V
Obscurité
S’accrocher à la lumière est une hérésie.
Bouche cousue, Élodie contemplait son reflet dans le miroir.
Les ténèbres ceignaient sa silhouette pâle. Tantôt, elles la rassuraient au travers de paroles incompréhensibles, tantôt elles l’angoissaient avec ses bruits suspects.
Le vent caressait la frondaison des arbres. Une cloche sonnait en haut d’une bâtisse sur le point de s’effondrer. Et la figure solitaire d’une créature à la pâleur légendaire, aux appendices monstrueuses, se dissimulait dans les bois.
De fines lignes se distinguaient sur son visage. Des fils serrés qui serpentaient en haut et en bas. Élodie s’observait toujours dans le miroir ; les yeux écarquillés et les mains tremblantes, elle ne faisait que fixer l’autre sans bouger.
Se réveiller dans la pénombre n’avait pas été déplaisant. Élodie avait senti de la légèreté et une pointe de plaisir avant de réaliser ce qu’il se passait. Le Carnaval Ambulant avait disparu, pourtant, des rires lointains résonnaient inlassablement dans son crâne comme si ce n’était qu’un souvenir. Néanmoins, elle en doutait.
Peu à peu, Élodie se leva. Il ne fallait pas qu’elle demeure plus longtemps dans ces ruines. Elle se détourna du miroir, s’enfonçant dans les rues du village avec le pressentiment que la créature la suivait.
Errer dans l’immensité d’une forêt en pleine nuit avait quelque chose d’insensé. Cependant, il n’y avait pas d’autre choix que d’affronter l’obscurité.
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