Chapitre 1

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Maddie Mapple posa son cigare sur son bureau. Ses longs doigts, agiles et rapides comme les pinces d'un crabe, pianotèrent un moment avant qu'elle ne lance à une jeune stagiaire, un brin énervée :

« Joanna ! Avez-vous fini de le lire, ce dossier ?

- Tout juste, Madame. Je suis de votre avis, il est peu probable qu'Augustus Blake se soit suicidé. Avez-vous eu des nouvelles du médecin légiste ?

- Oui, répondit Maddie. Il va s'occuper du corps dans la journée. J'espère qu'il ne nous détériorera pas toutes les preuves, celui-là.

- Quand partons nous ? s'enquit Joanna.

- Le plus tôt possible ! Allez donc préparer notre voyage pour Dandee, commandita Maddie, je me charge des démarches administratives.

Tandis que Joanna quittait la pièce, l'enquêtrice jeta un œil critique au miroir accroché au mur, juste en face d'elle.

Deux yeux verts la fixait, à travers ses lunettes Pantos noires. Son visage, encadré par des cheveux autrefois roux, était légèrement hâlé par le soleil, et de discrètes rides se cachaient maintenant au coin de ses yeux. A quarante-et-un ans, elle se sentait rattrapée par son âge. Mais le contact de Joanna, pleine de vie et aussi intelligente que que belle, lui rajeunissait l'esprit.

Bon. Récapitulons.

Mr. Blake a été retrouvé inanimé sur son lit. La porte ainsi que les fenêtres étaient ouvertes. Le décès à dû arriver entre 17h30, heure où la victime rentrait de son lieu de travail, et 20h00, quand sa femme est venu le chercher pour le cocktail qu'ils avaient organisé. Il ne souffrait d'aucune blessure visible, ni trace de strangulations, ni plaies. Peut-être du poison ? Ou alors, une maladie soudaine.

« Madame Mapple ? s'écria Joanna depuis l'autre pièce. Notre train part dans deux heures de Londres !

- Excellent ! Faites rapidement votre valise, nous quitterons le bureau à 14h30 !

Maddie se leva elle aussi, et monta d'un pas leste à ses appartements, situés juste au-dessus de son bureau de détective. Elle fit ses bagages, et prépara un second sac où elle rangea son carnet d'investigation, son pistolet ainsi que d'autres objets propres à son métier. A 14h30 précises, elle retrouva son associée sur le pas de la porte et elles partirent pour la gare.

« Joanna ? lança Maddie une fois dans le train. Pourriez-vous me rappelez la date de votre examen d'investigatrice ?

- Il doit se dérouler dans cinq mois environ. Les épreuves écrites tomberont début janvier, et le test pratique arrivera quelques semaines plus tard.

- Bien. Je ne pense pas que vous ayez de soucis à vous faire, vous êtes très compétente. Souhaiteriez-vous que je vous interroge, durant notre voyage jusqu'en Écosse ?

- Cela sera toujours mieux que de rester oisives !

- Alors, récitez-moi... tenez, les différents type de plaies et leur causes. »

Ainsi passa le premier trajet en train. Puis la traversée en ferry, le second passage en train et enfin, l'arrivé à Dandee. Elle furent directement accueillies par une belle femme aux cheveux de jais.

- Je suppose que vous êtes la détectrice que nous avait promis l'agent de police ? s'exclama-t-elle avec un accent étranger. Dieu, vous êtes enfin là !

- Mrs. Mapple, se présenta sobrement Maddie. Voici mon associées, Joanna Green.

- Je suis Nina Blake. La femme d'Augustus.

Sa lèvre trembla un peu, quand elle ajouta :

- On m'a demandé de vous diriger vers le médecin. Il a ausculté le corps de mon mari.

- Merci beaucoup, Mrs. Blake. »

La veuve, que Maddie pensait sûrement espagnole, les conduisit dans un automobile dans le centre du village, et les accompagna à la salle d'attente du Docteur Byrne.

« Vous repartez déjà ? s'étonna Joanna, en voyant la femme quitter la pièce.

- C'est que je ne suis pas sûre de supporter la vue du corps d'Augustus. Et, je dois dès lors aller chercher mon beau-frère, il vient pour s'occuper de l'administratif.

- Ne vous inquiétez pas. Nous prenons l'enquête en main, la rassura la jeune fille.

Quelques instants plus tard, le docteur Byrne, un homme au crâne dégarni et aux oreilles particulièrement décollées, vint les chercher.

« Voyez-vous, leur expliqua-t-il, j'ai trouvé quelque chose de vraiment très intéressant. C'est pourquoi je me suis permis de vous faire venir ici en toute urgence.

- Quelle est donc votre trouvaille ? s'enquit Maddie.

- Vous avez dû lire dans le rapport que je vous aie envoyer qu'il n'y avait aucune trace sur le corps. Rien ! Et Mr. Blake n'avait pas d'antécédents cardio-vasculaires, ni nerveux, rien là non plus !

- Et... le pressa l'enquêtrice, qui n'appréciait guère le suspens créé par le médecin.

- J'ai découvert, en analysant les dépôts dans l'estomac du mort, des traces de ciguë ! Vous savez bien ce qu'est la ciguë ?

- Ne serait-ce pas une fleur toxique ? intervint Joanna.

- Presque, c'est une herbe ! s'exclama le docteur.

- Mr. Blake a donc été empoisonné, conclut Maddie. Pourriez-vous établir un horaire précis pour l'ingestion de la toxine ?

- Malheureusement, je ne suis pas un expert des plantes. Pour cela, vous devriez vous adresser à quelqu'un d'autre que moi... Je peux seulement vous dire que le cœur du mort a cessé de battre entre 18h00 et 19h00.

- Bon. Je me débrouillerai. Pour l'instant, décréta Maddie, rendez le corps à la famille, je vais de mon côté m'informer sur les relations de la victime.

Elle repartit avec Joanna, et se mit en quête d'un service postier.

- Comme dans chaque meurtre, expliqua-t-elle à sa stagiaire, on soupçonne toujours la famille, les amis, les collègues... Nous allons, dans les prochains jour, étudier les proches de Mr. Blake et imaginer leurs mobiles. Mais pour être sûres de ne pas envoyer un innocent derrière les barreaux, nous devons réduire au maximum les approximation, tel que l'heure ou le lieu du crime.

- Je vois, acquiesça Joanna. Tiens, ne serait-ce pas là ce que vous cherchez ?

Elle montrait effectivement un bureau de tabac qui vantait la présence d'un télégraphe. Elle y entrèrent, et Maddie se dépêcha d'envoyer à son supérieur, resté à Londres, une demande d'informations sur la ciguë. Une fois que cela fut fait, elle allèrent à pied à la résidence Blake, où Nina leur avait demandé de la rejoindre.

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