Chapitre 4
~ Point de vue Nicole ~
Nous sommes tellement dans l’euphorie de cette immense nouvelle que nous avons commencé à faire les cartons le soir même après un repas sur le pouce.
Le lendemain matin, à huit heures, nous entendons des coups répétés sur la porte d’entrée. Qui cela peut-il être ? Surtout à huit heures un samedi matin.
~ Point de vue John ~
Je me lève du lit, l’air pas encore réveillé. Je marche pieds nus au milieu de tout ce bazar, de tous ces cartons que nous avons dispersés un peu partout dans l’appartement.
Les coups retentissent à nouveau quand j’ouvre la porte et découvre que Marie, David, Erika et ma mère sont devant moi.
— Qu’est-ce que vous faites tous là ? demandais-je.
— On est venu vous filer un coup de main pour les cartons, répond ma mère.
— A huit heures du matin ?
— Ouais, on aurait dû téléphoner avant de passer mais plus vite on commence plus vite on aura fini et plus vite vous serez tranquille, lance Marie.
Je les fais entrer et referme la porte d’entrée.
— Ah ouais, qu’est-ce qui s’est passé ici ? questionne Erika, en visionnant le séjour- salon.
— On a commencé les cartons hier soir jusqu’à quatre heures du matin. C’est un peu n’importe quoi.
Avec Nicole nous allons nous préparer, pendant que ma mère prépare le café pour tout le monde avant d’attaquer la journée.
~ Point de vue Nicole ~
Le week-end passe à vive allure grâce à nos préparateurs de cartons. Cela nous a permis de faire du tri dans certaines affaires et de jeter des choses qui ne nous servent à rien.
Une nouvelle semaine commence et la quantité de travail au commissariat n’a pas diminué pour moi.
Avec Greg, Alex et Matt, nous allons passer les trois prochains jours à l’Université Saint Pical pour la conférence. John a installé ma valise dans la voiture et il vient de me déposer devant l'immeuble où habite Greg.
— Tu veux que je te monte la valise ? me demande-t-il.
— Ça va aller.
Je sors de la voiture avec la valise puis ferme la portière.
Je sonne à l'interphone et une voix féminine que je ne connais pas se fait entendre.
— Oui.
— Bonjour, c'est le Commandant Bernard.
— Ah oui, Greg m'en a touché un mot. Je vous ouvre.
— Il faudrait que vous descendiez pour prendre ma valise, prévins-je.
— J'arrive.
Quelques minutes plus tard, la porte d'entrée s'ouvre et me laisse apercevoir une jeune femme d'une trentaine d'années, grande et brune.
— Commandant Bernard ?
— Oui. Et vous, vous êtes ?
— Pardon. Je suis Lily, je campe chez mon frère quelques temps. Donnez-moi votre valise.
A première vue, elle a l'air assez souriante.
— Vous en êtes à combien de mois ?
— J'en suis à mon cinquième mois, lui répondis-je.
— Félicitations.
— Merci.
— Voilà, nous y sommes, me dit-elle, en ouvrant la porte.
Elle dépose ma valise dans un coin de l'entrée et m'invite à entrer dans l'appartement. Lily me propose d'attendre son frère, dans le salon avec un bon verre de jus de fruit.
Au moment où elle me donne le verre, Evan se lève et il vient nous voir, le temps pour lui de bien se réveiller.
— Eh coucou, mon bonhomme. Bien dormi ? lui demandais-je.
Il fait oui avec sa petite bouille aux cheveux bruns et aux yeux très clairs. C'est le portrait craché de son père, plus jeune.
— Et ta sœur, elle est où ? questionnais-je.
— Ca fait une heure qu’ils sont sous la douche, me répond Lily.
— Oui et j'ai entendu des bruits bizarres, lance Evan.
— Sa chambre est juste à côté de la salle de bain et on entend tout, dit Lily.
— C'était quoi ces bruits ? demande Evan.
Lily échange un regard avec moi.
— Euh, comment te dire, mon chéri … c'est une sorte de … marque d'affection, lui répondis-je, un peu gênée.
Lily s'est décidée à changer de sujet et elle s'empresse d'engager la conversation.
— Tu veux quoi pour le petit déjeuner ? Des céréales dans un grand bol de lait ?
Evan hoche la tête pour dire oui et revient vers moi.
— Pourquoi tu as un gros ventre ?
— C’est une très bonne question mon chéri. Il y a deux bébés dans mon ventre. Tu veux poser ta main ?
Il hésite un petit moment puis il pose sa main délicatement sur mon ventre. Quelques secondes après, les bébés commencent à donner des coups. Au premier contact, il est tellement surpris qu’il retire sa main comme s’il venait de se brûler. Il me regarde.
— Tu les as sentis bouger ? demandais-je.
Il hoche la tête.
— Tu veux encore sentir ?
Il repose sa main et lorsqu’il ressent les coups donnés, il éclate de rire.
— Tu peux poser ta tête dessus si tu veux.
