Chapitre 5

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Chapitre 5

~ Point de vue Nicole ~

Au cours de la nuit, je rêve de beaucoup de choses mais le plus perturbant c'est celui de mon accouchement. C'était horrible, il y avait plein de sang partout et la cerise sur le gâteau, les médecins me disaient qu'ils ne pouvaient pas me donner les jumeaux parce qu'ils étaient décédés.

Je me réveille en sursaut. Je dégouline de sueur et je crie au moment où j'ouvre les yeux.

— Qu'est-ce qu'il y a ? interroge Matt, en sortant de la salle de bain, en caleçon et en pointant son arme.

— Rien. C'est juste un mauvais rêve.

— Vu le cri, il devait être plus que mauvais.

— J'ai rêvé que je me trouvais en salle d'accouchement et que ça se passait très mal, expliquais-je.

— Tu te fais du mal pour rien, là. L'accouchement se passera très bien.

J’hoche la tête et passe la main sur le visage.

— Tu peux me faire couler l'eau dans la baignoire, s'il te plaît.

— Eau chaude ou tiède ?

— Chaude, mais finis de te préparer avant, répondis-je.

— J'ai terminé. Tu peux y aller.

Je retire les couvertures et me lève un peu trop rapidement.

— Eh là. Reste avec moi, lance Matt, en me rattrapant.

Il me redresse et me regarde d'un drôle d'air.

— Arrête de me regarder comme ça. Ça va, lui dis-je.

— Tu ne veux pas que j'appelle un médecin ? Tu m'inquiètes un peu quand même.

— Non, ça va. Je me suis juste levée trop vite. Je vais y aller plus doucement.

— Je ne veux pas que tu aies de problèmes parce que tu ne fais pas assez attention. Tu n'es plus seule dans ce corps, vous êtes trois. Faut faire attention, prévient Matt.

— Je prends note de ce que tu viens de dire, mais tu n'es pas le premier à me le dire.

— Alors pourquoi tu n'écoutes pas ?

— Parce que si je m'amuse à écouter mes parents, ma belle-mère, mon frère, mes belles-sœurs, toi, mon gynéco et John, je passerais toute ma grossesse couchée, à regarder la télé ou à lire des magazines sur la grossesse ou sur le mariage. Et ...ce n'est pas mon truc.

— Peut-être bien mais si tout le monde te met en garde, c'est pour une raison. Ils veulent peut-être t'éviter d'accoucher avant terme et avoir des complications, dit Matt, d'un ton assez inhabituel.

— Bah dis donc. Je ne savais pas que tu avais un franc parlé comme ça.

— C'est parce que je n'ai jamais eu l'occasion de le montrer.

— Je vois ça.

— Mon ex-femme a accouché trois mois avant terme et mon fils est venu au monde avec des problèmes respiratoires. Aujourd'hui, il a quatre ans et il est asthmatique.

— Je suis désolée, je ne savais pas.

Il m'emmène jusqu'à la baignoire, prend ses vêtements et sort de la salle de bain.

Je ressors de la salle de bain une demi-heure plus tard, avec un t-shirt toujours ouvert dans le dos et des baskets non attachées. Me voilà dépendante de quelqu’un pour m’habiller, quelle humiliation !!

— Est-ce que tu pourrais fermer la fermeture éclair de mon t-shirt, s'il te plaît ? lui demandais-je.

Il vient vers moi et remonte cette fermeture éclair puis s'attaque à mes chaussures.

— Je peux encore ...c'est bon, je n'ai rien dit, lançais-je, après avoir croisé son regard.

— Tu connais le sexe des bébés ou pas ?

— Le premier oui mais pour le second, il faut attendre la prochaine échographie.

— C'est une fille ou un petit gars ? questionne-t-il.

— On souhaiterait que tout le monde le sache le jour où ils pointeront le bout de leur nez.

Il sourit.

— Avec Léa aussi, on avait décidé de garder le secret.

— Et vous l'avez appelé comment votre petit garçon ?

— Benjamin. C'est Benjamin Hugo Roméo Bennett, me répond Matt.

— C'est très joli comme prénoms.

— Merci.

— Pourquoi ça n'a pas fonctionné entre vous ?

— La distance par rapport au travail, les problèmes après l'accouchement. Faites attention à ne pas faire les mêmes erreurs que nous.

Alex et Greg frappent à la porte de la chambre.

Matt va ouvrir, pendant que je me relève du lit.

— Nous sommes prêts. Nous pouvons y aller, dis-je.

— Vous avez passé une bonne nuit ? demande Alex.

— Moi oui, mais elle non.

— Pourquoi ? Le matelas était trop dur ? interroge Greg.

— Non, c'est un a priori de l'accouchement qui s'est mal passé.

— Faut pas s'en faire. Tu feras ça les doigts dans le nez.

