindre de mes désirs.
Puis il ne fait plus attention à nous, il se plonge dans la lecture du menu. Je me tourne vers Andréa et je lui chuchote à l’oreille :
- Es-tu prête à l’embêter un peu ?
Elle me regarde en fronçant les sourcils :
- Il ne vaudrait mieux pas, elle dit soucieuse. Il va nous punir et ça va faire mal.
Je comprends enfin la différence qu’il y a entre Andrea et moi. Nilson m’a déjà dit que je n’étais pas de nature soumise et je vois ce qu’est une vraie soumise. Je me sens bizarrement plus à ma place. J’ai mis une mauvaise ambiance entre elle et moi. Gênée je trifouille la nappe.
J’ai de la chance car quelques secondes après, Gael relève la tête :
- Qu’avais tu as nous demander ma belle ?
Je fais l’aller-retour des yeux entre les personnes qui m’accompagne et je me lance :
- J’ai une réception que mes patrons organisent, et j’étais censée y aller avec Nilson mais il sera là de toute façon. Je me demandais si Gael, tu pouvais m’accompagner ? Je n’ai pas le courage d’y aller seule.
Je dis tout cela sans meme reprendre ma respiration. Quand je me tais, l’homme à mes côtés prend ma main dans la sienne et je plonge dans ses yeux :
- Je serai très honoré de t’y accompagner, il me dit avec un grand sourire.
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