Laissez-moi danser !

Et cette fois, rien n'arrivait à la faire taire. La Musique s'en donnait à pleine voix, confondant cette petite estrade d'accusé avec une scène de spectacle.

Pour dire quelque chose d'audible, il fallait donc parler plus fort que ses mots.

- Mais il n'y a rien qui puisse la faire taire ? s'écrièrent les Médias.

- D'habitude elle écoute quand même ce qu'on dit, répondit l'Architecture, mais on a fait l'erreur de la mettre sur une scène, donc elle ne s'arrêtera qu'à la fin de son concert.

La Littérature tapa sur la table comme une enfant capricieuse.

- Regardez, encore un bel exemple ici que mon Art est violé de toute part. Elle chante mes mots, elle me pique ma poésie, tout simplement pour rajouter du sens à ses sonorités idiotes !

Malgré sa concentration, la Musique s'arrêta de chanter et toisa la Littérature d'un air vexé. Elle s'éclaircit la voix, mit ses doigts sur sa poitrine telle la Castafiore, et la tête levée, se mit à chanter.

Mais pas une chanson. Une symphonie.

Elle plongea l'Assemblée dans un calme complet, où tous profitaient de cette mélodie avec une certaine sensibilité. Le moment était beau, poétique, mémorable, et personne n'arrivait à en être insensible.

Cela dura quatorze minutes, et lorsque la dernière note retentit, ils eurent envie d'applaudir.

Mais le concert n'était pas fini, et la Musique enchaîna directement sur un morceau de métal tonitruant. Ils sursautèrent, et les mains se remirent sur les oreilles.

- C'est possible d'arrêter de beugler ? se plaignit la Bande Dessinée, j'arrive pas à entendre ma musique...

Mais sa requête n'atteint satisfaction qu'après une heure de concert, passant du métal, au rap, au classique, au reggae, et même par de l'électro que les Humains n'avaient pas encore réussi à créer.