Chapitre 7 : Un Village...
Le lendemain matin, ils quittèrent les abords du lac, encore portés par la beauté du paysage de la veille. La route fut tranquille, ponctuée de quelques discussions légères, de blagues lancées par Théo — auxquelles Null ne riait pas toujours, mais il les écoutait. Et parfois, un coin de ses lèvres se relevait. Un sourire discret, presque involontaire.
Ils traversèrent une rivière en utilisant des nénuphars comme pont improvisé, grimpèrent des montagnes aux falaises abruptes, et marchèrent des heures sous un ciel changeant. Le monde était vaste, et ils commençaient à en sentir l’ampleur.
— Dis… tu crois qu’il y a d’autres gens comme nous ? demanda Théo en marchant sur une crête.
— Je sais pas, répondit Null. Peut-être.
— Moi je pense qu’on est rares. Des gens qui se trouvent comme ça, dans ce monde. C’est pas courant.
Null ne répondit pas. Mais son regard s’adoucit. Vers midi, le ciel se couvrit. De fins nuages s’étirèrent comme des toiles, et une légère brume monta des vallées. Elle n’était pas menaçante… pas encore. Mais elle ralentit leur progression.
C’est à ce moment-là qu’ils le virent. Un village. Ou plutôt… ce qu’il en restait.
Des maisons éventrées, des cultures à moitié pourries, et surtout… le silence. Aucun villageois. Aucun animal. Juste le bruit du vent dans la brume.
— C’est bizarre, murmura Théo.
Ils descendirent prudemment. Null avait une main sur la poignée de son épée. Il ne se sentait pas à l’aise. Quelque chose n’allait pas ici. Il le sentait dans sa peau, dans ses os.
Ils entrèrent dans la première maison. Tout était intact. Des lits. Des coffres. Même de la nourriture dans les fours. Comme si les habitants étaient partis en courant… ou s’étaient volatilisés.
— T’as vu ? y’a même une chaise encore renversée. Théo posa la main sur un mur. Il était chaud. Anormalement chaud. Null fronça les sourcils.
— On devrait pas rester ici trop longtemps.
— Tu crois que c’est dangereux ? Null ne répondit pas. Mais dans l’ombre d’une autre maison, quelque chose bougea. Une silhouette. Furtive. Presque invisible.
Null s’arrêta net.
— Quoi ? demanda Théo.
— Y’a quelqu’un. Théo regarda autour de lui, nerveux.
— Un villageois ?
— Je sais pas. J’ai pas vu clairement.
Ils s’approchèrent de la maison d’où semblait venir le mouvement. Null ouvrit lentement la porte. Elle grinça comme dans un cauchemar. L’intérieur était vide.
Mais il y avait quelque chose de tracé au sol. Des symboles. Taillés dans la terre avec un outil, ou peut-être… avec des ongles.
Théo recula.
— C’est quoi ce délire… ?
Null fixait les symboles. Il ne les comprenait pas. Mais ils lui faisaient froid dans le dos. Et au milieu de tout ça, une seule chose lisible : “Il revient.”
— Qui revient ? souffla Théo. Null se tourna lentement vers lui.
— On doit partir.
Ils quittèrent le village au pas de course. La brume s’épaississait derrière eux, comme si elle essayait de les retenir. Au sommet de la colline, ils s’arrêtèrent, haletants.
Théo regarda Null.
— C’était quoi, ça ? Tu penses que c’était un piège ? Un sort ? Null regardait encore le village, silencieux.
— Je sais pas… Mais je crois que ce n’est pas la dernière fois qu’on en entend parler.
Ce soir-là, alors qu’ils installaient un campement rudimentaire près d’une rivière, Théo s’assit contre Null sans rien dire. Juste ce contact-là. Comme un rappel que, même dans l’inconnu, ils étaient ensemble. Et tant qu’ils l’étaient, alors… le monde pouvait bien trembler.
Dans la nuit sombre, non loin d'eux, à quelques centaines de mêtres d'eux, des yeux blancs, perçant la nuit, était entrain de bouger...de se délacer...
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