— Dis-moi, tu as déjà pratiqué un accouchement ? demandais-je à Alex.

— Pas dans cette vie, non.

Les garçons éclatent de rire pendant que nous sortons de la chambre.

A cet instant, alors que nous sommes dans l'ascenseur, le téléphone de Greg émet un son. Il le sort de sa poche et après avoir lu son message, il sourit. Je vois Alex qui le regarde et je mets ma main à couper qu’il va le brancher.

— C'est qui ? interroge Alex.

— Un faux numéro, répond Greg.

— Le même faux numéro qu'hier soir ?

— Le même.

— Il t'a quand même tenu plus d'une heure au téléphone, ce faux numéro, lance Alex.

On dirait deux gosses ces deux-là mais la situation me fait rire.

— Fiche lui la paix tu veux. Il a le droit d'avoir quelqu'un qui lui donne des petites attentions, dis-je à Alex.

— Pourquoi j'ai l'impression qu'elle est au courant de plus de choses que nous ? lance Alex à Matt.

— Ce n'est pas une impression.

— Eh tu peux nous dire qui c'est ? demande Alex.

Greg ressort son téléphone et leur montre une photo où il est en compagnie de Natasha.

Il y a un moment de silence dans l’ascenseur. Je crois qu’il leur faut quelques secondes pour assimiler la nouvelle.

— La fille du Commandant Camelin ? T'es sérieux ? questionne Matt.

— Mais non, il est en train de fantasmer. Et sincèrement, je te comprends mon vieux, elle est très jolie mais … dit Alex.

Voyant qu’ils ne le croient pas, il affiche le dernier message que Natasha lui a envoyé quelques instants avant.

C'est une photo d'elle en sous-vêtements noirs, sur des draps en soie. Elle pose sur son lit avec un index dans la bouche. Il y a un petit message avec la photo.

« Et celui-ci, il te convient ? »

Alex et Matt regardent Greg avec de grands yeux ronds. Eh bah, elle a bien grandi Natasha. Je me souviens encore quand on a parlé garçons il y a quelques années … ah ça passe tellement vite.

— Et bah non, il dit la vérité. Je suis surpris que tu aies encore toutes tes dents, mon vieux.

— Ah mais ça, c'est parce qu'il ne le sait pas encore, dis-je.

— Je me disais aussi, lance Matt.

— Ça dure depuis combien de temps ? interroge Matt.

— Neuf moi demain mais vous gardez ça pour vous.

— Pourquoi ?

— C'est un secret, répondis-je à Matt.

— Non, ce n'est pas un secret. C'est juste qu'elle ne veut pas que ça se sache tant qu'elle ne lui aura pas dit.

— Et avec ce qui lui est arrivé, ça rallonge un peu les choses. lance Alex.

— Ça ne m'enchante pas vraiment. Elle est toujours mineure, alors que moi ...

— Tu crois qu'il y verra un inconvénient ? demande Matt.

— Allons Matt, il a trente ans, sa fille en a treize de moins. Elle est mineure jusqu'à quand ?

— Décembre, répond Greg.

— Donc, elle est mineure jusqu'en décembre et en plus, il se la tape. Tu ferais quoi, toi ? dit Alex.

— Bon courage, mon vieux. dit Matt, en donnant une tape amicale à Greg.

— J'aime bien votre soutien moral, les gars. Ça fait plaisir.

Ils continuent à le titiller durant tout le trajet pour nous rendre à l'Université Saint Pical. Ils parlent de tout et de rien, des réactions que Stéph pourrait avoir lorsqu'il serait au courant. Ils ne s'arrêtent que devant le bureau à l'entrée. La femme à l'accueil nous laisse entrer et nous informe que Monsieur Doyle a à nous parler.

Il est dans la salle des professeurs et boit un café bien noir.

— Bonjour, Simon, dis-je.

— Commandant Bernard. Messieurs.

— Tu voulais nous voir ? lui demandais-je.

— Euh oui. Vous terminez à 11 heures aujourd'hui.

— Comment ça se fait ?

— Les deux dernières classes que vous auriez dû avoir ne sont toujours pas revenues de leur séjour. C'est juste un léger contretemps.

— Ils doivent arriver quand ?

— La semaine prochaine.

— Bon bah, on s'arrangera pour leur laisser des papiers et tout le bordel.

— On va s'en occuper, dit Matt.

— Je peux encore faire des photocopies ou c'est interdit ?

Simon Doyle nous accompagne jusqu'à la salle de classe où nous devons être et nous laisse travailler. Les garçons ont fait une autre présentation et s'en sortent très bien. Ils répondent à toutes les questions et s'envoient des pics entre eux, pour s'amuser.

Ils entrent très bien dans les détails en utilisant un vocabulaire adapté. Ils tiennent très bien leur rôle.

