En ce temps-là, le Royaume des Branches Vertes se gouvernait sans Roi ni Reine. Rond comme un palet, couvert de vertes forêts qui lui avait valu son nom, le Royaume des Branches Vertes était, malgré l’absence persistante d’une famille régnante, paisible et prospère. Grâces soient rendues aux deux dernières générations royales, qui avaient formé des Conseils dans chaque village, et une Assemblée réunissant les conseillers porte-paroles, et leur avait délégué les pouvoirs nécessaires.

Légèrement excentrée, une montagne si vieille qu'il n'en restait plus guère qu'une grosse colline arrondie se trouvait couronnée du château royal, en bien mauvais état désormais, relié par un large chemin sinueux et bien entretenu au bourg situé en contrebas, le village-capitale.

Des remparts du château l'on avait vue sur cette véritable mer de branches d’un vert prasin, viride, mousse ou sauge…

Un petit bout de pays, certes, mais dont la localisation n’avait rien de stratégique, dont la prospérité indéniable ne consistait qu’en un réseau de villages où les crimes étaient rares, les richesses suffisantes pour que tout un chacun mène une vie décente, et dont les souverains avaient été respectés dans les pays alentours ; aussi personne n’avait pris la peine de l’annexer malgré la mort tragique de la famille régnante plus d’une décennie auparavant.

Aussi étrange cela soit-il, le Royaume des Branches Vertes, malgré son statut, était depuis gouverné par son propre peuple, sans que personne ne tente de mettre sur le trône un nouveau Roi. Les Conseillers de l’Assemblée y veillaient.