3 - Le Retour de l'Orgueil

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Les nuits étaient de plus en plus longues et glaciales.

La guerre des trois royaumes était désormais amorcée. Les elfes et les hommes s'affrontaient alors que les nains récupéraient de leur lourde défaite. Le monde n'était plus que chaos et sang.

Rusi, Yamus et Ogius traversèrent les Royaumes jusqu'aux terres désertes du monde où il n'y avait ni vie ni lumière. Le Néant absolu.

— Rusi, vous seul avez le pouvoir de nous guider dans les ombres de ces terres, dit Ogius.

— Relâchez les chevaux, répondit Rusi. Sur ces terres, ils ne connaîtront que la... souffrance... la mort... la rancune... le déshonneur... Et bien pire encore.

Les magiciens s'exécutèrent. Ils murmurèrent un seul mot en langue elfique, puis les chevaux s'en furent vers les royaumes des vivants. Le gardien de la Justice, Rusi, éleva son bâton magique vers le Néant et prononça une incantation en langue des mages.

« Je détiens le pouvoir de l'Équilibre. Que la lumière m'ouvre la voie dans les ombres du Déshonneur éternel. »

Quand il eut cogné le pied de son bâton contre le sol, une onde fut propagée dans le Néant. Un sentier lumineux apparut à travers l'obscurité.

— Ce sentier nous mènera-t-il à destination ? demanda Ogius.

— Non. Nous devrons trouver le chemin nous-même, répondit Justice.

— Soyons prudents ! L'obscurité cache bien des dangers... Dit Yamus la Tempérance.

— Nous vous suivons, Rusi, conclut Ogius.

Les magiciens s'engagèrent dans le sentier. Ils entendirent des grognements dans le Néant. « Crime... Crime... Il y a des choses qui ont pénétré.. dans l'obscurité... », entendait-on.

— Attention ! interpella Rusi.

Une main sortit du Noir et s'agrippa au bras de Yamus. Ogius expulsa une boule lumineuse de son bâton et la chose s'en fut.

— Trouvez-nous vite ce chemin, Justice ! dit Ogius.

Ils s'enfoncèrent de plus en plus dans le Néant. Ogius et Yamus chassaient les êtres qui ne cessaient de vouloir les agripper, alors que Rusi formait les sentiers. Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent devant une porte.

— Nous y sommes proches ! dit Rusi.

La porte était faite de pierre. Il y avait plusieurs inscriptions gravées en langue noire. « Dîtes le mot de passe et je m'ouvrirai. ».

— Ce sentier ne résistera pas éternellement. Hâtez-vous d'ouvrir cette porte, Justice ! dit Ogius.

Rusi prononça un mot en langue noire « Justice », mais ce fut un échec. La porte était toujours close. Les deux autres magiciens continuaient à chasser les êtres qui voulaient les attirer dans le Noir. Il tenta à nouveau « Gardien ». Mais encore, la porte restait fermée.

— Ne me dîtes pas que vous avez oublié le mot de passe ! dit Ogius.

— Je... euh... Non, non... Je suis le gardien de la Justice, voyons ! répondit Rusi, qui tenta de se rassurer bien qu'il avait réellement oublié le code de cette porte.

Il tenta plusieurs combinaisons, au moins cinq, mais toutes furent un échec. L'inquiétude demeurait parmi les magiciens, alors que le sentier disparaissait davantage à chaque essai.

— Je ne suis pas venu pour périr dans les ombres, Rusi ! Alors, hâtez-vous de me trouver ce maudit mot de passe ! dit Oigus avec fermeté.

— Qu'est-... qu'est-ce que ça peut bien être ! dit Justice, qui faisait les cent pas devant la porte scellée.

Le sentier devenait sombre et il ne restait plus beaucoup de temps avant qu'ils ne soient aspirés par le Néant.

— La lumière disparaît ! s'inquiète Yamus.

Les sourcils de Rusi se haussèrent. Il eut enfin une révélation.

— Mais oui... C'est bien ça, la lumière ! dit-il. Idiot que je suis...

Justice fit briller son bâton et prononça le mot en langue noire. Soudain, il y eut un tremblement de terre, une lumière aveugla les êtres du Néant, et la porte s'ouvrit. Quand les magiciens l'eurent traversée, elle se referma sans attendre.

— Par toute Magie ! Vous devenez vieux, Rusi ! Nous avons failli y passer, dit Ogius.

— La porte ! s'écria Yamus.

Ils étaient sur une colline au pied de laquelle une porte géante était encastrée dans une montagne. C'était la porte des enfers.

Les magiciens entendirent du bruit, alors ils se cachèrent derrière un rocher. Plusieurs choses qui n'étaient ni humaines, ni naines et encore moins elfes s'approchèrent de la porte.

— Avarice... Envie... Gourmandise... dit Yamus.

— Colère... ajouta Rusi.

— Nous sommes arrivés trop tard, ajouta Ogius d'un air attristé.

Les lieutenants de l'Orgueil furent rejoint par deux petits êtres à cornes dont la peau était grise. C'était des mages noirs, des magiciens corrompus par le Mal.

— On peut commencer ! dit Colère, avec une voix grave et diabolique.

Les mages basculèrent leurs bâtons sur la porte des enfers, des éclairs s'abattirent. Et l'entrée des ténèbres explosa sans résistance, sous le regard impuissant des trois magiciens.

Avarice, Envie, Gourmandise et Colère ainsi que les deux mages noirs se mirent à genoux.

— Seigneur du Mal, le monde est à votre portée ! cria Colère.

Une créature géante sortit du trou de la montagne. Elle avait la peau rouge, de longues cornes pointues et de grandes ailes. Son regard était terrifiant et son visage n'inspirait que la haine et la destruction. L'Orgueil, le Seigneur du Mal, signa son retour dans le monde des vivants.

Yamus trembla de peur. Rusi resta figé de honte. Et Ogius fut pris d'un mal de coeur, il ressentit son pouvoir s'affaiblir en présence de son ennemi juré.

— Le monde... est... à.... NOUS ! hurla l'Orgueil avec un rire diabolique .

Il écarta ses deux bras et poussa un rugissement si fort que même les nuages noirâtres tremblaient. Puis, on entendit résonner le son d'une marche. Une marche composée de milliers d'êtres. Elle venait du trou des enfers. C'était l'armée de l'Orgueil composée des plus répugnantes créatures : morts-vivants, orcs, diablotins et gobelins.

— En avant ! Nous commencerons par détruire l'espèce des nains !

La douleur que ressentait Ogius ne faiblissait pas. Elle était encore plus lourde.

— Nous devons rallier les royaumes... Ou... ce sera la fin de toute chose... de toute lumière et de toute bonté... Dit Ogius.

Ogius tomba inconscient.

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