• Je l'ai fait ! Cela semblait impossible au premier abord, voire fou ou suicidaire, mais pourtant je l'ai fait !
• Bon vas-y raconte Vlad, me dit Sam, impatient, en buvant son café fumant.
• Je l'ai demandée en mariage.

Je vis ses yeux s'écarquiller et son café l'étouffer violemment.

• Qu'est ce que tu as dit ? dit-il en posant les mains sur la table, prêt à m'étrangler.
• Attends, calme-toi Sam, tentai-je.
• Que je me calme ? Mais c'est une blague !

Je savais que sa réaction était à craindre. Il se leva et passa ses mains dans ses cheveux. Il me toisa et me demanda :

• Tu lui as dit que le docteur avait restreint ton temps ?
• Oui, lâchai-je.
• Non mais tu lui as dit de combien ?
• Je...
• Je m'en doutais ! Vlad c'est ma sœur putain ! Tu penses que ça va être comment pour elle après ? Elle est là, elle fait mine de rien mais nous savons très bien que ça va la détruire ! Tu ne dois pas la conforter là-dedans, Vlad !

La tête entre les mains je ne pouvais plus regarder mon ami d'enfance dans les yeux. Je savais qu'il avait raison mais je n'arrivais pas à m'y faire. Cette réalité, je la refusais. Je m'efforçais de la combattre chaque jour que Dieu faisait. Sans greffe mon temps était compté. Et depuis la nouvelle du docteur, le temps s'écoulait plus vite. Il ne m'en restait pas beaucoup et pourtant il m'échappait.

• Excuse-moi Vlad, je m'emporte. Je suis dépassé depuis les dernières nouvelles. Je ne sais plus comment prendre les choses.

Je relevai mes yeux embués de mes mains. Je regardais mon meilleur ami complètement défait se rasseoir en face de moi. Il m'attrappa les mains et me sonda. Je remis les derniers évènements sur le tapis.

• Tu n'aurais pas dû m'empêcher de mourir l'autre fois.
• Mais tu perds la tête ou quoi ? Tu es comme mon frère Vlad ! Tu dois vivre ! Tu m'entends ?

Je hochai la tête de droite à gauche.

• Je ne veux plus vivre Sam. Cette vie me donne un espoir auquel je n'ai pas droit. Quand je sens le corps chaud de Jenny près du mien, je suffoque. Je n'avais qu'une envie ces derniers jours : m'endormir près d'elle et ne plus me réveiller. Tu comprends ça ?
• Vlad... souffla-t-il en pleurant. Je t'en prie accepte mon poumon, mon frère. Tu ne peux plus reculer l'échéance.
• Et si ça ne fonctionnait pas ? Nous avons tourné le problème dans tous les sens et tu sais, tout comme moi, que le pourcentage de réussite est très faible. Je ne veux pas que tu risques ta vie pour rien.
• Je suis compatible. Je peux vivre avec un seul poumon, Vlad ! Tu ne peux pas nous laisser...

Il répandit son cœur sur la table du café. Certains passants nous regardaient d'autres nous jugeaient. Et nous deux, on s'aimait...

• Admettons que j'accepte...

Il releva la tête et son regard pétillait d'espérance.

• Si jamais l'opération échoue...

Il me coupa en serrant mes mains toujours dans les siennes. Il me lança le meilleur des challenges :

• Et si elle fonctionnait, Vlad ?