Il ne se le fait pas dire deux fois. Il reste quelques minutes puis il repose des questions.
— Comment ils ont fait pour entrer dans ton ventre ?
Je souris à la fin de sa question. Pourquoi il faut que ça tombe sur moi ? Comment je vais faire pour m’en sortir moi ?
— C'est très simple. Euh … le papa a une graine qui ...
— C'est quoi comme graine ?
— Euh, c'est une graine spéciale qui ...
— Spéciale comment ? interroge-t-il.
Euh ok … super la question … graine – arbre ça pourrait le faire.
— Bah, tu vois le cerisier et le rosier ont des graines particulières pour grandir.
Il dit oui avec sa tête.
— Alors, pour faire grandir un bébé, il faut une graine spéciale. Le papa en a une partie et la maman en a une autre. Pour que le bébé apparaisse, il faut que ces deux graines se rencontrent. Quand c’est fait, le bébé commence sa vie et il grandit dans le ventre de la maman jusqu’à ce qu’il soit prêt à sortir, expliquais-je.
— Comment elles font ces graines pour se trouver ?
Je regarde Lily en espérant trouver un peu d'aide mais elle se lève du fauteuil et part dans la cuisine. Ok, merci pour le soutien.
— Voilà, en fait, la graine du papa entre dans la maman et poursuit son chemin pour atteindre celle de la maman.
Oh comme je suis soulagée quand je vois Greg sortir de la salle de bain. J’évite la prochaine question qui aurait pu être « comment elle fait la graine pour entrer dans la maman ? ».
— Bonhomme, on avait dit pas de dessin animé avant d'être prêt et pas de petit déjeuner dans le salon.
Evan se lève aussitôt et éteint la télévision puis va s'asseoir à la table de la cuisine.
— Ah, tu es déjà là. Je ne t’ai pas vue, me dit-il, surpris et inquiet.
— Ça fait une bonne demi-heure que je suis arrivée.
Natasha entre-ouvre la porte et passe sa tête dans l'ouverture.
— Dis, tu peux m'apporter mes vêtements ? Bonjour Nicole, ça va ?
— Tout va bien, merci, lui dis-je, en les regardant tous les deux.
Greg lui apporte les vêtements quand mon téléphone sonne.
— Bernard.
— On est en bas.
— OK, on arrive.
Je raccroche pendant que Greg amène sa valise.
— Ils sont en bas.
— OK.
Il va dire au revoir à Natasha et à Evan puis on revient à l'entrée.
— Laisse, je vais la prendre.
— Merci.
J'ouvre la porte et il sort le premier. Nous descendons les escaliers en douceur pour arriver dehors. Alex et Matt sont assis sur leur sac et se lèvent lorsqu'ils nous voient.
Greg pose les valises par terre et ouvre le coffre de sa voiture. Il y range les valises une par une et nous prenons place dans la voiture. Alex et Matt s'assoient à l'arrière pendant que Greg s'installe au poste du conducteur et moi, je me place du côté passager.
~ Point de vue Greg ~
Je m’apprête à allumer le contact quand je sens le regard de Nicole sur moi. Je sens que je vais me prendre une soufflante.
— Quoi ? demandais-je.
— Toi et Natasha ? Je n’avais pas vu le coup arriver.
J’esquive un sourire. Peut-être qu’elle va se la jouer cool, autant en profiter.
— Il est au courant Stéph ?
— Elle n’a pas tenu à le lui dire pour l'instant.
— Oh oh oh, quand il va l'apprendre, tu vas en baver.
— Mais pourquoi tu me dis ça ?
En réalité je sais très bien pourquoi elle dit ça mais je préfère me voiler la face tant qu’il n’est pas au courant.
— Tu veux vraiment une réponse ? Tu as trente ans et elle est toujours mineure. Ah oui, tu lui enlèves sa fille aussi.
— Elle sera majeure le 14 décembre ...
— Oui mais jusqu'à cette date, elle reste mineure, alors fais attention et prépare-toi à l'explosion de papa ours quand il se réveillera.
Elle a utilisé le bon animal pour caractériser Stéph. Je n’aurai pas dit mieux.
Je mets le contact, m'assure que tout le monde est attaché et prends la route pour nous rendre à l'université Saint-Pical.
J’ai allumé la radio pour évaluer le trafic routier car nous avons une bonne heure de route à faire pour nous y rendre.
Pendant le trajet, Matt dort et Alex regarde le paysage. Il a la bouche ouverte et la tête contre la vitre froide.
— Désolé mon vieux, mais c'est pour l'album de souvenirs. dit Alex, en prenant la photo.
Nicole essaie d'appeler Matt mais il a le sommeil lourd, apparemment.
Alex lui met le doigt dans l'oreille et il sursaute sous nos rires.
— Ce n'est pas moi, j'ai rien fait, lance Matt.
— A tout hasard, tu as bien réservé les chambres à l'hôtel ? demande Nicole.
