Chapitre 21

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Chambéry

— Elle s’en voulait, tu sais, m’affirme Christophe d’une voix marquée par le chagrin. D’avoir été si dure avec toi, je veux dire. Mais elle était en colère aussi. Comme peut l’être une ado qui s’est pris la tête avec sa mère ou sa sœur. Oui, pour elle, tu étais tout ça à la fois. Un amour presque trop fort. Elle avait besoin d’air, de respirer, tu comprends ? Votre relation, si exclusive, ça l’étouffait…

— L’étouffait… soufflé-je encore tremblotante, blottie dans les bras de Christophe.

— J’ai essayé de la retenir, mais j’ai pas trouvé de mots assez forts pour ça. Au fond, je crois que jamais aucun mot n’aurait pu l’empêcher de partir le rejoindre. Parce qu’elle l’avait dans la peau, parce qu’il était sa dope…

— Sa dope…

— Mia, tu n’es responsable de rien, tu m’entends ? De rien ! T’as tout fait pour elle, tout fait pour l’en sortir, et elle en avait conscience, t’en était plus que reconnaissante. Mais la vie est dégueulasse, c’est comme ça…

— La vie est dégueulasse…

Mes balbutiements quasi inaudibles lui laissent penser que, peut-être, autre chose me détruit, me mine. Et c’est maladroitement qu’il enchaîne.

— Mia… Est-ce que tu… Tu as parlé à ta mère ? Tu lui as dit pour Louise, pour ce que tu as appris sur ton père, sur ta demi-sœur et toi ?

J’opine doucement du chef avant de lui répondre.

— Je l’ai appelée, oui. Mais elle viendra pas. Elle n’a jamais accepté le lien qui nous unissait Louise et moi. D’ailleurs, elle m’a soûlé avec sa morale à deux balles sur mes choix de vie, sur l’issue semblable qui m’attendait si je poursuivais dans cette voie. Alors je lui ai tout balancé, pour lui prouver qu’il ne suffit pas de s’affirmer petit bourgeois pour être clean, qu’on pouvait présenter nickel et se traîner des casseroles que personne ne doit jamais voir. Seulement, elle défendra toujours mon père, même si elle prétend n’être au courant de rien pour sa liaison avec la mère de Jennifer, pour l’enfant illégitime qu’ils ont eu ensemble.

— Et elle t’a rien dit d’autre ?

— Du genre ?

— Je sais pas, quelque chose de réconfortant, le genre de truc qu’une mère pourrait dire à sa fille dans ces cas-là !

— Non, pour elle c’est du passé. Tout ce qui a trait à mon père est du passé, même moi. Et elle a raccroché.

Un silence s’étire longuement. Christophe me caresse les cheveux d’un geste tendre, affectueux, sans trop savoir quoi faire d’autre. Il est tout ce qui me reste. Louise n’est plus là et j’ai mal à en crever. Je pleure. Je ne me retiens plus. Lui aussi se laisse aller. Il fait tout pour que je ne vois rien mais je le sens, je le sais. Alors je prends sa main, je lie nos doigts orphelins…

***

Il y a trois jours, on m’a appris la terrible nouvelle et j’en ai été soufflé. C’est Mia qui m’a appelé, elle avait une voix blanche au téléphone, mais plus de larmes à verser, sans doute parce que le chagrin l’avait déjà complètement vidée.

J’ai voulu faire quelque chose pour elle, quelque chose que j’aurais dû faire du vivant de Louise, quand j’ai su que Mia se démenait autant simplement pour la sortir de ses emmerdes. J’aurais dû payer sa cure de désintox’ avant qu’il ne soit trop tard. Aujourd’hui, la seule chose que je puisse faire, c’est financer son enterrement pour qu’elle ait des obsèques décentes et une tombe à son nom.

Louise… Je ne l’ai pas vraiment connue. Je me souviens juste de la première fois où je l’ai croisée dans leur appart’. Je me souviens de cette fragilité à fleur de peau qu’on pouvait deviner.

