Chapitre 1
Sagitta, Douzième Royaume.
Valyar, capitale des Douze Royaumes.
–Satia ! Satia, lève-toi, tu vas être en retard ! cria une voix du rez-de-chaussée.
A l’étage, dans sa chambre, Satia s’extirpa péniblement du sommeil. Le brouillard se dissipa petit à petit dans son esprit. Soudain, elle réalisa : c’était le jour des examens !
Elle se leva d’un bond, et frissonna dans l’air frais avant de descendre les escaliers en courant. Son père l’attendait, le sourire aux lèvres.
–Ton déjeuner est prêt. Tu as bien dormi ?
–Oui, ça va. J’ai juste fait un rêve un peu bizarre… je te raconterai ce soir.
La jeune fille s’attabla et croqua une pomme tandis que son père étalait de la confiture d’abricot – sa préférée – sur une tranche de pain.
–Merci, dit-elle avec un sourire sincère quand il lui tendit.
–Avec plaisir.
Lisko se prépara une tartine à son tour, ravi de partager son déjeuner avec sa fille. Il ouvrirait sa boutique plus tard, et tant pis pour les clients. Il ne raterait pas cette occasion de passer un peu de temps avec elle, et après tout, deux semaines de festivités débutaient aujourd’hui. Personne ne se presserait pour acheter du tissu : les tenues de fêtes étaient commandées depuis longtemps. Toute la ville était décorée aux couleurs des douze royaumes de la Fédération, même si le violet de Sagitta prédominait. À se demander pourquoi ils n’avaient pas suspendu les examens de l’académie de Valyar.
–Tu ne regrettes pas de devoir aller en cours ? demanda-t-il.
–Non, répondit-elle en avalant d’un trait son bol de lait. Tu sais bien que je n’aime pas la foule. Je suis bien contente d’être occupée la première semaine des festivités ; tout le monde va se bousculer dans les rues pour tenter d’apercevoir les Djicams ou le Souverain Dionéris.
–Tu ne sembles pas les porter dans ton cœur, observa Lisko.
Satia se renfrogna et croisa les bras.
–Ils dirigent la Fédération, oui. Je doute qu’ils soient réellement au contact des besoins de leurs peuples.
–Vraiment ?
–Comment peuvent-ils à la fois siéger quotidiennement à l’Assemblée tout en sachant ce qui se passe au sein de leur planète ?
–Tu devrais le savoir mieux que moi, rétorqua son père avec un sourire. C’est toi qui étudie ces choses-là.
Elle soupira.
–Les douze Seycams dirigent chacune un royaume, et nomment le Djicam qui les représente à l’Assemblée, récita-t-elle.
–Ce n’est peut-être pas le meilleur système, mais c’en est un qui marche bien. Nous avons beaucoup voyagé ; n’as-tu pas tiré quelques leçons de ces expériences ?
Satia se rembrunit.
–Allumer un feu sans briquet, dormir à même le sol ? Oui, je peux être certaine qu’aucun des autres étudiants n’a subi ça.
–Satia… dit doucement son père, un air peiné sur le visage.
–Je sais, c’était pour mon bien, souffla-t-elle. Bon, je monte me préparer, ou je vais vraiment être en retard.
Elle disparut dans les escaliers, et Lisko soupira. Son regard se posa sur le portrait d’une femme dans la fleur de l’âge, accroché au mur. Ses cheveux violets cascadaient en boucles sur ses épaules ; son regard de la même teinte était doux.
–Je fais de mon mieux, dit-il doucement. Elle a hérité de ton caractère.
*****
Satia s’installa devant sa coiffeuse et retint un soupir. Elle n’aurait jamais dû discuter autant ; maintenant elle devrait se dépêcher pour ne pas être en retard.
Face au miroir, elle vérifia que ses cheveux noirs étaient impeccables. Par précaution, elle les teintait tous les deux jours. Il était hors de question qu’une mèche violette lui échappe.