— Oui, les deux chambres.
Nicole se retourne et regarde Matt dans le blanc des yeux.
— Au cas où tu ne saurais pas compter, nous sommes quatre.
— L'hôtel n'avait que deux chambres de libre. Je ne vous l’ai pas dit ?
— Non Matt, tu n'avais rien dit. Mais y’en a un de vous qui devra se sacrifier et partager sa chambre avec moi.
Avec Alex nous maudissons Matt au plus haut point.
— Je crois que Matt se porte volontaire. Il en est très enchanté, lançais-je.
— Je pense aussi, poursuit Alex.
— Pourquoi, c'est moi qui ... commence Matt.
— Parce que c'est toi qui a fait les réservations, dit Alex.
— C'est bien ma veine.
— On est enfin arrivé, lançais-je.
J’essaie de me faufiler entre les passants en espérant trouver une place pas trop loin de l'entrée de l'Université. Quand j’en trouve une, je m'y gare aussitôt. J’arrête le moteur et nous sortons de la voiture.
~ Point de vue Nicole ~
Nous voilà enfin arrivés, je n’en pouvais plus de rester assise. On va pouvoir se dégourdir les jambes. Mais comme à mon habitude, je reste coincée et c'est Greg qui vient m'aider à y sortir. Je le remercie et ils prennent leurs dossiers pour l'intervention.
Nous prenons le chemin pour nous rendre à l'accueil au milieu de tous ces regards qui nous suivent. Les garçons me suivent à la trace car je connais l'établissement par cœur. Ca me fait toujours quelque chose de revenir ici chaque année.
Je frappe à la fenêtre de l'accueil et la personne de l'autre côté l'ouvre.
— Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? nous demande-t-elle.
— Bonjour, commandant Bernard de Marseille, nous venons pour l'intervention.
Elle vient nous ouvrir le portillon et nous accompagne jusqu'à la salle où nous devons commencer la journée.
— Je vous laisse avec Monsieur Doyle. Bonne journée.
— Vous aussi, lui dis-je.
Monsieur Doyle finit de discuter avec quelqu'un, puis vient nous voir.
— Ah, Commandant Bernard, ravi de vous revoir. Vous êtes venus en nombre cette année, me dit-il, en regardant mon énorme ventre.
— Et oui, que voulez-vous ? La vie avance. Je vous présente Greg Sanders, Alex Cook et Matt Bennett, tous les trois stagiaires.
— Bonjour messieurs. Pas trop stressés ?
— Un peu mais ça devrait aller, dit Alex.
— C'est bizarre, il y a quelques temps, on a parlé d'un Chris Cook dans les journaux ...
— C'était mon père.
— Ah d'accord.
— Ça vous pose un problème ?
— Au contraire. C’est une histoire très intéressante. Je vais vous chercher une chaise, puis vous pourrez commencer, répond Monsieur Doyle.
Il revient quelques instants plus tard avec une chaise dans les bras et nous invite à entrer dans sa salle de classe. Il n’y a pas moins d'une cinquantaine de personnes assises dans la salle, qui attendent que le cours commence.
Le professeur Doyle fait les présentations et réexplique pourquoi nous sommes présents. Ils ont tous sorti de quoi écrire et prendre des notes pendant qu'Alex, Greg et Matt ont sorti leurs affaires et que je me suis assise sur la chaise.
Greg prend son courage à deux mains et se présente. Il présente tout d'abord les galons souples des corps de la police nationale.
— Alors, il faut savoir que les galons de la Police Nationale se divisent en trois parties. Tout d'abord, nous avons les corps de maîtrise et d'application. Quelqu'un peut-il me dire à quoi correspond ce corps ?
Au départ, personne ne lève la main, puis peu à peu certains se jettent à l'eau. Greg prend une étudiante parmi les autres.
— Ce sont les gardiens de la paix et les brigadiers.
— Pourquoi ce sont ces grades-là ?
— Parce que ce sont eux qui reçoivent tous les ordres et qui les appliquent, répond la jeune femme.
— Bonne réflexion mais tout le monde reçoit des ordres.
— En tant que futur Lieutenant, vous allez servir « d'encadrement » et vous allez donner des ordres. Vous faites partie du corps du commandement et d'encadrement, lance-t-elle.
— Tout à fait exact. Même si à l'heure actuelle, je suis tout à fait capable de mener une enquête ou un interrogatoire, je ne me vois pas encore donner des ordres.
— Pourquoi ?
— Parce que, déjà, je n'aime pas en recevoir donc je ne vois pas pourquoi j'en donnerais, mais nos supérieurs ainsi que le commandant Bernard, ici présent, nous poussent à prendre certaines décisions afin qu'à notre tour, nous puissions prendre nos responsabilités.
Il marque une courte pause et reprend.
— Ensuite, nous avons le dernier corps, qui est celui de conception et de direction, qui est composé du commissaire, commissaire principal, du divisionnaire, du contrôleur général, de l'inspecteur général et le directeur des services actifs.
