Des flammes qui ne sèchent pas les larmes
Il n'avait pas fallu attendre trop longtemps pour s'occuper du corps sans vie de la jeune Alérÿn. La décomposition ne devait pas déjà commencer, cela aurait été un autre triste présage pour la famille royale.
Comme le voulait la tradition, la reine avait fait un discours. Lent pour cacher les sanglots de sa voix, elle avait fait l'éloge de cette jeune fille si douce et sage. Si calme et pure. La mort l'avait injustement fauchée et les responsables seraient châtiés.
Pendant ce temps, le bûcher funéraire avait terminé de se monter à la force des bras de quelques gardes. Le corps enroulé dans du tissus de lin blanc avait également été apporté et déposé sur le lit de paille.
Beaucoup de sujets étaient venus se recueillir, même s'il ne connaissait pas très bien cette princesse, ils appréciaient leur reine et par respect, ils présentaient leurs hommages à ce corps si jeune qui s'en irait bientôt en fumée.
La torche avait été allumée par le général Draph, le malheureux père de la demoiselle qui ne se relèverait jamais. Son visage était encore plus froid et fermé qu'à son habitude et Quashirell pouvait voir que ses lèvres étaient d'avantage pincées.
Draph fut rejoint par son épouse, il soutenait cette dernière à l'aide d'un de ses bras fort autour de sa taille, si bien que la souveraine se demandait s'il ne la portait pas totalement. La mère avait pris la torche, étant donné qu'il était du rôle des plus proches parents que d'allumer le feu mortuaire. La flamme était tremblante dans la main fine et hésitante d'Améalys, mais son pas lent était cadencé par celui de son époux.
Depuis qu'ils s'étaient mis en marche, des musiciens entamèrent une musique composée dans la matinée, dès qu'un crieur avait annoncé la nouvelle. Il fallait au moins cela pour la douce princesse. Puis la paille sèche et le foin attrapèrent la flamme brûlante et s'en nourrirent pour créer le brasier. Une épaisse fumée se répandit autour de l'assistance, s'écoulant même dans les rues attenantes à la grande place du château. Après un moment de recueillement, beaucoup de visiteurs se dissipèrent pour échapper à l'odeur nauséabonde du corps en train de se consumer.
Eliam avait eu le droit d’assister à la cérémonie, enfermé dans une cage de fer, il observait la procession, restant à genoux, ne voyant qu'à peine le bûcher. Il murmurait son désespoir et ses dernières prières pour la femme à qui il avait donné son cœur, à la femme qu'il n'avait pas su protéger de son destin.
Les larmes coulaient sur ses joues et les émanations du feu n'y étaient malheureusement pour rien. Alérÿn, sa bien-aimée était perdue à jamais, et jamais il ne pourrait à nouveau la garder dans ses bras. Il devait commencer à faire son deuil de ce futur qu'ils avaient imaginé ensemble et qu'il ne pourrait jamais réaliser.
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