Elle ouvrit un pot de fond de teint, et entreprit de recouvrir méthodiquement son visage. Sans maquillage, sa peau était d’un mauve pâle légèrement nacré ; trop aisément repérable pour ceux qui pourraient être à sa recherche. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle avait toujours pris soin de camoufler la véritable couleur de sa peau, son père s’en chargeant quand elle était encore une enfant.
Elle n’oublia ni son cou, ni son décolleté, même réduit, et termina par ses mains et ses poignets. Elle s’aida du miroir pour s’inspecter minutieusement. Parfait.
Elle en venait à apprécier l’hiver, ses manches longues et ses larges manteaux qui camouflaient efficacement la chair.
Elle souligna son regard d’un trait noir, et déposa une touche de rouge sur ses lèvres. Elle n’aimait pas cette apparence sophistiquée qui devenait la sienne, mais seul le maquillage masquait ses lèvres d’un mauve soutenu.
Pour les yeux, par contre, elle ne pouvait rien faire de plus. Elle fixa un instant ses iris violets. Elle les tenait de sa mère, comme le reste. Son père ne l’évoquait que rarement ; malgré les années, elle devinait que la souffrance restait vivace. Elle aurait tant voulu la connaitre… Elle se demandait souvent si elle aurait mené la même vie avec sa mère à leurs côtés.
Son père craignait plus que tout que des assassins la retrouvent, comme ils avaient trouvé sa mère peu après sa naissance. Même s’il refusait toujours de lui dire pourquoi ils devaient sans cesse fuir.
Elle enfila un pantalon noir et un pull col roulé gris. Le violet avait disparu depuis longtemps de sa garde-robe ; son père refusait qu’elle en porte. Et pourtant ils étaient revenus s’installer sur Sagitta, la planète où elle était née, le royaume dont le symbole était une flèche violette, pour qu’elle puisse poursuivre correctement ses études.
Bientôt trois ans qu’ils habiteraient là. Jamais ils n’étaient restés si longtemps au même endroit, d’après ses souvenirs. La plupart du temps, ils ne restaient que quelques mois dans un village avant d’en changer. Les douze royaumes de la Fédération, elle les avait tous visités malgré ses dix-huit ans, quand la plupart des citoyens de la Fédération ne quittaient jamais le leur. Elle s’était initiée à l’art chez les Niléens, le peuple à l’étrange peau bleue du huitième Royaume. Des êtres raffinés, dotés d’un sens inné de l’esthétique. Elle avait côtoyé les centaures du quatrième Royaume, Déoris, au cœur des immenses espaces où galopaient les troupeaux qui avaient fait leur réputation. Ils s’étaient même aventuré sur Massilia, le neuvième Royaume, terre de montagnes aux pics enneigés, aux chemins abrupts, qui abritait les hommes ailés. Un peuple qu’elle avait trouvé intriguant, avec un sens de l’honneur développé à l’extrême. Un Massilien ne pouvait pas mentir ; la légende disait que tel était le fardeau qu’ils avaient eu à porter pour obtenir leurs ailes d’Eraïm.
Elle se saisit de son sac ; fini de rêvasser, il était temps d’y aller. Elle descendit les escaliers et jeta un œil à la grande horloge du salon. Si elle ne trainait pas en chemin, elle serait juste à l’heure.
Elle s’emmitoufla dans sa cape fourrée et vint embrasser son père qui rangeait les restes du petit déjeuner.
–À ce soir, ma chérie. Sois prudente.
–Comme d’habitude, répondit-elle patiemment avant de claquer la porte.
Lisko soupira. Il ne serait rassuré qu’à son retour. En attendant, il était temps d’aller ouvrir le magasin.
*****
Massilia, Neuvième Royaume.
Centre de formation des Mecers.
