VIII
I
Élodie se demandait si elle n’avait pas toute sa tête. Ce qui, dans sa situation, était une bonne question. Elle cligna des yeux se concentrant sur la scène où divers personnages qu’elle reconnaissait comme étant Noël, Seren et d’autres employés du Carnaval, dont elle ne connaissait pas les noms, jouaient avec perfection une pièce de théâtre. Elle se trouvait dans une foule de femmes et d’hommes de tout âge, comme si rien des événements passés n’avaient eu lieu.
Elle baissa les yeux vers son bracelet violet qui n’avait pas quitté son poignet depuis le début de cette étrange aventure. Toutefois, les souvenirs révélateurs de ses parents continuaient de la tourmenter, la faisant peser le pour et le contre de cette nouvelle réalité. Élodie avait le sentiment que si la logique n’était pas toujours évidente, cela ne voulait pas dire que rien n’était réel. L’adolescente applaudit mécaniquement quand la scène se termina. La foule se dispersa assez rapidement lui permettant de s’échapper dans les allées du Carnaval Ambulant.
Quelque chose la frappa immédiatement.
Élodie ne reconnaissait pas les environs du festival.
— Il te reste encore un désert à traverser avant de pouvoir pleinement profiter de ta liberté, souffla une voix familière au creux de son oreille.
— .S.. Seren ?
— Qui d’autre ? fit cette dernière en l’attirant dans une étreinte. Je suis contente que tu aies passé tes épreuves. J’espère que tu trouveras.
— Trouver quoi ? bafouilla Élodie, perplexe.
Les deux jeunes femmes se séparèrent.
— Ce que tu cherches, pardi !
— Qu’est-ce que je cherche ? demanda l’adolescente, frustrée du manque de réponses.
— Tu le sais au plus profond de toi.
— C’est faux ! J’en sais rien ! Je ne comprends rien ! Mes parents ne sont pas mes parents. Que des trucs bizarres m’arrivent ! Et vous, vous n’aidez pas !
Seren lui adressa un regard triste.
— J’ai mis les pieds au Carnaval Ambulant il y a fort longtemps. Je recherchais qu’une seule chose: la tranquillité. J’ai usé de violence et du sang pour m’extirper de ma prison. Je rayonne de liberté au sein de cette troupe.
— Fort longtemps ? releva Élodie, ébranlée par la déclaration de la femme.
L’adolescente se perdit dans le regard de son interlocutrice. Elle y vit l’apocalypse se dessiner au travers d’horrifiques images. Seren s’approcha d’elle et lui prit le menton, forçant la plus jeune à la regarder :
— Tu es intelligente. Ici, rien n’est normal et rien ne relève de ce que les cartésiens connaissent. Il va falloir que tu fasses un choix, Élodie.
— Un choix ?
— Il sera décisif pour ton avenir au sein de ce festival. Ce n’est pas donné à tout le monde de porter un bracelet violet.
— D’accord…
Élodie contempla l’accessoire se questionnant sur tous ses secrets.
— Allons, assez de réflexion pour aujourd’hui. Viens t’amuser. Il y a un concert, les Maracas Flotteurs vont enflammer la piste de danse. T’aime le métal, hein ?
— Les Maracas Flotteurs ? Qu’est-ce que c’est comme nom ? La version de wish des méchants dans Home alone ?!
Seren éclata de rire tout en entraînant l’adolescente à sa suite.
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