I

5 minutes de lecture

Octobre se termine comme le brouillon de cette histoire. La réécriture commence, l'histoire se remodule et débute autrement.
L'ancienne version se trouve dans la partie 1. Au-delà de l'illusion est la première partie de cette nouvelle. Voici le premier chapitre.


X


Élodie I

L’annonce d’une nouveauté se dessinait sous la forme d’un prospectus qu’elle avait retrouvé dans son sac au moment de sortir ses affaires pour faire ses devoirs. C’était une affiche A4 représentant divers chapiteaux rassemblés en un hameau. En grosse lettre néon, on pouvait lire Le Carnaval Ambulant. Dessous, quelques mots élégamment écrits attirèrent son attention : Le voyage entre mensonge et vérité. Élodie humma. Quelque chose lui disait que de s’y rendre valait le coup. Elle glissa le papier dans l’un des tiroirs de son bureau retournant aux exercices de math, de français et à la partition qu’elle devait apprendre.

Quand samedi vint, sous le prétexte d’une sortie dans un parc voisin pour changer d’air, l’adolescente entreprit de prendre le bus pour se rendre à la périphérie de Reunart, une charmante ville portuaire en Bretagne. Elle ne croisa, à son soulagement, aucun camarade de classe ou une quelconque personne proche du personnel de son foyer. Par mesure de précaution, Élodie enfila un bonnet en coton noir, une écharpe de couleur violette qu’elle monta jusqu’à son nez, avant de quitter le véhicule.

Le Carnaval Ambulant avait posé ses affaires sur un vieux parking d’un supermarché laissé à l’abandon suite à une liquidation.

Cela n’ouvrait qu’à dix-huit heures, cependant, les vendeurs de billet lui permirent d’entrer une quinzaine de minutes avant à l’intérieur lui filant en cadeau un bracelet violet. Élodie se sentait drôlement excitée. Peut-être parce qu’elle n’avait dit à personne où elle se rendait ne voulant pas risquer d’être envoyée dans sa chambre ou peut-être parce qu’elle était la première visiteuse sur place. Des allées s’entremêlaient autour des stands de jeux, de nourriture et de boutiques. Des personnages colorés parcouraient les chemins, lui souriaient et lui adressaient divers regards qu’elle qualifiait d’étranges.

Une statue se trouvait au centre du carnaval. Elle représentait une sorte de créature humanoïde avec de grandes cornes sur le crâne avec une longue chevelure tombant jusqu’au bas des fesses. Gravé sur le socle, il y avait l’inscription suivante : Helnârsh.

— Helnârsh, le coeur du carnaval, souffla une voix féminine à ses côtés la faisant sursauter.

En tournant la tête, elle fut époustouflée par la beauté de l’inconnue. C’était une femme de grande taille vêtue d’une tunique bleu, d’un large pantalon marron à bretelle et d’un fedora noir. Ses cheveux étaient attachés avec un chouchou argenté. Élodie fut happée par la couleur de la mer des yeux de son interlocutrice. Celle-ci se présenta comme étant Seren des Profondeurs, un épithète bien particulier mais qui résonnait aisément avec l’océan.

Élodie ne pouvait pas formuler la moindre phrase. Elle écoutait d’un air avide Seren qui lui parlait un peu de Helnârsh, des divers programmes du carnaval ainsi que les activités variées que la lycéenne devait faire. Elle se laissa entraîner jusqu’à la tente principale où le bal des faucheurs avait lieu. Seren disparut dans la foule après avoir franchi l’entrée lui soufflant au creux de l’oreille que sa présence sur scène était nécessaire. Déçue de n’avoir pas pu piper mot, l’adolescente se dirigea vers l’estrade. Elle nota d’un air absent qu’elle était la seule à avoir un bracelet violet comme s’il y avait un code. Pourtant, elle chassa vite cette pensée quand quelqu’un vint lui apporter un plateau offert par le Carnaval Ambulant. Il y avait une boisson sucrée dans un verre en plastique, une part de tiramisu et quelques spéculoos.

