Paranoïa légère ou excès de prudence
Tout avait été tellement rapide. Beaucoup plus rapide que lors du décès de cette pauvre Alérÿn. Et là, pas de grands cris de la part d'un amant maudit. Seuls les pleurs de deux parents effondrés faisaient office de musique de fond.
Quashirell avait paniqué. Vraiment. Elle avait ordonné au général Draph de s'occuper du corps de la petite Myryane tandis qu'elle commandait à la moitié de sa garde de surveiller l'étage de ses appartements, appartements dans lesquels elle s'était enfermée avec son neveu et sa dernière nièce.
Pourtant, elle n'avait pas pleuré. La peur la tétanisait et empêchait son chagrin de la submerger. La paranoïa était arrivée. Le feu brûlait dans la chemisée et le sofa qui trônait dans sa chambre avait été transformé en lit pour Phoelyx. Ils avaient passé la veille enfermée avec interdiction de sortir de la pièce, tout comme d'ouvrir la fenêtre.
Quashirell avait passé sa nuit à serrer Fyo dans ses bras, étouffant quasiment cette dernière. L’adolescente avait dût attendre que sa tante s'endorme pour pouvoir s'extraire de son aura un peu trop protectrice avant d'aller rejoindre son frère qui ne semblait pas enclin à dormir. Elle se faufila contre lui, comme lorsqu'ils étaient encore enfants et qu'ils dormaient ensemble.
•••
- Où est-elle ?! Fyo !!! Où es-tu !!! Commença à paniquer la souveraine dès le réveil en voyant la place près d'elle totalement vide.
- Je suis là, je suis là... Répliqua la jeune fille qui s'approchait de sa reine pour ne pas l'affoler davantage.
Elle avait fait vite et aurait peut-être dû se méfier car, une fois près du lit, elle se fit violemment agripper par Quashirell qui l'attira contre elle pour la serrer dans ses bras, visiblement soulagée de la voir vivante et un seul morceau.
La princesse allait se défendre quand Phoelyx se leva du canapé en s'étirant et baillant largement, manquant complètement de classe que son rang imposait.
- Ma reine, doit-on rester ici jusqu'à mourir de faim ?! Je dois sortir où je vais devenir complètement fou ! J'ai l'impression d'être un lion en cage !
- Non ! Vous ne sortirez pas ! Pas jusqu'à ce que la sélection ait lieu. Et encore là, je ne sais pas s'il sera prudent de vous laisser sortir. Nous devrions sûrement faire le rituel ici, rien que tous les trois ! Commença à délirer Quashirell qui ne relâchait pas sa nièce.
Il en est hors de question, ma reine. Ce n'est pas en nous affamant que nous serons à l’abri de toutes tentative de meurtre ! À moins que vous ne vouliez nous étrangler tous les deux, un par un, sans témoin.
Les mots avaient été lancés sans forcément penser à mal, mais ils avaient été lâchés avec colère et frustration. Cela fit stopper la reine tout net, relâchant aussitôt Fyo.
- Non... Phoelyx... tu n'as pas osé... murmura la princesse les yeux écarquillés.
- Non, ce n'est pas ce que je voulais... Balbutia le garçon
- Excuse-toi ! Phoelyx... Supplia Fyo qui finit par sentir les larmes lui monter aux yeux.
- Vous ne sortirez pas d'ici avant que je n'en ai donné l'ordre ! Est-ce bien clair ?! Rugit la souveraine qui, sans qu'elle s'en soit aperçut, avait laissé son pouvoir s’insinuer dans la pièce, glisser de ses lèvres pour toucher les deux personnes présentes, les faire plier à sa volonté par la peur.
Phoelyx avait senti un immense froid pendant une fraction de seconde et s'était figé devant l'aura féroce de sa jeune tante. Il déglutit avec difficulté avant de plier le genou devant sa reine.
- Je... Je vous demande pardon, votre majesté. Je n'insisterais plus... Dit-il d'une voix rendue rauque par l'émotion.
Sans qu'il y ait de raison logique, le prince était littéralement apeuré par la présence de Quashirell. À cause des pouvoirs qu'elle possédait, il avait entendu dire que les souverains Varalÿn avaient toujours eu ce pouvoir en plus des autres... Mais il n'avait jamais vu sa tante s'en servir, et il sut alors qu'il venait de franchir une limite en l'insultant de la sorte.
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