Scène 9

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Abasourdie, Kisanna ne protesta pas lorsque son beau-père lui dénuda l'épaule gauche jusqu'aux côtes.

— Oui, la marque royale ! jubila-t-il. Mais je me posais de plus en plus de questions sur ta ressemblance grandissante avec la défunte Reine… Comme tout le village d'ailleurs ! C'était une étrangère, il y a peu de femmes dans cette forêt qui vous sert de royaume à posséder des cheveux d'un blond aussi pâlot !

Les pensées de la jeune fille étaient comme engluées. Cette histoire impossible… Mais écrite dans un Rouleau Scellé, à la Plume de Vérité donc sous la supervision d’un Mage qui lançait puis maintenait le sort le temps nécessaire, ils étaient forcément vrais !

— J'ai bien fait de laisser mourir le mari de ta mère adoptive sous les coups de boutoir de ce sanglier puis de la consoler ! continua-t-il.

Quoi ? pensa-t-elle difficilement.

— Ça n'a pas été bien difficile, d'ailleurs, poursuivit-il, la pauvre veuve était bien seule avec ses deux gamines, et comme j'étais celui qui avait assisté aux derniers instants de son cher époux… ! Mais c'est incroyable à quel point elle t'a protégée, Princesse ! Parvenant à justifier ta couleur de cheveux et toute ton apparence en exhumant le portrait de sa grand-mère qui venait vraiment du même pays que ta vraie mère, avec les mêmes cheveux, et m'empêchant de jamais voir ton épaule nue… Tu peux remercier son fichu caractère de villageoise : elle ne s'est jamais soumise à ma domination malgré toutes les questions dont je l'ai discrètement pressée à ton sujet !

La jeune fille tenta maladroitement de remonter son casaquin sur l'épaule.

— Oh non, ma jolie Princesse, reprit l'homme d'un air mauvais en la retournant brusquement vers lui. Tu promets d'être aussi belle que ta mère, la défunte Reine, et les Dieux savent comme elle était belle !

L'homme ferma les yeux, se pâmant dans le souvenir.

— Belle à se damner… Et toi, toi, ajouta-t-il en lui jetant un regard de convoitise, tu es assez âgée pour que tes formes commencent à pousser…

Il passa rapidement la main sur la poitrine de la jeune fille : elle recula par réflexe, et secoua son poignet pour le libérer.

— Allons, ma chère enfant, tu y serais passée un jour ou l'autre, et sûrement plus tôt que tu ne le penses. Dans mon pays natal, tu serais déjà mariée et devenue mère avant même de voir ton premier sang de femme !

Il lâcha enfin son poignet et prit le devant du casaquin à deux mains, puis déchira le tissu du cou jusqu'à la taille. Il ricana devant les seins à peine formés :

— Tout petit, mais fort joli !

La jeune fille sentit monter en elle un élan de terreur, de honte et… de rage ? Son premier réflexe fut de se couvrir la poitrine de ses bras, mais l'homme les repoussa d'une chiquenaude. Sans réfléchir, elle s'appuya sur la table et leva violemment son genou… droit dans l'entrejambe de l'homme. Couinant de douleur, il se plia en deux et elle abattit encore plus violemment sur la tête de ce traître la lampe sans flamme qu'elle tenait toujours à la main avant de le repousser à terre, partiellement assommé. Elle attrapa le Rouleau Scellé et courut hors de la grande salle, vers sa maison, vers la femme qu'elle avait toujours appelé « mère ».

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