Lorsque onze heures sonne, les étudiants rangent leurs affaires et prennent des brochures avant de partir à leur prochain cours.

Les garçons prennent leur temps pour ranger leurs affaires et éteindre le rétroprojecteur.

— Alors, on était comment ? demande Matt.

— Très franchement, je dirais que pour une première fois, ça pouvait aller.

Après avoir vu leur tête, je rectifie ce que je viens de dire.

— Je rigole. C'était très bien. Détendez-vous.

Nous retournons dans la salle des professeurs afin de faire les photocopies nécessaires pour les deux classes manquantes.

Puis nous montons dans la voiture pour rejoindre l'hôtel et faire nos valises. Le voyage est déjà fini, c’est passé tellement vite.

Les garçons rigolent entre eux et ne voient pas le trajet se faire. Greg se gare devant l'hôtel. Matt va à la réception pour rectifier les réservations et les prévenir de notre départ.

Nous allons dans nos chambres afin de préparer nos valises. Matt a insisté pour faire la mienne et s'occupe de la sienne à présent.

Nous sommes les premiers à descendre et à attendre Alex et Greg.

— Il paraît que vous allez déménager ? me demande Matt.

— Comment tu le sais ?

— J'ai vu les papiers sur ton bureau quand je suis passé prendre des dossiers. Elle est comment votre nouvelle maison ?

— Très grande avec un immense jardin. Il y a cinq chambres dont deux parentales. Très lumineuse. Elle est vraiment parfaite, lui répondis-je avec le sourire.

— Un vrai coup de cœur, alors ?

— Oh oui. On vous invitera. Tiens, voilà les autres, on va pouvoir y aller.

Alex et Greg arrivent dans le hall d'entrée avec leur valise. Nous disons au revoir au réceptionniste puis rejoignons la voiture de Greg, qui met nos valises dans le coffre. Alex et Matt montent à l'arrière pendant que Greg et moi, montons à l'avant. Une fois que tout le monde a mis sa ceinture de sécurité, Greg démarre la voiture et prend la route. Pas longtemps après, je commence à somnoler et finis par m'endormir comme un bébé.

~ Point de vue Greg ~

Je vois que Nicole est partie rejoindre morphée. Je ne sais pas comment elle fait pour tenir le même rythme depuis le début de sa grossesse. Elle a l’air sereine.

— Vous voulez que je vous dépose quelque part ? demandais-je.

— Chez nous, si ça ne te dérange pas, me répond Matt.

— Elle s'est endormie ? demande Alex.

— Oui.

— Avec la nuit qu'elle a passée, ça ne m'étonne pas, dit Matt.

Une demi-heure, trois quart d'heure plus tard, je dépose Alex en premier puis Matt et enfin Nicole, au commissariat avec sa valise.

~ Point de vue Nicole ~

Je fais rouler ma valise jusqu'à mon bureau et va dans celui de John.

Je frappe à la porte et l'ouvre sans même attendre la réponse. Je me fige sur place, ah oui il y a du monde.

— Ah pardon, je ne savais pas que tu étais en réunion. Désolée, dis-je.

— Je passerai te voir plus tard.

Je referme la porte et retourne à mon bureau. Je m’installe sur le canapé et attends en lisant des magazines, musique dans les oreilles, en fredonnant les paroles.

~ Point de vue Greg ~

Une fois que j’ai déposé tout le monde, je décide d’attendre Natasha à la Faculté. J’ai garé ma voiture devant l'entrée et l'attends dehors avec mes lunettes de soleil sur le nez. Quand l'horloge sonne midi, les étudiants sortent en masse. Certains partent au fast-food du coin pour se restaurer.

J’aperçois Natasha avec son groupe d'amis qui se dirige vers le fast-food. Je lui fais signe de la main, mais elle ne me voit pas. Je prends alors mon téléphone et l'appelle.

— Dis-moi, je suis à Marseille et je ne sais pas trop où emmener ma femme déjeuner. Tu pourrais me conseiller ?

Elle s'arrête de marcher.

— Tu es où ? demande-t-elle en regardant autour d’elle.

— A côté de ma voiture et il y a devant moi une superbe femme qui porte la même tenue que je lui ai offerte la semaine dernière.

Elle se retourne et me cherche du regard.

— Un peu plus à gauche.

Une fois qu'elle a capté mon regard, je lui fais signe de la main. Elle raccroche aussitôt, court vers moi puis me saute dessus pour m’embrasser.

— Alors, tu me conseilles quoi ?

— A une condition.

— Laquelle ? lui demandais-je.

— Ne t'absente plus jamais deux jours de suite. C'est trop long sans toi.

— Tu es allée chez le coiffeur ?

— Oui, ce matin. Ça te plaît ?