Au bout d’une quinzaine de minutes, toutes les lumières s’éteignirent.

Élodie but une gorgée, le regard posé sur la scène. Celle-ci apparut au bout d’une minute sous le feu des projecteurs. Elle reconnut immédiatement Seren. La femme monta une échelle suspendue à une structure en hauteur. Quel courage, je n’oserai pas grimper vingt mètres de haut, songea la jeune spectatrice.

Seren s’assit sur le bord de la passerelle sous le regard hébété du public. Ses yeux hypnotisants trouvèrent ceux d’Élodie.

— Ce soir, le Petit Chaperon Rouge est parmi nous.

Un frisson parcourut l’échine d’Élodie.

— Est-elle intéressée de connaître sa propre histoire ? Qui sait quels mensonges ses proches lui ont fait avaler durant toutes ces années ! Le Petit Chaperon Rouge est une enfant négligée dont les souvenirs d’une vie passée ont été réduits à néant par ses ravisseurs. Des chasseurs prêts à tout pour agir au nom de leur dieu.

Élodie engloutit son repas ne remarquant pas les regards qu’elle recevait.

— Connaissez-vous l’histoire du Petit Chaperon rouge original ? Le Chaperon, une jeune fille d’à peine douze ans, se baladait souvent dans les bois près de son village. Sa mère travaillait à la ferme de son père et envoyait presque tout le temps sa fille cueillir des champignons. L’histoire débute avec la requête de rendre visite à une grand-mère et se termine avec un enfant sauvé du grand méchant loup. Ne vous a-t-on jamais dit que tout n’était qu’une question d’apparence ?

La scène se métamorphosait au fil des mots. Elle illustrait les propos à la perfection. Les acteurs venaient et partaient, leurs costumes changeaient peu à peu jusqu’à devenir monochromes. La musique commençait ; le bal des faucheurs débutait.

— La grand-mère n’est qu’une « sorcière » à la connaissance importante. Rejetée par les siens, elle demeure aux abords du village dans une petite hutte où des gens viennent lui demander son aide. Le père et la mère sont ceux qui l’ont chassé du hameau.

Élodie leva un sourcil à ces mots. Cela sonnait comme l’ancienne voisine de sa mère. Elle avait toujours apprécié venir chez la retraitée.

— Et le loup ? continua Seren avec un grand sourire sur son visage. C’est notre cher Petit Chaperon Rouge, évidemment !

Un hurlement retentit, coupant court à la performance. Toutes les lumières s’allumèrent. Élodie tourna la tête vers la source du cri. Elle provenait d’un coin des gradins à l'opposé de sa position de l’autre côté de la scène. C’était une femme dont la voix stridente résonnait au travers du chapiteau. Les lumière s’allumèrent et se braquèrent sur l’inconnue. La jeune fille remarqua le filet de sang dégoulinant de ses yeux nacrés. La pertubatrice se mit à proférer des insultes envers les employés du cirque. Elle se précipita à travers les assises trébuchant à cause des autres visiteurs bien trop choqués pour bouger, faisant rapidement le tour de la salle pour rejoindre le côté d’Élodie.

L’hystérique s’arrêta à la hauteur de cette dernière. Elle baissa les yeux vers le plateau et l’envoya goutter le sol sous le regard perdu de la jeune fille. La femme lui saisit les épaules et commença à la secouer comme un pommier en lui martelant de cracher ce qu’elle avait avalé.

Élodie croisa le regard terrifiant de Seren. Son sang se glaça. L’adulte finit par fermer sa bouche abruptement. La lycéenne se libéra de l’emprise de la femme.

— Sale bête ! T’es com.. comme eux, bafouilla cette dernière en se reculant.

Soudain, comme si elle n’était qu’un pantin, son corps bascula dans le vide s’écroulant au pied de la scène dans un amas de paille. Les lumières s’éteignirent et le spectacle reprit comme si de rien n’était.

Qu’est-ce qu’il vient se passer ? pensa Élodie alors que Seren reprenait le contrôle de la pièce.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire AresPhóbos ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0