Chapitre 5 : Libre Comme L'Air
Le matin se leva sur un ciel clair, sans nuage. Les rayons du soleil filtraient à travers les interstices de la cabane, éclairant les deux garçons encore endormis. Théo fut le premier à ouvrir les yeux. Il s’étira longuement, bâilla sans retenue, puis jeta un œil vers Null, toujours allongé.
Il avait l’air… paisible.
Théo sourit doucement, puis s’adossa contre le mur de bois. Son regard se perdit dehors, vers les collines vertes et les montagnes au loin. Il y avait tant à voir, tant à vivre. Et il n’était plus seul.
Null, de son côté, ouvrit lentement les yeux. Il s’était réveillé avant Théo, mais il était resté immobile. Écouter le souffle de Théo, le silence du monde, la chaleur douce du matin… tout ça, c’était nouveau pour lui. Trop beau. Presque irréel.
— T’es réveillé ? demanda Théo sans le regarder.
— Depuis un moment.
— T’aurais pu me réveiller.
— J’ai préféré… profiter. Théo se tourna vers lui, surpris. Un sourire éclatant illumina son visage.
— J’ai une idée. Null haussa un sourcil.
— On part.
— Partir ?
— Oui. On laisse cette cabane. On prend le minimum. Et on explore. Le monde est immense. Des villages, des forêts, des déserts… Peut-être même l’océan. Personne pour nous dire ce qu’on a le droit de faire. Plus d’orphelinat, plus de murs, plus de solitude.
Il s’était levé maintenant, excité comme un gamin le jour de Noël.
— Toi et moi, Null. On est libres. C’est notre monde, maintenant.
Null resta silencieux. Ses yeux fixaient Théo. Cette idée le troublait. Voyager. Découvrir. Créer. Il avait toujours vécu enfermé. Dans un bâtiment, dans un rôle, dans une ombre. Mais maintenant…
— D’accord, dit-il. Théo éclata de rire." Sérieux ?!"
— Oui. Allons-y.
Ils prirent le peu qu’ils avaient : quelques blocs, de la nourriture, deux épées en pierre, et Théo garda précieusement la laine qu’il avait colorée. “Ça nous servira encore”, avait-il dit.
Ils quittèrent la cabane sans se retourner.
Les collines s’étendaient devant eux comme un tapis vivant. Chaque pas les rapprochait d’un monde inconnu, chaque détour cachait une promesse. Ils traversèrent une forêt, où le vent faisait danser les feuilles comme une chanson secrète. Null regardait tout avec des yeux neufs. Il posait parfois une main sur les troncs, comme pour s’assurer que tout cela était réel.
— Tu sais construire ? demanda Théo en chemin.
— Pas vraiment.
— Moi non plus. On apprendra ensemble.
Null baissa les yeux, un peu gêné. Mais dans sa poitrine, cette sensation étrange… persistait. Une chaleur constante, comme un feu intérieur. Mais doux, cette fois. Il n’avait jamais imaginé pouvoir ressentir ça. De la confiance. De l’enthousiasme. De la curiosité. Et surtout : ne pas être seul.
Le soir tomba alors qu’ils atteignaient une falaise surplombant un lac immense. Le ciel s’embrasait de couleurs rouges et dorées. Ils s’assirent côte à côte sur le rebord, les jambes dans le vide, le vent leur caressant le visage.
— C’est magnifique, dit Théo à voix basse.
— Oui, répondit Null. Puis, après un silence, il ajouta :
— Je veux que ça continue. Ce qu’on vit là. Théo tourna la tête vers lui, étonné.
— Alors faisons en sorte que ça continue. Ensemble. Null hocha la tête. Et dans son cœur, pour la première fois…Il n’avait plus peur du futur.
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