Le jeune homme roula à terre dans la salle d’entraînement. Etendu sur le sable poussiéreux dont son uniforme noir était recouvert, il tenta immédiatement de se relever mais il était trop tard : son adversaire était déjà sur lui, la pointe de son épée sur sa gorge.
–Abandonne, Lucas. Un simple Envoyé ne pourra jamais gagner contre moi, dit-il avec suffisance.
Sur l’uniforme gris de l’Émissaire, deux cercles dorés s’entrelaçaient au niveau du cœur.
Le jeune homme au sol le fixa de ses yeux bleu acier sans répondre. En s’érigeant en vainqueur, son opposant avait modifié ses appuis. D’un mouvement ample de son bras armé, il repoussa la pointe presque sans effort, déséquilibrant son adversaire qui recula de plusieurs pas.
–Luor, je possède les trois barrettes des Envoyés, rétorqua-t-il froidement. Je passerai Emissaire sous peu. Que tu sois plus gradé que moi ne m’empêchera pas de te battre.
Tout en parlant, Lucas se releva et attaqua. Luor sourit et d’un battement d’ailes prit son envol, avant de l’inciter à le suivre.
Ils se retrouvèrent à quelques mètres au-dessus du sol, soutenus par leur paire d’ailes dorsales.
Luor reprit l’offensive. Sa technique n’était pas loin de la perfection, nota Lucas comme les coups s’enchainaient. L’espace de la salle était trop restreint pour qu’un combat aérien soit efficace ; il manœuvra pour se placer au centre de la pièce et avoir plus d’amplitude. La cadence de leurs échanges augmentait. La défense de Luor faiblit à une occasion, mais tint bon.
Blessé dans son orgueil par cet Envoyé qui avait failli le toucher, Luor passa à l’attaque. Il fit mine de viser la tête et frappa plus bas. Lucas para de justesse, mais ne put esquiver l'attaque suivante qui le toucha au bras. Il encaissa sans broncher, les yeux rivés sur son adversaire. L’Emissaire avait quelques difficultés à se maintenir en vol. Il était temps de mettre un terme à cet affrontement.
Sans crier gare, Lucas chargea, percutant Luor de plein fouet. Il se dégagea au dernier moment, tandis que Luor s'écrasait sur le mur blanc de la salle et, sonné, chutait lourdement au sol. En deux battements d’ailes, Lucas fut sur lui. Il pointa son arme sur la gorge de Luor.
–Admets ta défaite, Luor. Ce n’est pas aujourd’hui que tu l’emporteras.
La porte de la salle d’entraînement s’ouvrit en grand sur un homme portant un uniforme blanc, sur lequel était accroché un insigne doré représentant un faucon en piqué, les ailes légèrement écartées.
–Lucas !
Surpris, ce dernier recula et salua le Messager, poing sur le cœur. Luor toussota et se releva péniblement. Il salua à son tour le Messager.
– Je t’avais pourtant interdit de lancer des défis aux Emissaires !
Le ton du Messager était réprobateur, mais son regard brillait de fierté.
–Ce n’est pas entièrement la faute de Lucas, intervint Luor.
–Tu reconnais ta part de responsabilité dans cet acte ? Bien. Accepter ses erreurs est le préalable à leur correction. Mais je ne suis pas venu ici pour vous faire la leçon. Lucas, tu devais me rejoindre à quinze heures, il me semble. Est-ce exact ?
–Oui, répondit l'intéressé.
–Pourquoi restes-tu planté là ? Nous partons.
Le Messager sortit. Lucas se tourna vers Luor.
–Merci de m’avoir accordé ces quelques instants.
–Tu as eu de la chance, c’est tout.
L’Émissaire quitta la pièce d’un pas rageur. Perplexe, Lucas se précipita à la suite du Messager.
*****
–Un Émissaire du Deuxième Cercle ? Tu places la barre trop haut, Lucas. Tu vas finir par te faire tuer.
–Je l’ai battu, Arcal, constata simplement l’Envoyé.
Le Messager soupira.