A cet instant, une main se lève. Greg la laisse poser sa question.
— Est-ce que le rôle de Lieutenant rejoint celui du Commandant ?
— J'allais y venir, justement. Chaque grade a un rôle bien distinct. La première question que l'on peut se poser sur le rôle du Lieutenant, c'est que fait-il ? Eh bien, le Lieutenant de police est un officier. Sa mission principale est d'assurer la protection des personnes, des biens et du territoire. De ce fait, ses fonctions sont des plus diverses et s'orientent soit vers la répression des crimes et des délits, soit vers la prévention.
— Comment travaille-t-il ?
— Étant donné qu'il est affecté à la sécurité publique, il traque la délinquance ou surveille les voies et les lieux publics. A la police judiciaire, il est chargé d'enquêter sur le banditisme, le trafic de drogue, la prostitution ou encore les faux monnayeurs. Il peut aussi travailler aux renseignements généraux, à la collecte d'informations ou en préfecture au contrôle de la circulation par exemple. On le retrouve aussi à la Direction de la Surveillance du Territoire que l'on va nommer DST, à la police des Frontières ou dans les Compagnies Républicaines de Sécurité appelés CRS. explique Greg.
— Où exerce-t-il ?
— En toute franchise, il est rarement assis derrière son bureau. Il est tout à fait apte à être sur le terrain.
— Quels sont les points forts et les points faibles de ce métier ?
— Euh, si vous parlez du Lieutenant, entre les perquisitions, les interpellations, les planques, les enquêtes … je peux vous assurer que la routine n'est pas présente dans ce métier. Après, pour les points faibles, les horaires de travail sont décalées et il faut être disponible à toute heure du jour et de la nuit pour certaines missions. Les conditions physiques et d'exercices peuvent être psychologiquement difficiles à vivre, répond Greg.
— Diriez-vous qu'il faut avoir des qualités essentielles pour exercer ce métier ?
— Oui, cela est primordial. Il faut être perspicace, réactif et très patient.
— Et, concernant le salaire. Vous touchez combien ?
— En tant qu'élève Lieutenant ?
— Oui.
— 1300 euros par mois.
— Et pour un Lieutenant diplômé ?
— Ça varie entre 1600 et 2600 euros par mois. Il y a beaucoup de critères à prendre en compte.
— Comment ça se passe après votre admission à l'école de police ? Vous avez votre diplôme et vous pouvez postuler, c'est ça ?
— Pas exactement. Dès notre admission à l'école de police, nous sommes nommés élève Lieutenant et on s'engage cinq ans minimum au service de l’État. Une fois la formation achevée, nous devons effectuer un an de stage avant d'être confirmé comme Lieutenant de police.
Il marque une autre pause et laisse sa place à Alex qui reprend son souffle.
— Et quelle est la différence avec le Commandant ?
— Le Commandant, lui, assure la sécurité des biens et des lieux publics. Il est un spécialiste de la recherche criminelle et de la collecte des preuves. Il est capable de gérer un commissariat et travaille avec une équipe de 5 à 20 personnes qu'il commande et encadre, répond Alex.
Il fait le tour de la salle afin de vérifier que personne d'autre n'a de question.
— Alors, je vais vous parler en premier lieu des ressources humaines de la Police Nationale. Il existe deux types de fonctionnaires travaillant dans la police. Il y a les actifs et les administratifs, techniques, scientifiques. Le personnel actif, ce sont les fonctionnaires et les contractuels que l'on voit au quotidien et qui assurent les missions de sécurité, d'investigations et de maintien de l'ordre. Ces fonctionnaires de police sont répartis en trois corps : les contractuels, les corps de commandement, de conception et de direction.
— C'est quoi, un contractuel ? demande une fille.
— Les contractuels, ce sont les adjoints de sécurité. Ils assistent les policiers dans les missions de prévention et de régression de la délinquance, de surveillance générale et d'assistance aux victimes ainsi que dans diverses autres missions plus spécifiques.
Il marque une pause puis reprend.
— En ce qui concerne les moyens, la police est équipée de véhicules sérigraphies et d'autres banalisés. Ils sont principalement de marques françaises. En tout, cela représente plus de 3000 véhicules. La police nationale est aussi dotée d'armes pour pouvoir assurer convenablement la légitime défense et le maintien de l'ordre.
A la fin de son discours, plusieurs mains se lèvent.
Il interroge la personne qui lui fait face.
— Euh … il y a eu une affaire dans les journaux. Elle parlait d'un homme d'un certain âge, du nom de Cook. Y a-t-il un rapport avec vous ?
Je vois son visage se crisper, se décomposer et je m'apprête à me lever quand il me fait signe de rester à ma place. Greg et Matt se regardent.
— Cet homme dont le journal a parlé, c'était mon père, répond Alex.
— Comment a-t-il fait pour se retrouver en première page ?
