L'arrivée
Jenny arriva en retard comme à son habitude. Quand je pus la serrer dans mes bras et sentir l'odeur de ses cheveux, je relâchai enfin la pression. Je passai mes mains dans ses boucles brunes et l'embrassai comme si c'était la dernière fois. Elle m'observa et les larmes lui vinrent. J'avais beaucoup maigri et je savais que sa réaction serait dure à voir. Elle ravala sa peine et me dit avec tendresse :
- Tu es beau comme un cœur.
- Tu n'es pas mal non plus ! rendis-je en souriant.
- Allez viens, on rentre ! Tu as reçu la commande ?
- Oui, ris-je, je n'ai plus de place dans mon congel !
- Ah ! T'inquiète, je suis morte de faim !
Nous rejoignîmes le taxi qui nous attendait et nous allâmes nous réfugier dans notre petit deux pièces. Assis sur la canapé, Jenny se cala contre mon corps. Sa chaleur m'envahit de béatitude et je me détendis devant un de ses films favori. Je caressai sa peau douce essayant de m'en imprégner autant que possible. Elle me prit la main et entrelaça ses doigts aux miens. Elle me regarda, et pleine de désir me déshabilla doucement.
Je commençai à pleurer sous ses caresses et mon corps malade s'unit au sien dans le plus calme amour possible. Dans mes bras, sa peau frissonna et notre amour s'échoua sur une baie ensoleillée.
Quelques instants plus tard, elle se couvrit et me dit :
- Mon Vlad, je suis tellement heureuse de t'avoir dans ma vie...
- Je regrette parfois de t'illusioner Jenny.
- Tu ne vas pas recommencer avec ça ! dit-elle en se redressant.
- Mais, je...
- Arrête, mon amour n'a pas de frontières. Je t'aimerai au-delà de la mort !
- Est-ce que ... tentai-je.
- Vlad, tu es vivant pour l'instant et je compte bien en profiter.
- Est-ce que tu veux devenir ma femme, Jenny ?
- Hein ?
Je ravalai ma boule d'angoisse et me levai. J'étais faible et l'effort que je venais de fournir me fit flancher. Je me rattrapai au bord de la table et Jenny vint me soutenir en courant.
- Merde Vlad, ça va ? C'était trop c'est ça ? C'est de ma faute, quand je suis près de toi je...
- Arrête Jenny. J'ai la tête qui tourne avec toutes tes reflexions là.
- Pardon, je... Je me tais... me sourit-elle.
Je fouillai dans la poche de ma veste et en sortis un écrin. Je m'assis sur la chaise, et le lui ouvrit :
- Alors Jenny, me lançai-je, veux-tu être ma femme ?
Elle porta ses mains à sa bouche et sauta de joie.
- Oui ! Oui ! Oui ! criait-elle en sautillant dans le salon. Oui ! Mon Vladou ! Je veux devenir ta femme !
Je ne pus m'empêcher de pleurer.
- Tu vides toute l'eau qu'il te reste, Vlad ! se moqua-t-elle en m'enlaçant. Voyons cette bague ! Ro la la ! Qu'elle est belle !!
- Viens par la ma puce que je te passe la bague au doigt !
Nous nous sourîmes. Nous nous regardions en sachant tous les deux que le temps qu'il me restait ne me permettrait sûrement pas de le faire devant les autorités. Mais ce soir, cela nous était égal. Elle m'aida à me mettre au lit et toute fière, elle glissa son corps près du mien.
Je m'endormis en savourant son odeur et sa peau contre la mienne. J'aurais bien aimé que mon dernier souffle arrive enfin. Dans ses bras je souhaitais mourir...
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