Chapitre Douze
C'était une merveilleuse exposition ! Chaque diamant, chaque rubis, chaque émeraude étincelaient sous la lumière artificielle et devenaient mille constellations. Un monde d'étoiles tenant dans le creux de la main.
Arsène Lupin déambulait nonchalamment entre les vitrines et les gardes lourdement armés. Son sourire était charmeur et ses yeux pétillaient d'intelligence.
Avisant un des guides préposés à la surveillance d'une des salles consacrées aux joyaux de la Couronne iranienne, il s'approcha et leva la main, prenant bien soin de se montrer respectueux.
" Salam. Je peux vous déranger ?," demanda-t-il dans un anglais parfait.
Le jeune homme se redressa et afficha un sourire professionnel, bienveillant et attentionné.
" Que puis-je pour vous, monsieur...?"
Lupin sortit sa carte de visite et la tendit avec un large sourire.
" Je suis son Altesse illustrissime, le prince Paul Sernine, commandeur de l'Ordre de Saint Vladimir."
Le sourire se fit humble et le prince Sernine pencha joliment la tête de côté.
" Ma mère était de la famille des Ioussoupov. Elle a toujours adoré l'Iran. N'est-ce pas, Ivane ?"
Grognard, nouvellement baptisé Ivane, s'inclina avec déférence, impassible.
" Oui, votre Altesse.
- Mère m'a tellement parlé de votre pays. Amour de jeunesse."
Le guide, se sentant dépassé par l'importance du visiteur, se tenait maladroitement debout devant le prince et son compagnon.
" Je...je vais chercher monsieur Jebrael Ouali. Le directeur du musée. Il...il va vous guider, il...il...
- Calmez-vous, monsieur, opposa le prince Sernine, affable et amical. Je ne veux que profiter de votre merveilleuse exposition. Voulez-vous m'en faire l'honneur ?"
Et le jeune homme, subjugué, guida Lupin et Grognard à-travers les salles luxueuses, décorées de lambris dorés et de marbre vert brillant. Des vitrines exposaient des trésors issus des salles du Louvre. Un sphinx égyptien, une imposante Athéna, une Vierge médievale... Des tableaux au style européen, des tâpisseries précieuses, des bijoux chargés d'histoire et de mystère... Le prince souriait toujours, écoutant avec attention le guide lui faire une visite privée d'un intérêt certain.
Son compagnon marchait quelques pas derrière les deux hommes et regardait nonchalamment les trésors et les vitrines.
Cela dura un après-midi.
Plus tard, Grognard insérait avec brio la Donkervoort dans la circulation. Il gardait les yèux fixés sur la route et soupira, content d'être libre.
" Alors patron ? Vous voulez les bijoux de l'Impératrice Marie-Louise ?
- Mhmmm. Les perles de l'impératrice Eugénie sont remarquables."
Grognard sourit, satisfait d'avoir enfin compris ce que voulait réellement son excentrique patron.
Mais ce que lança tranquillement Arsène Lupin lui fit faire une fausse manoeuvre et la voiture fit une embardée sur le trottoir.
" De toute façon, ce sera à toi de me ramener ces bijoux, Grognard.
- QUOI ?"
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