— Carrément. Ça te donne un air encore plus aguicheuse, lui répondis-je.

— C'est toi qui m'as rendue comme ça.

— C'est ma faute, si tu es devenue comme ça ?

— Bah, bien sûr que oui, mais … j'adore ça.

Elle m'embrasse et dit :

— Alors ? Tu m'emmènes où ?

— Il y a un petit resto italien qui vient d'ouvrir ...

— Génial.

Nous nous y rendons à pied, main dans la main.

— Comment ça s'est passé, alors ? me demande Natasha.

— Très très bien. Bien mieux que ce qu'on pensait.

— Pour les autres aussi ?

— Pour Matt, oui mais pour Alex, ils lui ont posé des questions sur son père, répondis-je.

— Ah, mince.

— Il a très bien réagi, il a répondu à toutes les questions en gardant son calme. Je crois que les séances avec le psychologue lui font du bien.

— C'est vrai que je le trouve beaucoup plus calme, plus détendu, ajoute Natasha.

— Et apparemment, il a trouvé quelqu'un.

— Tant mieux pour lui.

— Il a dit que c'était une relation top secrète.

— Top secrète ?

— C'est ce qu'il a dit.

— Et Nicole ? interroge Natasha.

— Elle était fatiguée ce matin. Elle a passé une mauvaise nuit.

— Ah bon ?

— D'après Matt, elle appréhende beaucoup l'accouchement.

— C'est son premier, c'est normal.

J’ouvre la porte d'entrée du resto et nous nous installons à une table. Nous prenons la carte des menus et passons notre commande.

— Et toi ?

— Quoi moi ? interroge Natasha.

— Ta journée d'hier et celle de ce matin.

— Ah bah hier matin, j'ai eu un gros devoir sur ce que j'ai révisé ce week-end.

— Sur ce truc qui t'a mangé tout le week-end ?

— Ouais mais je ne le sens pas du tout. Je crois que je me suis plantée.

— Je suis sûr que tu l'auras haut la main.

Notre repas est enfin apporté et nous commençons à manger.

— Et ton après-midi ? demandais-je.

— On a commencé un nouveau chapitre. Encore un gros dossier.

— Ça parle de quoi ?

— De l'organisation des appareils et des systèmes puis à 16 heures, on est passé aux atomes-biomolécule-génome-bioénergétique-métabolisme.

— Ça m'a l'air passionnant, dis-je ironiquement.

— Ne te moque pas. C'est super chiant.

— Tu t'en sors assez bien depuis le début de l'année, non ?

— Ouais, ça peut aller mais je ne pensais pas que c'était aussi lourd.

— Tu as les épaules pour. Au fait, tu as tes dates de stage ?

— Je commence dans deux semaines. J'ai demandé à être au service de gynécologie-obstétrique. Je suis convoqué à 08h30 le lundi et après j'aurais mes horaires.

— Tu as tes tenues, alors ?

— Je les ai eu hier après-midi. Et là je vais avoir mes papiers.

— Quels papiers ? demandais-je.

— Ceux pour le stage. Feuille de présence, mes objectifs. Comme les tiens, quoi.

— Je vois et euh … tu … tu as eu des nouvelles de ton père ?

Je vois son visage se crisper à ma question.

— Toujours pareil … les constantes sont bonnes. Il a les yeux qui bougent mais le médecin dit que c'est nerveux.

— Il commence peut-être à se réveiller, c'est bon signe.

— Espérons-le. Evan ne cesse de me demander d’aller le voir mais avec tous les fils et le matériel respiratoire, j'ai pensé qu'il ne vaudrait mieux pas qu'il le voit comme ça, dit Natasha.

— Tu as tout à fait raison.

Elle pose sa serviette sur la table et finit son verre. Je vois que m’expliquer ça, ça la rend triste. Surtout pour son frère.

Nous allons marcher durant une dizaine de minutes puis nous revenons à la Faculté. Je m'assois sur un banc pendant que Natasha s'installe sur moi.

— Ça va ? interrogeais-je.

— Oui. Pourquoi ?

— Tu as l'air bien pensive depuis tout à l’heure … je n’aurai peut-être pas dû te demander pour ton père si ça te rend triste. Désolé.

— Non ça va … je réfléchis à ce que l'on pourrait faire ce soir.

— Mon petit doigt me dit que tu as quelque chose derrière la tête.

— Peut-être bien … ta sœur est enfin partie et Evan dort chez un copain, avoue Natasha.

— Pour de bon, elle est partie ? demandais-je, avec un large sourire. Ma sœur je l’adore mais elle est un peu envahissante.

— Oui … elle a fait sa valise, elle a fait un cadeau à mon petit frère puis elle est partie.

— Ça veut dire qu'on va enfin pouvoir se retrouver tout seuls ?

— Oui … je crois bien.