L’office à l’église Saint-Joseph s’achève, et se poursuit au cimetière de Charrière Neuve. Mia fait face, droite et digne, elle intériorise tout. Ou peut-être ne réalise-t-elle pas. Elle a beaucoup maigri ces derniers jours, et le noir qu’elle porte accentue encore cette impression qu’elle flotte dans des vêtements trop grands.

La mise en terre, douloureuse. Il y a tout de même quelques personnes qui ont fait le déplacement. En particulier une jeune fille en pleurs portant un bébé, et un homme assez grand, plutôt très ému, auquel se raccroche Mia.

Cathy a absolument tenu à venir, elle qui ne supporte pas les cérémonies mortuaires. Pour Mia, pour Louise avec laquelle elle avait sympathisé un peu. Alors Mathieu l’accompagne. Il sait que c’est pas un moment facile pour elle, que l’émotion la submerge rapidement parfois, en de pareilles circonstances. Pour les obsèques de mon père, de Jenny, il était déjà là, à nous soutenir de sa présence discrète et bienveillante. Il est plus qu’un ami de la famille, il en fait partie depuis longtemps.

Dans un sanglot qu’elle tente d’étouffer, Mia jette la première rose sur le cercueil de son amie. L’homme qui la suit comme son ombre et auquel elle s’agrippe pour ne pas vaciller fait de même. Puis la femme au bébé… Je laisse ses proches saluer une dernière fois Louise avant moi. Je ne suis pas vraiment à ma place, mais je me devais d’être là. Pour Mia.

Le temps des condoléances. J’entends l’ami de Mia murmurer à la femme au bébé - Cindy de son prénom - qu’elle pourra bientôt emménager dans l’appartement des filles, avenue Jean Jaurès, que c’est l’affaire de quelques jours. Et puis, c’est le tour de Cathy qui serre très fort Mia dans ses bras.

Je suis tellement désolée pour elle, pour toi. Je suis désolée aussi de m’être emportée l’autre jour, Eric m’a dit pour Jen’ et toi. Mais je voulais que tu saches que tu peux compter sur moi, qu’on est toujours amies toi et moi, que ça change pas, si tu le veux bien. Alors n’hésite pas si tu as besoin d’une épaule… Je sais que je manque un peu de fantaisie parfois mais… Enfin, je suis là.

Merci, Cathy. Merci d’être venue, j’apprécie. Et je crois que Louise en aurait été contente aussi… Elle… Je crois qu’elle t’aimait bien.

Je peux pas rester très longtemps, faut que je retourne travailler, mais je… Je voulais être présente à tes côtés. Je t’appelle très vite…

Cathy lui fait la bise, et s’éloigne un instant pour sécher ses larmes. Mathieu lui adresse également ses condoléances.

Mia… On ne se connaît pas très bien, toi et moi, et on est partis du mauvais pied tous les deux, sans doute à cause de mon côté protecteur vis-à-vis d’Eric. Mais au fond, t’es une chic fille. Et je suis sûr que Louise aussi était une chic fille. Elle n’a pas mérité de finir comme ça. On ne fait pas toujours les bons choix dans la vie, et je suis bien placé pour le savoir, mais c’est cher payé pour quelqu’un qui voulait s’en sortir. Je… Je compatis sincèrement, Mia.

Merci Mathieu…

Ce dernier rejoint Cathy et ils quittent le cimetière main dans la main.

Je m’approche enfin d’elle, de celle qui fut trop brièvement auprès de moi. On s’enlace très fort sans échanger un seul mot et elle se laisse subitement aller contre moi. C’est toute sa tristesse qui déborde d’un seul coup sur mon costume. Puis, elle sèche ses larmes pour prendre la parole.

On dirait pas comme ça, mais ça me fait plaisir de te revoir…

Mia, je sais combien c’est difficile de laisser partir quelqu’un qu’on aime, je suis passé par là…

Comment tu fais ? Comment tu fais pour ne jamais verser de larmes ?

