Debout sur la colline qui faisait face au mont Nabooru, l’armée Hylienne formait un mur impénétrable. La bataille approchait. Le guetteur tremblait.

- Capitaine, je commence à me demander si tout cela n’est pas une très mauvaise idée. Vous êtes sûr de ce que vous faites ?

Le capitaine émit un grognement.

- Enfin, je veux dire… reprit le guetteur. C’est le Clan Yiga, quand même !

- Justement, objecta son chef avec un sourire mauvais. Leur soi-disant Clan n’est qu’un ramassis de voleurs et de traîtres.

Le guetteur secoua la tête.

- On voit bien que vous n’avez jamais croisé de Yigas. Ce ne sont pas de vulgaires fouilleurs de décharges, ce sont des guerriers. Des guerriers redoutables. J'ai grandi sur le plateau du prélude, je sais de quoi je parle. Les anciens du village racontaient qu’un seul guerrier Yiga peut massacrer dix chevaliers armés.

Le chef des troupes lâcha un second grognement.

- Superstitions paysannes ! Et quand bien même, nous sommes des milliers, l’armée Hylienne va les écraser ! Savez-vous ce que m’a appris un voyageur il y a quelques jours ? Leur Grand Kohga, leur chef de guerre suprême…

- Oui ? coupa le guetteur, dubitatif.

- C’est une femme ! Vous avez déjà vu une cheffe de guerre ? Un meneuse ?

- Une Gerudo ? demanda le guetteur. Vous avez déjà affronté une Gerudo ?

Non, bien sûr, le capitaine ne s’était jamais battu contre l’une des guerrières du désert. Tout ce qu’il faisait, c’était déballer ses principes sexistes et regarder ses soldats se faire massacrer par centaines. Qu’on ne lui parle même pas de salir son épée !

Cette guerre stupide n’aurait pas dû avoir lieu. Les Yigas avaient menacé de déclarer la guerre à Hyrule s’ils n’obtenaient pas plus de terres. Le roi Hylien avait d’abord voulu accepter. Les terres Hyruliennes étaient fertiles et il y en avait bien assez pour nourrir son peuple, il pouvait se permettre de leur en céder une partie. Et surtout, il voulait éviter la guerre.

Mais il y avait dans son entourage des aristocrates élevés dans des manoirs, loin de la dure réalité d’Hyrule, des nobliaux nourris des pires mensonges Hyliens. D’une manière ou d’une autre, ils l’avaient persuadé de mener cette guerre, espérant éliminer les Yigas.

Alors, le guetteur se fit une promesse. Il avait vu bataille après bataille, et constaté l'absurdité de la situation. S’il survivait à celle-ci, le capitaine périrait de ses propres mains.