On ne bat pas une femme, même avec une fleur
Soudain, le capitaine vit se détacher au loin le mur d’ombre que formaient les guerriers Yigas. Ils n’étaient même pas deux cents, tous vêtus de rouge. Ils étaient lourdement armés. Certains Yigas avaient une serpe coupe-gorge à la main, d'autres, un sabre à la ceinture. Et chacun de leurs visages était couvert d'un masque blanc décoré de l'emblème de leur Clan.
Et à leur tête se trouvait effectivement une femme, grande et large d’épaules. Il semblait que l’air avait pris feu autour de la cheffe des Yigas.
- Hyrule, ton heure est venue ! aboya la guerrière. Quand j’en aurai fini avec vous, vos géographes pourront renommer cet endroit la plaine sanglante !
Elle savoura un instant la terreur qui se lisait sur les visages des Hyliens, et le mépris se peignit sur le sien. Ils tremblaient, cherchaient le regard de leur camarades, les yeux aggrandis par l'effroi. Tous des lâches.
- Clan Yiga ! Aujourd’hui, le sang d’Hyrule se déversera sur ses terres. Que ce minable petit royaume profite de ses dernières heures !
Sur ce, elle retira son masque et le jeta au sol.
- Contemplez le visage de votre fin du monde !
Sa beauté était terrifiante. Une longue cicatrice traversait l’un de ses yeux rouge sang. Elle avait un menton volontaire, le teint mat, de longs cheveux noirs et les pointes de ses oreilles semblaient avoir été raccourcies. Le capitaine tomba immédiatement sous son charme. Comment une si belle femme pouvait-elle se trouver sur un champ de bataille ? De quel droit les déesses en avaient-elles fait son ennemie ? Il ne pouvait pas se résigner à la combattre.
- Écoute…
- Xhinta Kohga. Mon nom est Xhinta Kohga.
- Xhinta… tu es splendide, et t’affronter me briserait le cœur. Je suis sûr qu’on peut trouver un arrangement, viens dans ma tente, et…
Les guerriers Yigas se regardèrent, médusés. Puis leurs visages se teintèrent de peur ou d’amusement, car ils savaient ce qui allait arriver. Le capitaine Hylien prenait leur cheffe pour une truffe max, ou alors il était d'une niaiserie sans pareille. Et il l’avait tutoyée.
Un silence terrible flotta un instant, un silence qui n'annonçait qu'une chose. Et ce n'était rien de bon.
La dénommée Xhinta joignit les mains et effectua quelques positions de magie Yiga. Un instant plus tard, elle était à quelques pas du capitaine. Elle avala la distance qui la séparait de l’homme en une seconde et le saisit par le col. Les pieds de l’Hylien ne touchaient plus terre.
- Renonce et j’épargne tes hommes.
- Jamais, beauté, grinça le capitaine d’une voix éraillée. La place des femmes est à la cuisine, pas sur un champ de bataille. Je ne vais pas te…
Il grimaça devant l’expression de la cheffe des Yigas.
- Lâche. Tu ne veux pas te battre ? Tu es sûr ? le défia Xhinta. Alors, comme tu veux.
Sur ce, elle le projeta au sol avec une force effrayante. Même les soldats des derniers rangs entendirent le craquement sinistre des os brisés.
Xhinta baissa le regard vers le corps brisé et inanimé du capitaine, avec le visage d’une fillette qu’on surprend à casser ses jouets. Un instant, un éclat enfantin remplaça la lueur meurtrière de ses yeux rouges.
- Déjà ?! Je n’aime pas les Hyliens, ils sont trop fragiles.
Elle porta les deux index à sa bouche et en tira un long sifflement un peu dissonant.
- Que le sang d’Hyrule trempe les terres qui seront les miennes ! hurla Xhinta.
Les troupes Yigas se jetèrent immédiatement sur l’ennemi avec des cris sauvages. Puis ce ne fut que sang et violence.
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