Mais j’en verse parfois ! Je fais juste en sorte que personne ne les voit. Il n’y a que Mathieu ou Cathy qui en ait eu l’occasion…

Un bref silence, l’homme qui l’accompagne s’éloigne pour répondre au téléphone.

C’est qui ?

Christophe, un ami.

Un ami ou un petit ami ?

Il y a plus d’arrogance et de jalousie dans le ton de ma voix que je ne le voudrais.

En quoi ça te concerne ? se braque mon "ex". On n’est plus ensemble à ce que je sache !

Mia, j’ai besoin de savoir que t’es entre de bonnes mains, c’est tout.

T’inquiète pas, c’est un véritable ami, me rassure-t-elle plus calmement. On s’est rencontrés dans un squat il y a quelques années. Louise et lui, ce sont mes deux ports d’attache et… Putain, tu peux pas savoir comme ça fait mal qu’elle soit plus là !

Hey, ma belle, moi je ne t’abandonnerai pas ! Je serai toujours là, quoiqu’il arrive.

Tu parles, tu m’as larguée alors…

Ce n’est pas parce que je t’ai larguée que je n’éprouve pas encore des sentiments pour toi !

Nouveau silence.

J’étais trop préoccupée, trop engluée dans nos problèmes pour m’apercevoir de quoi que ce soit. Je n’ai rien vu venir, rien. Pourtant, j’aurais dû me douter que Franck allait revenir à la charge. Il la lâchait jamais !

Franck ? Mais tu m’avais parlé d’overdose…

Il y en avait beaucoup trop dans le corps de Louise selon le rapport d’autopsie, beaucoup trop pour qu’elle se les soit injectée elle-même ! Elle savait les doses à ne pas dépasser. Elle connaissait les risques. Elle n’aurait jamais fait ça toute seule.

Et t‘as dit tout ça aux flics ?

Mais les flics, ils s’en foutent. Ils ne vont pas perdre leur temps à enquêter sur une camée. Pour eux, y’a eu overdose, point barre.

Mia a raison ! approuve Christophe en rengainant son smartphone dans sa poche. Pour la police, Louise n’était qu’une junkie. Alors qu’elle crève à vingt ou trente ans, quelle différence ?

Mon regard se perd sur un détail qui m’attire l’œil et m’aveugle soudainement, comme un éclat de lumière incandescent, une réverbération trop intense du soleil sur une vitre ou un miroir. J’ajuste ma vision et remarque au loin la ligne singulière d’un objet qui m’appartient. Le clapet du zippo argenté à l’effigie de Sanson bouge et une flamme embrase une cigarette artisanale. Derrière la volute, un regard mauvais me nargue. Franck. C’est Franck qui tient mon zippo entre ses doigts.

Bon Dieu, qu’est-ce qu’il fout là ?

Un rictus s’étire sur sa face de sadique et il se met à cracher par terre dans l’enceinte du cimetière, montrant par là même tout le mépris qu’il a pour Louise. Mon sang ne fait qu’un tour. Je ne réfléchis plus, et malgré mon costard de ville et mes pompes inconfortables, je m’élance comme un fou dans sa direction. Mia et Christophe ne percutent qu’à contre-temps.

Eric, non ! Attends !!!

Mon cri brise le silence d’entre-deux mondes qui enveloppe les pierres tombales et les allées étroites du cimetière. J’avance la main pour attraper sa veste, l’empêcher de faire une connerie, mais c’est déjà trop tard. Il est parti, impossible à arrêter. Je le quitte des yeux quelques secondes pour m’accrocher à ton nom, gravé sur une petite plaque provisoire, au pied de ta dernière demeure. Après tout, pourquoi devrais-je stopper Eric ? Franck mérite d’être corrigé, il mériterait même de mourir aussi. Je m’agenouille pour toucher du bout des doigts la seule chose qui indique que c’est toi sous cette terre fraîche. Toi et ta vie fauchée en plein vol. Toi que j’ai laissée partir, toi qui ne pourras plus me pardonner. Toi que je ne reverrais plus jamais… Je serre les dents à m’en faire mal. J’ai en tête toutes ces nuits où je me plie en deux en repensant à tes derniers instants, ta chambre remplie des fantômes de nos rires et dont la porte reste fermée, les photos de nous que j’ai jetées en vrac dans un carton, les tubes de peinture aux couleurs vives que j’ai mis à la poubelle parce que je ne les supportais plus… Oui, l’injustice de ta mort mérite d’être réparée, mais pas comme ça. J’ai été lâche plus d’une fois. Maintenant, je n’en ai plus le droit.