–Lucas, je sais que tu es doué. Je t’ai formé, je suis bien placé pour le savoir. Au fond, Luor n’a eu que ce qu’il méritait. Il a échoué récemment à obtenir le Troisième Cercle. Je ne souhaite pas te voir emprunter le même chemin.
–J’espère conquérir les douze puis devenir Messager, répondit Lucas.
–J’y compte bien, poursuivit Arcal tout en marchant. Tu en as les capacités. Malheureusement, je doute que Luor continue de progresser sans une profonde remise en question.
–Vous le connaissez ? demanda Lucas.
–En effet. Il a été mon élève. Son mépris pour les autres l’empêche de s’améliorer. Il est trop sûr de lui. Tu dois d’ailleurs prendre garde à ne pas adopter ce défaut. Tu remportes beaucoup de victoires, ces temps-ci. A quand remonte ta dernière défaite ?
À contrecœur, Lucas répondit :
–A plus de deux mois, je pense.
Le Messager soupira de nouveau.
–Tu mériterais des félicitations, mais n’oublie pas que ce sont les échecs qui fournissent les meilleures leçons. Enfin, ce seront mes derniers conseils.
Il s’arrêta.
–Je ne peux aller plus loin.
Il désigna la vaste plaine sablonneuse qui s’étendait devant eux. La démarcation entre le sable et l’herbe semblait trop nette pour être naturelle.
–Voici le désert de Dru. Tu dois le traverser. Au centre tu trouveras la Forêt de Jade. Lorsque tu auras trouvé ton Compagnon, tu reviendras ici. Je t’attendrai.
Le Messager fixa longuement Lucas.
–Beaucoup échouent dans cette quête. Ne déçois pas ceux qui ont placé leurs espoirs en toi.
Sans un mot, Lucas salua le Messager et partit en direction du désert. Les battements de son cœur s'accélérèrent sous l'effet de l'adrénaline qui montait dans ses veines. Un défi de taille l'attendait : mais s'il revenait – non, quand il reviendrait -, il serait enfin Emissaire.
*****
Sagitta, Douzième Royaume.
Valyar.
Satia quitta la salle et ferma la porte derrière elle, avant de clôre ses paupières un court instant. C’était terminé. Elle avait présenté son exposé devant un jury composé de ses professeurs, et elle espérait s’en être bien tirée.
Vingt longues minutes où elle avait parlé, s’interrogeant sur la silhouette restée dans l’ombre au fond de la salle, suivies de trente minutes où elle avait dû faire face à un déluge de questions pointues. Contrainte de se concentrer, elle en avait oublié la présence intrigante. Quand elle y avait songé de nouveau, son regard n’avait rencontré que le vide.
Avait-elle rêvé ?
Elle laissa s’échapper un long soupir de soulagement et se força à sourire. La matinée se terminait, mais son prochain examen n’était prévu que demain. Elle pouvait se permettre de se détendre un peu avant de retourner réviser.
Elle quitta le bâtiment et se dirigea vers les jardins de l’Académie. Avec le froid hivernal qui s’était abattu sur la ville, ils étaient désertés par la majorité des étudiants, ce qui lui convenait parfaitement.
Son souffle se condensait en légers nuages devant son visage tandis qu’elle en parcourait les allées. L’air était à la fois doux et glacé ; le ciel restait gris sans être menaçant. Elle inspira profondément, emplissant ses poumons d’air froid, savourant l’éveil de ses sens.
Des rires et des éclats de voix lui apprirent qu’elle n’était pas seule. Un groupe d’étudiants déambulaient nonchalamment dans sa direction. Laurelia et sa clique, pesta Satia. Les deux jeunes filles s’étaient détestées dès le premier regard.