— Évasion d'une prison, séquestration d'un membre des forces de l'ordre et de deux citoyennes, possession de drogues, possession d'armes, tentatives de meurtres et meurtres.
— Dans le journal, on a dit qu'il était passé par-dessus le toit d'un immeuble ...
— Euh oui … il a basculé par-dessus lorsque j'ai tiré.
— Vous avez tué votre propre père ? demande une étudiante, visiblement choquée.
— C'était la seule chance de le stopper dans sa folie. C'était lui ou moi et ça a bien failli être lui et moi.
— Pourquoi ?
Il soulève son t-shirt et laisse voir une belle cicatrice.
— J'ai failli rester sur la table d'opération mais grâce aux performances du chirurgien, je m'en suis sorti.
— Mais cela ne vous a rien fait d'avoir abattu votre père ?
— Je ne l’ai jamais vraiment considéré comme mon père. Il ne s'est jamais occupé de ma mère et de moi. Il a laissé ma mère dans la merde, alors j'ai toujours fonctionné comme si je n'avais plus de père. Vous avez d'autres questions concernant ce sujet ?
Étant donné que personne ne lève la main, il laisse sa place à Matt afin qu'il finisse.
— Une définition des missions de la police nationale a été donnée dans l'article 1 du Code de Déontologie de la Police Nationale. « La Police Nationale concourt, sur l'ensemble du territoire, à la garantie des libertés et à la défense des institutions de la République, au maintien de la paix et de l'ordre public et à la protection des personnes et des biens. ». Du grec politeia, signifiant « art de gouverner la cité », la police applique la loi pénale votée par le parlement et les règlements qui précisent la loi, elle est placée sous l'autorité des pouvoirs publics en place.
— Quelles sont les missions prioritaires de la police nationale ? demande une personne.
— Tout d'abord, ces missions prioritaires ont été définies par la Loi du 21 Janvier 1995 d'orientation et de programme relatif à la sécurité puis sont confirmées par la LOPSI du 29 Août 2002. La LOPSI, c'est la Loi d'Orientation et de Programmation pour la Sécurité Intérieure. Ces missions ont pour but d'assurer la sécurité des personnes, des biens et des institutions, maîtriser les flux migratoires et lutter contre l'immigration illégale, lutter contre la criminalité organisée, la grande délinquance et la drogue, protéger le pays contre la menace extérieure et le terrorisme ainsi que maintenir l'ordre public. explique Matt.
Il marque une pause puis reprend sa place.
— Est-ce que quelqu'un a une question à poser, sur n'importe quel sujet ? Mes collègues et moi-même sommes prêts à y répondre, lançais-je.
Plusieurs mains se lèvent. Je laisse parler une première personne.
— Est-ce qu'un jour, votre père vous a expliqué pourquoi il faisait tout ça ?
— Il ne m’a jamais expliqué mais je pense que ça lui procurait du plaisir, de la joie. Même ma mère n'a pas réussi à le faire changer. Tuer, ôter la vie c'était pour lui … sa drogue, son adrénaline, explique Alex.
— Qu'est-ce qu'a fait votre mère ?
— Elle l'a quitté et on est parti.
— Est-ce que ça l'a fait réagir ?
Il rigole.
— Même pas sourcillé. Puis, j'ai appris bien plus tard qu'il s'en était pris à un jeune homme de 19 ans parce qu'il était passé au mauvais moment au mauvais endroit.
— Qu'est-ce qu'il lui a fait ? demande un jeune homme.
— Est-ce que vous connaissez le tableau Le Cœur Volé ?
Certains d'entre eux doivent le connaître car au moment où Alex a prononcé le nom du tableau, plusieurs étudiants ont placé leur main sur la bouche, comme s'ils étaient choqués.
— A l'époque, c'était son passe-temps. Il a kidnappé cet ado devant chez lui, pendant que son complice … pendant que son complice s'occupait des témoins en les assassinant d'un coup de couteau.
— Combien y’avait-il de morts ?
— Ce jour-là, il y en a eu deux et une adolescente de 17 ans blessée gravement, dit Alex.
— Qu'est-ce qui est arrivé à cette fille ?
— Elle s'en est bien sortie. Maintenant, elle fait partie du commissariat de Marseille et va bientôt donner la vie.
Il me regarde et je lui rends son sourire.
— C'était vous, cette adolescente, Commandant ?
— Effectivement, c'était moi, répondis-je.
— Comment avez-vous réagi en apprenant ça ?
— Euh, au départ je voulais lui foutre mon poing dans la figure puis je me suis aperçue qu'il était très différent de son père. En règle générale, je ne donne pas ma confiance à n'importe qui et il l'a gagnée tout au long de sa formation. Il a fait énormément pour moi et je l'en remercie.
— Est-ce que vous avez eu un suivi psychologique après ça ? demande un étudiant à Alex.
— Oui, je vois un psychologue une fois par semaine maintenant. J'y vois un peu plus clair et je me suis autorisé à avoir une vie privée alors qu'avant, j'avais tellement honte de mon passé que je ne me l'étais pas autorisé. J'en suis beaucoup plus heureux maintenant.