— Christophe, est-ce que tu veux bien t’occuper des quelques personnes restantes ? Je dois aller aider Eric !

— Tu plaisantes ? Tu comptes te pointer face à Franck la bouche en cœur ? Ce malade n’attend que ça !

— Qu’est-ce que tu veux que je fasse d’autre ? Eric n’a aucune chance tout seul ! Et puis, quitte à tout perdre…

— Alors je viens avec toi et c’est non négociable !

Je hoche la tête en tournant le dos à ta tombe. L’heure n’est plus aux discussions. Eric est sorti du cimetière depuis longtemps déjà, Franck également. J’accélère le pas, saisie par un sentiment d’urgence. Christophe et moi franchissons les grilles en fer forgée de l’entrée. Aucune trace de ceux que nous cherchons. Je connais bien les lieux, il n’y a qu’un endroit où le dealer aurait pu entraîner Eric : une petite impasse à quelques mètres seulement. Christophe m’a devancée dans mon raisonnement, il marche devant moi, le visage soucieux. Chacune de ses grandes enjambées me distance un peu plus. Ma jupe et mes talons me ralentissent. Je le vois disparaître à l’angle de la rue. Il n’a pas réfléchi, comme Eric, il s’est lancé à l’aveugle dans quelque chose qui le dépasse. J’arrive à mon tour à l’endroit où tout se joue. Les poings fermés, je m’apprête à jeter mes dernières forces dans ce qui ressemble à un guet-apens, mais une voix me coupe dans mon élan.

— Tiens donc, mais regardez qui voilà ! s’exclame Franck en décochant une droite à Eric. Christophe le grand, le sauveur de l’humanité, l’homme aux costards low cost ! Dites les gars, vous ne trouvez pas ça drôle : d’un côté, nous avons le millionnaire, de l’autre, le fauché ; le bagarreur et le pacifiste ! On se croirait presque dans un mauvais film… Sauf que vous avez oublié un détail, pauvres types : vous avez beau vous démener pour cette misérable Mia, à la fin, c’est moi qui gagnerai !

— Là, je crois que c’est toi qui te trompes Franck, lui répond Christophe, tu vas finir en taule. Peut-être pas aujourd’hui mais un jour, c’est tout ce que tu mérites…

— Tut tut tut, tu me déçois, camarade ! Je pensais que t’étais intelligent, que tu savais compter… Six contre deux, ça te parle ou pas, espèce de trouduc’ ? Tony, Luis, à vous de jouer les gars. Montrez-lui, faites-lui une petite démo, des fois qu’il ait pas bien compris ce qu’on a fait à l’autre connard.

Un bruit de coup, un gémissement. Je plaque une main sur ma bouche pour retenir ma terreur.

— Laisse-le… Il n’a rien à voir dans nos histoires, c’est après moi que tu en as… Mes rapports avec Mia, mon restaurant…

— Je crois pas t’avoir demandé ton avis, Molière ! A moins que tu veuilles qu’on recommence notre petit jeu ?

Eric. Il a l’air mal en point, la respiration sifflante, l’articulation laborieuse. C’est ça qui me fait réagir. La nuit où il s’est battu avec Franck me revient en mémoire. Les hématomes sur sa peau, sa fragilité, son regard sur moi. Ce soir-là, j’ai reculé, effrayée par ce que j’entrevoyais. Mais aujourd’hui ? Louise n’est plus là. Eric oui. Il est comme un soleil derrière les nuages, une forme d’avenir, même incertain. Nous ne sommes pas parfaits, c’est sûr, mais ensemble, nous tenons debout.