Laurelia était la meilleure élève de leur promotion. Elle récoltait invariablement la plus haute note à chaque examen. Ses cheveux blonds encadraient un visage aux traits doux, dans lequel ses yeux brillaient tels des saphirs. La beauté associée à l’intelligence. Pour couronner le tout, elle était membre de la petite noblesse. Une Seyhid, comme on disait. Sans faire partie à proprement parler de la Seycam actuelle de Sagitta, ses parents étaient suffisamment fortunés pour acheter une place à la Cour. Ils ne seraient jamais nommés Djicams, mais ces derniers avaient besoin de conseillers pour diriger leur Royaume tout en le représentant à l’Assemblée. Des postes d’influence et d’honneur où les relations jouaient un rôle fondamental.
Laurelia était douée, oui, mais Satia était écœurée de la voir se complaire dans son rôle. Elle se donnait bien trop d’importance, et Satia n’avait qu’une seule hâte, qu’elle se prenne un retour de bâton en pleine figure.
Satia chercha à s’éclipser, mais même en rebroussant chemin, elle ne trouverait pas de croisement avant que le groupe ne la rattrape. Il était trop tard.
Les pas s’arrêtèrent à quelques mètres d’elle et Laurelia intima le silence d’un geste autoritaire.
–Ah, mais voilà notre chère Satia.
–Bonjour, Laurelia, se força-t-elle à répondre.
–Toujours seule ?
Un sourire apparut sur les traits fins de la jeune femme comme Satia restait muette, et elle replaça délicatement une mèche blonde derrière son oreille en un geste savamment étudié.
–Tu ne réponds pas ? Tu sais que le Souverain Dionéris va profiter des festivités pour nommer son Durckma, n’est-ce pas ?
Satia ne put s’empêcher de grimacer. Un successeur ! Bien sûr que le Souverain avait besoin d’un Durckma. Nul n’était éternel, et le Souverain choisissait traditionnellement son Durckma lors de sa douzième année de règne. Dans les rares cas où le Souverain ne survivait pas assez longtemps pour faire son choix, c’était l’Assemblée qui s’occupait de jeter son dévolu sur un candidat.
L’actuel Souverain, Dionéris, était originaire du Onzième Royaume, Antiquilia, voué à la recherche et à la conservation des archives. Pour garantir la stabilité et la pérennité de la Fédération, la Constitution avait prévu que chaque Souverain choisirait son Durckma sur la planète suivante.
Après le Onzième, ce serait donc le Douzième Royaume, Sagitta, qui serait amené à diriger la Fédération à la mort de Dionéris.
Toute l’Académie ne parlait que de ça depuis de nombreux mois ; les élèves estimaient en effet que ce serait l’un des leurs qui serait choisi.
Laurelia soupira face au mutisme de sa consoeur.
–Eh bien, quel enthousiasme. J’espère que tu me réserveras un autre accueil, quand je serai devenue Durckma !
–Tu parais bien sûre de toi, lâcha Satia.
–Nous verrons bien qui a raison. Je ne doute pas que ça soit moi, comme toujours, répliqua Laurelia. Si tu me le demandes gentiment, peut-être même que je t’obtiendrai un poste au Palais.
La jeune femme lutta pour garder le silence. Après tout, la fin des examens approchait. Elle n’avait plus qu’à les supporter quelques jours. Une fois leur diplôme en poche, elle doutait qu’ils se revoient. Une chose était certaine, elle ne chercherait pas à garder contact. Et Laurelia aurait bien du mal à la retrouver quand elle aurait quitté les lieux, songea-t-elle en s’autorisant un mince sourire.
Laurelia pinça les lèvres face à la satisfaction qu’elle devinait sur le visage de sa rivale.
–Ne viens pas pleurer quand personne ne voudra de toi. Nous nous reverrons, et crois-moi que ce jour-là, tu le regretteras.
Elle se détourna avec un mouvement de cape théâtral et sa troupe lui emboita le pas sans oser un regard vers elle. Satia contint difficilement un rire : elle était certaine que Laurelia s’était entrainée longuement devant un miroir pour obtenir un effet si dramatique.
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