05,05,2021, SOUVENIR D'HIVER
… Et dans l'ombre des pierres nées de ces anciens murs éventrés, je chuchotais des rimes de toiles doublées et des invocations aux couleurs délavées, soigneusement emmêlées. Rien ne parvenait à me faire sortir de ces chants oubliés qui m'enfermaient dans la caverne de mon esprit.
C'étaient des souvenirs d'hivers mordants, comme des mots sans bienveillance, prononcés par le froid, et je resserrais alors autour de moi les limbes éternelles, les lambeaux de ma peau déchirée et par dessus, les trames et fils éparpillés de mes vêtements hors d'âge. Parce qu'à cette époque là, j'étais un cadavre posé sur un lit de terre, de plantes et de graines, tombées elles aussi au combat de la vie.
Comme il est étrange de penser que l'on puisse périr au combat de la vie et par là même embrasser son destin et la mort comme une mère... Vraiment...
Et puis, la nature a tressé un panier de ronces pour rassembler les os qu'elle n'avait pas digérés. Elle y mit aussi la pointe de la flèche qui m'avait amené à elle, et la bague que personne n'avait trouvée.
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