— Donc, vous avez réussi à vous reconstruire ?
— Oui et ça fait plaisir. Je revis.
L'horloge sonne encore une fois, signifiant la fin de la première intervention.
— Nous laissons à votre disposition des brochures et tous les documents que vous pourrez avoir besoin. Si vous avez d'autres questions à nous poser, n'hésitez pas, dit Matt.
Ils se lèvent tous et partent en passant par le bureau en bas de l'amphithéâtre et ils prennent des brochures puis sortent les uns après les autres. J'attends que tous les étudiants soient partis pour parler avec Alex.
— Ça va ?
— Oui. Pourquoi ?
— Ils t'ont posé beaucoup de questions sur ton père et ton état mental.
— Je m'y étais préparé. Et puis, le passé c'est le passé. Je veux avancer.
— Très bien parlé. Et cette fille, elle a un prénom ? lui demande Matt.
— Quelle fille ?
— Tu as bien dit que tu avais une vie privée, alors c'est quoi son prénom ? interroge Greg.
— Je ne vous dirais rien à ce sujet.
— Pourquoi ? C'est une relation clandestine ?
— On va dire ça comme ça, me dit-il.
Ils rangent leurs affaires dans leurs sacs.
— Vous pourriez m'aider à me relever, s'il vous plaît ?
Ils se mettent à deux pour me soulever et me mettre sur pied.
— Dis, tu as pris combien de kilos, depuis le début de la grossesse ? me demande Matt.
Alex et Greg se regardent comme s'ils croyaient que j'allais exploser.
— Aux dernières nouvelles, c'était huit.
— C'est bien ce qu'il me semblait.
— Tu es sûr que tu veux dormir dans un lit avec un bon matelas, ce soir ? lui demande Alex.
— Quoi ? Ce n'était pas méchant.
— Tu t'enfonces, mon vieux. dit Alex.
— Bon, on va manger. J'ai faim, lançais-je.
— Comme d'habitude, disent-ils, tous les trois.
— Eh les gars, je peux toujours vous en mettre une.
— On n'a plus rien à perdre.
— Parlez pour vous, dit Matt.
Matt s'en prend plein la figure pendant tout le repas et durant plus d'une heure par Greg et Alex.
L'intervention reprend à 14 h et se termine vers 16 h. Les garçons ont changé leurs plans mais on retrouve toujours les points importants. Les questions posées sont très variées et leurs réponses bien construites.
Quand 16 h sonne, les étudiants sortent les uns après les autres. Les garçons rangent leurs affaires pendant qu'Alex m'aide à me lever de la chaise, une fois de plus.
— Oh, lançais-je.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Y’a un problème ? s'affole Alex.
Greg et Matt se retournent vers nous.
— On aurait dit qu'ils se battaient à l'intérieur. C'est trop bizarre, leur dis-je.
— Ce n'était pas une contraction, alors ? demande Alex.
— Non, ce n'était pas une contraction.
— Tu es sûre ? questionne Greg.
— Oui les gars, j’en suis sûre et certaine.
— Tu nous le dirais, si ça en était une ? interroge Matt.
— Eh les gars, vous êtes pire que John. S'il y a une quelconque contraction, vous le verrez.
Ils n’ont pas l'air de penser la même chose que moi.
— Bon, on y va. Je voudrais bien soulager mon dos et mes pieds.
Nous sortons de l'Université et rejoignons la voiture. Greg met la voiture en route et nous regagnons l'hôtel.
Une fois arrivés, nous descendons de la voiture avec nos valises et entrons dans l'hôtel. Le hall d'entrée est assez grand avec des lumières partout sur les murs.
Matt va voir la réceptionniste afin d'obtenir les clés des chambres pour que nous puissions enfin nous reposer.
Le bagagiste récupère nos valises et les monte dans les chambres avec nous.
Durant la demi-heure qui suit, je fais les exercices que le docteur Ford m'a donnés et cela me soulage le dos. Je veux rester allongée parce que cela me fait tellement de bien, mais il faut que je me relève pour prendre un bon bain, bien chaud.
Mais au moment de me lever, je reste coincée au sol. Mon nerf sciatique est encore coincé par la position des jumeaux dans mon ventre.
J'essaie de les déplacer tous les deux, mais rien à faire. Matt sort de la salle de bain, les cheveux encore mouillés.
— Tu t’en sors avec tes exercices ? me demande-t-il.
— Pas vraiment. Je suis coincée.
— Coincée, comment ?
— Nerf sciatique, encore une fois.
— Et comment tu fais, pour le décoincer ?
— Le bonheur serait de déplacer les jumeaux, comme ça ils cesseront d'appuyer dessus.
— Comment fait-on ? me demande-t-il, en s'agenouillant à côté de moi.