— Nicole nous a donné notre après-midi, je vais aller faire quelques courses pour ce soir.

— Je peux venir avec toi ?

— Dans d'autres circonstances, je t'aurais dit oui mais là, c'est non. Et ce n'est pas la peine de me faire ces yeux-là, répondis-je.

— Quels yeux ?

— Les yeux de chiens battus que tu me fais à chaque fois que tu veux quelque chose. Même si d'habitude ça marche, là … ça ne fonctionnera pas.

— Tant pis, lance-t-elle.

Elle regarde autour d'elle et voit que personne ne nous regarde vraiment.

— Qu'est-ce que tu fais ? questionnais-je, alors qu'elle fait glisser son doigt tout le long de mon buste.

— Mon plan B.

— Et … tu crois que ça va marcher ? demandais-je, après qu'elle m’ait embrassé.

— Bah, en tout cas, ça à l'air de te faire quelque chose.

J’avance ma tête après avoir placé ma main gauche sur la joue de Natasha. Elle a réussi à m’avoir.

— Désolé, il faut que j'y aille, me dit-elle.

Elle m’embrasse vite fait et part aussi vite.

— Eh … tu ne peux pas partir comme ça, lui dis-je, en lui attrapant le bras.

— Tu ne veux pas que j'arrive en retard ? demande-t-elle en souriant.

Je l'attire contre moi.

— Je veux juste un vrai bisou.

Elle m’embrasse à pleine bouche avant de reculer tout sourire.

Ses amis l'attendent sur le pas de la porte d'entrée de la Faculté. Elle les rejoint pendant que je remonte en voiture et prends la route en direction du magasin le plus proche.

~ Point de vue Natasha ~

Les cours ont commencé depuis seulement une heure mais ça me paraît bien plus long. J’ai tellement hâte que sonne 17h. J’essaie de me concentrer sur le cours mais rien à faire. Je ne cesse de penser à autre chose.

Je suis sortie de mes songes par mon téléphone qui sonne. Oups … je pensais l’avoir éteint.

— Combien de fois vous ai-je dit d'éteindre vos téléphones portables pendant mes cours ? demande le professeur.

Je me jette sur mon sac pour regarder le nom de l’appelant. J’espère que ce n’est pas l’hôpital pour m’annoncer une mauvaise nouvelle.

— Mademoiselle Camelin … le règlement concernant les téléphones portables vous concerne également.

— Désolé monsieur je l’éteins tout de suite.

Mon visage se fige quand je vois le nom de l’appelant. Je me décompose sur place.

— Excusez-moi monsieur, c'est l'hôpital … il faut que je décroche.

— Allez-y.

Je sors aussi vite que possible et décroche.

— Oui allô.

— Mademoiselle Camelin ?

— Oui.

— Bonjour, c'est le docteur Cruz. Je vous appelle au sujet de votre père. Il faudrait que vous veniez tout de suite.

— J'arrive.

Je ne demande même pas au médecin ce qui se passe, je raccroche immédiatement et je retourne en cours les yeux pleins de larmes. Je stresse tellement que je m’imagine le pire.

— Monsieur, il faut que j'y aille. C'est urgent.

— Bien sûr, allez-y. Vous me tenez au courant.

— Oui, monsieur. Merci.

Je range mes affaires au plus vite et ressors aussitôt de la salle.

Une fois dehors, j’appelle Greg pendant que je cours pour rejoindre l'hôpital.

Quand j’y arrive, je vais directement à la chambre de mon père et vois qu'il est réveillé.

Oh mon dieu … il est réveillé … mais qu’est-ce qu’il a ? Il repousse le personnel médical présent dans la chambre avec une telle violence et il essaie d'arracher tous les fils, les perfusions … jamais je ne l'ai vu dans un tel état.

Le docteur Cruz me regarde à travers la baie vitrée. Je le vois à peine tellement je suis paralysée par le comportement de mon père.

Je suis sortie de ma torpeur par le docteur Cruz qui se trouve à côté de moi.

— Mademoiselle Camelin … votre père a un très mauvais réveil. Il a frappé deux infirmières qui ont essayé de le canaliser alors on a pensé que vous pourriez peut-être nous aider à le calmer. Parfois, le fait que ce soit la famille, ça apaise le patient, m’explique le docteur Cruz.

Euh oui pourquoi pas mais je ne suis pas sûre que ça fonctionne. Il me fait un peu peur là mais bon je peux toujours essayer. Je pose mon sac par terre et entre dans la chambre tout en écoutant les consignes du docteur Cruz. Il me demande de le rassurer, de lui parler, le toucher en espérant qu'il se calme. Mais vu comment il agit avec le personnel médical …

La plupart des soignants se sont poussés sur le côté à la demande du médecin, me laissant la place.

