Le pouvoir de la lune et des cristaux
- … Et c'est pourquoi l'augmentation des taxes est nécessaire pour l’approvisionnement de nos garnisons ! Je suis certain que le peuple sera fier de son sacrifice une fois que nous rentrerons victorieux de cette campagne. Déclara le général Draph fier et son idée.
Le discours avait été bien préparé, Quashirell le reconnaissait. Néanmoins, elle refusait ce genre de bataille. Aussi, elle secoua doucement la tête de gauche à droite pour imposer son refus.
- Je n'affamerai pas mon peuple au plus fort de l'hiver pour une seule campagne qui nous mettrait en condition hostile avec le Royaume Benshi. Trancha la souveraine en se levant de son siège. La conversation était finie pour elle.
- Mais, votre majesté, il est impératif de profiter de cette occasion, l'annexion d'un territoire voisin augmenterait notre périmètre agricole. Ce n'est pas à négliger !
- Je ne changerai pas d'avis, Général. Bien, si nous n'avons plus rien à l'ordre du jour, je suppose que je peux vous... La reine dut s’interrompre dans sa phrase, quelques coups avaient été frappés à la porte avant que des éclats de voix menaçants se fassent entendre.
Aussitôt, les généraux et conseillers entourèrent leur souveraine alors que le général en désaccord avec Quashirell traversait leur salle de réunion pour aller voir de quoi il en retournait. Quand il ouvrit la grande porte, un homme s’étala sur le sol de pierre. Son visage était tuméfié, sûrement par les coups qu'il venait de se prendre.
- Que se passe-t-il ?! Tonna la voix grave du général alors qu'il s’apprêtait à offrir une nouvelle lésion au visage de l’intrus.
- Il suffit ! Reprit la voix de la jeune femme sur un ton ferme. Cela suffit, messieurs... Ajouta-t-elle d'un ton plus calme.
Suite à quoi, ce fut comme une douce brise chaude qui se leva et vint caresser chaque personne autour de la souveraine, une illusion de doux massage leur était prodiguée jusqu'à apaiser les tensions et les rancœurs de chaque guerrier autour de la table. La reine venait d'user de l'un des pouvoirs que lui avait donné la lune et les astres lors de son couronnement. Celui d'apporter la paix dans les cœurs et les esprits, de calmer les désaccords.
Quashirell avait laissé son don se diffuser dans la pièce avant de contourner la table, où un plan et des pions avaient été placés, pour s'approcher de l'intrus. Elle ne ressentait aucun haine émaner de lui, seulement de la crainte et de l'appréhension, peut-être même une lueur d'espoir.
Dès que la reine s'était approchée, le pauvre homme mal vêtu se prosterna devant la grande dame.
- Votre majesté... Je … Je vous demande pardon de vous interrompre ainsi, mais je n'avais pas d'autre solution. Je … C'est mon fils, mon seul garçon... Je sais que vous seriez venue demain, mais il sera certainement trop tard. Balbutia-t-il sans oser relever la tête vers sa souveraine.
- Je comprends. Déclara cette dernière d'un ton doux et apaisant.
Un bruit de chaise raclant le sol attira l'attention de Quashirell, elle s'était détourné du malheureux pour voir un de ses conseillers se dresser sur ses pieds. Guertrag était très grand, sûrement atteignait-il les deux mètres, et aussi fin que l'on puisse l'être et tenir debout. Son âge avait rendu des épaules et le haut de son dos voûté, lui donnant l’apparence d'un vautour. Son regard bleu clair contrastait avec sa peau mâte et ses cheveux blancs. C'était un homme sec et rigide, aussi bien sur son corps que dans son esprit.
- Il est hors de question que sa majesté sorte dans les rues aujourd'hui ! Vous êtes bien aimable de vous préoccuper des petites gens et c'est tout à votre honneur, mais votre majesté n'est pas médecin... Il ne faudrait pas...
- Je vous en supplie, votre majesté, il va mourir, d'une minute à l'autre, je ne connais personne d'autre qualifiée pour faire un miracle.
Lentement, Quashirell tourna son visage vers ses conseillers. Son regard perle était déterminé et mettait au défi quiconque aurait voulu l'arrêter. Elle avait pris sa décision et cette dernière était sans appel.
Avec douceur, elle aida l'homme à se relever, faisant fi de son odeur de fumier et de sueur. Si elle pouvait apaiser le cœur de son peuple, elle le ferait jusqu'à ce que ses pouvoirs ne soient plus les siens.
- Je vous suis.
Accompagnée de cinq gardes, la souveraine suivit le paysan jusqu'à un jardin bien entretenu et une maison en ruine. Quelques chèvres étaient regroupées dans un enclos et un cheval stressé hennissait attaché à un arbre.
- La bête s'est emballée et a rué, mon fil se trouvait sur le passage... Expliqua l'homme au bord des larmes.
L'enfant avait une dizaine d'années et se trouvait allongé à même le sol boueux. Quashirell ne pu retenir une grimace devant le spectacle. Elle s'approcha, laissant sa tenue propre se salir de boue alors qu'elle s'agenouillait près du blessé. Sa peau était pâle et froide, il semblait vraiment trop proche de la mort pour qu'elle puisse le sauver. Néanmoins, elle ferait de son mieux.
- Je vais faire ce qui est en mon pouvoir. Annonça-t-elle, concentrée.
Une fois que le garçon eu le torse à découvert, un énorme hématome était visible sur l'un de ses flancs. Les mains de la reine s'activèrent alors au-dessus de l'enfant qui était déjà inconscient. Quashirell connaissait l’effet de ses soins, cela apaisait la douleur, réparait les tissus endommagés, ressoudait les os... Cependant, ce ne fut pas suffisant. L'hématome resta présent et le dernier souffle du garçon s'évada de ses lèvres, son cœur cessa de battre. Ce fut alors comme un poids qui se posa sur ses épaules et son cœur, le poids de la perte. Elle n'avait pas réussi à sauver l'enfant.
Les parents pleuraient quand la souveraine les quitta pour retourner à son château. Elle était attristée de cette perte alors qu'elle ne les connaissait pas. Mais pour la reine, son peuple était sa famille, elle ne voulait que leur bien, alors quand son peuple pleurait, elle pleurait aussi.
Annotations
Versions