Chapitre 5
Comment me sortir d’une boucle infinie : pour moi, cela était impossible. Pourtant, il fallait bien que je parte : je n’allais pas rester bloqué ici toute ma vie, du moins je l’espère. J’ai donc pris la décision d’aller de l’autre côté pour accéder à un étage : il y avait deux escaliers différents.
Peut-être que le deuxième lui ne sera pas coincé dans cette boucle. Et là le miracle : en effet, seul cet escalier était coincé dans une boucle infinie. Comment se fait-il que je ne l’ai jamais remarqué ? J’en prends de cet escalier assez souvent et les utilisateurs eux aussi l’utilisent.
Est-ce que ça ne se passe que la nuit ? Y aurait-il donc d’autres secrets ? J’ai donc fini de ranger mes affaires au bureau de l’accueil quand soudain la porte s’ouvrit. Elle s’ouvrit en grand, laissant apercevoir la lumière du jour.
Pourtant, sur l’horloge de l’accueil, il était très clairement marqué 4 h 40 du matin et les fenêtres de la bibliothèque, elles aussi, affichaient un ciel noir et à peine éclairé par quelques réverbères. Mon instinct me disait d’aller vers cette lumière si rassurante dans cette obscurité.
Mais ma conscience, elle n’était pas du tout d’accord, elle préférait rester là où nous étions. J’ai voulu suivre mon instinct qui jusque-là ne m’a jamais trahi. En m’approchant un peu, je vois une femme que je ne connaissais pas. Un écho de clé se fit entendre dans toute la bibliothèque. Si cette femme avait les clés de la bibliothèque, cela voudrait donc dire que c’est cette 4e employée mystère.
Celle que je n’avais jamais rencontrée et dont je ne devais jamais faire la connaissance normalement. Elle s’approcha de moi petit à petit, mais à cause de la lumière éblouissante émanant de derrière elle, je ne vis pas son expression ni ce qu’elle portait.
Arrivée devant moi, j’ai cru voir une grimace comme agacé de voir des gens.
– Écoute, je ne sais pas si tu es, mais tu n’es pas censé être là. Ici, c’est une bibliothèque, pas une aire de jeux.
– Puis-je savoir à qui j’ai à faire ?
— Je m’appelle Jessica, je suis l’employée du weekend, et vous ?
– Daniel, le nouvel employé
— Ah alors c’est toi, Daniel, que fais-tu ici, surtout à une heure pareille ?
– Je range des livres que je n’avais pas faits de la journée, alors pour éviter de m’accumuler trop de travail, j’ai préféré rester un peu plus tard, mais je n’ai pas vu l’heure passer, désolé.
– Tu es au courant que nous sommes dimanche et qu’il est 4 h 40 du matin ? Je ne sais pas comment tu as fait pour passer une journée entière à ranger sans que je m’en aperçoive, mais tu devrais partir.
– Attends, tu as dit dimanche ?
– Oui, je connais mes jours de la semaine quand même.
Cela voulait dire que j’ai passé un jour entier dans la Bibliothèque. Pourtant nous étions vendredi soir quand je suis resté à la bibliothèque, est-ce à cause des escaliers ? Cela voudrait dire que si j’avais continué à m’acharner dessus, j’aurais perdu toute une semaine.
Il est clair que je ne reprendrai plus cet escalier. Peu importe, Mia devait sûrement être inquiète pour moi si elle ne m’a pas vu entre-temps. Demain, il faudra que je la prévienne, mais j’aimerais faire un test.
Je me suis rendue au bas de l’escalier. J’ai donc monté le premier et le deuxième avant d’arriver à cette boucle infinie. En regardant derrière moi, je vis Jessica en train de ranger quelques chaises puis de se diriger vers l’accueil. J’ai monté les escaliers qui me faisaient frissonner.
Et en voulant les redescendre, rien ne se passait. La boucle infinie de cet espace étrange avait complètement disparu. En redescendant les escaliers, je me suis dirigé vers Jessica afin d’en savoir un peu plus sur ce qui s’est passé.
— Dis-moi hier, qu’est-ce qui s’est passé au juste ?
– Rien de particulier, à part seulement Mia qui m’a appelé pour me dire que tu avais découvert des pièces secrètes, c’est ça ?
– Ah oui, d’ailleurs, j’en ai trouvé d’autres.
– Super, encore plus de boulot, franchement, on n’avait que ça à faire, dit-elle ironiquement.
– Au fait, comment ça se fait que tu as réussi à en trouver un ? Je parle évidemment des pièces secrètes.
– Et bien, si tu trouves un livre qui a l’air fluo, c’est la clé pour ouvrir ses portes menant à ses pièces. Je sais, t’inquiète, moi aussi je trouve ça bizarre.
– Ouais, et du coup, tu en as trouvé combien une ou deux ?
– Au total, j’en ai compté 8, mais il pourrait en avoir une grande quelque part cachée, je suis encore en train de la chercher.
+ 8 ! Non, mais c’est une blague : on va mettre l’année entière à répertorier tous ces livres !
– Tu as l’air d’en être fatigué.
– Mes livres sont essentiellement un lobby, si je travaillais ici, c’est parce que j’ai besoin d’argent, alors plus de travail me fait encore plus détester ce métier.
– Pourtant, il y a des métiers qui gagnent beaucoup plus que ce métier-là.
– Je sais, mais c’est le seul qui accepte toute l’année des recrues.
– À cause de la malédiction ?
– Oui, et ça fait des années que ça dure, mais à ce qu’il paraît, tu as réussi à trouver le livre.
– Oui, mais tu sais, avec Mia, on suspecte une sorte de deuxième malédiction.
– Quoi une malédiction sous une malédiction ?
– Oui, à peu près.
– Franchement, si ce monsieur voulait chercher son livre, pourquoi nous en fichier-t-on ça deux fois ?
– Il devait être bien rancunier.
– Ça, je ne te le fais pas dire, et pour cette seconde pièce dont tu me parlais, est-ce que tu l’as trouvé ?
— Non pas encore, je la cherche toujours comme je te l’ai dit.
– Et tu sais à peu près quelle superficie elle fait ?
– La taille d’une section
La taille d’une section ! A-t-elle hurlé folle de rage. Je démissionne, j’en ai assez.
— Non, reste s’il te plaît, on aura besoin de toi, et puis, d’après ce que Mia m’a raconté, tu serais une historienne.
– En effet, elle t’a bien renseigné, dis-donc.
– Je dois t’avouer qu’en réalité, j’étais fan de tes travaux avant.
– Je me disais aussi. Mia et notre chef ne savent pas du tout qui j’étais avant d’arriver là, donc c’était impossible que ce soit eux qui t’ont parlé de moi.
– Mais d’ailleurs, pourquoi avez-vous arrêté vos recherches ? Elles étaient très intéressantes.
– Il est vrai que fut un temps où je réussissais à trouver la date de plusieurs légendes, de livres, d’objets anciens... Mais maintenant, c’est du passé : on ne me confiait plus d’objets précieux et les dettes se sont accumulées au fur et à mesure, alors j’ai arrêté.
– Ne serait-ce pas un petit coup de pouce ? Si vous datez chacun de ces livres et que, bien sûr, vous les enregistrez pour la bibliothèque, vous pourrez avoir le succès d’avant.
— Continue, dit-elle, écoutant un peu plus mes propos avec sérieux.
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