— Bah, généralement, John met sa main là et il les change de place, lui répondis-je, en plaçant sa main gauche sur mon ventre.
Il essaie tant bien que mal mais rien à faire. Ils sont bien décidés à rester en place.
— Ça va mieux, là ?
— Non c'est pire.
Il sort son téléphone et compose un numéro.
— Oui, euh, est-ce que vous pourriez venir dans la chambre, un petit moment ?
— Pourquoi ? Tu as déjà un problème avec ta colocataire ? interroge Greg.
— Ramène tes fesses, lui répond-t-il, en raccrochant.
Quelques secondes plus tard qui me paraissent des minutes, Alex et Greg entrent dans la chambre.
— Alors, qu'est-ce qui se passe ? demande Alex.
— La sciatique est coincée. Vous savez comment il faut faire pour les déplacer ?
— Pousse-toi de là. Laisse faire les professionnels. dit Greg.
— Comment tu dois t'y prendre ?
— Il suffit d'avoir le bon doigté.
— Le bon doigté ? interrogeais-je.
— Il suffit juste de bien placer ses mains et de les déplacer correctement.
— Comment tu sais ça ? lui demande Alex.
Greg me regarde comme s'il voulait que je vienne à son secours.
— C'est … ma femme qui suit des cours à la faculté de médecine. Elle m'a montré et indiqué comment faire en cas de sciatique coincée.
— Ah carrément. C’est ta femme maintenant ? lançais-je.
Tout le monde le fixe comme s'il avait un gros bouton sur le nez.
— Quoi ?
— Et elle t'a montré quoi d'autre ? lui demande Alex.
— Plein d'autres choses. C'est dans ses cours et elle avait besoin d'un cobaye.
— Et tu t'es gentiment proposé ? lui demandais-je.
— A vrai dire, je n'ai pas vraiment eu le choix.
Matt et Alex rigolent.
— Elle t'a fait le coup de la grève, c'est ça ? lui demande Matt.
Il ne répond pas mais son regard veut tout dire.
— Tu es prête ?
— Ah bah oui, répondis-je à Greg.
— Tu vas placer ta main droite sur le bas du ventre et tu appuies. Moi, je vais placer ma main gauche sur ce côté du ventre et faire la même chose. A mon signal, tu déplaceras ta main vers l'extérieur, explique Greg.
Ils placent leurs mains sur le bas de mon gigantesque ventre en appuyant juste assez, sans me faire mal.
— On y va, lance-t-il.
Ils déplacent leurs mains simultanément et comme par hasard, les jumeaux bougent en direction des mains d'Alex et de Greg.
— C'est bon ? Ça a marché ? me demande Greg.
— Oui.
Je pivote sur le côté gauche et m’assois puis me lève avec leur aide.
— Faudra que tu m'expliques comment tu as fait.
— Tu demanderas à …
— Qui veut faire une petite balade ? lançais-je.
— Pourquoi pas. Ce serait assez sympa, me répond Alex.
— C'est une bonne idée. dit Matt.
Greg acquiesce d'un signe de tête.
— Par contre, je prends une douche avant d'y aller, dis-je.
— On part dans une heure. dit Alex.
Alex et Greg sortent de la chambre, pendant que Matt finit de s'habiller et que je ferme la porte de la salle de bain.
Je monte dans la douche et ferme la porte. Une demi-heure plus tard, je sors de la douche, toute propre et prends une serviette pour la mettre sur moi, ainsi qu'une autre pour me sécher les cheveux.
Je prends le fer à friser et l'utilise sur mes cheveux qui deviennent très ondulés.
J'ouvre ma trousse à maquillage et me maquille en quelques minutes. Il ne me reste plus qu'à m'habiller. J’ôte de ma valise la première robe que je trouve dedans. Elle est de couleur violette et aiguise vraiment bien mes nouvelles formes.
J'ouvre alors la porte de la salle de bain et sors. Matt porte un jean avec un t-shirt blanc, accompagné d'une paire de chaussure assez chic.
— Tu es parfait, lui dis-je.
— Tu as … fini de te préparer ?
— Oui, enfin. Tu crois qu'elle me va bien cette robe ?
— …elle te va comme un gant. Tu es très … mais alors très agréable à regarder.
— Merci, lui dis-je, pendant que l'on sort de la chambre afin de rejoindre Greg et Alex au rez-de-chaussée pour la petite ballade.
Au moment où nous les rejoignons à l'accueil, ils sont en train de discuter. Quand ils nous voient, ils s'arrêtent aussitôt.
— C'est bon, nous pouvons y aller.
— Tu es bien sûre de vouloir sortir comme ça ? me demande Alex.
— Bah oui, pourquoi ? Elle ne me va pas ?
— Oh que si. Tu vas attirer l'attention sur toi, c'est tout.
— Je peux remonter me changer si vous y tenez tant que ça.
— Non non non, c'est très bien comme ça. Allez, on y va, dit Greg.
Il ouvre la porte d'entrée et la referme une fois que tout le monde est dehors.
