3
Erlyn eut des nouvelles de Naos le jour de ses dix-huit ans. Un soldat était venu lui apporter en mains propres. Il l’invitait à un bal princier. . Sa mère en avait sauté de joie, si bien qu’elle en avait ri avec elle.
Cependant, Erlyn n’était pas sûre que ce bal soit une bonne idée. Non seulement parce qu’elle n’avait rien à se mettre, mais aussi parce qu’elle ne comptait pas pardonner à Naos de l’avoir quittée. Son absence lui causait parfois une tristesse cruelle. Elle savait qu’elle s’était accrochée à leurs rendez-vous pour éponger une blessure encore plus grande.
Lorsque son père rentra de la forêt gelée, sa mère lui fit part de l’invitation avec un regard joyeux.
- Un bal ! s’écria-t-elle.
- Où est la nourriture ? Je suis exténué. Je me fous de tes conneries.
Le ton froid fit douter sa mère et déglutir Erlyn. Elles savaient toutes les deux que ce bal ne serait plus important.
Une deuxième lettre fut envoyée la semaine suivante, le prince s’impatientait. Elle n’avait pas répondu à l’invitation.
Ce fut son père qui eut la lettre cette fois-ci, remise par son employeur en pleine forêt.
Il leur fit comprendre la honte qu’il avait ressentie. Si bien qu’Erlyn ne sut pas si sa mère se relèverait. Elle l’avait aidé à panser ses blessures et essuyer la moindre trace de sang alors que ses doigts froids tremblaient de peur et de colère. Elle n’avait plus peur pour elle, mais pour sa mère. Elle avait maintenant l’âge de se marier et elle comptait bien profiter de ce droit pour fuir. Elle prendrait sa mère avec elle et lui donnerait de quoi sourire toute sa vie.
Elle répondit au prince d’une main tremblante le soir même, alors que son père comptait l’argent pour lui offrir une robe digne d’une future reine.
Annotations
Versions