Ce n’est pas parce que je t’ai larguée que je n’éprouve pas encore des sentiments pour toi…

C’est pour lui que je dois agir. Je ne peux pas me lancer dans la bagarre, ça ne servirait strictement à rien, si ce n’est mettre une personne de plus en danger. Mais une autre solution s’offre à moi. Ce que je vais faire me vaudra sans doute des ennuis, peut-être même que je tomberai en même temps, mais je sauverai Eric. Je fais un pas en arrière, puis un autre. Lorsque je suis assez loin d’eux, je me saisis de mon téléphone.

Et je compose le 17.

J’esquive les coups, essaie de les rendre mais Franck me tient à distance. Je ne parviens pas à imposer un corps à corps plus rapproché dans lequel je prendrai le dessus grâce à ma maîtrise technique. Boxe contre judo, je ne fais pas le poids. Christophe, l’ami de Mia, est bien arrivé en renfort mais il n’a pas l’air taillé pour la castagne. Et puis surtout, les deux "lieutenants" du caïd se sont déjà occupés de lui : coups de poings, coups de pieds. Sans compter l’arrière-garde qui s’apprête à nous achever. Mathieu m’avait prévenu que ça finirait mal, comme dans un Melville. Et moi, j’ai foncé tête baissée dans le piège, je me suis fait avoir comme un bleu.

J’évite un coup, encore, mais un autre m’atteint l’abdomen. Christophe est à terre et je ne suis pas loin de le rejoindre. Je me sens défaillir. J’entends au loin des sirènes mais je ne sais pas si c’est réel. Je ne sais pas si ce sont celles d’une ambulance qui me transporte loin d’ici.

Monsieur… Monsieur, restez avec nous ! Monsieur…

***

J’entrouvre avec peine mes paupières, la luminosité est trop forte…

Eric ! Eric, c’est moi, Mia…

C’est trop difficile d’ouvrir les yeux. Je perçois le mouvement, j’imagine qu’on roule à vive allure. Les portes battantes se déverrouillent, j’entends des voix, le brancard bouge. Il y a une main qui serre la mienne. Serait-ce celle de Mia ?

On l’emmène au bloc.

Un sanglot étouffé. J’aimerais pouvoir lui parler, lui dire que tout ira bien désormais, mais ma bouche reste immobile.

***

Mes paupières papillonnent, encore incommodées par la lumière crue des néons qui m’aveuglent. Mon regard s’habitue peu à peu, ajuste la netteté, les contrastes.

Eric ? Est-ce que ça va ?

C’est la voix de Mia qui me ramène à la réalité. Je tourne ma tête vers elle.

Oui… Je… Je crois. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Où est Christophe, où est Franck ?

Franck et sa bande ont été arrêtés, Christophe se remet doucement de ses blessures dans une chambre voisine. La police est arrivée à temps…

C’est… C’est toi qui les a appelés ?

Oui.

Mia, je…

Chut, ne parle pas. Du repos avant tout, a dit le docteur.

Un jour… Un jour, faudra qu’on se tire d’ici toi et moi. Parce qu’il y a… Parce que notre passé risque de nous bouffer si on reste là, parce qu’il est comme un boulet qu’on porterait au bout d’une chaîne…

Ça veut dire que tu ne m’as pas vraiment larguée alors ?

Je prolonge votre période d’essai, Mademoiselle Delors, mais faites-moi plaisir : choisissez un peu mieux vos fréquentations à l’avenir.

Elle se jette à mon cou et m’embrasse à pleine bouche. A en réveiller ma douleur sans s’en rendre compte, mais je m’en fous. Je m’en fous parce que je ne veux plus jamais d’obstacles entre nous.

Oups, pardon, je t’ai fait mal ?

C’est quand t’es pas là que j’ai mal, Mia…

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