Je pense que je vais suivre mon instinct même si là maintenant il me dit de sortir de la chambre. Je place mes mains sur le visage de mon père et je lui parle. Sur le moment ça n’a pas l’air de fonctionner mais je ne lâche pas l’affaire. Le docteur Cruz m’a donné une mission. Au bout d'une grosse demi-heure qui m’a parue une éternité, il se calme. L'infirmière vient se placer derrière moi pour le perfuser une nouvelle fois et j’en profite pour me laisser aller à mes émotions. De grosses larmes coulent sur mes joues et certaines atterrissent sur le drap de l’hôpital.

— Ça va aller ? me demande le docteur Cruz.

— Oui oui … c'est juste la pression qui redescend.

— Maintenant qu'il s'est réveillé, il va pouvoir reprendre ses marques.

— Sa blessure est bien cicatrisée ? questionnais-je.

— De ce côté-là, il n'y a aucun souci ... mais il ne faut pas oublier qu'il a été coupé du monde pendant deux mois.

Il reste encore quelques minutes dans la chambre à regarder les constantes puis il me laisse seule.

J’hésite plusieurs minutes puis prends une chaise et m'assois près de mon père.

— Comment tu te sens ? lui demandais-je.

J’ai les yeux remplis de larmes mais je m’efforce de ne pas pleurer devant lui. Il ne cesse de regarder autour de lui, un peu perdu.

— Où est-ce que je suis ?

— Tu es … à l'hôpital.

— Pourquoi je suis là ?

— Tu ne t'en souviens pas ?

— Pas … pas vraiment, me répond mon père.

Bon ok … c’est normal, il vient de se réveiller. Il faut lui laisser le temps de se remettre.

— Tu t'es pris une balle dans le dos. Elle est passée à quelques centimètres de la moelle osseuse. Le docteur Cruz t'a opéré et … tu es resté deux mois dans le coma.

— Comment ça deux mois ?

— Oui, nous sommes en octobre.

Il parait choqué mais s’efforce de reprendre ses esprits.

— Et ton frère et toi, comment vous allez ?

— Ca va. On a géré.

— Tant mieux. Et l'école, comment ça se passe ?

— Très bien.

— Comment vont les autres ? John, Nicole ?

— Oh euh … John a été sevré il va beaucoup mieux et pour Nicole, ça va.

Il se passe un moment, par lequel, je le regarde dans le blanc des yeux. Est-ce que je lui dis que j’ai lu la lettre ? Je ne veux pas qu’il se fasse des illusions avec Nicole.

— J'ai lu la lettre que tu as écrite à Nicole.

Autant y aller d’emblée même s’il est gêné.

— Tu n’avais pas à la lire, me dit mon père.

— Elle me l'a fait lire et franchement …

— Franchement quoi ?

— … j'ai lu ces lignes et … j'ai eu l'impression que tu as toujours aimé Nicole, comme si tu étais avec elle … même quand tu partageais ta vie avec maman, expliquais-je.

— J'ai fait beaucoup d'erreurs mais quand il s'agit de Nicole, je suis prêt à faire n'importe quoi.

— Tu aurais fait pareil si maman était encore là ?

— Certainement … mais peut-être que tu ne comprends pas parce que tu n'as pas encore rencontré la bonne personne mais ...

— Si, j'ai très bien compris.

— Qu'est-ce qui te gène, alors ? demande mon père.

Allez, autant se jeter à l’eau.

— Est-ce que tu as encore des sentiments pour elle ?

— On a vécu des moments riches en émotions ...

— Je sais, elle m'a raconté.

— … et on n’oublie jamais un premier amour et surtout pas après ce qu'on a vécu.

— Au moins, ça a le mérite d'être clair, lançais-je.

Les larmes coulent sur mes joues.

— Ça n'a rien à voir avec ta mère. Je l'ai aimé et j'éprouve encore des sentiments mais on n'a pas vécu les mêmes choses.

— OK.

Je sèche mes larmes et je change de sujet, je pense que ça vaut mieux.

— J'ai apprécié la lettre que tu m'as écrite. Et il faut que tu saches que moi aussi, j'ai trouvé quelqu'un que j'aime beaucoup. Et je pense … que c'est le bon, dis-je, en changeant de sujet.

— Ah … euh ok. Je le connais ?

— Pour l'instant, je voudrais savoir si la différence d'âge te dérange ?

Je vois que ces sourcils se froncent.

— Il a quel âge ?

— Trente ans, répondis-je.

Soudain, son visage se ferme.

— Ça fait treize ans d'écart, ça. Je trouve que ça fait beaucoup.

— Y’a pas que l’âge qui compte. J'ai le sentiment d'être protégée quand je suis avec lui. Il est très respectueux.

— J'aimerais le rencontrer et te dire ce que j'en pense avant que ça ne devienne trop sérieux, prévient-il.

