Une fois sa décision prise Eliam ne revint pas dessus et profita de son élan de volonté pour ne pas se faire retenir par personne. Ni par Améalys qui le suppliait de resté pour ne pas qu'elle se sente seule, ni par les encouragements du Général Draph qui lui promettait de lui donner la formation qu'il lui manquait.

Rien n'avait pu ébranler la certitude qu'il avait : sa place était dans une bibliothèque. Dans des archives, dans un endroit calme où immuabilité et la connaissance étaient maîtres.

Il était temps de dire au regard. L'après-midi était radieux et même un peu chaud pour la saison. Eliam qui s'était habillé comme pour partir une semaine dans le froid se sentait déjà suer sous sa cape de fourrure. Il avait fait ses adieux à ses deux souverains et s'approchait maintenant de son ancienne reine. Celle qui avait pu lui épargner sa tête. Celle qu'il avait appris à connaître au-delà de sa couronne.

- Majesté... Commença-t-il quelque peu hésitant. Ce qu'il avait à dire et explique n'était pas facile pour lui. Sous le pan de sa cape, ses doigts se mélangeaient, se trituraient.

- Je ne le suis plus vraiment, tu le sais.

- Vous resterez toujours ma reine. Avoua-t-il amusé par le refus de Quashirell de ne plus être considéré comme une reine.

- Il faut vraiment se dire au revoir ? S'enquit la demoiselle, le regard emplit d'espoir.

- Faite comme vous le souhaitez... Mais si cela peut vous apaiser... J'avais un présent pour vous...

Les yeux bleus de la jeune femme s'éclairèrent un peu plus et la curiosité finit par prendre place sur son visage. Alors Eliam, sachant qu'il avait tout l'attention de la douce brune, sortit ses mains de sa cape, dévoilant une bague... Un anneau d'or incrusté de petites émeraudes.

- Mais c'est... commença Quashirell le souffle coupé.

La bague que devait porter Alerÿn à notre mariage... oui. Je vous la confie. Ma bien aimée n’aurait pas voulu qu'elle se perde au fond d'une boîte à souvenir. Assure-t-il, l'émotion faisant trembler un peu sa voix. Son deuil n'était pas encore fait, mais loin du château, il serait possible.

Quashirell assura qu'elle en prendrait soin, et comme pour le lui prouver, elle tritura sa chaîne dorée et laissa glisser le bijou qui rencontra le petit pendentif déjà présent. Cela fit sourire Eliam. Oui, c'était mieux ainsi.

- Je te remercie pour tout ce que tu as pu faire pour moi, Eliam. Souffla finalement la demoiselle en s'approchant de l'érudit, s'approchant près, et une fois sur la pointe des pieds elle déposa chastement ses lèvres sur celle d'Eliam avant de reprendre sa place rapidement.

- Je t'aime Eliam. Avoua-t-elle finalement sans chercher à ce que ses sentiments soient réciproques.

Le garçon se sentit bête et ses joues étaient devenues cramoisie. Il aurait voulu poser plusieurs questions. Depuis quand ? Pourquoi ? Comment ? Mais voilà que l'ancienne souveraine s'en allait déjà pour disparaître dans le bâtiment de pierre froide.

Il finit par sourire, constatant qu'il n'était pas le seul à vouloir partir sans regret.