Chapitre 9 : Les Flammes Et Les Lucioles

3 minutes de lecture

La nuit tomba lentement, comme une couverture froide posée sur le monde. Après avoir quitté le village en ruine, Null et Théo marchèrent jusqu’à une clairière à la lisière d’une grande forêt. Le silence n’était plus aussi lourd qu’au village, mais quelque chose flottait encore dans l’air. Comme une cendre invisible.

Théo s’assit contre un arbre et lança un soupir bruyant.

— Tu crois qu’il disait la vérité, ce vieux ? Null leva les yeux vers les étoiles.

— Je pense… qu’il croyait ce qu’il disait.

Théo ferma les yeux un instant. On entendait seulement les grillons, le clapotis d’une rivière non loin… et leurs respirations. Enfin, Théo rouvrit les yeux et fixa son ami.

— Tu sais… t’as ce truc. Tu parles peu, mais quand tu parles, on t’écoute.

— Parce que je dis peu de conneries, marmonna Null. Théo éclata de rire.

— Touché.

Un feu crépitait devant eux, alimenté par quelques bûches sèches. Sa lumière réchauffait doucement leurs visages. Et dans le silence revenu, Théo posa une question qu’il n’avait pas osé avant :

— Tu t’es déjà senti à ta place, quelque part ? Null resta immobile.

— Non.

— Même maintenant ? Le regard de Null glissa lentement vers Théo. Il hésita, puis répondit :

— Maintenant… je sais pas encore. Mais… je commence à me demander si c’est possible. Théo sourit doucement. Il ne voulait pas le pousser, ni casser ce moment. Mais dans ses yeux, il y avait une lumière. Pas celle du feu. Une autre. Quelque chose de doux.

— Tu sais… moi, j’ai toujours été seul. Mais là, avec toi… c’est différent.

Null détourna un peu le regard, gêné. Il avait l’habitude des coups, des moqueries, du froid… pas de cette chaleur-là. Pas de cette voix qui te parle comme si t’existais vraiment.

Il se sentait presque vulnérable. Presque vivant.

— C’est bizarre, dit-il doucement.

— Quoi ?

— Ce que ça fait… d’avoir quelqu’un. Un peu plus tard, Théo s’allongea sur l’herbe, les mains derrière la tête.

— Tu sais quoi ? Si on survit à tout ça… on devrait construire une maison. Une vraie. Avec un toit qui fuit pas. Et un chien.

— Un chien ? Vraiment ?

— Bah ouais. Et on le nomme… euh… Pixel. Null leva un sourcil.

— Pixel ? Répondit Théo d'un rire moqueur. Null lui répondit un peu frustré : "Tu fais mieux peut-être ?"

Un silence. Puis un petit son échappa à Null. Un souffle amusé. Presque un rire. Théo le fixa, bouche bée.

— Attends… c’était un rire ça ?! Je rêve ou t’as ri ?!

— Tais-toi.

— T’as ri ! Je le savais que t’étais pas une statue !

La nuit avançait, paisible. Le feu diminuait doucement. Des lucioles dansaient au-dessus de l’herbe, comme des étoiles tombées sur Terre.

Mais alors que Théo fermait enfin les yeux… Null, lui, ne dormait pas. Il sentait quelque chose. Un frisson. Un regard. Il se redressa doucement, silencieux.

Et là, sur la colline au loin, juste derrière les arbres… L’ombre. Toujours là. Silencieuse. Immobile.
Ses yeux blancs comme des balises dans la nuit.

Elle ne bougeait pas. Elle attendait. Et Null, dans le noir, murmura pour lui-même :

— Je t’ai vu.

Mais il ne réveilla pas Théo. Le danger viendrait. Il le savait. Mais pour ce soir… il voulait juste un moment de plus. Un moment où il était quelqu’un. Pas un monstre. Pas une erreur. Juste un garçon près d’un feu, avec un ami à ses côtés.

Théo se réveilla en premier et secoua Null de tous les côtés. Null se réveilla en sursaut.

—Qu'est-ce qui a ? Encore endormi. "On va à la plage ! Prépare toi, on y va !! "

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Nemesis ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0