Moi: Meuf, je suis dans le train et je suis assise à côté d’un bg !

Mais un bg qui lit !

Rima ❤️: Oooooh !!! Time to make a move !

Moi: J’attends qu’on sorte du train, trop gênant si ça flop. Là au moins je pourrais fuir entre les passagers.

Rima ❤️: Il lit quoi ? Tu pourrais lui demander.

Sanoé jeta un regard furtif au livre. Les mains de l'inconnu cachaient une grosse partie de la couverture, impossible de voir le titre. Une chose était sûre, c’était un vieux livre. Pages jaunies, fines, avec ici et là des petites taches brunes, preuve de son ancienneté. Les doigts longilignes, pour la majorité encerclés de bagues en argent, glissaient le long des pages rêches, caressant le papier de haut en bas au fil de sa lecture.

En remontant le long des mains, des bras, il y avait un torse mince qui se soulevait au rythme d’une respiration lente et calme. Un t-shirt vert sapin, une veste en daim brune et un collier duquel pendait un médaillon gris acier. À l’intérieur brillait d’une couleur dorée une rose des vents. C’est tout ce que Sanoé osait regarder. Le trajet durait exactement 1h53, il ne restait plus que 13 minutes avant le terminus, sa destination. Et pendant ces dernières 100 minutes, elle ne fit que que lui lancer des coups d'œil, qu'elle espérait discrets.

Plus que 6 minutes. Elle se décida à explorer plus haut. Et elle y rencontra une masse de cheveux couvrant complètement le visage de l’inconnu. Des cheveux ébouriffés, mi-longs, fins, châtains, une petite queue de cheval en hauteur séparait la moitié de ses cheveux. Il dégageait une telle confiance et une telle sérénité. Le cœur de Sanoé tambourinait dans sa poitrine en rythme avec I Was Made for Lovin' You du groupe Kiss qui résonnait dans ses tympans, son corps était devenu une discothèque des années 70.

Elle regarda à travers la fenêtre du train. Plus que 4 minutes. Elle voyait déjà le premier panneau indiquant la Gare Montparnasse. Les rails défilaient de plus en plus doucement, signe annonciateur de la fin du voyage. Les passagers commençaient à se dandiner sur leur siège, rangeant leurs ordinateurs portables, leurs livres, leurs journaux, remettant leur manteau…

Plus que 3 minutes.

Elle devait le faire, elle devait savoir à quoi ressemblait cet inconnu qui lui faisait trampoliner le cœur. De toute manière, même si elle se rendait ridicule, elle ne le reverrait plus jamais.

• Excuse-moi, je me demande depuis un moment ce que tu lis.

Il tourna vers elle un visage fatigué. Pourtant, Sanoé ne put s'empêcher de s’empourprer. Le jeune homme devant elle avait une peau halée, un nez en trompette, des joues creusées et pour finir d’implacables yeux noirs aux longs cils sombres. Il avait la même posture et les mêmes cernes qu’un étudiant parisien.

• C’est le huitième tome des Nouveaux mystères de Paris.

Silence. Sanoé le regarda intriguée pour qu’il continue de parler. Il chercha un instant ses mots, les yeux zigzaguant entre les mots d'encre noire.

• C’est une série policière de Léo Malet. Humm ...chaque tome est une enquête qui se passe dans un quartier de Paris. C’est assez passionnant, ça nous fait voir la ville autrement, répondit-il un timide sourire naissant sur ses fines lèvres.

Pourtant Sanoé continuait de le fixer.

• Voilà voilà, conclut-il en tapotant les deux mains contre le cuir de son sac brun.

Nouveau silence.

Finalement, la voix synthétique et grésillante du train mit fin à cet échange laborieux.

• Gare Montparnasse, terminus du train. Assurez-vous que vous n'avez rien oublié à bord de ce train.

À peine Sanoé eut le temps de récupérer la valise cabine sous son siège, que le bel inconnu avait disparu. Pourtant, elle était persuadée que c'était bien un vivant celui-là.

En attendant son RER, elle reprit son téléphone pour continuer sa conversation avec sa meilleure amie.

Moi: Même sa voix est trop sexy !

Rima ❤️: Pitié dis-moi que tu lui as demandé son nom !

Moi: Nope je connais pas son nom mais je préfère, c’est plus mystérieux. Même son sac de transport était incroyable ! Un vieux sac de voyage marron, comme dans les films.

Rima ❤️: Waouh, je suis sûr qu'il a nom de beau gosse, genre Athos.

Moi: J'avoue ça lui va bien.

Au fait j’arrive chez toi dans 30 min, j’espère que t’as pas oublié.

Rima ❤️: Ah… oui c’est vrai. Enfin non j’ai pas oublié … Disons que tu seras une surprise pour mes parents !

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* Time to make a move: Vas-y, fais le premier pas.