Scène 5
Lisanna releva la tête de son parchemin, et fut surprise de découvrir qu'il était si tard. Le Maître Archiviste lui avait permis de consulter certains documents, une fois le bâtiment fermé au public, à condition qu'elle n'oublie pas de s'acquitter de ses tâches quotidiennes. Il adorait que quiconque aime apprendre et encourageait toujours les jeunes dans la voie de la connaissance.
La jeune fille enroula le parchemin et le rangea dans son casier, puis s'étira de tout son long, un peu rouillée après être restée courbée si longtemps sur sa lecture.
— Il me faut apprendre à maintenir une meilleure posture, bougonna-t-elle.
Elle prit sa lampe sans flamme, qui s’était allumée automatiquement pour compenser l’absence de lumière naturelle, et se demanda où se trouvait le Compagnon de garde. Il aurait dû venir la tirer de son étude puis longtemps : en tant qu’Apprentie, elle n’était pas encore autorisée à rester le soir. Elle espéra que sa mère ne la gronderait pas d’être rentrée après le coucher du soleil…
Lisanna jeta un œil par dessus la rambarde afin de vérifier que tout était rangé en contrebas, puis entreprit de faire le tour de la rotonde pour vérifier chaque bureau. Tout était en ordre. Puis elle se pinça légèrement la joue : elle s’en était déjà occupée avant de se plonger dans cette passionnante histoire qui l’avait tenue en haleine jusqu’au soir… Cela faisait partie de ses tâches.
Lisanna descendit l’escalier et se tourna vers la sortie de gauche, avant qu’une luminosité n’attire son regard à l’opposé : la porte menant au couloir était ouverte. Le Compagnon était peut-être aux commodités… Non, la lumière semblait provenir du bureau du Maître Archiviste. Sans s’en apercevoir, Lisanna était entrée dans le couloir et s’était approchée de la porte du bureau, grande ouverte… La lumière provenait de la pièce des Archives Spéciales. Le Maître était-il revenu discrètement consulter quelque chose ?
Cachant de la main sa lampe sans flamme, Lisanna s'approcha à pas de loup et jeta un œil par l'embrasure. Un homme se tenait devant les casiers de Rouleaux Scellés, les scrutant avec attention, puis en retira plusieurs pour les examiner de plus près. Elle reconnaissait la silhouette, elle en était sûre, et ce n'était pas le vieux Théron. Elle prit peur : pourquoi cet homme était-il entré ? Comment ? Où était le Compagnon de garde ? Et que pourrait faire une fillette de treize ans face à un adulte ? Se figeant soudain, elle retint une exclamation : elle avait reconnu son beau-père… Qui était pourtant parti deux jours plus tôt pour sa tournée saisonnière !
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