Je me retiens de rire.

— Ne t’inquiète pas, c'est prévu mais … ça ne changera rien.

— Pourquoi, ça fait combien de temps ?

— Neuf mois.

— Neuf mois ? s'énerve-t-il.

— Oui.

Je lui réponds avec le sourire. Je sais que ça l’énerve mais bon … faudra bien qu’il s’y fasse. Toute façon il va me faire passer son interrogatoire mais je suis plus maligne que lui. Il ne saura rien.

— Je le connais ?

— Euh, oui.

— Il travaille où ?

Je lui réponds par un sourire.

— Il est au commissariat ?

— Si je réponds à toutes tes questions maintenant, tu vas lui demander quoi le jour où tu le verras ?

Mon téléphone vibre de nouveau.

— Excuse-moi une petite minute.

Je sors de la chambre et vais voir Greg qui m'attends dans le couloir.

— Tu veux que j'aille chercher ton frère ?

— Oui, ça m'arrangerait, lui répondis-je.

Il me prend dans ses bras pendant quelques minutes, ça me fait tellement de bien à cet instant.

— Tu devrais me complimenter un peu plus souvent. C’est assez plaisant.

— Depuis quand tu écoutes aux portes ?

— Je sais lire sur les lèvres, avoue-t-il.

— Ah, un autre secret non avoué …

Je me redresse et le regarde d’un air triste.

— On doit annuler notre dîner.

Je vois la mine triste de Greg mais il essaie de me faire rire.

— On pourrait le faire avec ton père, sinon.

— Laisse-le se remettre et dès qu’il sort de l’hôpital on organise ça.

Je l'embrasse puis il dit :

— Je vais chercher le monstre et je reviens.

Il m'embrasse une dernière fois et part.

Je le regarde partir, puis retourne auprès de mon père.

— Je pourrais sortir quand ?

— Je ne sais pas. J'irais voir avec le médecin tout à l'heure.

Nous continuons à discuter pendant de longues minutes quand nous entendons frapper à la porte. Je me retourne et vois mes amis. Ça me fait plaisir qu’ils soient là. Je leur fais signe d'entrer et ils ferment la porte.

— Qu'est-ce que vous faites là ? leur demandais-je.

— On est venu prendre des nouvelles, répond Sophie.

— On a vu que tu n’allais pas bien, alors on est venu, dit Edward.

— J'ai eu plus de peur que de mal, leur dis-je.

Ils se placent autour du lit en s’espaçant un peu. Mon père a toujours aimé mes amis, en les traitant comme ses propres enfants.

— Alors, comment vous vous sentez ? interroge Tiffany.

— J'ai l'impression qu'un rouleau compresseur m'a roulé dessus pendant des heures.

— Vous avez manqué plein de choses, dit Paul.

— Comme quoi ? demande mon père.

— La compétition de danse déjà … les filles ont tout dévasté jusqu'en finale, où elles se sont faites ratatiner.

— Merci Paul, dis-je.

— Il faut que vous regardiez les vidéos que ...

— En parlant de danse, on va pouvoir se rattraper lors de la prochaine compétition, interrompt Daniela avant qu’un lapsus ne soit dit.

— Quand est-ce que c'est ? interroge mon père.

— Juste après les partiels du mois de décembre. Le 15, si je me souviens bien, dis-je.

— J'espère que je serais là.

— Bah nous aussi, parce que vos petits gâteaux nous manquent beaucoup, lance Tiffany.

Je pouffe de rire en entendant Tiffany parler. Si elle pouvait en manger toute la journée elle le ferait.

— C'est uniquement pour ça que vous voulez que je me rétablisse vite ?

— En grande partie, avoue Edward, pendant que tout le monde rigole.

— Et les cours, comment ça se passe pour vous ?

— Ça peut aller. Ils sont assez lourds, mais on garde la tête toujours hors de l'eau. C’est la médecine quoi, lance Nathan.

— Je crois qu'on devrait y aller, dit Sophie, en regardant derrière elle.

— On se marre bien, ajoute Paul.

La porte s’ouvre à la volée et je vois mon petit frère courir jusqu'à notre père.

— Doucement, lui chuchotais-je.

~ Point de vue Stéph ~

— Ça va aller.

— Je voulais venir te voir, mais elle n'a pas voulu. Elle a dit qu'il y avait trop de machines, lance Evan.

— Elle a eu raison. Un hôpital n'est pas fait pour un petit garçon de ton âge.

— Tu m'as trop manqué.

— Toi aussi, bonhomme.

Étant donné que ma fille est sortie de la chambre et que je ne compte lâcher l’affaire concernant cette histoire de petit copain qu’elle me cache depuis des lustres, je vais interroger mon fils. Lui, il va me parler.