— On commence par quoi ? demande-t-il.
— Pourquoi ne pas aller par-là ? lui répond Alex.
Nous suivons Alex, qui est parti vers la gauche. Il y a des grands bâtiments sur chaque côté de la route avec des magasins, des bars ainsi qu'un parc.
Quand vient 19h30, nous nous arrêtons devant un magasin de nourriture.
— Vous voulez manger quoi ? C'est moi qui vous invite, dis-je.
— Comme tu veux, me dit Alex.
— Faites-vous plaisir.
Les garçons se sont mis d'accord pour manger la même chose : italien. Une fois la facture réglée, nous allons nous poser au parc afin de manger en toute tranquillité.
Il fait encore un peu frais mais avec une veste, ça va mieux. Nous prenons tout notre temps pour manger. Le repas est vraiment très bon et épicé.
Les minutes passent et le temps se rafraîchit de plus en plus.
— Dîtes les gars, ça ne vous dérange pas, si on rentre, dis-je.
— C'est vrai que ça se rafraîchit. Il ne faudrait pas que tu nous tombes malade maintenant, dit Alex.
Nous nous levons du banc et sortons du parc quand une voiture roulant à vive allure nous coupe la route.
— Ils sont aussi fous qu'à Marseille, ici, ça fait plaisir à voir, lance Matt.
Une vingtaine de minutes plus tard, nous revenons à l'hôtel et retournons dans nos chambres.
— Ça va mieux ? me demande Matt.
— Il faut juste que ma température corporelle soit à 37°C et ça ira. Merci de t'en soucier, en tout cas.
— Si on ne prend pas soin de toi, c'est le patron qui va nous arracher la tête.
— Elle est bien accrochée et elle y restera. Ne t'en pas pour ça.
— Tu veux un bon bain chaud ou pas ?
— C'est gentil de me le proposer mais non merci. Vas-y, si tu veux.
— Ça va aller, merci.
Il va prendre un pyjama dans le tiroir de la commode et part dans la salle de bain afin de se changer.
Je profite également de ce moment pour me changer aussi. Je prends un vieux t-shirt qui, à l'origine, descend jusqu'à mi-cuisse mais à présent, il finit juste au bas de mon ventre. Heureusement que j'ai prévu un petit short en plus.
Le médecin m'a conseillée de dormir avec les jambes les plus relevées possible la nuit afin d'éviter les jambes lourdes. Je prends donc le traversin et essaie de le placer sous le matelas mais il est trop lourd pour moi. J'attends que Matt sorte de la salle de bain pour le lui demander.
— Dis, est-ce que tu pourrais me rendre un petit service ?
— Qu'est-ce que c'est ?
— Tu pourrais soulever le matelas pendant que je mets le traversin dessous, s'il te plaît ?
— Pour les jambes lourdes ?
— Oui, lui répondis-je.
Il soulève le matelas et y installe le traversin dessous.
— C'est assez haut pour toi ?
— Oui, c'est parfait, merci.
Nous nous installons dans le lit et sortons nos livres.
— Tu lis la Belle et la Bête ? m'interroge-t-il.
— Ce n'est pas pour moi, c'est pour eux, lui dis-je, en mettant ma main sur mon ventre.
— Ils t'entendent déjà ?
— Pas à cent pour cent, mais mon gynéco m'a dit qu’ils savent reconnaître les voix qu'ils entendent.
— Et le patron aussi, il fait ça ?
— Oui mais il le fait quand je dors. Il croit que je ne le sais pas.
— Tu ne lui as jamais dit que tu sais ? me demande Matt.
— Il est tellement mignon quand il fait ça. Jamais je ne lui dirais d'arrêter et c'est important pour lui. Puis …il pose ses mains sur mon ventre et il leur parle.
— Je ne pensais pas qu'il était comme ça, dit Matt, en souriant.
— Tu ne le sais pas mais il y a quelques années, j'ai perdu mon bébé. Les chirurgiens s'en sont rendu compte quand j'étais sur le billard.
— Comment ça, perdu ?
— Bah étant donné que je ne savais pas que j'étais enceinte de huit mois, je suis allée sur le terrain et comme d'habitude, je n'ai pas porté de gilet par balle. Je me suis prise une balle dans le bas ventre et ça m'a bousillé l'utérus, expliquais-je.
— Ça veut dire que la balle ...
— Oui. Il veut en profiter, maintenant, c'est normal.
— Ça se comprend. En tout cas, je suis sûr que vous serez parfaits dans ce métier de parents.
— Merci, lui dis-je.
Il ouvre son livre et j'ouvre le mien puis nous nous mettons à lire.
Durant toute la lecture, Matt n'a pas avancé dans son livre car il observe beaucoup mon comportement.
Une demi-heure plus tard, quand je termine de lire l'histoire de la Belle et la Bête, Matt ferme son livre.
Il esquisse un sourire et éteint la lampe. Une nouvelle journée nous attend demain.
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