Piège
Quelqu’un sonne à la porte. Estelle est encore dans la salle de bain. Le premier invité arrive.
- Pierre, mon chéri, tu peux aller ouvrir ? Je suis encore en sous-vêtements ?
- Je suis en caleçon. Je mets un pantalon, j’arrive, je m’en occupe.
- Trop tard, j’y vais.
Estelle ouvre la porte, et laisse entrer Lance, qui ne s’attendait pas à la trouver vêtue de la sorte. Alors que Pierre arrive, également en petite tenue, Estelle accueille son assistant par un baiser à la commissure des lèvres.
- J’ai tout raconté à Pierre. Il sait tout.
- Tout ? Absolument tout ?
- Oui, y-compris pour la nuit ensemble. Il m’a promis de garder le secret.
Ils n’ont pas le temps d’aller plus loin, que la sonnette retentit de nouveau. Ouvrant largement la porte, laissant apparaître Marie-Chantal, Estelle la prend pas la main, avant de la faire entrer et de l’embrasser.
- Je suis arrivée trop tôt ? Demande l’assistante, surprise
- Non, tu es parfaitement à l’heure. Pierre et moi sommes en retard, nous avons passé la journée à faire l’amour, et nous finissons juste de nous préparer. Comment trouves-tu ma tenue ?
- Les sous-vêtements sont magnifiques. Mais Pierre est aussi en caleçon. Il y avait un thème pour les tenues ?
- Oui, il va falloir ôter ta robe.
Marie-Chantal se met à rougir de la tête au pied, jetant un œil à chacun.
- Non, je plaisante, je dois finir de me préparer, et Pierre aussi. Nous vous laissons tous les deux, prenez place dans le canapé, servez vous à boire, nous arrivons dans quelques minutes. Pierre, tu viens avec moi dans la salle de bain.
Les deux invités, surpris de l’accueil, font comme chez eux, avisant les bouteilles et les verres, puis s’installent dans le canapé, sans trop savoir quoi se dire, quand soudainement des gémissement parviennent à leurs oreilles, parvenant de la salle de bain.
- Je ne les ai jamais vu comme ça, tous les deux. J’en suis toute étonnée. Glisse Marie à Lance, dont le pantalon a du mal à contenir la protubérance.
Apparaissant quelques minutes plus tard, Estelle dans une robe semi-transparente mettant en valeur les sous-vêtements choisis, Pierre en chino et polo. Immédiatement, la maîtresse de maison s’occupe de ses invités, faisant la conversation, virevoltant entre la cuisine et le salon. Le moment venu, elle fait signe à Pierre qu’il est temps d’allumer le barbecue. Celui-ci se rend alors sur la terrasse, suivi de Lance. Les deux hommes discutent tranquillement.
Le repas se déroule le plus parfaitement du monde, profitant de la chaleur estivale nocturne pour rester agréablement sur la terrasse. Estelle remplit les verres de chacun, sert de la salade dans les assiettes vides, pendant que l’odeur de viande envahit l’atmosphère et fait saliver les bouches affamées.
Le temps passant, arrive l’heure du digestif. Prenant place autour du salon de jardin, les conversations continuent. Tous les sujets y passent. L’alcool aidant, les barrières se baissent, les langues se délient.
- Et les amours ? Dites-nous, Lance, où en êtes-vous ? Il parait que la petite Mathilde vous a adoré. Que vous avez passé beaucoup de temps enfermé avec Marie, mais tout ceci ne sont que des bruits. Alors, vrai ou faux ?
- Vrai, répond hilare Lance, sous les yeux éberlués de Marie-Chantal. Tout est parfaitement vrai. Au sens stricto sensu de la phrase, oui, Mathilde et moi nous entendons très bien. Et Marie et moi avons passé beaucoup de temps dans le vestiaire du bureau pour me trouver une tenue.
- Coquin ! Tu oublies de dire que nous n’avons rien fait de plus ensemble !
- Oui, c’est également vrai, tu as raison.
Estelle s’amuse de la situation, Pierre regarde sa femme s’amuser, comme rarement elle ne l’avait fait. Il est vrai qu’elle a peu d’amis, et avec son travail peu l’occasion de s’amuser de la sorte, la voir se détendre, le ravit.
- Et toi, Marie, où en es-tu ? Demande Estelle.
- C’est compliqué.
- Donc tu aimes quelqu’un. Et pourquoi compliqué ?
- Parce que je ne peux pas le voir comme je veux, répond Marie en regardant ses pieds.
- Toujours d’après les bruits de couloir, il paraît que tu passes beaucoup de temps avec Jean-Eudes, tous les midis.
- Oui, c’est vrai.
- Et c’est lui, ton amoureux secret ?
- Non.
- Donc tu as deux amoureux ?
- Non plus. Je n’ai rien. Il en aime une autre, dont il est amoureux fou depuis toujours.
- Oui. De moi. Il est amoureux de moi.
Marie-Chantal regarde Estelle, incrédule. Pourquoi a-t-elle dit ça ? Que sait-elle ? A côté, Lance et Pierre sont figés. Mais quel est ce jeu ? Pourquoi ne pas en avoir parlé avant ? Chacun attend, sur ses positions, inquiets.
- Tu peux me dire la vérité, Marie. Je sais tout. Je vous ai vu, ce soir où j’étais en déplacement et où Pierre devait l’être aussi, mais il est parti plus tard pour passer la nuit avec toi. J’ai vu comme il a pris soin de toi, comme il t’apprécie. Et j’ai vu tout ce que tu as fait pour lui, j’ai entendu le plaisir que tu as su lui procurer, alors que je n’en étais plus capable depuis des années, alors que j’avais oublié.
- Estelle. C’est difficile à avouer. Je l’aime. Et je n’aurais jamais dû le lui avouer, parce que ça a été le début de la fin, le début de ma perte. Avoue Marie, des sanglotements dans la voix.
- Pourquoi est-ce le début de ta perte ? Demande Estelle, d’une voix douce, prenant place auprès de Marie pour la prendre dans ses bras.
- Je ne peux pas le dire. C’est impossible. Cela ferait du mal à quelqu’un.
- A qui veux-tu que cela fasse du mal, ma chérie. Je sais tout. Pierre sait que je sais. Que veux-tu qu’il nous arrive de plus, il n’y a plus de moyen de pression.
- Si. Il peut détruire vos carrières à tous les deux.
- Et comment, explique moi ?
- Je ne sais pas comment il s’y est pris. Il a des photos de Pierre et moi, très compromettantes. Il en a plein. Dès le lendemain de la première fois, il me les a montrées. Et depuis il me fait chanter.
- Et qu’attend-t-il de toi ?
- Il m’a expliqué comment il cache des caméras, partout. Et comment il s’en sert. Et maintenant il exige que je l’aide. Je dois récupérer les cartes mémoires des caméras quand il me le dit. Sinon il va tout dévoiler.
- Et ça dure depuis combien de temps ?
- Depuis trop longtemps, et pas assez à la fois. Trop parce que je n’en peux plus de ce chantage. Et pas assez, parce que j’aime Pierre depuis longtemps, j’aurais voulu être dans ses bras depuis tellement de temps.
- Ma chérie, dit Estelle en embrassant tendrement Marie. Dit moi tout. Qui te fait chanter.
- C’est ...
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