— Dis-moi bonhomme, il paraît que ta sœur a un chéri.

— Oui, c'est vrai. Elle est toujours collée à lui et lui à elle.

— Tu sais comment il s'appelle ?

Autant ne pas y aller par quatre chemins et poser la question directement.

— J'ai promis à Natasha, lance mon fils.

Ok, une promesse est une promesse. C’est bien, il tient sa parole.

On va essayer une autre technique.

— Il a peut-être un surnom, ce chéri ?

— Lui, c'est chouchou.

— Chouchou ? C'est quoi ce surnom débile. Il est comment ? demandais-je.

— Très gentil et il fait beaucoup rire Natasha.

Très bien il a intérêt à être gentil avec ma fille sinon je vais m’occuper de son cas.

— Et physiquement ?

— Il est très grand, il a les cheveux comme Natasha.

Hein ? Elle a choisi un mec qui a les cheveux longs ? Mais pourquoi ?

— De la même couleur et très court, ajoute-t-il.

~ Point de vue John ~

Je viens de recevoir un appel de Natasha. Stéph s’est réveillé. J’ai averti le commissariat de la bonne nouvelle et ils sont tous très contents.

J’ai fait monter Nicole dans la voiture et sommes arrivés devant la chambre de Stéph.

Natasha a essayé de la convaincre d'aller le voir mais elle a refusé net.

J’entre dans la chambre seul.

— Comment tu te sens ? demandais-je.

— Ça va. Tu es tout seul ? dit-il.

Je sais qu’il espère voir Nicole mais autant qu’il ne se fasse pas d’illusion.

— Elle est dans le couloir avec Natasha mais je ne pense pas qu'elle entrera.

— Elle s'en veut encore ?

— Bien plus qu'elle ne le laisse paraître, répondis-je.

— J'aurais fait la même chose pour toi comme pour un autre …

— Tu la connais, non ? Et puis, tu as failli y passer pour de bon, alors ça n'arrange rien.

— Essaie de la faire venir.

— Aucune garantie.

Le silence s'installe entre eux pendant quelques minutes. La situation est un peu embarrassante.

— Je voulais aussi m'excuser pour les incidents que j'ai occasionnés, dit Stéph.

— Tu parles du dossier que tu as fait sur moi et de tes crises de jalousie qui ont failli nous coûter la vie ?

Ouais je ne voulais pas être aussi franc, j’ai promis à Nicole de laisser tomber mais bon un petit pic ne peut pas lui faire du mal … surtout que nous avons tous failli y passer à cause de lui.

— Oui, je suis désolé. Je ne vais pas tout mettre sur le compte de l'alcool mais ...

— Ne t'inquiète pas, c’est oublié.

— Tu ne peux pas dire que c'est oublié. À cause de moi, tu t'es fait chopper par Chris et tu as failli y passer. Si je n'avais pas essayé de vous séparer, rien de tout ça ne serait arrivé.

— Je ne dis pas que c’est oublié je ne vais pas te mentir … on va simplement dire que tu as eu un moment d'égarement ...

— Un gros moment alors, parce que ...

— Écoute … je pense que tu l’a payé assez cher, donc on va en rester là.

— Et Nicole elle en dit quoi ? Pourquoi elle n'arrive pas à franchir cette porte ? me demande Stéph.

— Parce qu'elle pense que tu ne vas pas lui pardonner d'avoir pris la balle à sa place.

— Je la connais, ce n’est pas dans ses habitudes de réagir comme ça … Ça doit être à cause des hormones. Et pour le boulot, elle gère comment ?

— Elle dort beaucoup l'après-midi mais c'est normal. Elle est cantonnée à la paperasse et aux prises des plaintes.

— Elle doit vraiment aimer son boulot … Mais juste un truc … dis-moi au moins que vous les avez tous eu ? me demande Stéph.

— Euh … Chris et Eva ont été tués pendant l’assaut et Laurent séjourne aux Beaumettes. Il a été inculpé de complicité d'enlèvement, tentative de meurtre avec préméditation.

— Tant mieux. Qui prend les reines du commissariat, alors ?

— Jusqu'à présent, c'est moi et Eddy est venu me voir cette après-midi.

— Il te laisse le poste ? questionne Stéph.

— Bah, en fait ils m'ont fait deux propositions très alléchantes et une qui ne m’intéresse plus aujourd’hui.

— Il était de bonne humeur aujourd'hui. Qu’est-ce qu’il te voulait ?

— Soit je refuse le poste et je reste un simple commandant en chef. Soit j'accepte le poste de commissaire et ils cherchent un éventuel remplaçant pour le poste de commandant. Soit … soit, j'accepte le poste que l'armée me propose et je partirais sur le terrain immédiatement.

Quel choix John va-t-il faire ? Vers quelle proposition va-t-il se laisser tenter ?

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