Une fois Phoelyx arrivé, la garde lui avait finalement obéit. Les conseillers et généraux de connivence avec le prince Shitrim avaient été obligés de jurer de nouveau allégeance à leur nouveau roi... et à leur nouvelle reine.

Avec la mort du prince, chacun avait su retrouver sa place et courber l'échine devant les véritables souverains. Étrangement, Phoelyx avait su faire prendre d'un grand charisme et d'une autorité militaire que Quashirell n'avait jamais soupçonné. Après tout, elle le voyait toujours comme un enfant alors qu'il commençait à devenir un homme.

Revenue dans le château, lavée, habillée correctement, nourrit et dans des appartements décents, l'ancienne reine n'arrivait pas à trouver la paix même avec tous ces efforts. La solitude la rendait paranoïaque, elle craignait d'être assassinée si elle n'était près d'un de ses proches.

C'est pour cette raison qu'elle alla cherche elle-même la compagnie d'Eliam. Le jeune homme avait finalement été gracié par le roi. Pour avoir sauvé sa sœur et sa tante, il avait été promu au rang de général chargé de la protection des souverains ainsi que du palais en général. C'était un honneur pour Eliam qui, pourtant, avait demandé un moment pour accepter ou non ces privilèges qu'il avait assuré ne pas vraiment mériter.

Toquant timidement à la porte des appartements d'Eliam, la reine douairière attendit l'autorisation d'entrer pour se faufiler dans la pièce simple et sobre. Près de la cheminée, Eliam se trouvait assit sur le divan, un verre de vin à la main, un livre dans l'autre.

- J'ai bien fait de veiller un moment... Je me doutais bien que vous viendriez. Constata l'homme qui pourtant n'avait pas levé son regard de son livre.

Quashirell ne répondit pas, et, comme chez elle, vint s'asseoir près d'Eliam, laissant son regard redevenu bleu se perdre dans les flammes. Laissant ses pensées divaguer beaucoup plus paisiblement. Elle repensait aux événements désastreux qui semblaient enfin se terminer, aussi rapidement que l'on se réveil d'un cauchemar. Plus d'assassinat, plus de mensonges... et son frère était mort. Ce grand vide fit saigner son cœur à nouveau, laissant deux sillons de larmes arpenter ses joues blanches.

Elle sursauta lorsque la main chaude d'Eliam se posa sur la sienne, la regardant avec curiosité et inquiétude.

- Eliam... A quoi puis-je servir maintenant que je n'ai plus rien à m'occuper ? Finit par demander la demoiselle en un soupire douloureux.

Sa seconde main fut kidnappée aussi pour finir par sentir le souffle d'Eliam dessus avant que ses lèvres encore en piteuse état ne s'y déposent.

- Vous êtes plus utile que vous ne l'imaginez, ma reine.

- Je ne suis plus reine à présent.

- Vous restez toujours élue par les astres, même si le fardeau de vos pouvoirs revient à nos deux nouveaux souverains, vous avez toujours le pouvoir de les guider dans le droit chemin, leur apprendre à faire le bien avec ce qui vous a été donné dans votre enfance. Vous avez votre expérience à partager, votre sagesse à offrir à ces deux jeunes.

Sous ces bons conseils et ses petits compliments, Quashirell se sentit rougir et inconsciemment, remerciait la lumière tamisée qui cachait son état. Elle hocha doucement la tête tandis qu'il lâchait ses mains et qu'elle s'installait contre lui, déposant sa joue contre l'épaule encore intact d'Eliam.

Un silence paisible s'installa dans la pièce, un silence seulement brisé par le crépitement du feu dans l'âtre.

Puis, Eliam finit par le briser. Sa voix était chuchotante comme s'il craignait de sortir Quashirell de son état serein.

- J'apprécie que vous soyez venue... Je voulais que vous soyez la première à qui je ferais part de ma décision... Je ne vais pas accepter le poste de général que m'offre le roi. Je ne m'en sens pas capable et je suis trop loin de mérité autant de responsabilités, je n'en ai pas les épaules. C'est pour cela que je compte me rendre à la grande bibliothèque. Auprès de mon ancien maître pour reprendre sa suite. J'espère que vous comprendrez que ce n'est par manque d'affection pour vous. Mais je n'ai plus ma place dans ce château et trop de souvenir douloureux s'y trouve pour que je garde l'esprit clair dans ces lieux...

Quashirell resta silencieuse. Elle comprenait et aurait voulu le retenir, mais elle n'arrivait pas à trouver les mots. Elle avait beau essayer d'effacer la peine qu'elle ressentait dans le cœur du jeune homme. C'était sans succès car elle ne possédait plus ce pouvoir.

Elle poussa un profond soupir désespéré.

- Je comprends. J'espère pouvoir te rendre visite souvent. Finit-elle par murmurer tandis que la fatigue l'emportait, encouragée par sa position et la chaleur qui l'enveloppait.